Marcus
Louis-Claude de Saint Martin, le « philosophe inconnu »

Contenant Dieu mieux que ne le contient le Monde, il ne doit pas le demander à celui-ci. C’est pour cela qu’aucun argument tiré de la nature n’a la puissance de démontrer Dieu à l’homme. L’homme n’a que faire de cette démonstration externe. La meilleure de toutes, il la porte en son sein, c’est l’empreinte de Dieu dont il est émané.

(Revue 3e  Millénaire – ancienne série. No9. Juillet-Août 1983)

Nous vivons en Occident mais nous ignorons bien souvent les richesses de notre tradition. Dans ce domaine, il faut avouer que l’Extrême-Orient se « vend » mieux que l’Occident. Pourtant, nous n’avons peut-être pas grand chose à lui envier. En voici pour preuve ce texte de Marcus. Qui connaît Louis-Claude de Saint-Martin ? Dans notre histoire, ils sont nombreux ceux qui, comme lui, avait exalté le sens du spirituel. Pourquoi les avons-nous oubliés ?

« La prière est la mise en œuvre de puissances cérébrales vivantes qui doivent avoir été créées pour l’exercice de la charité physique, morale ou intellectuelle et par la soumission aux épreuves… C’est alors que l’Invisible fait alliance avec un représentant sur la Terre et le guide pas à pas. Il devient un Illuminé. »

Docteur Gérard Encausse (Papus)

Peu lu de son vivant, quasi ignoré pendant un siècle, le « Philosophe inconnu » prend aujourd’hui figure de guide. Même en dehors des Cercles martinistes, son œuvre est lue et commentée comme celle des grands Instructeurs du monde. Son message, resté vivant, apparaît, en cette fin d’époque, des plus actuels. On ne peut aujourd’hui chercher le sentier sans une profonde conscience de participer intimement à l’évolution générale de l’homme et du cosmos. Or, Louis-Claude de Saint-Martin disait déjà : « L’expérience de l’Etre est légitime et ne s’achève qu’en éveillant l’homme à cette transformation perpétuelle par laquelle se produit au fur et à mesure une intégration croissante avec l’Etre. C’est seulement à partir du moment où l’homme a pu réaliser et accepter la tâche de cette transformation qu’il se trouvera sur ce qu’on appelle « le Chemin ». Le « Chemin » désigne l’état de transformation perpétuelle qui, en intégrant de plus en plus le Moi existentiel avec l’Etre essentiel, fait s’approcher l’homme de la maturité, c’est-à-dire le rend de plus en plus perméable à l’Etre divin, donc capable de le sentir et de le manifester. »

A la lecture de ses œuvres [1], on s’aperçoit que les ressorts de sa vie sont également ceux qui animent aujourd’hui les pionniers spirituels de toutes les religions. Nous pouvons les résumer en quatre points :

I — Vivre au-delà de toute peur de la mort, car une vie dont le sens dépend du survivre nous apparaît dépourvue de sens.

II — Voir et discerner le sens des choses, même dans tout non-sens apparent.

III — Aviver sa conscience morale par une Foi véritable et non par une ou des croyances.

IV — Vivre enfin consciemment l’Amour Universel.

Né en 1743, mort en 1803, Louis-Claude de Saint-Martin a vécu la fin d’une époque et le commencement d’une autre : La société monarchique s’effondre devant lui au souffle de l’Egalité et de la Liberté, désirées et voulues par les hommes qui pensent et qui travaillent, comme aujourd’hui s’effondre devant nous la société matérialiste, au souffle des aspirations universelles de fraternité. Quelle peut être, en face d’une telle accélération des événements, l’attitude de celui qui recherche l’équilibre et la sagesse ?

