Mohammed Mathlouthi
L'eau matrice de la vie

(Revue 3e Millénaire. Ancienne série. No 16. Septembre-Octobre 1986) Biologiste, chercheur-enseignant, Mohammed Mathlouthi se consacre depuis des années à des recherches très poussées sur l’eau. Son approche, lui permet de traiter ici de cette prodigieuse création, l’eau. L’eau nourricière et dévastatrice, l’eau mémoire du monde, l’eau qui n’a pas encore livré tous ses secrets. L’eau […]

(Revue 3e Millénaire. Ancienne série. No 16. Septembre-Octobre 1986)

Biologiste, chercheur-enseignant, Mohammed Mathlouthi se consacre depuis des années à des recherches très poussées sur l’eau. Son approche, lui permet de traiter ici de cette prodigieuse création, l’eau. L’eau nourricière et dévastatrice, l’eau mémoire du monde, l’eau qui n’a pas encore livré tous ses secrets. L’eau porteuse d’énergies vibratoires, vecteurs du médicament homéopathique… Cet article qui date de 1986 reflète l’état des recherches à cette période…

Lorsqu’une molécule est détruite, il reste le moule constitué par son eau d’hydratation. Ce moule induit une disposition des atomes telle que la molécule est à nouveau synthétisée.

Dans toutes les mythologies, l’eau est le symbole de la vie. Durant le sommeil, le cerveau travaille en circuit fermé, échafaudant des programmes dans la mémoire de l’eau.

Que dire de plus sur l’eau qui ne soit déjà dit ? L’eau est le liquide le plus abondant à la surface de la terre. C’est l’élément essentiel de la vie. Cette molécule (H20), apparemment simple, est la molécule la plus étudiée. Depuis plus de 200 ans que l’on cherche à déterminer la structure de l’eau — il y a eu des milliers de publications sur ce sujet —, on n’a toujours pas dévoilé le secret de cette structure. De temps à autre, un résultat « extraordinaire » est publié — tel que l’eau polymérisée des Russes — qui excite les chercheurs un peu partout dans le monde. Puis, la tension retombe et le travail continue dans les laboratoires où l’on essaye d’isoler des fractions microscopiques d’eau « anormale » ou d’eau en équilibre thermodynamique instable telle que l’eau surfondue ou surchauffée.

L’ultra-spécialisation dans une technique expérimentale, ou l’orientation de la recherche dans une direction théorique pointue, limitent la portée des-résultats et laissent l’impression que dans ce domaine comme dans d’autres, l’approche réductionniste (cartésienne) constitue un gâchis énorme. Pourtant, tout le monde s’accorde sur le fait que l’eau intervient dans tous les aspects de la vie : au niveau moléculaire dans les réactions biophysiques, mais aussi au niveau écologique, climatologique, agricole, économique et politique.

Les spécialistes de la physique se sont attachés à expliquer les propriétés dites « anormales » de l’eau telles que la densité plus élevée pour l’eau liquide que pour la glace, la chaleur spécifique très élevée de l’eau liquide, les températures d’ébullition, de congélation… Les biologistes se sont intéressés à l’eau, constituant des cellules, à celle qui hydrate les macromolécules biologiques comme les protéines, les acides nucléiques…

Il a été observé que si l’on veut conserver des embryons, des vaccins… aux basses températures, c’est bien parce que plus de 20 % de l’eau de ces cellules se maintenait à l’état liquide au lieu de se congeler. Les chimistes ont certainement été intrigués d’observer que l’eau agissait comme un acide fort et dissolvait des métaux aussi peu attaquables que l’or ou le platine en présence de traces d’autres substances chimiques. L’acidité dévastatrice de l’eau est observée dans le cas des pluies acides où des traces de SO2 ou d’oxyde d’azote sont suffisantes pour déplacer l’équilibre acido-basique des lacs (Est des U.S.A., Suède) ou de détruire des forêts (Vosges, Allemagne, Suède…) . Il est probable que la composition de l’eau de mer, des sédiments qui constituent les couches géologiques de la terre et de l’air atmosphérique ne soit pas un simple effet du hasard, mais qu’il y ait une interaction chimique continuelle entre la mer et la croûte terrestre.

