Toni Packer
La présence

Traduction libre. Le titre est de 3M Plutôt que de demander « Qu’est-ce que l’illumination ? », pouvons-nous nous interroger sur notre sentiment intérieur d’insuffisance ? Nous avons essayé de le combler par des fantasmes de toutes sortes, par des divertissements, des acquisitions, des réalisations, des relations, des recherches spirituelles et des vœux solennels — tout pour […]

Traduction libre. Le titre est de 3M

Plutôt que de demander « Qu’est-ce que l’illumination ? », pouvons-nous nous interroger sur notre sentiment intérieur d’insuffisance ? Nous avons essayé de le combler par des fantasmes de toutes sortes, par des divertissements, des acquisitions, des réalisations, des relations, des recherches spirituelles et des vœux solennels — tout pour combler ce vide douloureux. Mais l’avons-nous jamais vraiment exploré directement, sans condition ?

En devenir conscient… pouvons-nous rester avec la douleur du vide, sans le nommer ? Laisser tomber toutes les étiquettes et rester avec ce qui est ici, l’inconfort sans l’appeler inconfort. Rester ici avec ce qui n’est pas définissable. Ne pas résister, ne pas lutter, sans chercher autre chose. Juste laisser ce qui est ici être ici dans son intégralité, physiquement, mentalement, totalement. Le laisser être sans savoir. Ne pas devenir l’acteur du pour ou du contre. Juste cette présence tranquille au milieu du silence du chaos. En cela, il y a une transparence qui se déploie. Cela se produit lorsqu’on s’assoit patiemment, silencieusement, inconditionnellement. Par « s’asseoir », je veux simplement dire être totalement avec ce qui est ici. Ne pas s’éloigner ou se rapprocher de quelque chose d’autre, juste rester avec la totalité — une présence intense qui inclut toutes les sensations corporelles, la respiration, le vent, la pluie, le soleil, les oiseaux, la toux, le bourdonnement des ventilateurs — tout ce qui est ici, à la fois, sans raccord. Observer les pensées qui surgissent, les émotions sur le point d’être déclenchées, les sensations physiques qui apparaissent et encore plus de pensées, d’émotions, de sentiments, de sensations qui se déploient et disparaissent — être avec tout cela. Il n’y a pas d’endroit où s’échapper. Tout est ici sans séparation.

Laissez les pensées surgir, laissez-les se révéler pour ce qu’elles sont et disparaître. Tout cela est l’étoffe des rêves, des traces du passé infini. Les pensées peuvent déclencher la peur, mais la peur aussi peut devenir transparence. Quand elle surgit, la voilà. Laissez-la être. Ne l’appelez pas par son nom — les étiquettes attirent les souvenirs et les réactions du passé. Inutile d’avoir des sentiments à son sujet — eux aussi sont vides. La peur est un phénomène inévitable dans notre conscience égocentrique habituelle. Nous ne pouvons pas vivre l’illusion d’un moi séparé sans éprouver des craintes quant à ce qui pourrait lui arriver. Mais les illusions et les rêves peuvent aussi être considérés comme de simples rêves et illusions, même s’ils peuvent susciter d’énormes turbulences intérieures sous forme d’horreur, d’agonie ou de plaisir. Tout cela fait partie intégrante de la conscience humaine qui se manifeste sous la forme d’un moi et d’un vous séparés.

Assis tranquillement, regardant les choses se présenter sans cesse, une cassette peut jouer : « Est-ce cela, la méditation ? Je ne veux pas passer le reste de ma vie méditative à regarder des ordures se répéter sans fin. » Mais l’important n’est pas ce qui est vu, mais la qualité du regard. Lorsqu’une personne demande : « Est-ce qu’observer le va-et-vient des pensées et des émotions, c’est tout ce qu’est la méditation ? » Je réponds que tout dépend de la qualité de l’observation. Est-elle consommée par le jugement, par le sentiment de culpabilité, de honte ou d’impatience ? Lorsque ces mouvements mentaux se produisent, voyez-les pour ce qu’ils sont et ne vous laissez pas perturber par eux. C’est la conscience sans choix — sans observateur séparé qui occupe le devant de la scène. Le spectacle intérieur s’affiche simplement de lui-même et n’a pas besoin d’un public particulier, ni d’applaudissements ou de rejet. Laissez tout se passer comme cela se passe dans l’espace infini de la présence ouverte. La « conscience sans choix » n’est-elle qu’un autre rêve, une nouvelle illusion ? La pensée peut transformer n’importe quoi en un concept en y pensant et en y rêvant. Voyez-le quand il se produit et ne vous laissez pas berner par lui. La conscience sans choix n’est pas une illusion. Elle est là pour les êtres humains comme vous et moi. La transparence se déploie d’elle-même, révélant tout ce qui existe tel que c’est, en toute franchise et simplicité, sans avoir besoin d’un metteur en scène.

En fait, la conscience est là même pendant les périodes d’obscurité. La présence ne va jamais nulle part. Il ne s’agit pas d’une affirmation dogmatique mais d’un simple fait que chacun d’entre nous peut découvrir. Voyez le nuage, l’obscurité ! Entendez le vent ! Sentez la respiration ! Sentez les fleurs ! Touchez l’herbe qui oscille ! Les nuages, le vent, les pensées, la respiration, les fleurs parfumées et l’herbe changent tout le temps, mais la vision est là sans temps. Même si les doutes peuvent l’obscurcir, elle est là à l’instant où le mental s’arrête et où chaque cellule du corps s’ouvre pour entendre, voir et être.

Pas besoin de se prendre la tête sur ce qui a été dit. Être présent, c’est être tout entier, pas seulement la tête ! Nous sommes cette entière création vivante d’instant en instant sans discontinuité. Marchez innocemment dans les champs, dans les bois, le long de la plage de l’océan ou dans les rues de la ville avec la pure joie de la vie, de ses mouvements, de ses sons et de ses parfums infinis — l’amour de tout cela sans en faire quelque chose !

–Toni Packer, extrait du chapitre intitulé « L’illumination », dans son livre The Wonder of Presence, publié par Shambhala.