Maud Cousin
La science de l’occulte de Steiner 1

La nature corporelle de l’homme se compose du corps physique, du corps éthérique et du corps astral. Sa nature psychique comprend l’âme de sensibilité, l’âme d’entendement ou de raison et l’âme conscience. Sa nature spirituelle est constituée par le Moi spirituel, l’Esprit de Vie et l’Homme-Esprit. L’âme de sensibilité et le corps astral forment un tout, de même que l’âme de conscience et le Moi spirituel. Car c’est dans l’âme de conscience que s’illumine l’esprit et c’est de là qu’il rayonne sur les autres éléments de la nature humaine. Le Moi peut-être appelé âme d’entendement, parce que celle-ci participe à la nature du Moi, elle est le Moi qui n’a pas encore conscience de sa nature spirituelle. On arrive ainsi à distinguer chez l’être humain les sept éléments suivants : corps physique, corps éthérique, corps astral, Moi, Moi spirituel, Esprit de Vie, Homme-Esprit.

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Le titre est de 3e Millénaire

(Revue Panharmonie. No 180. Janvier 1980)

Compte rendu de la rencontre du 4.10.1979

Le Groupe du Docteur Cousin est basé sur le livre de Rudolf STEINER : La Science de l’Occulte, Éditions Triades format poche.

Je vous propose aujourd’hui, dit le Docteur Cousin, d’étudier l’être humain selon la conception de Steiner. Nous continuerons ensuite par le sommeil et la mort, le problème de la vie et ce qui, selon lui, se passe après la mort, pour aborder, pour finir, la deuxième partie de son livre : l’évolution cosmique du monde humain, sans toutefois vouloir imposer cette manière de concevoir les choses. Nous en discuterons.

Nous serions actuellement dans le milieu de notre évolution. Nous verrons comment celle-ci s’est développée et comment elle se développera encore dans les temps à venir.

Mme Langevin : Ce qui m’a frappée, c’est que le début de « l’ère saturnienne », c’est-à-dire la toute première qu’il mentionne, correspond à ce qu’il y a de plus élevé et, qu’au fur et à mesure que l’homme progresse, on descend de plus en plus le long de la hiérarchie spirituelle.

Docteur Cousin : Cela devient de plus en plus matériel. Pour suivre le raisonnement de Steiner, il faut l’étudier pas à pas. Nous ne nous attarderons pas sur la première partie qui traite du caractère de l’occultisme (de nos jours on dirait peut-être « ésotérisme »). Occulte, c’est ce qui n’est pas visible, ce qui se cache au plus profond derrière ce qui est manifesté.

F. Catala : Ce qui est caché, c’est ce que la conscience ne peut encore percevoir.

Docteur Cousin : Steiner insiste sur le fait que nous pouvons développer des connaissances, des capacités.

F. Catala : Le terme « occulte » semble signifier « infernal ». L’incarnation est un fait luciférien. Autrement dit, l’unité se trouve divisée, c’est le diable, tandis que le symbole unifie.

Docteur Cousin (réponse à une question) : Il y a partout des êtres qui sont dans le sens de l’évolution et d’autres qui sont devenus des résidus, des déchets, parce qu’ils sont trop matérialistes. Ils ne pourront pas continuer avec le flot. Néanmoins ils ne sont pas perdus pour autant, car ils sont aidés.

D’après Steiner, nous allons du maximum de densité vers des choses de moins en moins denses. Nous serions dans la quatrième phase d’évolution. Il y en a sept, et dans chaque étape il y a encore sept sous-plans.

A chaque cycle nouveau, on passe par les cycles précédents en faisant un pas de plus vers une qualité supérieure. Puis on retourne vers une période de sommeil pour ensuite recommencer un nouveau cycle d’incarnation. L’Amour est la phase finale.

F. Catala au sujet des âmes-groupes : Il serait intéressant de savoir à quel moment l’individu n’est plus attaché à son âme-groupe.

Mme Langevin : D’après Steiner, l’homme s’individualise à un certain moment du cycle saturnien. Mais cette différenciation est encore diffuse. Puis, petit à petit le sentiment pénètre dans l’individu qui reflète, comme dans un miroir, les esprits qui président à cet instant de son évolution.

Jacques de Marquette, dans « de la Bête à l’Ange », parle de l’évolution de l’âme-groupe au stade individuel.

Docteur Cousin : Ce qui a été créé en premier est ce qui est le plus perfectionné. Pour nous, actuellement, c’est le corps physique.