L’eau des océans s’évapore, retombe sous forme de pluie en se chargeant de gaz carbonique, attaque les roches et le sol. Les produits de cette attaque, ions et solides en suspension, sont drainés par les rivières vers les mers pour constituer des sédiments. Lesquels sédiments émergent au cours des âges géologiques sous la forme de montagnes… Un tel équilibre entre les éléments solide, liquide et gazeux de l’atmosphère et de la croûte terrestre a été imaginé par Sillen [1], un spécialiste suédois d’électrochimie.

L’intervention des océans dans l’équilibre écologique se manifeste également grâce à une propriété particulière de l’eau : sa chaleur spécifique élevée. En effet, les courants marins qui, tel le Gulf-Stream, s’écoulent des mers tropicales vers les mers froides, en perdant leurs calories, transportent, grâce à la capacité calorifique de l’eau, des quantités considérables de chaleur qui est dissipée dans l’atmosphère. De sorte que l’eau des océans agit comme un grand réservoir d’énergie qui capte l’énergie solaire et la distribue lentement grâce aux courants marins, assurant, ainsi, une régularité du climat et des conditions de températures compatibles avec la vie sur terre.

L’imagination des plantes

Une des formes de vie les plus « imaginatives » dans son adaptation à l’abondance ou à la rareté de l’eau, à la forte ou à la faible salinité du milieu, est la plante. Il existe, en effet, des plantes aquatiques, des plantes amphibies et des plantes des zones arides qui ont su développer des racines capables de capter la moindre trace d’eau en profondeur et en surface et de ne pas en perdre en se dotant de cuticules imperméables qui leur permettent de garder leur eau et de résister à la sécheresse. D’autre part, il y a la quantité et la qualité de l’eau qui se manifestent de manière de plus en plus évidente dans la différence entre les produits de l’agriculture chimique et ceux de l’agriculture biologique. Loin d’être une machine que l’on peut contrôler chimiquement, la plante fait partie d’un équilibre naturel fragile qui a mis longtemps à s’établir. De sorte que, à force de tout vouloir maîtriser « rationnellement », on finit par détruire certains équilibres naturels. Et cette tendance n’est pas récente.

Lorsque les nomades se déplaçaient de point d’eau en point d’eau, en détruisant au passage la végétation pour nourrir leurs troupeaux, pour se chauffer… jusqu’à éliminer le point d’eau lui-même, ils ne se rendaient pas compte qu’ils avaient démarré un processus de désertification. L’époque que nous vivons qui ne croit plus qu’en la Science Matérialiste a voulu traiter des problèmes aussi délicats que l’équilibre naturel, l’alimentation (ou la malnutrition) en termes de composition chimique des sols, calories protéiques ou glucidiques… C’est ne pas compter avec l’eau qui va drainer les nitrates dans les nappes phréatiques, avec la baisse de la qualité des céréales « venues d’ailleurs »… C’est considérer le monde vivant comme un ensemble de réactions chimiques seulement ; alors que cela ne constitue que la partie apparente et forcément incomplète et inintéressante de la vie. Il y a d’autres aspects qui relient la vie sur terre au cosmos et qui lui donnent une signification autrement plus exaltante.

Mais il ne faut pas croire que ceux qui se livrent à la cuisine des calories soient innocents. Ce sont ceux-là mêmes qui conseillent de cultiver des céréales à haut rendement quitte à les « supplémenter » en protéines parce que ces céréales à haut rendement ne nourrissent plus, qui détiennent dans des banques de semence les variétés « sauvages » des pays pauvres. Variétés qui sont résistantes à la sécheresse et autrement plus riches en nutriments ; il est également probable que la qualité de l’eau dans ces plantes cultivées sans engrais soit meilleure que celle des céréales à haut rendement.

