Traduction libre
Je me demande si vous avez déjà remarqué que la vie a été compartimentée dans le processus de civilisation au cours des siècles passés. La civilisation semble être un processus de découverte de soi, une sorte de découverte qui a la capacité de connaître les choses et les êtres, à l’extérieur de la peau pour ainsi dire, ainsi qu’à l’intérieur de la peau. Elle s’est donc employée à sophistiquer l’instrument de connaissance – l’organe cérébral et les nerfs. Elle a développé l’art d’acquérir des informations, de les organiser systématiquement en ce que vous appelez des idées, des concepts, des pensées – développant des idéologies à partir des idées et des pensées. L’organe cérébral est donc devenu un entrepôt de ce que vous appelez le savoir. Il a acquis des informations sur les choses et les êtres à l’extérieur de lui et en lui, les a organisées de manière systématique et les a réduites à des conclusions, des théories, etc. La partie cognitive de l’être s’est donc merveilleusement développée et élaborée.
L’homme a également découvert la partie conative de son être – les sentiments, les émotions, les sensations, le mouvement chimique qui se produit et la question aurait pu être : Que faire de ce mouvement chimique qui a lieu ? Comme la pensée, lorsqu’elle se déplace dans le système nerveux, est contrôlée par le cerveau, l’humanité a développé un code de comportement pour contrôler le mouvement chimique qui se produit en nous – stimulé par la signification des mots, des pensées et des idées. Un code de conduite a été élaboré – les ce qu’on peut et les ce qu’on ne peut pas, les normes, les standards – ce que vous appelez la science de l’éthique, de la moralité, pourrait avoir été ainsi développé.
Cette partie émotive ou conative n’était pas liée à la partie connaissance de l’être. La conation n’était pas basée sur la cognition.
Et permettez-moi de faire brièvement référence à la troisième partie – la partie action – le comportement sensuel. Le code de conduite pour le comportement sensuel doit avoir été lié à des pressions sociales, économiques et politiques.
Nous avons donc un comportement sensuel qui s’appelle l’action. Et le comportement conatif qui s’appelle l’émotion, le sentiment, la sensation. Et nous avons le comportement cognitif qui s’appelle le savoir. Sans entrer dans les détails, voyons cela brièvement. Le sensuel, le conatif et le cognitif se développent dans notre vie comme des compartiments étanches. Les sciences sociales – économie, politique, sociologie – s’occupent du comportement sensuel, de la partie action. La religion et l’éthique contrôlent l’émotionnel, la partie conative. Et ce que nous appelons le savoir, la philosophie, contrôlant et régulant la partie cognitive. Ainsi, il n’y a peut-être jamais eu de croissance de notre totalité de manière homogène. Chez certains êtres humains, vous trouvez une acquisition de savoir et vous les appelez des érudits. Et chez certaines personnes, vous trouvez la sophistication et le raffinement du côté émotionnel de l’être et chez d’autres, vous pouvez remarquer le raffinement et la sophistication du comportement sensuel.
Or, cette croissance compartimentée a eu pour résultat une chose très dévastatrice. Et cette dévastation semble être comme ceci : La compréhension résultant de cette connaissance ne s’écoule pas naturellement dans le mouvement de la relation. L’action devrait être le flux de la compréhension dans le mouvement de la relation, mais ce n’est pas le cas. Si vous observez le mouvement de votre être tout entier dans les relations, vous remarquerez ces trois compartiments, et ils se comportent parfois de manière contradictoire, de manière conflictuelle. Vous devrez faire preuve de patience avec moi, ce sont des choses que l’on partage pour la première fois, et l’on est plutôt hésitant et on tâtonne pour trouver les mots. Ainsi, le savoir ne coule pas dans la chimie du corps ou dans le mouvement sensuel des relations. Par exemple, nous pouvons connaître la vérité sur les faits de la vie. Si la vie n’était pas compartimentée, s’il y avait une croissance de notre homogénéité, nous ne dissimulerions pas la vérité sur le fait dans notre mouvement de relations. Immédiatement, la compréhension de la vérité serait poussée dans le mouvement des relations. Les émotions seraient en harmonie avec la compréhension de la vérité. Et l’action – le comportement sensuel – serait également harmonieuse. Mais nous disons que même si je connais la vérité, laissez-moi la pousser dans la mémoire. Si j’en parle aujourd’hui cela ne peut pas servir ma motivation, ce serait gênant. Vous voyez que toute la catégorie des motivations dans la partie conative dans la partie émotionnelle de l’être n’est pas liée au savoir, à la partie cognitive. Il n’y a pas d’harmonie entre le savoir et les émotions. Et la partie sensuelle de notre être, qui s’appelle l’action dans les relations, est régie par autre chose.