F. Catala : En fait, l’homme n’est que le résultat de sa mémoire.

Docteur Cousin : C’est ce qui fait son Moi. C’est en quelque sorte l’acquisition de la Terre. Il n’est pas encore tout à fait formé, le Moi est la partie à développer. Au début, le milieu était constitué par la chaleur, une sorte de boule de chaleur, il n’y avait pas encore de vraie forme. La chaleur, cela peut être du liquide, des gaz, des rayonnements, des solides. Mais il n’y avait encore rien. C’est difficile à imaginer. Au fond, l’énergie avant de se condenser est quelque chose de calorique. Nous y reviendrons.

Actuellement, nous sommes le fruit d’une évolution qui est l’être tel que nous le voyons et qui possède un certain nombre de corps, dont le premier et le plus perfectionné est le corps physique.

Nous commençons la lecture du livre à la page 28. Il est question du corps physique qui est assimilé au règne minéral et qui est quelque chose de « mort ». Ce qui distingue l’homme du règne minéral ne peut être considéré comme faisant partie du corps physique. Le cadavre, c’est ce qui est soumis chez l’homme à des processus se retrouvant dans le monde minéral. Le corps physique se détruit. En conséquence, pendant la vie, d’autres forces sont mises à son service, et cet élément caché mène, pendant la vie de l’être, un combat incessant contre les forces et les substances du règne minéral pour empêcher que le corps ne se désagrège. Cet élément qui lutte contre sa destruction, c’est le corps éthérique ou corps de vie, dont les effets se révèlent dans la forme, dans la structure et grâce auquel les forces et les substances minérales du corps physique restent unies pendant la vie. Ce corps éthérique que nous avons en commun avec les plantes, permet la croissance. Le terme éthérique ne doit pas être compris dans le sens physique d’éther, c’est un corps subtil, qui est l’architecte du corps physique, car il maintient les organes physiques dans leur forme et leur structure.

A chaque élément du corps physique, cœur, cerveau, etc., correspond un élément du corps éthérique, car celui-ci est organisé comme le corps physique, sauf que tout y est vivant et en éternel mouvement. Tout ce qui vit a un corps éthérique, un corps de vie.

Tout ce qu’accomplit l’être humain repose — extérieurement du moins — sur son activité à l’état de veille. Dans le sommeil, action et pensée disparaissent dans l’inconscience pour s’en dégager à nouveau au réveil.

Ce qui fait ainsi sans cesse renaître la vie consciente de l’état d’inconscience, c’est un troisième élément de la nature humaine : le corps astral. Ce que nous faisons quand nous sommes réveillés et qui disparaît lorsque nous dormons, la sensation, la perception des choses, la douleur, la joie, etc., ne peut se manifester que lorsque ce troisième élément est en activité, c’est-à-dire pendant la veille. Pendant le sommeil il se repose et permet ainsi à certaines forces de se réparer.

Si, grâce au corps éthérique, le corps physique peut conserver sa forme, il ne peut faire apparaître la lumière de la conscience. Livré à lui-même il serait en perpétuel état de sommeil. C’est le corps astral qui l’illumine pendant la veille, mais qui reste aussi présent pendant le sommeil, quoique ses effets perceptibles semblent alors disparaître.

Mme Freudenberg demande si on parle aussi des rêves.

Docteur Cousin : Non, quoique le rêve soit une activité importante et très réparatrice du système nerveux. On a fait l’expérience de réveiller des gens dès qu’ils commençaient à rêver, car à ce moment les yeux bougent. Au bout de très peu de temps, ces gens étaient complètement démolis. Si le sommeil profond semble être plus réparateur pour le physique, le rêve est capital pour le psychisme. C’est une recharge.

Si on emploie le terme « astral », c’est parce qu’une partie de nous se diffuse pendant le sommeil dans ce qui nous entoure, et que nous nous libérons et nous rechargeons dans les éléments cosmiques. Nous ne sommes pas conscients de ces choses, mais je pense que nos capacités de perception peuvent se développer. Le Moi qui est en train de se former doit arriver à assimiler tout cela afin de développer encore un certain nombre de corps, selon les différentes écoles on dit qu’il y en a sept ou neuf.

Le corps éthérique, dit le Docteur Cousin, est uniquement au niveau végétatif, il est très perfectionné. Voyez une plante, elle pousse, elle croît, apparemment il n’y a pas de problème. Chez nous aussi cela semble se faire tout seul. Mais si nous sommes capables de ressentir les choses consciemment, sentir que nous bougeons, que nous vivons, sentir les malaises, les douleurs et aussi les joies, cela est dû au corps astral. Il correspond au stade des animaux.

