Michael Mendizza
Et si ?

La proprioception sensorielle est une expérience intérieure en trois dimensions et en temps réel de notre mouvement dans l’espace extérieur. De manière similaire mais différente, le néocortex a développé une image sociale, analogue à la proprioception sensorielle, qui représente un « moi » ou un « personnage-ego » imaginé, évoluant dans la réalité virtuelle que nous appelons société et culture. Le monde des jeux vidéo en est un bon exemple.

Nous ne sommes pas qui ou ce que nous pensons être. Cela changerait tout. Ce que nous pensons et croyons. Ce que nous faisons et pourquoi. Ce que nous valorisons et chérissons. Tout changerait.

La proprioception sensorielle est une expérience intérieure en trois dimensions et en temps réel de notre mouvement dans l’espace extérieur. De manière similaire mais différente, le néocortex a développé une image sociale, analogue à la proprioception sensorielle, qui représente un « moi » ou un « personnage-ego » imaginé, évoluant dans la réalité virtuelle que nous appelons société et culture. Le monde des jeux vidéo en est un bon exemple.

Pour jouer à un jeu d’ordinateur, un avatar-ego est nécessaire pour interagir avec cette réalité virtuelle. Nous créons une image similaire de « moi » ou du « soi », un substitut social proprioceptif, pour évoluer dans notre réalité virtuelle sociale : la société et la culture. Cela serait parfait, sauf que cette réalité est imaginée. Ce n’est qu’une image. Pour que la proprioception sensorielle fonctionne, nous devons y croire. Croire en elle est naturel, indiscuté. Ne pas y croire bouleverserait tout. Il en va de même pour nos images psychologiques. La croyance est implicite.

En prenant conscience de ce mécanisme par défaut, pourquoi la nature remettrait-elle en question les images créées par le néocortex ? Elle ne le ferait pas. Et à cause de cette présomption intégrée, nous réifions ces images, confondant notre image de soi ou image de l’ego avec une entité réelle, indépendante de notre imagination, et oubliant complètement l’authenticité ou l’essence. Voilà notre péché originel, notre erreur fondamentale. Et nous la commettons encore.

Nous croyons à tort que cette image est ce que nous sommes réellement. Pire, pour compliquer notre erreur personnelle, tout le monde fait de même. Chacun croit qu’il est ses images — non seulement de soi, mais aussi du « soi collectif » appelé « culture ». Culture et soi semblent distincts, mais ne sont que deux expressions d’un même processus. Une fois cette erreur acceptée et crue, et elle doit l’être pour que l’image fonctionne, un conflit inévitable éclate entre vos images, mes images et le collectif. La croyance aveugle en ces images engendre souvent des comparaisons violentes : orgueil, vanité, hubris, embarras, honte… et le reste appartient à l’histoire.

La vérité est que nous ne sommes pas une « chose » figée. Nous ne sommes pas cette image. Nous sommes un processus pur. Comme l’eau qui coule, le mouvement crée l’« apparence » d’une rivière. Stoppez le mouvement, et la rivière disparaît. Nous sommes ce mouvement — et ce mouvement est le monde.

Si la proprioception sensorielle « représente » notre relation avec le monde physique, les images du soi et de la culture « représentent » notre réalité virtuelle sociale. Ces images sont des outils puissants, de pures métaphores ou du théâtre, mais prendre un outil pour « la chose » est insensé. Essayez donc de manger le menu au déjeuner.

Avec un faible niveau d’attention, notre norme collective, nous « supposons » que l’image est la chose. Il faut une attention aiguisée pour percevoir la fausseté de cette présomption si ancrée. Avec plus de présence et d’attention, nous voyons le mouvement, des relations causales en perpétuelle mutation — non des choses. Ce changement de vision transforme le monde perçu. Les conflits liés aux images s’évanouissent, révélant ce que nous sommes réellement et avons toujours été : mouvement, liberté, spontanéité, intelligence profonde, bienveillance, lucidité et justesse. Dansant avec le vent et les étoiles, célébrant les forces invisibles que nous appelons vie.

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Texte original : https://ttfuture.org/blog/what-if/