Les compulsions, les incitations fournies et les motivations, ces trois parties sont très différentes et en désaccord les unes avec les autres ; elles peuvent même être en contradiction les unes avec les autres. Ainsi, le savoir ne se transforme pas naturellement en action. Que font-elles alors ? Elles fournissent des incitations. Si vous dites la vérité, vous irez au paradis et si vous commettez un péché, vous irez en enfer. Des incitations de récompense et de punition ont été fournies. D’abord, vous aviez le savoir, puis des incitations, pour pousser le savoir dans le mouvement des relations. Ou, vous savez, vous comprenez et vous prenez une décision – vous décidez que : Je comprends ceci et je vais le mettre en action – une force de volonté supplémentaire a été développée. Vous savez, vous comprenez et alors vous avez la force de la volonté. ‘Sankalpa shakti’ dans les langues indiennes. En termes psychologiques, une poussée d’autosuggestion et alors seulement la compréhension coule dans la partie émotionnelle et la partie sensuelle, sinon elle est bloquée. Nous avons été conditionnés de cette façon par la civilisation. La compréhension est bloquée et arrêtée à moins qu’elle ne reçoive un flux supplémentaire de volonté, d’autosuggestion, de détermination, de dévouement, de dévotion. Cela se situe entre la partie cognitive et la partie conative, entre la partie conative et la partie sensuelle.
Si j’ai réussi à rendre cela clair, poursuivons. La pensée, réfléchir en tant qu’énergie consciente d’elle-même, se regarde elle-même. L’observation est la pensée qui se regarde elle-même. L’observation, c’est la perception qui regarde le percevoir. La pensée qui regarde le penser, voilà l’observation. Ainsi, étant une énergie consciente d’elle-même, il est possible pour la pensée de se regarder, de regarder son propre mouvement. Ce n’est pas le penseur qui regarde la pensée. Le mouvement peut se regarder lui-même. Au niveau physique, vous parlez et vous écoutez, et vous regardez ce que vous dites et ce que vous écoutez. C’est possible parce que c’est une énergie consciente d’elle-même, c’est une énergie évoluée.
Ainsi la pensée regardant le penser, la perception regardant le percevoir, comprenant sa propre limitation organique, elle entre en suspens, en non-action.
C’est une nouvelle dimension, la civilisation ne nous a pas équipés de cette façon. L’entrepôt du savoir sur toutes les écritures et de toutes les perceptions des saints, des yogis, etc. ne signifie rien pour nous sur le plan émotionnel. Parce qu’émotionnellement, nous nous comportons selon nos idiosyncrasies, nos habitudes, notre conditionnement. Et sensuellement, physiquement, nous nous comportons d’une tout autre manière. Il y a donc trois personnes qui vivent en une seule, pas deux, mais trois.
La religion est une croissance homogène de la totalité de votre être. Le mouvement de la structure de la pensée, qui se détend totalement après avoir compris sa propre limitation, est une chose nouvelle dans la vie de vous et de moi. Cela peut se produire s’il y a ce besoin, s’il y a cette recherche. C’est seulement l’enquête qui donne la force à la compréhension de se couler dans le mouvement de la vie. Être religieux signifie vivre notre intégralité et ne pas être compartimenté. Mettre de côté toutes les pressions de la société et oser vivre sa propre compréhension – non pas pour gagner quelque chose, mais parce que c’est la seule façon de déployer son être.