Ce qui caractérise la conscience, dit Steiner, c’est le fait d’une expérience intérieure qui s’ajoute comme phénomène nouveau à la simple réaction. Le quatrième élément de la nature humaine n’est pas commun à l’être humain et au monde manifesté qui l’entoure, c’est ce qui le distingue des autres règnes et qui est le couronnement de la Création à laquelle il appartient. A l’état de veille l’homme est sans cesse au centre d’expériences qui vont et viennent nécessairement, mais il en fait d’autres pour lesquelles ce n’est pas le cas. Outre la faim, la soif, les influences du monde extérieur, la souffrance, la jouissance, etc., que ressent également l’animal, l’homme peut avoir des passions des désirs dont la cause n’est ni dans, ni hors du corps. Ses aspirations, ses désirs, tout ce qui fait partie de ce domaine, doit être attribué à une source particulière, le « Moi » de l’être humain, l’élément permanent dont il est conscient. Le sentiment inné d’un élément durable qui persiste au cours de toutes les expériences, marque chez l’être l’apparition de « La Conscience du Moi ». Si l’animal sent la faim chaque fois qu’en intervient à nouveau la cause et le fait se jeter sur la nourriture, l’être humain est conscient et est resté conscient du plaisir éprouvé en calmant sa faim. C’est l’expérience du plaisir ressenti qui l’incite à manger.

F. Catala : Plus l’être évolue, plus son système devient complexe et plus il prend conscience de la division du temps, puisqu’il prend conscience d’un passé. Jusque là il n’y a connaissance que du présent.

Docteur Cousin : Exactement ! Une autre faculté de l’astral est celle de l’oubli. Steiner dit: « … l’astral laisserait sans cesse sombrer le passé dans l’oubli, si ce passé n’était pas sauvé par le Moi et transmis au présent. L’oubli est pour le corps astral ce que la mort est pour le corps physique et le sommeil pour le corps éthérique. On peut aussi dire que la vie est propre au corps éthérique, la conscience au corps astral et la mémoire au Moi… De même que le sommeil fait disparaître dans le néant les soucis et les inquiétudes de la journée, l’oubli étend son voile sur les expériences fâcheuses de la vie… Il faut que soient chassées de la mémoire certaines expériences, afin qu’on puisse aller librement et sans préventions vers de nouvelles expériences.

Un débat s’engage sur l’oubli.

Docteur Cousin : L’inconscient c’est l’ensemble de l’oubli. C’est comme un sac dans lequel on a mis tout ce dont on n’a pas besoin. L’inconscient est comme un iceberg. La conscience est la partie la plus petite qui émerge de l’eau. Si on avait présent tout ce que l’on a vécu dans l’existence, on serait tellement encombré qu’on ne pourrait plus penser à l’instant présent. Il en est de même pour le repos, il est nécessaire que certaines choses sortent de la mémoire.

Mme Langevin : On vivrait éternellement avec le passé. Quand on perd un être cher, on est horriblement malheureux. Mais si cette douleur devait toujours rester présente, on ne serait plus capable de faire n’importe quoi !

Docteur Cousin : Il y a des choses qui, à un moment donné, sont normales et qui normalement finissent. L’oubli, c’est la libération de l’astral et le sommeil est la libération de l’éthérique. L’astral laisse tomber le passé dans l’oubli, dit Steiner, si le Moi ne s’en empare pas pour le conserver au présent. C’est-à-dire, commente le Docteur Cousin, que le végétatif perçoit des choses, mais dans un état de sommeil. La conscience apparaît avec l’astral, mais pour qu’elle soit mémorisée, il faut le Moi et que celui-ci fasse une certaine sélection. Son développement est tributaire de ce qui l’intéresse.

Nous reprenons le texte de Steiner :

Ce qui donne la durée à ce que perçoit le corps astral, c’est l’âme étroitement unie au corps astral. Dans cette perspective, on peut appeler le corps astral humain « corps psychique » et appeler l’âme dans la mesure où elle est unie à ce corps « âme de sensibilité ».

