Jean Varenne
La littérature française et l'Inde

À lire le gros ouvrage de Jean Biès, le public peut être tenté de penser, d’une part, que la France est la nation privilégiée dans le domaine des rapports entre l’Inde et l’Occident et, d’autre part, que notre littérature a été profondément affectée par ces contacts. Or ces vues sont fausses l’une et l’autre : il n’est que trop évident que c’est l’Angleterre qui joua le rôle principal au XIXe siècle, et l’on ne s’en étonnera pas en réfléchissant que c’était là pour elle un impératif majeur, car elle ne pouvait songer à administrer un pays dont elle eût ignoré la culture. Les traductions anglaises du sanskrit sont donc dix fois plus nombreuses que les françaises, et cent fois au moins celles des œuvres en langues indiennes modernes…

(Revue Question De. No 4. 1974)

La découverte de l’Inde, de sa civilisation et de sa religion a-t-elle modifié la littérature française ? A cette question, Jean Biès vient de répondre par un gros ouvrage, « l’Influence de la pensée hindoue sur la littérature française des origines à 1950 », publié aux éditions Klincksieck. Il s’agit d’une étude détaillée sur l’influence des penseurs de l’Inde, philosophes et écrivains, sur un grand nombre d’essayistes et de romanciers français. Peut-on aujourd’hui encore regarder d’un œil amusé l’inquiétante image des dieux hindous ? Peut-on plaisanter encore sur la religion du Bouddha ou confondre sa métaphysique avec quelque religiosité diffuse des premiers âges ? Au XVIIIe siècle déjà, Voltaire peste et tempête contre F. indomanie » de son temps mais Rameau se fait applaudir par tout Paris lo