Plutôt que de compartimenter l’étude de l’eau en spécialités réduites comme la physique, la chimie ou la biologie, ou en domaines plus vastes comme l’écologie, l’agriculture ou l’économie, nous allons lui appliquer l’analyse systémique. Nous allons considérer l’eau, « cette matrice de la vie » comme une matrice qui s’auto-organise, qui garde en mémoire toutes les formes qui s’y sont développées ; pour les régénérer, le cas échéant et qui joue le rôle d’intermédiaire dans la réception des énergies vibratoires. Un tel rôle implique que dans tous les milieux où l’eau est prépondérante, et notamment dans le milieu vivant, les fonctions des autres constituants seront interprétés par référence à leur interaction avec l’eau.

I. Origine de la vie

La vie a toujours été associée à l’eau. Même lorsque, du temps des philosophes grecs, on croyait à la génération spontanée, c’est toujours dans l’eau qu’on a imaginé que la vie pouvait démarrer. C’est ainsi que l’on a pu supposer que l’eau de pluie était chargée d’un « esprit de vie ». Pour Thalès, l’eau est le commencement et sera la fin de toutes choses. On lui attribue également d’avoir déclaré que tout ce qui existe est plein d’esprit divin. Empédocle, que l’on crédite d’avoir été le premier à annoncer le concept des quatre éléments (terre, air, feu et eau) au Ve siècle avant J.-C., conçoit que leur combinaison est à la base de la formation des autres substances. Platon déclarait que tout était eau : de l’eau liquide pour ce qui coule naturellement, ou de l’eau fondante pour ce qui coule sous l’effet de la chaleur.

Les théories contemporaines les plus probables attribuent l’origine de la vie à un processus évolutif de la matière, où l’eau a joué un rôle essentiel. On situe le commencement — mais est-ce bien important ? — à une époque où une masse de gaz incandescents, une boule de lumière, s’est détachée du soleil. C’était il y a 4,5 milliards d’années, le Big Bang, une catastrophe naturelle. En se refroidissant, cette lumière s’est transformée en matière. L’atmosphère, à cette époque, était différente de ce que nous connaissons en ce moment. Il n’y avait ni oxygène ni azote, mais de la vapeur d’eau surchauffée.

L’un des éléments les plus réactifs à haute température, est le carbone. Il s’est combiné à différents éléments existants pour donner le méthane (CH4), le gaz carbonique (CO2), l’acide cyanhydrique (HCN). De sorte que la vie aurait pu démarrer dans l’un de ces milieux plutôt que dans l’eau. Ç’aurait été une vie facilement cernable par les lois de la physique, une vie sans mystères… Et puis, il n’en a pas été ainsi. Très vite, il y a 3,5 milliards d’années, lorsque la température a été suffisamment basse pour que l’eau soit condensée, il s’est formé des substances organiques dans cette eau chaude. Ces substances, à base de carbone, hydrogène, oxygène et azote, ont donné lieu à des réactions chimiques mettant en jeu l’eau elle-même.

Des molécules vitales telles que protéines et acides nucléiques étaient déjà formées et se trouvaient dans l’eau sous la forme de solutions colloïdales, ou de gouttelettes de coacervat entourées de lipides. Et le rôle de l’eau, dans tout cela ?

Ces gouttelettes ont continué à se développer aux dépens des autres constituants de la soupe originelle. Elles ont consommé des molécules à forte énergie libre comme les sucres et « recraché dans la soupe » des produits de dégradation et des calories. C’est probablement grâce à la structure de l’eau que le processus de développement de ces gouttelettes et, plus tard, celui des premières cellules vivantes a pu continuer. En effet, les coacervats, qui ne sont que des paquets de réactions chimiques, nageant dans l’eau, consommaient les molécules à forte énergie libre sans pouvoir les restituer. C’est à l’eau, qui a le souvenir de la structure de ces molécules, que nous devons leur reconstitution.