Docteur Cousin : Steiner va décrire dans le Moi plusieurs développements : le Moi parvient à un niveau plus élevé lorsqu’il se détache de plus en plus de ce qu’il perçoit pour travailler dans son propre domaine. La partie de l’âme à laquelle incombe ce travail peut être appelée « âme d’entendement ». L’âme de sensibilité et l’âme d’entendement élaborent les impressions venues d’objets perçus par les sens et les conservent dans la mémoire. Il s’agit donc d’objets extérieurs. Mais elle peut dépasser tout cela. En effet il y a dans toute langue un mot, un seul, qui se distingue essentiellement de tous les autres, c’est le mot « moi ». Un être est seul à pouvoir se désigner ainsi. Je suis un « moi » pour moi seul, pour tout autre je suis un « toi » et tout autre est un « toi » pour moi. Ce fait est l’expression d’une profonde et importante vérité : la nature essentielle du Moi est indépendante de tout objet extérieur. C’est le « sanctuaire caché de l’âme », seul peut y pénétrer un être de même essence que celle-ci. Le Dieu qui habite dans l’homme parle quand l’âme se reconnaît en tant que Moi. Alors que l’âme de sensibilité et l’âme d’entendement vivent dans le monde extérieur, un troisième élément de l’âme plonge dans le monde divin lorsqu’elle parvient apercevoir sa propre nature.

Cela n’implique pas que le Moi soit Dieu, de même qu’une goutte d’eau tirée de la mer ne soit la mer elle-même. Elle est de même nature. Cette troisième activité par laquelle l’homme parvient à une connaissance intérieure de son propre être est appelée « âme de conscience ».

De même que la constitution corporelle de l’homme comprend le corps physique, le corps éthérique et le corps astral, l’âme est constituée par ces trois parties : l’âme de sensibilité, l’âme d’entendement et l’âme de conscience.

Le Docteur Cousin commente : Le Moi est une partie permanente de l’être, mais avec des caractéristiques différentes. La partie de sensibilité permet de percevoir un objet grâce au corps astral, de le « sentir », et de prendre, grâce aux sens, contact avec l’entourage. C’est une base nécessaire. Ensuite, à partir de ce que vous avez vu, vous essayez de comprendre, vous malaxez vos perceptions, vous les raisonnez, c’est l’âme d’entendement ou l’âme de raison. Partant de la chose courante, nous arrivons chacun à la chose particulière. L’âme-conscience fait que nous sommes tous différents. « L’âme-conscience pénètre sa propre essence », comme dit Steiner. Elle est reliée à l’esprit qui est la réalité cachée de toute manifestation. C’est dans l’âme-conscience que se révèle la nature propre du Moi.

F. Catala : On pourrait dire que l’âme de sensibilité nous permet d’avoir des désirs, de sentir, d’éprouver, que l’âme d’entendement nous permet l’abstraction, le raisonnement, la faculté de la mémoire, pour arriver enfin au phénomène primordial de ce Moi, la conscience de lui-même. Ce n’est plus vers l’extérieur, vers les sens, c’est un retournement des énergies, la conscience du Moi s’appréhende elle-même et touche sa propre divinité.

La perception du Moi — la conscience de soi — marque le début d’une activité intérieure du Moi, dit encore Steiner… De l’échelon le plus bas, le corps physique graduellement s’élève jusqu’à l’âme d’entendement. A chaque échelon, un des voiles qui enveloppe la réalité cachée tombe. Dans l’âme-conscience, cette réalité apparaît sans voile au plus profond du sanctuaire de l’âme.

Docteur Cousin : L’homme doit prendre possession de ce qui est caché derrière les éléments inférieurs au moyen d’un travail sur son Moi, en l’ennoblissant et en spiritualisant son âme. Aucune jouissance ne devrait pénétrer dans l’âme sans que le Moi ne lui en donne la possibilité. Et Steiner : Tout ce qui est vie culturelle et apport spirituel consiste en un travail qui a pour but cette domination du Moi. Tout être vivant est engagé dans ce travail, qu’il le veuille ou non, qu’il en ait conscience ou non… Dominé par le Moi, le corps astral devient ce que la science spirituelle appelle : « Le Moi spirituel ». (Manas.) Ce Moi spirituel existe dans l’homme à l’état de germe.

Il faut agir de même sur le corps éthérique, ce qui demande un plus grand effort encore, car ce qui dans le corps astral est caché sous un seul voile est recouvert de deux voiles dans le corps éthérique.

Ce travail, d’abord sur le corps astral puis plus lentement sur le corps éthérique, amène des changements, comme par exemple les transformations que subissent les passions dépendant du corps astral, ou dans le caractère dépendant du corps éthérique. On pourrait dire que les modifications astrales et éthériques ont le même rapport que les mouvements de la grande et de la petite aiguille d’une pendule. Le travail se fait, lui aussi, consciemment ou non.

Les impulsions religieuses, si le Moi les laisse agir, donnent une force qui pénètre le corps éthérique, car elles imprègnent profondément la vie de l’âme et, leur influence se répétant continuellement, se renforce avec le temps. Tandis que l’étude, la réflexion, l’affinement de la sensibilité, etc., transforment le corps astral.

