Dr Philippe Belon
L’expérimentation en homéopathie

Il convient de détacher les travaux qui ont été réalisés en médecine vétérinaire, d’une part parce qu’ils permettent de s’affranchir le plus souvent de l’argumentation du caractère placebo du médicament, d’autre part parce qu’ils sont réalisés sur des séries animales très importantes, et constituent en eux-mêmes une véritable série d’expérimentations.

(Revue CoÉvolution. No14. Automne 1983)

Dès ses origines, l’homéopathie s’est voulue une médecine de l’expérience. Elle a construit ses indications et sa matière médicale sur l’expérimentation des substances à doses infra-toxiques sur l’homme sain (pathogénésie) ou malade (thérapeutique).

Les critiques dont elle a, par la suite, fait l’objet, reposaient essentiellement sur l’idée qu’aux dilutions employées, il n’y avait plus de substance active dans les médicaments administrés. Les homéopathes se sont donc attachés, par des études physico-chimiques, à déterminer le niveau de dilution jusqu’auquel il était possible de matérialiser la présence, quoiqu’en faible concentration, de la substance médicamenteuse.

Plus récemment, les homéopathes ont réalisé, ou fait réaliser par de nombreuses équipes universitaires, un type d’expérimentation qui consiste à intoxiquer à doses infra-létales, avec des substances variées, puis à traiter par des dilutions homéopathiques de la même substance, des espèces animales ou végétales diverses.

Ces expérimentations constituent actuellement des modèles fiables de l’activité de certaines dilutions homéopathiques ; récemment, ils ont été étendus à des études réalisées in vitro sur culture de cellules ou sur milieu acellulaire (résultat du fractionnement cellulaire).

Ces expériences ne prouvent pas la nature médicamenteuse des substances étudiées mais font justice de l’argument d’inefficacité lié à la grande dilution des produits.

Il convient de détacher les travaux qui ont été réalisés en médecine vétérinaire, d’une part parce qu’ils permettent de s’affranchir le plus souvent de l’argumentation du caractère placebo du médicament, d’autre part parce qu’ils sont réalisés sur des séries animales très importantes, et constituent en eux-mêmes une véritable série d’expérimentations.

C’est ainsi qu’il a été expérimenté, sur un poulailler de 10000 poules, l’effet d’un complexe homéopathique visant à augmenter la résistance des animaux au stress auquel ils sont soumis.

En effet, dans les poulaillers industriels d’une dizaine de milliers de bêtes, les animaux sont placés dans des conditions artificielles dans des nids. L’alimentation est véhiculée mécaniquement à portée de bec de l’animal. Les œufs sont recueillis automatiquement par le fond du nid qui est percé. La ponte moyenne est de 250 œufs par an. Elle passe par un maximum obtenu au bout de quelques mois, puis tend à diminuer ; cette diminution a été supposée être liée au stress.

Si l’on donne à ces animaux un « complexe » homéopathique adéquat, on observe une moyenne de ponte de 257 œufs par an ; soit un total supplémentaire pour l’ensemble du poulailler de 70000 œufs. La ponte supplémentaire s’avère n’exister qu’en fin de durée de vie des animaux, corroborant ainsi l’idée qu’elle est au moins partiellement due à une diminution du stress des animaux de période de ponte. La différence de 70000 œufs entre le poulailler traité et le poulailler non traité s’avère hautement significative.

Outre celles portant sur les techniques de fabrication, il convient de citer plusieurs autres types de recherches.

— Les unes ont porté sur la réfutation des critiques faites à l’encontre de l’homéopathie, critiques portant essentiellement sur l’absence d’effet quantifiable du médicament, absence provoquée par la quantité dérisoire de principe actif qui existerait au sein du médicament. Les principales recherches qui ont concouru à la réfutation de ces critiques ont porté sur la folliculine, le sulfate de cuivre, l’arsenic, l’alloxane, l’aconit et l’aconitine, et le mercure.

Toutes ces recherches ont consisté à sub-intoxiquer des animaux avec les principes susmentionnés et à traiter ces animaux intoxiqués avec des dilutions hahnemanniennes [1] de ces mêmes substances.

— D’autres ont visé à connaître le mode d’action des médicaments homéopathiques :

— Les unes ont consisté en des mesures physiques : mesure de la constante diélectrique, mesure de la tension superficielle, étude du spectre Raman-Laser des dilutions hahnemanniennes comparé à celui du solvant correspondant.

— D’autres ont recherché un effet pharmacologique de type classique : dans ces expérimentations, le médicament est administré soit à l’animal entier, soit à tel ou tel organe ou cellule ou fraction cellulaire, et l’on étudie un paramètre précis qui est sensé varier sous l’effet du médicament homéopathique. Parmi ces expérimentations, citons celles qui ont été conduites avec Ignatia, Gelsemium, Phytolacca et Histaminum.

— Les autres études ont consisté en une démonstration pharmacologique proprement homéopathique : dans ce cas, il s’agit de traiter, par homéopathie, des animaux, organes ou cellules dont l’atteinte pathologique est provoquée par un principe n’ayant aucun rapport avec le médicament utilisé.

Le Dr. Ph. Belon est responsable du service de la recherche aux Laboratoires Homéopathiques Boiron


[1] Dilutions hahnemanniennes : dilutions homéopathiques du nom d’Hahnemann, fondateur de l’homéopathie.