En effet, même si la molécule est consommée, il reste le moule constitué par son eau d’hydratation. La forme, ainsi maintenue, induit une disposition des atomes telle que la molécule est à nouveau synthétisée. L’association des molécules d’eau en amas plus ou moins denses, de durée de vie plus ou moins longue, est spécifique des substances qui s’y trouvent, et est également sensible à l’environnement. La répartition de l’énergie vibratoire entre les différents constituants du bouillon originel a pu se faire au moyen de l’hydratation spécifique des métaux. La sensibilité des métaux aux différentes énergies vibratoires reçues se manifeste dans ce milieu aqueux par une organisation et une énergie de liaison des molécules d’eau qui est caractéristique de chaque métal. Les métaux associés à des chélatants (molécules organiques pouvant fixer des métaux par des liaisons de coordination) ont pu, grâce à leur hydratation spécifique, doser la quantité d’énergie nécessaire à la synthèse des molécules à forte énergie libre. Ainsi, le magnésium, connu pour sa grande affinité pour l’eau, (6 à 8 molécules d’eau par Mg++) combiné à la chlorophylle, a joué un rôle essentiel dans la synthèse du glucose.

L’eau apparaît ainsi, comme étant le support de la vie. Elle est le constituant essentiel du milieu vivant et le médiateur dans la réception des énergies vibratoires. C’est « Thalassa », la mer (mère) originelle, d’où toutes les formes de vie sont issues et qui demeurent en nous à double titre : biologique et symbolique [2].

Dans toutes les mythologies, l’eau reste le symbole de la vie. Le culte de l’eau a été observé sous diverses formes par différentes civilisations. Les Gaulois vouaient un culte aux sources et aux rivières. Chez les Grecs, Aphrodite symbolisait la beauté, mais aussi la force vitale des eaux. En Inde, le Gange est sacré. Et le Nil était considéré comme un fleuve céleste sur lequel le dieu du soleil, Rê, effectuait sa traversée journalière, jusqu’à la nuit où le dieu des ténèbres, Apophis, le faisait prisonnier. Et, aussi bien dans les civilisations de l’Amérique précolombienne que dans toutes les autres civilisations, la légende du déluge existe.

II. Structure de l’eau

Les propriétés physiques inhabituelles de l’eau liquide sont très probablement à l’origine du grand intérêt que l’on apporte à l’étude de sa structure. De nombreux modèles de structure de l’eau ont été proposés. Aucun n’est complètement satisfaisant. Les modèles proposés se partagent en deux groupes : — le modèle « continu » qui décrit l’eau comme étant un milieu continu où les molécules sont associées par des liaisons Hydrogène de longueurs, énergies et angles variables ; — le modèle des « mélanges » où l’eau est considérée comme un mélange entre plusieurs espèces en équilibre. Le terme mélange étant souvent différemment interprété suivant les auteurs. Pour certains, il s’agit de « molécules de glace » (eau associée) en solution dans de l’eau dissociée. Pour d’autres, il s’agit d’un mélange de molécules d’eau individualisées avec de l’eau associée par liaisons Hydrogène. Pour d’autres, enfin, il s’agirait de molécules libres ou associées par 2, 3, 4 ou 5 qui se trouveraient dans le même milieu. Les controverses entre les défenseurs du modèle continu et ceux du modèle du mélange ne manquent pas d’alimenter les polémiques scientifiques les plus vives, surtout depuis que les calculateurs les plus puissants ont été utilisés pour appuyer telle ou telle hypothèse.