L’art aussi exerce une influence semblable sur l’être humain.

Mais d’autres impulsions encore permettent au Moi d’agir sur le corps éthérique, mais elles sont moins évidentes. Elles montrent qu’il y a encore, caché dans la nature humaine, un autre élément que le Moi élabore progressivement, que l’on peut considérer comme un second aspect de l’Esprit et l’appeler : « Esprit de Vie ». (Bouddhi.) Il est en rapport avec le corps de vie ou éthérique. Les mêmes forces sont en jeu dans les deux, mais lorsque celles-ci se manifestent dans le corps de vie, le Moi n’intervient pas, tandis que quand elles se révèlent en tant qu’ « Esprit de Vie », elles sont profondément imprégnées par l’activité du Moi.

Le Moi spirituel est donc la sublimation du corps astral, tandis que l’Esprit de Vie est celle du corps éthérique. L’initiation véritable consiste à donner à l’homme les moyens d’entreprendre lui-même, tout à fait consciemment, ce travail concernant le Moi spirituel et l’Esprit de Vie.

Docteur Cousin : Le Moi acquiert une maîtrise sur les différents corps, il s’élargit. C’est une petite graine que nous devons développer.

Son action se fait dans les deux sens : pour agir plus bas, il faut qu’il monte plus haut, parce que c’est plus difficile.

Si, au lieu de subir les passions, les événements, nous commençons à raisonner, à en choisir certaines, à comprendre les valeurs spirituelles et artistiques, nous développons notre Moi de plus en plus consciemment, nous devenons de plus en plus maîtres de nous-mêmes sur les différents plans, et nous percevons davantage la Divinité en nous. Notre travail consiste à être dans la ligne de cette évolution.

Réponse à une question : La collectivité aide chaque individu et chaque individu aide la collectivité.

F. Catala : Qu’est-ce qu’une collectivité sans individus ? La collectivité est le résultat des individus.

Docteur Cousin : Nous sommes des êtres sociaux, nous ne pouvons pas vivre sans nos parents, sans gens autour de nous, parce qu’ils nous font croître, nous donnent des exemples, nous enseignent. Si vous développez ce qu’il y a de divin en vous, vous entrez en contact avec le Tout. La famille, c’est la première cellule où s’opère le développement et la possibilité de prendre contact avec l’autre, parce que, finalement, on se connaît essentiellement par rapport aux autres.

Steiner : Dans la vie ordinaire, l’action du Moi sur le corps physique ne peut être que faiblement consciente. Elle n’apparaît en pleine lumière que lorsque l’homme s’en charge consciemment. Alors il se révèle qu’il y a dans la nature un troisième élément spirituel, c’est celui qui, par opposition à l’homme physique, on peut appeler « Homme-Esprit » (Atma). On tend à considérer le corps physique comme élément inférieur et par conséquent on a de la peine à concevoir que le travail sur ce corps incombe à l’élément le plus élevé de l’entité humaine. Mais c’est justement parce que le corps physique cache sous un triple voile l’esprit qui vit en lui, que l’union du Moi avec cet esprit exige de l’homme l’effort le plus grand.

F. Catala : C’est le travail de Mère avec Sri Aurobindo. Ils travaillaient à la spiritualisation de la matière.

Nous sommes arrivés, dans cette étude, au résumé qu’en donne Steiner, à la fin de ce chapitre :

La nature corporelle de l’homme se compose du corps physique, du corps éthérique et du corps astral. Sa nature psychique comprend l’âme de sensibilité, l’âme d’entendement ou de raison et l’âme conscience. Sa nature spirituelle est constituée par le Moi spirituel, l’Esprit de Vie et l’Homme-Esprit. L’âme de sensibilité et le corps astral forment un tout, de même que l’âme de conscience et le Moi spirituel. Car c’est dans l’âme de conscience que s’illumine l’esprit et c’est de là qu’il rayonne sur les autres éléments de la nature humaine. Le Moi peut-être appelé âme d’entendement, parce que celle-ci participe à la nature du Moi, elle est le Moi qui n’a pas encore conscience de sa nature spirituelle. On arrive ainsi à distinguer chez l’être humain les sept éléments suivants : corps physique, corps éthérique, corps astral, Moi, Moi spirituel, Esprit de Vie, Homme-Esprit.

Compte rendu de la rencontre du 15.11.1979

Plus que les textes mêmes, les commentaires du Docteur Maud Cousin résument ce que nous avons étudié en abordant le chapitre du sommeil et de la mort (p. 61).

