Critères des Eveillés authentiques par Robert Linssen
(Revue Être Libre, Numéro 249, Octobre-Décembre 1971)
Une véritable avalanche de faux « Swamis », « Gurus » « Initiés » de toutes espèces, de tous pays déferle sur le monde entier.
Nous sommes assaillis de demandes concernant ces imposteurs innombrables. Afin de délimiter dans la mesure du possible les « purs » des « impurs » — car heureusement — des Eveillés authentiques existent tant en Orient qu’en Occident, nous donnons quelques critères permettant assez rapidement de se faire une opinion. Par eux, il est facile de reconnaître ceux que l’on désigne parfois comme les « Eveillés de la Voie Abrupte ».
1°) Ils sont très simples, effacés, discrets.
2°) Ils ne se présentent pas comme des Maîtres et ne tolèrent aucune manifestation d’adoration ou de culte de leur personne.
3°) Ils se considèrent comme de simples instruments et n’imposent jamais ni leur volonté, ni leurs enseignements.
4°) Ils ne prennent généralement pas de « disciple » mais acceptent plutôt des « élèves » et n’acceptent jamais que l’on s’agenouille devant eux ni que leurs élèves les considèrent comme des dieux.
5°) Ils sont des « Eveilleurs de conscience » qui ont pour but une pleine prise de conscience de leurs élèves ou auditeurs, qui doivent chacun, en eux-mêmes et par eux-mêmes s’en remettre au « Dieu intérieur » résidant au plus profond d’eux-mêmes.
6°) Ils ne demandent jamais d’argent, et lorsqu’une contribution financière est suggérée pour un déplacement, le montant en est toujours très modeste.
7°) Ils sont incapables d’exploiter le prestige de leur réalisation intérieure à des fins égoïstes, financières ou sexuelles.
8°) Leur vie est très simple, sans ostentation, leur discipline alimentaire est sévère.
9°) Une puissance d’amour et de liberté intérieure s’accompagne d’une absence d’orgueil, de violence.
10°) Ils sont libres de toute religion organisée, de tout symbolisme spécifique.
11°) Jamais ils ne prétendent ramener leurs élèves dans le souvenir de « prétendues vies antérieures » ni délivrer ceux-ci de leur « karma » et ne peuvent se faire les complices de telles escroqueries spirituelles.
DÉSARROI MONDIAL ET FAUX MAITRES SPIRITUELS par R. LINSSEN
(Revue Être Libre, Numéro 255, Avril-Juin 1973)
L’effondrement de nombreuses valeurs religieuses et spirituelles anciennes plonge les jeunes autant que les adultes dans un désarroi moral profond.
Nombreux sont ceux qui sont prêts à s’accrocher à n’importe quoi et les faux prophètes de plus en plus nombreux le savent fort bien.
Si la méprise de nombreux chercheurs sincères, manquant totalement de sens critique, n’avait aucune conséquence tragique, nous garderions le silence. Mais les faits prennent une ampleur telle qu’il est nécessaire de dénoncer, une fois de plus, les « requins modernes » de la spiritualité.
Des jeunes, plein d’idéal et d’enthousiasme se donnent corps et âme avec une ferveur et une sincérité émouvantes à des mouvements où à des mystificateurs pseudo-spirituels. Très souvent, cet enthousiasme met en veilleuse leur sens critique.
Certains chercheurs réalisent parfois au bout de quelques années une cruelle prise de conscience de leur erreur, soit en se rendant compte de leur dépendance psychologique au pseudo-gourou, soit, en faisant le compte, bien terre à terre et évident, des sommes parfois énormes réclamées pour des « analyses » ou « auditions » psychologiques ou « spirituelles ».
La prise de conscience de leur méprise, qui devrait être libératrice, car elle comporte un élément de maturité et de discernement, n’est malheureusement pas toujours positive. Faute d’information ou de formation, elle ne conduit pas nécessairement tous les êtres vers une issue heureuse, enrichissante et libératrice. Plus de 40 années d’enquêtes dans les milieux dits « spiritualistes », psychanalystes ou yoguiques nous ont révélé de nombreuses issues tragiques et irréparables : suicides, désespoirs, dépressions graves, rejet intégral et définitif de toute valeur spirituelle.