Dans ce domaine, comme dans d’autres, les observations expérimentales ont plus de valeur que les modèles calculés. Encore faut-il trouver la technique sensible à des modifications de structure qui n’ont qu’une durée de vie d’un millionième de millionième de seconde (10-12 s) et qui sont sensibles à toutes les variations d’énergie de l’environnement. La méthode qui permet d’approcher avec le plus de certitude la structure de l’eau est la diffusion Raman-laser. Lorsqu’une radiation monochromatique intense comme celle d’un rayon laser frappe la matière (ici, l’eau) il y a interaction entre lumière et matière. La diffusion de la lumière qui traverse l’échantillon va rendre compte de l’état de l’énergie vibrationnelle des molécules. Par rapport à la longueur d’onde du rayon de départ, il y a un déplacement en fréquence d’autant plus élevé que l’énergie des vibrations de la molécule est élevée. Ce déplacement en fréquence constitue l’effet Raman, du nom d’un savant indien qui découvrit le phénomène en 1928, ce qui lui valut le prix Nobel. La particularité de l’effet Raman, dans ce domaine, provient du fait qu’il est sensible aux interactions de faible énergie comme les liaisons Hydrogène. Cependant, le spectre Raman n’est qu’une image instantanée d’interactions entre molécules d’eau et d’amas plus ou moins importants des espèces en présence, et la forme du pic enregistré n’est guère encourageante (voir fig. 1). Différentes méthodes de décomposition du spectre Raman de l’eau dans la région des vibrations de la liaison O-H ont été proposées. Nous en citerons celle de Luu et coll. [3]. D’après cette méthode de décomposition, il y aurait coexistence de 5 formes d’eau : H20, la molécule individualisée, des amas de molécules associées par 2, 3, 4 ou 5. Le maximum de liaisons Hydrogène possibles pour une molécule d’eau étant 4 comme nous allons le voir.

À ces 5 formes possibles (voir fig. 2), il faudrait en ajouter 2 autres : le proton (H+) et l’hydroxyle (OH). Ces 7 formes de l’eau sont très fortement dépendantes de l’environnement au sens large, c’est-à-dire les inévitables impuretés, les rayons UV, qui peuvent dissocier l’eau en H+ et OH et toutes autres fluctuations d’énergie cosmique, de courants telluriques, de champs magnétique et électromagnétique… A ce propos, il faut remarquer qu’il est pratiquement impossible d’obtenir deux spectres Raman identiques sur de l’eau conservée dans les mêmes conditions, mais analysée à des moments de la journée différents. C’est que l’eau a une mémoire [4]. Elle enregistre dans sa structure (proportions des 7 formes, énergie des liaisons Hydrogène…) l’histoire qu’elle a vécu.

Nous n’en voulons pour preuve que la différence de propriétés entre l’eau liquide à 0 °C obtenue par fusion de la glace et celle obtenue en refroidissant de l’eau liquide jusqu’à la température de 0 °C. De même, la « mémoire » de l’eau se manifeste dans des expériences sur l’eau soumise à un champ magnétique, dynamisée ou ayant été entourée d’un collier de Lakhovsky. Les spectres Raman de tels échantillons d’eau sont différents de l’eau de départ ; donc, l’eau a gardé en « mémoire », l’effet du stress qu’elle a subi. Cette sensibilité de l’eau à l’environnement et bien d’autres propriétés sont dues à la liaison Hydrogène.

La liaison Hydrogène

À la base de toutes les propriétés dites « anormales » de l’eau se trouve la liaison Hydrogène. En effet, chaque molécule d’eau est susceptible de s’associer au maximum à 4 autres molécules d’eau. La molécule H20 a la structure d’une sphère qui comporte à sa surface 2 pôles + et 2 pôles -. Les 2 pôles + correspondent aux 2 atomes d’hydrogène et les 2 pôles – aux électrons célibataires (non appariés avec les hydrogènes) de l’atome d’oxygène (voir fig. 3). Beaucoup plus que l’eau elle-même, c’est la liaison Hydrogène qui semble le mystère de la vie. Cette liaison de faible énergie, mais dont l’énergie varie de quelques dixièmes de kilocalories à plusieurs dizaines de kilocalories par liaison, est essentielle à toutes les molécules d’intérêt biologique. C’est, en effet, par liaison Hydrogène que les paires de bases A-T et G-C (adénine-thymine et guanine-cytosine) sont associées dans l’ADN, et c’est la liaison Hydrogène qui est à l’origine de la structure et de la fonction des protéines. Hopfinger disait, à propos de la liaison Hydrogène que la seule chose dont on soit sûr, c’est qu’il n’y a aucune règle qui en régisse la géométrie.

(En fait, nous pouvons imaginer cette liaison comme étant établie entre un hydrogène à électropositivité excédentaire (dans OH, NH2…) et un atome à électronégativité disponible (O, N, S…) dont le lieu géométrique est un cône de révolution ayant un angle d’ouverture indéterminé.)