« La nature a inventé la mort pour avoir plus de vie », dit Goethe. De même qu’on ne peut avoir aucune vie sans la mort, on ne peut avoir de vraie connaissance du monde visible sans se faire une idée de l’invisible. Une bonne connaissance de l’invisible ne nuit jamais, mais renforce et assainit la vie, alors que laissée à elle-même, elle s’affaiblit et dépérit.

Pendant le sommeil, ce qui repose dans le lit ce sont les corps physique et éthérique, ce dernier entretenant les fonctions vitales du premier. Le corps astral et le Moi se sont détachés. Le corps astral, pendant le sommeil, ne ressent ni représentation, ni sentiments de plaisir ou de souffrance, ni faculté d’extérioriser une volonté consciente. Néanmoins il ne reste pas inactif, bien au contraire. C’est lui qui doit fortifier et réconforter les forces humaines épuisées, donner au corps éthérique les forces nécessaires pour conserver au corps physique la forme et la stature propres à l’homme. C’est en lui que résident les modèles. Or, pendant la veille, ceux-ci sont troublés par les images propres à l’âme, reflétant les choses ambiantes. On pourrait dire que le mental perturbe les images. Il en résulte de la fatigue et c’est dans cette suppression de la fatigue que consiste, fait de l’extérieur, le travail du corps astral pendant le sommeil.

De même que le corps physique n’est qu’une portion de la terre, le corps astral fait partie de son propre univers, d’un monde de même essence que lui, dans lequel il se recharge pendant le sommeil et duquel il est arraché au réveil. Et Steiner compare ce monde de l’eau remplissant un tonneau dont une goutte ne saurait représenter une chose séparée, sauf si celle-ci en est pompée à l’aide d’une éponge. C’est à peu près ce qui se passe avec le corps astral. Au moment du réveil, il est à nouveau attiré par les corps physique et éthérique.

Le Docteur Cousin commente : Les gens qui restent pendant longtemps en méditation ne se fatiguent pas et, gardent le contact avec leur corps astral.

Notre énergie en grande partie est électromagnétique produite par la décomposition des aliments, par ce qu’émet l’atmosphère, par les batailles d’électrons et d’ions, par des décharges électroniques, etc. Tout cela donne l’électricité du système nerveux, de même que, pendant la respiration, dans l’inspiration les charges électroniques et ioniques sont captées et transmises directement au cerveau. C’est, je crois, cette énergie que nous perturbons à l’état de veille et qui est cause de difficultés dans notre vie de relation et de communication, troublant notre harmonie intérieure et extérieure.

C’est dans l’univers dont est issu l’être humain, dit Steiner, que se régénère le corps astral et dans lequel se trouve la source des images desquelles l’être trouve sa forme. Il est intégré à cet univers de façon harmonieuse. Pendant la veille, il sort de cette harmonie cosmique, afin de percevoir ce qui l’entoure, mais il en rapporte aux autres corps assez de force pour pouvoir se passer quelque temps de cette harmonie.

Nous passons à la question du rêve qui est un état intermédiaire entre le sommeil et la veille. C’est, dit le Docteur Cousin, une partie importante du sommeil, une fonction astrale, mentale, laquelle démolit les gens s’ils en sont privés. Ce monde d’images que constitue le rêve obéit à certaines règles. L’homme est libéré des lois de la conscience de veille qui l’enchaîne à des perceptions sensorielles. Et Steiner donne quelques exemples qui démontrent qu’il y a cependant dans le rêve quelque chose des lois mystérieuses qui font que l’on aime comparer au rêve le jeu admirable de l’imagination sur lequel se fonde tout sentiment artistique. Car ce que ces rêveurs cités percevaient à l’état de veille reste totalement inconscient pendant le sommeil. Mais le rêve retient un fait essentiel autour duquel il tisse un processus symbolique et tout en étant des échos des images vues en état de veille, la façon dont elles se manifestent en rêve est tout à fait arbitraire. Le rêve crée des symboles, il transforme en images ce qui s’offre à la perception sensible dans l’état de veille.

Cet élément créateur existe aussi pendant le sommeil sans rêve. Pour que se produise le sommeil profond, il faut que le corps astral soit complètement sorti des corps physique et éthérique. Pendant le rêve, il n’en est séparé que dans la mesure où il n’a plus aucun rapport avec les organes sensoriels, mais où il conserve encore un certain lien avec le corps éthérique. Et c’est ceci qui permet d’être perçu sous forme d’images, ce qui se passe dans le corps astral.

