(Revue Être Libre. No 319. Mai 1990)
On peut connaître de nombreuses joies : la joie de l’amour conjugal, la joie d’être en bonne santé, d’avoir de bons amis et d’adorer la lecture. Mais on découvre que toute joie est éphémère.
Cette quête est un mouvement très décevant de notre être. N’étant pas satisfait de l’actuel nous recherchons quelque chose au-delà de l’actuel. C’est cet actuel pénible qui nous fait aspirer au futur ou au passé. Et ce que nous découvrons se porte dans l’actuel. Nous sommes toujours à la recherche de la compréhension du présent, toujours à la poursuite de rêves, du futur ou du passé. Nous demeurons rivés au passé et nous escamotons l’actuel.
Il y a en nous une aspiration à découvrir la source éternelle de la joie, car toutes les joies que nous avons sont passagères. Ce besoin de chercher est en rapport avec la souffrance de ne rien trouver qui dure et le désir de se libérer de ce doute. Quiconque est un peu sérieux est à la recherche de la vérité, de la libération.
Éprouvant les douleurs du transitoire, on cherche le permanent. De ce désir de permanence naît le permanent qui est l’opposé de ce qui est. De sorte que cette recherche est vaine et qu’il n’y a qu’une recherche de satisfaction dans la permanence. Ainsi notre esprit entre dans un conflit de la dualité.
L’actuel n’est pas le contraire du passé ni de ce qui est. Si l’actuel n’est qu’une image du passé alors il n’est qu’une continuité modifiée. Toute recognition est basée sur le passé et ce qui est reconnaissable n’est pas nouveau. La recherche provient de la souffrance de l’actuel qui crée un besoin de découvrir le permanent. Ainsi tout désir de joie est transitoire.
Si vous voyez la vérité de cela, alors l’éphémère devient une joie.
Reynold Welwaert