Afin d’inciter les chercheurs à plus de prudence une mise en garde est nécessaire. Cessons donc de nous agenouiller naïvement devant les innombrables pseudo-gourous à peau brune ou blanche ! Rappelons une fois de plus que les Eveillés authentiques ne se présentent jamais comme de « Grands initiés » et ne s’intitulent jamais « Grands Maîtres » ou « Grands vénérables » ni « vénérables ». L’Eveillé authentique sait que de telles étiquettes créent un climat absolument faux et malsain d’autorité spirituelle empêchant une relation véritable.
Le prestige du pseudo « Maître » écrase le disciple ou l’élève, inhibe ses facultés créatrices, paralyse toute liberté, toute spontanéité d’expression, le conditionne dans une attitude d’obéissance aveugle. L’Eveillé authentique ne peut ni obliger, ni influencer sous le prétexte d’une autorité spirituelle, que celle-ci lui ait été conférée par une hiérarchie traditionnelle reconnue ou qu’il se l’arroge lui-même de propos délibéré.
La maîtrise et l’expérience qui se transmettent obligatoirement doivent se limiter au domaine des informations techniques, comme un professeur de mathématique enseigne les mathématiques, comme un professeur de yoga enseigne la technique et l’esprit profond du yoga. Mais, si à l’autorité indispensable de la compétence technique et psychologique, se superpose un sens d’autorité spirituelle ou s’exprime l’instinct de puissance, la recherche consciente ou inconsciente du prestige, le professeur faillit à sa mission. Cet abus du pouvoir est aussi néfaste pour le « Maître » que pour l’élève car il met en mouvement un processus d’aveuglement et d’exploitation mutuelle. Ceci revêt une importance extrême dans le domaine des enseignements spirituels et c’est précisément dans celui-ci que de tels écueils se présentent le plus fréquemment.
Sachons donc une fois pour toutes, que l’Eveillé authentique refuse toute prosternation. Il veille très sévèrement à éviter l’usage de tout mot, de toute étiquette, de tout geste, de toute attitude qui pourraient être complices de prestige ou d’autorité spirituelle.
Jamais un Eveillé authentique n’accepte de mise en scène tapageuse ou théâtrale, à coups de trompettes, de musiques, de chants, de projecteurs ou d’éclairages au néon, à la façon de superstars. Il est invraisemblable qu’il soit encore nécessaire d’écrire de telles mises en garde en 1973.
Et cependant, nous voyons les foules qui sont dupes. Nous les voyons s’agenouiller en masse devant des mystificateurs s’exhibant comme Barnum en foire, énonçant les paroles sublimes de telles ou telles antiques traditions, qu’ils ne comprennent pas.
Il est peut-être utile de méditer sur l’expérience que vient de faire un psychologue de New-York.
Le concierge de son immeuble était un homme de grande stature, très beau visage légèrement grisonnant. Très brave et simple mais ne s’intéressant à rien qu’aux courses et aux sports. Le psychologue lui demanda un soir : « Ronald, veux-tu gagner cent dollars pour ne rien faire, en restant assis sans mot dire pendant une bonne heure ? » Mais certainement Monsieur, s’empressa le concierge.
Eh bien ! voici ce que tu vas faire : Je vais te maquiller comme un véritable artiste et t’enduire la peau du visage et des mains de couleur brune. Je te choisirai un beau turban et une grande robe blanche. Je t’installerai sur la scène d’une salle de conférences, assis dans un fauteuil imposant et je te demande deux choses : premièrement tu regarderas fixement, sans bouger, vers le fond de la salle, deuxièmement tu ne diras rien, absolument rien. Tu dois simplement jouer le rôle d’un Sage qui n’enseigne que par le silence.
Me comprends-tu ? Es-tu d’accord ?
Oui, Monsieur !
Le psychologue fit imprimer des circulaires et annonçait à « l’élite intellectuelle et spirituelle » de New-York qu’il avait le privilège de présenter au public américain l’un des plus Grands Gourous des Himalayas, de passage quelques instants aux U.S.A., qu’on pouvait lui poser des questions oralement mais qu’il ne répondait que par le silence.
A la date convenue, longtemps avant l’heure, il y avait foule.
Le brave concierge demeurait imperturbablement silencieux, le regard fixe et lointain, trônant sur un imposant et large fauteuil malicieusement choisi pour la circonstance.
Quelques questions fusèrent timidement. Une grande partie de l’auditoire semblait impressionnée.
La séance terminée, le public quitta la salle, peu à peu, respectueusement dans le plus parfait silence.