La distance O-H…O d’une liaison Hydrogène de l’eau, varie avec les modifications de l’environnement, est influencée par les autres substances se trouvant dans l’eau et se fait et se défait toutes les 10-12 secondes. L’eau liquide ne peut donc pas être un milieu homogène. Elle est composée de différentes formes d’associations éphémères, mais statistiquement durables, — comme pour nous rappeler que l’existence de chaque individu est éphémère, mais que la vie est éternelle qui lui confèrent des états énergétiques différents. Ces modifications structurales sont d’autant plus importantes que la température à laquelle on se trouve est voisine de valeurs compatibles avec la vie. C’est ainsi que la chaleur spécifique (capacité d’emmagasiner de la chaleur par unité de masse) de l’eau passe par un minimum à 37° C, que des paliers de résistivité et de tension superficielle sont observés entre 20 et 25° C, que le maximum de densité est observé à 4° C, etc. Toutes ces propriétés dites « anormales » de l’eau sont dues à des arrangements des liaisons Hydrogène d’une manière telle que l’on se trouve à un niveau d’énergie compatible avec une forme de vie donnée.

Interactions de l’eau avec l’environnement

L’environnement est utilisé ici dans un sens très large. Il s’agit aussi bien des ions et des molécules dissous dans l’eau qui provoquent des interactions spécifiques, que des influences de facteurs physiques comme la température, la pression, les radiations… Les interactions solvant-soluté entre les molécules d’eau et les molécules qui y sont dissoutes, vont se manifester par des interactions d’attraction et des structures correspondant à des répulsions. Il s’agit, comme pour la conception d’Empédocle de l’origine de la vie qui soutenait que les quatre éléments se combinaient en proportions différentes et que ces combinaisons ou séparations avaient lieu sous l’effet d’attractions et de répulsions spécifiques qui s’apparentent à l’amour et à la haine. Les interactions d’amour entre les substances dissoutes et l’eau sont des interactions hydrophiles et les interactions de haine, les interactions hydrophobes. De plus, l’influence de ces substances peut être ponctuelle ou avoir un grand rayonnement. C’est ainsi que l’organisation de l’eau en amas structurés sous l’effet d’une substance hydrophile peut être faite à courte distance autour des molécules de cette substance, ou s’établir dans toute la masse de l’eau liquide entourant le produit.

Parmi les substances dont l’hydratation est la plus spécifique, nous trouvons les ions métalliques qui induisent 3 zones d’hydratation, d’importance plus ou moins grande suivant le métal (voir schéma 4). Dans la zone A, les molécules d’eau constituent une coquille d’hydratation autour de l’ion où le nombre de molécules d’eau d’hydratation est caractéristique du métal. En solution, l’ion se déplace avec sa couche d’hydratation A. Les ions les plus importants dans la transmission de l’information à travers les membranes biologiques, c’est-à-dire les ions Na+ et K+ n’échappent pas à la règle. Nous allons, d’ailleurs, voir que l’eau d’hydratation de ces ions joue un rôle très important, souvent oublié.

À ce propos, il faut noter l’ion Li+ qui, bien que plus petit que Na+ et K+ a une sphère d’hydratation plus grande que ces deux ions, ce qui lui confère des propriétés particulières dans le traitement des troubles psychiques. Dans la zone B, on trouve des molécules d’eau orientées sous l’effet du champ électrique des charges positives de l’ion métallique. L’eau, dans cette zone, est associée par des liaisons Hydrogène plus longues, moins énergétiques. Enfin, on trouve dans la zone C de l’eau liquide « normale » légèrement polarisée sous l’effet du champ électrique déjà faible de l’ion.

Les biomolécules sont soit hydrophiles (sucres, acides aminés…), soit hydrophobes (lipides, certains groupement des protéines…). Dans le cas des molécules hydrophiles, l’hydratation a lieu par des liaisons Hydrogène intermoléculaires (entre l’eau et le soluté) à courte distance de manière à épouser la forme en se rapprochant lorsque l’attraction est forte et en s’éloignant lorsqu’il y a des groupements hydrophobes dans la molécule. A plus longue distance, un ordre de l’eau est induit sous l’effet des différents constituants de la molécule.

