Reynold Welvaert
La souffrance, le plaisir et la joie

Le plaisir et la souffrance se succèdent dans l’existence. Rien n’est plus impressionnant que la souffrance causée par la perte d’une personne à laquelle on est attaché. Rien n’est plus conditionnant que les images d’un bonheur ou d’un idéal que l’on s’est construit. Rien ne nous attache plus que le plaisir et rien ne fait plus souffrir que la privation d’un plaisir.

(Revue Etre Libre. Numéro 285, Octobre-Décembre 1980)

Le plaisir et la souffrance se succèdent dans l’existence. Rien n’est plus impressionnant que la souffrance causée par la perte d’une personne à laquelle on est attaché. Rien n’est plus conditionnant que les images d’un bonheur ou d’un idéal que l’on s’est construit. Rien ne nous attache plus que le plaisir et rien ne fait plus souffrir que la privation d’un plaisir.

Nous demeurons toujours très attachés aux souvenirs agréables et nous écartons de nous les souvenirs désagréables. Ce choix nous le faisons continuellement consciemment ou inconsciemment. Comme les plaisirs ne sont que passagers, les souffrances leur succèdent, et la souffrance est toujours là où il y a attachement.

La joie spirituelle surgit d’une façon inattendue, mais c’est nous qui, dans notre désir de perpétuer, essayons de transformer ce qui est en dehors du temps en sujet d’expérience. La joie arrive sans cause, mais c’est nous qui, dans notre désir de posséder, essayons de transformer ce qui est sans forme en image. Ainsi cette joie se transforme en, plaisir par notre désir de renouveler ce qui n’est pas expérimentable. Elle se transforme en souffrance si notre désir de renouveler ne trouve pas sa satisfaction.

La joie véritable surgit de l’inconnu dans un esprit non encombré d’images et plein de sensibilité. Mais cette joie ne peut pas faire l’objet d’une recherche, car elle est en dehors des constructions de la pensée et sa source demeure inconnue et inconditionnée.

Reynold WELVAERT.