Innombrables furent les personnes qui chuchotèrent à voix basse au psychologue:
« Quelle merveilleuse soirée ! … Quelle présence extraordinaire ! » …Quelle puissance de rayonnement ! …Quelle puissance de magnétisme dans ce silence ! … J’ai eu la réponse immédiate à ma question… ! ! ! ! Pouvons-nous rencontrer ce Grand Initié ? »
* * *
Conclusions :
Que chacun en prenne de la graine. Pensons à cette parole du Bouddha : « La vigilance et la lucidité sont les voies de l’Immortalité. La négligence est la voie de la mort. Les négligents sont déjà comme s’ils étaient mors. Les vigilants sont immortels ».
LA FOIRE AUX « BODDHISATTVAS ET AUX GURUS »
par Ivan Boris de KHOWSKY (pseudonyme de Robert Linssen)
(Revue Être Libre, Numéro 259, Avril-Juin 1974)
L’ésotérisme de l’Inde antique et les cénacles initiatiques sérieux enseignaient que les Boddhisattvas étaient des êtres exceptionnels, resplendissants d’amour et de lumière intérieure.
Shri Maîtreya, Avalokiteshvara, le Christ étaient considérés à ce titre, comme de purs diamants animés d’une compassion infinie reflétant une sagesse divine.
Les représentants authentiques et généralement inconnus du « Monde intérieur » savent que de tels êtres se présentent à l’humanité une ou deux fois tous les mille ou deux mille ans.
Mais dans son délire insensé, voilà que le monde angoissé et décadent du XXème siècle possède sa foire aux « Boddhisattvas » et aux « Gurus de la Connaissance transcendantale ».
Des clowns prétendant agir au nom du Zen (pauvre Zen) nomment, sans rire, des Boddhisattvas par douzaines. Au nom de qui et de quoi ?
Depuis quand des profanes, extérieurs de fait et de droit à la vraie Fraternité Blanche assument-ils la responsabilité d’accorder de tels titres. Auraient-ils l’orgueil et l’insolence de se considérer eux-mêmes au niveau des êtres de lumière les plus purs et sublimes.
Jamais un Boddhisattva authentique n’accorde de distinction ni de titre aux yeux du public. Ceci témoignerait d’une identification inconcevable et infantile à toutes les actuelles valeurs humaines corrompues par la vanité, l’intérêt, les distinctions, l’esprit de récompense, ces quatre poisons fondamentaux dénoncés explicitement par les fondateurs chinois du Zen.
Nous assistons aux dévaluations spirituelles les plus lamentables de l’histoire. Tandis que l’on nomme des Boddhisattvas, des pseudo-gurus prétendent apporter la « connaissance transcendantale » en exigeant prosternations, obéissance et dépendance totale à l’égard de leur personne.
Il est urgent de dénoncer la trahison et l’imposture de ces gurus plongeant leurs jeunes disciples naïfs et mal informés dans une situation d’asservissement et de dépendance paralysant de façon définitive toute liberté spirituelle. Le rôle des « gurus » véritables est d’affranchir l’homme, d’en faire un être libre, autonome, capable d’être à l’écoute des profondeurs de sa propre conscience. Selon l’enseignement des Maîtres de la « Vue Juste » des « Praja-Patis » (confrérie himalayenne des Seigneurs de l’Etre) la parfaite connaissance de soi est irréalisable dans la dépendance psychologique d’autrui. Or, la parfaite connaissance de soi est le prélude indispensable au dépassement de soi, base essentielle de toute méditation transcendantale digne de ce nom.
Le fait d’autosuggestionner des légions de jeunes, sincères et angoissés en leur faisant entendre des sons ou voir des lumières n’a rien de spirituel. Les expériences psychiques ne sont pas spirituelles. Les pouvoirs psychiques sont une réalité mais ils appartiennent à un domaine inférieur. N’importe quel aventurier peut les développer et les exploiter à son profit. Et les aventuriers ne manquent pas.
Faire croire qu’il s’agit là d’une connaissance transcendantale aisément acquise par la répétition de certains mantras est une escroquerie morale que la loi des causes et des effets sanctionnera comme il convient.
La pratique de la répétition de « mantras » (le « japa ») est vieille comme le monde. Elle apporte détente physique, nerveuse et pacification des couches superficielles du psychisme.