L’eau directement associée au produit hydrophile est dite eau « liée » et celle située à une certaine distance du produit et qui n’est pas impliquée dans des liaisons Hydrogène intermoléculaires, est dite eau « libre ». Cette notion d’eau liée et d’eau libre a été remarquée depuis longtemps. Elle a une importance primordiale dans la protection de la vie. C’est, en effet, l’eau liée qui ne se congèle pas lorsqu’on conserve à basse température des cellules vivantes. Duclaux [5] disait qu’« en biologie, l’eau liée a une importance très grande, car c’est l’existence de cette eau qui garantit, en particulier, les plantes contre la dessiccation et contre la congélation ».

Les molécules hydrophobes repoussent très fortement l’eau. Celle-ci s’organise, alors, en s’associant par des liaisons Hydrogène très courtes, donc très fortes, mais à une certaine distance de la substance hydrophobe. L’eau fortement associée sous l’effet hydrophobe de certaines molécules dénuées de charge positive ou négative va constituer une cage autour de ces molécules. Les hydrocarbures, par exemple, sont très fortement hydrophobes. Cela a pu être exploité industriellement pour extraire le méthane du fond des océans en l’emprisonnant dans une cage d’eau. Cette propriété hydrophobe du méthane nous fait penser qu’à l’origine, dans la soupe du départ, il y avait du méthane. Et c’est, peut-être, pour protéger la vie, que l’eau s’est recroquevillée autour du méthane en prenant la forme d’une structure cage, empêchant ainsi ce gaz de se consumer en brûlant tout l’oxygène nécessaire au développement des molécules biologiques.

Autour des biopolymères, l’eau s’organise suivant l’attraction ou la répulsion des groupements d’atomes qui constituent ces macromolécules. Mieux qu’une armure, elle les habille comme un « chandail moulant » et ne les quitte plus. Il suffit, dans certains cas, de retirer une seule molécule d’eau pour que la macromolécule biologique change complètement de conformation, ou que sa structure s’écroule. C’est, notamment, le cas de l’ADN qui aura la forme A, B ou C suivant son niveau d’hydratation. On se demande, d’ailleurs, dans quelle mesure on peut parler de l’existence de certaines molécules comme l’ADN sans leur eau d’hydratation. Il est bien connu que lorsqu’on touche à la périphérie de l’ADN, c’est-à-dire à son eau d’hydratation, on dérègle la commande centrale.

La structure de l’eau est aussi sensible à la modification de l’environnement énergétique. Cela a pu être démontré en enregistrant le spectre Raman-laser d’une eau d’orage ou d’une eau ayant subi un rayonnement comme celui de la pleine lune. De l’eau magnétisée a pu se révéler très active dans la croissance des plantes. Les eaux ayant subi une décharge électrique (orage) ou certaines radiations montrent un spectre Raman où les molécules individualisées ou dissociées (OH libres) sont plus abondantes que dans une eau n’ayant pas subi ces influences. On obtient, alors, de l’eau agressive. Moins spectaculaire que l’orage ou la pleine lune, est l’énergie des autres planètes. Elle a été, néanmoins, détectée par effet Raman-laser sur des eaux ayant été entourées de colliers de Lakhovsky ou dynamisées à l’aide d’électrodes en métaux ayant des rapports avec les énergies des différentes planètes (Pb pour Saturne, Fe pour Mars, Cu pour Vénus…). L’hydratation spécifique des substances dissoutes, d’une part, et la sensibilité aux énergies cosmiques, d’autre part, font que l’eau joue, par l’intermédiaire de la modification de sa structure, un rôle prépondérant dans tous les processus vitaux. En somme, rien de ce qui concerne la vie n’est étranger à l’eau.

