Le Zen Universel: L'Instant présent (citations)

La philosophie de l’intuition accorde au temps toute sa valeur. Elle ne permet aucune pétrification de l’instant, et prend chaque instant tel qu’il est né du Sunyata (le Vide). Cette philosophie se caractérise par l’instantanéité : chaque instant est absolu, vivant et doué de signification. La grenouille saute, le criquet chante, une goutte de rosée […]

La philosophie de l’intuition accorde au temps toute sa valeur. Elle ne permet aucune pétrification de l’instant, et prend chaque instant tel qu’il est né du Sunyata (le Vide). Cette philosophie se caractérise par l’instantanéité : chaque instant est absolu, vivant et doué de signification. La grenouille saute, le criquet chante, une goutte de rosée brille sur la feuille de lotus, la brise passe à travers les branches d’un pin et le clair de lune tombe sur une rivière de montagne murmurante…

D. T. SUZUKI.

Voir un monde dans un grain de sable

et le Ciel dans une fleur sauvage,

Saisir l’Infini dans la paume de sa main

et l’Éternité dans l’heure qui passe.

WILLIAM BLAKE.

La belle-de-jour ne fleurit qu’une heure

et pourtant elle est aussi chère au cœur

que le pin géant qui vit un millier d’années.

MATSUNAGA TEITIKU.

Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera pas.

LUC, XVIII, 17.

L’homme est un roseau pensant, mais il accomplit ses plus grandes œuvres quand il ne calcule et ne pense pas. Il faut retrouver l’esprit d’enfance en s’exerçant longuement à l’oubli de soi. Quand cela est atteint, l’homme pense et pourtant ne pense pas. Il pense comme la pluie qui tombe du ciel, comme les vagues de l’océan, comme les étoiles brillant dans le ciel, comme la feuille qui se déploie dans la brise printanière — il est vraiment la pluie, l’océan, les étoiles et la feuille.

D. T. SUZUKI.

Le coq chante

Le fleuve coule

Les oiseaux pépient

Le lac scintille

Les champs verdoyants dorment sous le soleil.

WORDSWORTH.

O marronnier en fleurs aux puissantes racines,

Es-tu feuille, fleur ou tronc ?

O corps, se balançant au rythme de la musique,

O lumière brillante,

Comment distinguer le danseur de la danse ?

W. B. YEATS.

Quoi ? Est-ce la lune

qui a crié ?

Non : un coucou !

BAISHITSU.

La discipline zen est pour une large part une autodiscipline. C’est une constante présence à soi-même et possession de soi-même. Lorsqu’on lui demandait de quelle manière il s’y exerçait, un Maître répondait :

Quand j’ai faim, je mange ; quand je suis fatigué, je dors.

Mais c’est ce que tout le monde fait !

Lorsque les hommes mangent, dit le Maître, ils pensent à autre chose et se laissent donc distraire de ce qu’ils font. Lorsqu’ils dorment, ils ne dorment pas mais rêvent de mille choses.

Une chose à la fois, en se concentrant sur elle : voilà la discipline mentale.

CHRISTMAS HUMPHREYS, Le Bouddhisme zen.

Sans anticiper sur ce que sera demain, pense seulement à aujourd’hui et à l’heure présente. Demain étant une chose hasardeuse et difficile à connaître, pense à suivre aujourd’hui la voie bouddhiste. Concentre-toi sur la pratique du Zen sans perdre de temps, en pensant que seuls existent ce jour et cette heure-ci. Ensuite, les choses deviennent faciles. Oublie ce qu’il y a de bon et de mauvais dans ta nature, oublie la force ou la faiblesse de ton pouvoir.

DOGEN, Shobogenzo.

Quand tu marches, contente-toi de marcher

Quand tu t’assieds, contente-toi d’être assis

Par-dessus tout, ne t’agite pas.

YUN-MEN.

Allume le feu

Je te montrerai une chose exquise :

une boule de neige.

BASHO.

Telle la fleur sauvage qui fleurit à côté

de la pierre solitaire éclairée par le soleil,

la paix a fleuri tout l’après-midi.

ROBERT PENN WARREN.

Je tends la main ; je prends un livre posé sur mon bureau ; j’entends par la fenêtre des gamins qui jouent au ballon ; je vois les nuages s’éloigner au-delà des bois voisins — et ce faisant, je pratique le Zen, je vis le Zen. Aucune discussion verbeuse n’est nécessaire, ni aucune explication.

D. T. SUZUKI.

Rien n’existe ; toutes les choses deviennent.

REIHO MASUNAGA.

L’éternité est une étendue infinie de temps où chaque événement est tantôt futur, tantôt présent, et tantôt passé.

D. RUNES, Dictionnaire philosophique.

Je me souviens d’une seule chose,

dit le rossignol chinois :

le printemps est venu pour toujours.

VACHEL LINDSAY, Le Rossignol chinois.

Me voyant perdu une fois encore, je soupirai :

« Où, mais où suis-je donc ? »

« Non, ne me le dites pas ! criai-je aux nuages.

Laissez-moi me perdre dans le ciel ! »

ROBERT FROST.

Comme le vent j’ai quatre âmes,

Voyageant dans le ciel sans fin,

et suivant mon destin.

AMY LOWELL.