Mais cette quiétude ne peut être prise pour un « Eveil », ou une « Connaissance transcendantale ». Elle comporte des caractères d’autohypnose évidents.
La dramatique méprise de millions d’aveugles prosternés aux pieds des imposteurs et des borgnes du monde moderne se solde en définitive par l’aveuglement spirituel et le dépouillement matériel des disciples. Ceux-ci, de bonne foi, se font les complices des fortunes fabuleuses amassées par les pseudos gurus dont certains possèdent avions ou navires personnels tandis que des millions de leurs frères vivent dans la misère et meurent de faim.
Le temps est loin, où les véritables « Sannyasins » (ceux qui savent qu’ils ne sont rien et qui vivent l’humilité absolue) parcouraient à pied les routes de l’Orient, n’ayant pour seule richesse que celle d’un amour infini et pour seule lumière, celle de l’innocence et de l’intelligence suprême résultant naturellement de leur vision divine.
Eux seuls étaient véritablement dignes d’être sacrés « Boddhisattva » ou « Guru » et, si par extraordinaire exception ils l’étaient, personne ne le savait et ne devait le savoir. L’exemple vécu de leur vie quotidienne était suffisant. Se nourrissant d’à peu près rien, refusant l’alcool, le tabac, les drogues et l’argent, pratiquant un yoga équilibré, leur corps spiritualisé était le temple harmonieux et l’instrument parfait du Dieu vivant, manifestant les formes les plus sublimes de l’Amour de la Compassion et de l’Intelligence.
Ivan Boris de Khowsky
(par délégation pour la Fraternité
Himalayenne des « Praja-Patis »)
LES FAUX MAITRES par R. LINSSEN
(Revue Être Libre, Numéro 261, Octobre-Décembre 1974)
Différents événements — dont certains sont dramatiques — nous obligent une fois de plus à dénoncer les agissements des « pseudo-maîtres » et faux « gurus ».
Ceux-ci peuvent se diviser en deux catégories.
D’abord, ceux qui sont nettement faux. Tel, ce soi-disant yogui indien qui, d’une façon naïve, s’intitulait lui-même : « le plus Grand Maître des Himalayas », le « plus Grand » (avec un G. majuscule) Yogui des Indes, le plus « Grand » Initié du monde, etc., etc. (!).
Au paragraphe suivant il affirmait (sans rire)… que ceux et celles qui suivraient ses cours pendant 6 mois deviendraient eux-mêmes les plus Grands Maîtres, etc., etc.
Mais au dernier paragraphe, se trouvait énoncé le tarif des cours. Celui ci étant à la mesure des prétentions de ce véritable escroc. Fait incroyable : il a trouvé de nombreux élèves.
Ensuite, d’autres escrocs dont les victimes sont venues nous demander conseils. Ce sont les parents angoissés dont les jeunes gens et jeunes filles de 19 à 23 ans se sont laissés véritablement hypnotiser par un faux « Guru », d’origine allemande, prétendant leur apporter la connaissance et tous les secrets du Yoga aux conditions suivantes : d’abord, voler les économies de leurs parents, ensuite les quitter définitivement pour le suivre dans un mystérieux ashram, et bien sûr leur confier leur argent. Une jeune maman vivant seule est venue toute éplorée nous confier le vol dont elle a été victime de la part de son jeune fils unique qui lui a dérobé une somme considérable en laissant pour unique souvenir un billet portant ces mots : « par ordre de mon « guru » je quitte tout pour obtenir l’illumination ». La réalité dépasse la fiction !
On reste confondu devant une telle absence de sens critique.
Est-il une fois de plus nécessaire de rappeler les critères des Maîtres authentiques.
1) Désintéressement matériel total. Ils ne peuvent réclamer ni directement, ni indirectement (par suggestion) quelqu’argent que ce soit.
2) Ils ne peuvent jamais suggérer un geste malhonnête ou cruel.
3) Ils sont d’un désintéressement psychologique total.
4) Ils ne se présentent jamais eux-mêmes comme « Maîtres » ou « Gurus » et s’ils le font c’est dans un but conscient ou inconscient d’exploitation spirituelle, psychologique ou matérielle.
5) Ils rendent ceux auxquels ils s’adressent libres. Ceci est très important: ils ne mettent jamais leurs élèves dans une situation de dépendance à leur égard. Ils veillent à ce que nous nous connaissions pleinement.