III. Réception et émission des énergies vibratoires

Le terme « énergie vibratoire » a déjà été évoqué dans les colonnes de cette revue. Ceux qui ont suivi la série d’articles d’Étienne Guillé [6] ou lu son récent ouvrage [7] savent qu’il y a du soufre dans ces énergies (croix 1, 2, 3, 4). Mais il y a aussi du mercure (double croix a, c, e, g et b, d, f, h). Il y a de la matière, mais aussi de l’esprit ; il y a du yang, mais aussi du yin. Et à cet égard, l’eau serait plutôt « mercurienne ». N’est-ce pas le rôle d’un « mercurien » que d’être un médiateur, qui s’adapte aux exigences du moment ? Et cette adaptabilité de l’eau, ses modifications de structure, sont faites d’une manière tellement « imaginative » que cela déroute les physiciens.

Parlant d’énergie vibratoire de la cellule [6], Etienne Guillé a indiqué l’importance du potentiel hydrique dans la vie des cellules. Il a montré que la vie résultait d’un équilibre entre ondes émises et ondes reçues. Les supports vibratoires sont les constituants de la cellule et en particulier de l’ADN. Le médiateur dans la réception et l’émission des énergies vibratoires n’est autre que l’eau qui épouse la forme du support vibratoire, et change de structure toutes les fois qu’il y a changement d’énergie vibratoire. Dans le couple EV/SV dont parle E. Guillé, l’eau est représentée par la barre qui sépare l’énergie EV du support SV.

L’organisation de l’eau par liaisons Hydrogène autour des différentes substances permet d’interpréter toutes les réactions d’intérêt biologique. Toutes les sensations que nous pouvons avoir sous l’effet de l’environnement dans le sens large, se traduisent par un transport de nature électrochimique à travers les cellules nerveuses. Ce transport dépend fortement de l’hydratation des ions transportés.

Au niveau du cerveau, qui est constitué pour plus des 3/4 d’eau, on peut imaginer une réponse de type informatique, dans laquelle, on a non pas un système binaire avec une réponse par 0 ou 1 ou leurs combinaisons, mais un système à 7 états (les 7 formes de l’eau) et leur combinaison en quantité (nombre de liaisons Hydrogène) et en qualité (force de ces liaisons). Lorsqu’on absorbe une substance fortement hydrophobe, comme une drogue, ou qu’on plonge dans le sommeil, le cerveau continue à travailler, en circuit fermé, échafaudant des programmes puisés dans la « mémoire de l’eau », ou des programmes complètement nouveaux résultant de la structure de l’eau induite par la présence de la substance hallucinogène. Les mécanismes mettant en jeu des structures de l’eau relevant des réactions biologiques, du domaine du psychique ou de celui des rêves pourraient être appelées liaison biologique, liaison psychologique et liaison cosmique.

Il s’agit là d’hypothèses, de vérités subjectives, les seules d’ailleurs à être valables. L’attribution aux résultats d’une expérimentation de la seule valeur objective qu’on peut leur trouver, dessèche l’intelligence, ralentit le progrès. L’ouverture de la connaissance à une certaine intuition, à une vérité sentie de l’intérieur et empreinte de toute l’expérience vécue et de celle non vécue de l’inconscient collectif, aux fulgurances du poète et aux rêves, permet d’avancer dans une direction autrement plus riche et plus passionnante que la seule vérité scientifique, conventionnelle, « objective » et sclérosante.

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1 L. G. Sillen, Chemistry in Britain 7 (1967) ; 291-297.

2 S. Ferenczi, Thalassa, psychanalyse des origines de la vie sexuelle, Payot, 1967.

3 C. Luu, D. V. Luu, F. Rull et F. Sopron, in J. Mol. Structure 81 (1982) ; 1-10.

4 K. Trincher, Water Res. 15 (1981) ; 433-448.

5 J. Duclaux, « Physique colloïdale et Biologie », Actualités scientifiques et industrielles du CNAM, Herman Ed., 1942.

6 E. Guillé, 3e millénaire, n° 1, 2, 3, 5, 7, 8 et 9.

7 E. Guillé, L’Alchimie de la Vie, Édition du Rocher, 1983.