Une participante : Étant donné que le Moi et le corps astral sont en liaison au moment du rêve, il me semble que celui-ci reflète davantage les états du Moi que les stimuli extérieurs.

Docteur Cousin : Les émotions et les joies vont encore continuer à jouer parce qu’on sait très bien que quand on a eu des préoccupations on en rêve souvent. Mais le but de ce chapitre n’est pas d’analyser tous les problèmes du rêve, mais de préparer à la conception de la vie et de la mort et de voir comment nos différents corps ont été créés.

La mort, dit Steiner, n’est, elle aussi, pas autre chose que le résultat d’une modification dans les rapports entre les éléments de la nature humaine. Tandis que, pendant le sommeil, le corps astral brise uniquement son lien avec les corps physique et éthérique, la mort se produit du fait que le corps physique se sépare du corps éthérique et, abandonné à ses propres forces, devenu cadavre, il ne peut que se décomposer. Quant au corps éthérique, il passe dans un état encore inconnu de lui, sauf dans certains cas exceptionnels dont il sera encore question. Il est maintenant lié au corps astral, par une force qui entre en action au moment de la mort et détache le corps physique du corps éthérique qui est encore attaché au corps astral. L’union entre ces deux derniers corps se mesure en jours.

Plus tard le corps astral se sépare aussi du corps éthérique et poursuit son chemin sans lui. Avant cette séparation, l’être humain est en état de percevoir les expériences du corps astral. Après la disparition du corps physique, la force qui servait à reconstruire de l’extérieur les forces organiques épuisées persiste et sert maintenant à faire prendre conscience au corps astral de ses propres expériences.

Tout ce processus se confirme par les événements de la vie tels qu’ils se manifestent extérieurement, l’activité visible n’étant que l’expression d’une autre qui, elle, est invisible.

Le corps astral ayant la possibilité de se souvenir de sa vie passée et, grâce à la présence du corps éthérique, ce souvenir se présente comme un grand tableau plein de vie. C’est la première expérience que fait l’être humain après sa mort. L’âme ne perd jamais ce qui fait impression sur elle pendant la vie. Si, à cet égard, le corps physique était un instrument parfait, l’âme pourrait à tout moment évoquer la totalité de son existence passée. Cet empêchement disparaît après la mort.

Au fur et à mesure que le corps éthérique perd la forme qu’il avait dans le corps physique, la mémoire décroît et finalement le corps astral, au bout d’un certain temps, se détache de lui. Puis le corps astral poursuit seul son chemin. En lui subsiste encore tout ce qu’il a pu assimiler pendant son séjour dans le corps physique. Mais pour autant que le Moi spirituel, l’Esprit de Vie et l’Homme-Esprit, qui ont été élaborés jusqu’à un certain point par le Moi, ne tiennent pas leur existence des organes corporels, mais du Moi, l’être n’a pas besoin d’organes extérieurs pour percevoir et pour rester en possession de ce qu’il a acquis. Si ces trois éléments supérieurs n’ont aucune perception pendant le sommeil, c’est parce que le Moi reste étroitement uni au corps physique quoique extérieur à lui pendant le sommeil et que le corps astral est orienté vers le corps physique et dirige les perceptions du Moi vers le monde des sens, ce qui l’empêche avant le processus de la mort, de saisir la révélation de l’esprit sous sa forme immédiate.

C’est à la mort seulement que cette révélation peut atteindre le Moi, parce qu’il est alors libéré de son union avec le corps physique et éthérique. A ce moment un univers nouveau peut s’illuminer pour lui.

Il y a cependant des raisons pour lesquelles tout lien n’est pas rompu entre l’être humain et le monde sensible extérieur. Il y reste attaché par ses convoitises, ses désirs. Par contre, certains de ses désirs, comme par exemple la faim, disparaissent avec les trois corps inférieurs.

Le Docteur Cousin commente : Il y a des désirs qui sont normaux comme par exemple la chaleur quand on a froid, comme par exemple l’amour qui a, lui, comme soubassement des éléments spirituels. La satisfaction qu’éprouve l’homme affamé lorsque sa faim est apaisée peut être une manifestation de l’esprit. Car la nourriture assure l’existence d’un organisme sans lequel, en un sens, l’esprit ne pourrait poursuivre son développement.