6) Du point de vue spirituel et psychologique, les véritables « Maîtres ou « Eveillés » nous délivrent directement du mirage de l’ego et rien dans leur enseignement ne peut fortifier cet « ego ».
Ceci dit, nous comprendrons mieux l’escroquerie spirituelle des « pseudo-Gurus » ou « Maîtres » dont la fausseté est moins évidente.
Dans cette catégorie, devenue de plus en plus fréquente, le prétendu « Guru » affirme dès les premiers entretiens qu’il « voit » les vies antérieures de son interlocuteur et même, dans certains cas, l’aider en fonction de cette prétendue connaissance des vies antérieures et le « libérer » de son karma. Cette simple approche du « pseudo-guru » doit immédiatement vous le situer : c’est un imposteur et un escroc spirituel. Jamais un éveillé authentique ne prendra la responsabilité de vous enfoncer dans vos prétendues incarnations antérieures — donc renforcement et ré-évocation d’un passé — pour résoudre le problème de l’Eveil qui ne peut être résolu que dans une convergence totale des énergies psychiques et spirituelles, dans le Présent. Aux naïfs qui tombent dans de tels pièges on peut leur demander d’imaginer un Krishnamurti les abordant en leur rappelant leurs prétendues incarnations antérieures, et pour ce faire, leur conseiller de développer leurs pouvoirs psychiques ou supranormaux.
Un fameux coup de balai est nécessaire pour libérer le monde de toutes ces vieilles ordures d’un autre âge. Avec Krishnamurti nous démasquerons implacablement ces requins de la spiritualité et leurs habiles comédies.
SECTES ET FAUX GURUS Par R. Lebellier (pseudonyme de R. Linssen)
(Revue Être Libre, Numéro 293, Octobre-Décembre 1982)
En cette fin du XXème siècle le monde traverse des crises d’une acuité exceptionnelle d’ordre économique, politique, moral, religieux. La corruption sévit partout. La plupart des êtres humains sont dans l’angoisse. Celle-ci entraîne des réflexes de violence.
D’autre part, la plupart des traditions religieuses occidentales ont perdu leur prestige et nombre d’adhérents. Cette situation crée un climat d’incertitude et de détresse qui est habilement exploité par un nombre grandissant de sectes de tous genres, scientologie, secte Moon. Celles-ci profitent de la naïveté et de la faiblesse de nombreuses personnes n’ayant aucun sens critique. Les victimes de ces véritables requins de la spiritualité n’ont pas le discernement qui leur permet de voir directement l’ampleur de la farce. Il existe cependant un remède bien simple de nature à les faire réfléchir : qu’elles notent attentivement les dépenses résultant de leur aventure pendant un an ou deux. L’importance de celles-ci les aidera à réfléchir.
Restent aussi les « gurus ». Ils sont innombrables et font fortune.
Rappelons que dans la tradition indienne le «guru » est celui qui montre la route. Il est enseigné que l’élève doit marcher par lui-même.
Le guru indique la nourriture adéquate mais il ne peut « manger pour le disciple ». Il ne peut jamais mettre celui-ci dans une situation de dépendance à l’égard de sa personne et ne peut jamais réclamer de l’argent. Son train de vie est modeste; son alimentation est sobre, il s’abstient de fumer. Cette dernière pratique est complètement incompatible avec l’Eveil de la conscience et la forme de sensibilité supérieure qui sont les privilèges de l’Eveillé.
Le véritable « guru » sait qu’il n’est qu’un instrument. Il évite de se présenter comme une autorité. Il ne fait jamais état de pouvoirs psychiques et les écarte systématiquement. Développement de la « kundalini » est un secteur trop souvent exploité par les charlatans qui en tirent profit.
L’Eveillé authentique est rare. Il enseigne et parcourt le monde soit publiquement soit par petits groupes. S’il n’enseigne pas oralement, il écrit. S’il ne s’exprime pas, c’est un imposteur prisonnier de son ego dans une situation d’isolement incompatible avec l’état d’amour de l’Eveil intérieur. En raison de l’énorme somme de souffrances du monde, il serait monstrueux de ne pas faire participer autrui à la richesse intérieure de force, de lumière et d’amour que l’Eveil authentique accorde naturellement à tout être humain. Il est impossible d’être comblé par le « nectar des Dieux » en laissant mourir de soif, à côté de soi, ceux que l’on sait être une autre forme de la même Réalité.
R. LEBELLIER.