Tant que le Moi vit dans un corps, il ne peut pas faire autrement que d’avoir des désirs sensuels, bien qu’il soit lui-même de nature spirituelle. Car de l’esprit se révèle dans tout ce qui est sensible et le Moi en jouit en s’adonnant dans le monde sensible à quelque chose où transparaît la lumière de l’esprit. Et même quand son rayonnement ne passera plus par la satisfaction des sens, le Moi continuera à jouir de cette lumière spirituelle. Mais si le Moi éprouve encore des besoins de jouissances que seuls peuvent satisfaire les sens grossiers, ces besoins resteront assoiffés de satisfactions et seront cause de souffrance. Ces attachements n’ont pas droit de cité dans le monde spirituel. S’ils persistent, ils devront être purifiés par « le feu dévorant de l’esprit », car ce sont des forces destructrices.

Docteur Cousin : On devrait donc, dès ce monde, se rendre compte des forces dont il faut se détacher. Selon que la jouissance des sens est conçue comme une manifestation ou non de l’esprit, elle correspond à une élévation ou à un appauvrissement. Quand on aime quelqu’un, on n’est pas attiré uniquement par ce qui est perçu physiquement, ce qui empêcherait, la perception de l’être après la mort.

Steiner dit : Au cours de sa purification, l’être vit en quelque sorte à rebours. Il repasse toute sa vie depuis sa naissance jusqu’à sa mort ; en commençant par les événements qui ont immédiatement précédé son décès. A son regard spirituel se révèle tout ce qui ne provenait pas de la nature spirituelle de son Moi. S’il a causé à un moment donné une souffrance à quelqu’un pour sa satisfaction personnelle, il vivra la souffrance qu’il a infligée lorsqu’il sera parvenu au cours de sa purification à ce moment précis.

Ce n’est que lorsque, dans son pèlerinage à rebours, l’homme en est arrivé au moment de sa naissance et que toutes ses passions soient passées par « le feu dévorant », qu’il peut se donner entièrement au monde spirituel. Ce sera un nouveau stade de son existence dans lequel le Moi acquiert un état de conscience tout à fait différent au cours duquel c’est en quelque sorte de l’intérieur que surgit le monde qui accède à sa conscience. Pendant sa vie de la naissance à sa mort, le Moi a accès à ce monde, mais ce n’est que lorsqu’il fait abstraction de toute perception extérieure, quand il se perçoit lui-même dans ce qu’il a de plus sacré, que se révèle directement ce qui n’apparaît autrement que sous le voile des choses sensibles.

Cette révélation, qui se présente dès l’abandon du corps éthérique, est obscurcie par le monde des passions encore tournées vers la terre. Au monde bienheureux d’expérience spirituelle, viennent se mêler des ombres noires et démoniaques. Ces ombres sont aussi des entités, des caricatures de ce que l’homme connaissait auparavant par la perception extérieure. Elles ont plaisir à détruire, ayant la passion du mal qui se nourrit des désirs inassouvis des hommes et peuvent entraîner le Moi à des désirs qui ne dépendent pas des sens, mais qu’eux seuls peuvent assouvir.

Donc, dit le Docteur Cousin, dans ce monde spirituel il y a un bas-astral où existent des passions et des entités très destructrices pour le Moi.

Mais, après avoir traversé cette région, dit Steiner, l’être humain aborde un monde spirituel qui n’éveille en lui que le besoin de satisfactions de l’esprit. Tout en percevant encore les choses venues de l’extérieur, son nouvel entourage peuplé d’entités de même nature que le Moi s’adresse directement au centre le plus sacré de son Moi. Seul un Moi peut avoir accès à un autre Moi. Dans cet univers, il introduit pourtant quelque chose de nouveau, c’est-à-dire l’expérience vécue par son Moi, vaste tableau de souvenirs constituant sa propriété impérissable, et qui constitue la quintessence de toute son expérience entre la naissance et la mort. Fruit spirituel de sa vie formant maintenant son propre monde intérieur.

Le Docteur Cousin commente : Dans le monde spirituel il y a, semble-t-il, plusieurs niveaux sur lesquels le Moi se libère de ses passions ou en recherche encore selon le degré de son évolution, jusqu’à ce qu’il ait atteint le plan où il se trouve en harmonie avec son milieu, où il va pouvoir évoluer un certain temps en expérimentant le fruit de tout ce qu’il a recueilli de spirituel dans son existence terrestre et qui constitue sa partie la plus personnelle qu’il emportera avec lui lors de sa prochaine incarnation.

Nous avons vu la dernière fois les différents corps de l’homme du corps physique à l’Homme-Esprit, le plus élevé qui est lié aux forces invisibles qui président à la croissance et à la mort du corps.

Nous avons aussi vu les différents stades avec le sommeil qui est une demi-libération et la mort qui est la grande régénératrice par la purification successive des corps qui se dissolvent en ne laissant subsister que l’essence spirituelle du Moi.

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