Tout d’abord, un réflexe de détachement du quotidien, afin de mettre sa pensée à l’abri de l’influence des circonstances extérieures. Ensuite, un effort de vie intérieure, pour rejoindre en même temps sa propre conscience et la conscience réelle, c’est-à-dire le degré d’évolution de l’humanité contemporaine. Enfin, le besoin de retourner aux sources de la vérité traditionnelle pour fortifier son propre courant spirituel des apports fondamentaux du courant originel. Il n’est pas d’exemple que « l’Homme de Désir » ne trouve un jour ou l’autre sur son « Chemin » l’ouverture qui lui permette de s’abreuver à la source traditionnelle. La force qu’il y trouve fait fructifier le don qu’il fait de lui-même et de son action pour servir l’Homme et son Créateur.

Martinez de Pasqually fut pour Louis-Claude de Saint-Martin cette ouverture providentielle. Nous parlerons plus loin des autres sources : Abbadie, Burlamaqui, et surtout Jakob Böhme, qui contribuèrent à forger la personnalité du « Philosophe inconnu » dans son originalité. Mais c’est indiscutablement Martinez qui, le premier, fertilise le terrain. Jamais son disciple n’abandonnera les principes de la « Réintégration des Etres ».

C’est par l’intermédiaire de son capitaine au régiment de Foix, Grainville, que l’officier Louis-Claude de Saint-Martin entra dans « l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coens de l’Univers » fondé par Martinez. Initié en 1768 à 25 ans, présenté au Maître l’année suivante à Bordeaux, il devait en 1771 quitter l’armée pour le suivre et le servir. Il fut son secrétaire et collaborateur intime jusqu’en 1773, date de son départ pour Saint-Domingue où il devait mourir l’année suivante.

Qui était au juste Martinez de Pasqually ? Homme étrange et discuté dont la race, la religion et la patrie ont fait l’objet de multiples hypothèses, « charron et loueur de voitures », vivant en permanence au milieu de difficultés matérielles inquiétantes, mais doué de dons occultes incontestables, tel se présente cet homme énigmatique, sans grâce et sans culture, mais éclairé des plus sublimes connaissances et qui, contre vents et marées, ne cesse d’écrire, d’enseigner, d’initier et de bénir les rares élèves qui le suivent.

Son message est une fleur complexe dont la tige serait la Cabale juive mais dont les racines plongent profondément dans le vieux terreau théurgique égypto-grec qui le rattache à la tradition du Temple de toujours. Son Ordre a une base doctrinale. En voici le résumé extrait de l’œuvre de Jean Mallinger :

« Les Etres, émanés du Premier Principe, en ont été écartés par la prévarication de notre premier Père Adam. Ils doivent nécessairement se réconcilier avec Dieu et retrouver son affection. La chose est difficile parce que notre Monde est fondamentalement mauvais. Adam n’en est pas la seule cause, car avant lui déjà, l’Etre Suprême avait vu se rebeller contre lui les mauvais Anges et avait dû les précipiter dans les abîmes de l’Enfer.

« Il existe donc entre l’homme et son Maître Céleste toute une hiérarchie d’Etres spirituels dont un grand nombre sont maléfiques, tentateurs et prévaricateurs. Pour faire son salut « l’Homme de Désir » doit non seulement dominer ses activités inférieures et se tourner vers le Divin, il doit encore lutter contre les tentatives des Entités déchues qui le vampirisent et l’asservissent aux tyrannies des sens.

« Comment refouler efficacement ces Puissances des Ténèbres ? Par trois moyens :           

« I — L’étude approfondie des mystères cosmiques grâce auxquels l’Initié voit clairement devant lui le but à atteindre : c’est là le fruit des instructions initiatiques.

« II — La sympathie active et agissante des Etres Spirituels d’une pure essence et des Esprits Elus qui furent les Guides de l’Humanité. Ceux-ci sont au nombre de dix : Abel, Henoch, Noé, Melchisédech, Joseph, Moïse, David, Salomon, Zorobabel et Jésus-Christ.

« III — Les rites de réconciliation qui reposent sur un ensemble méthodique de pratiques. La correspondance et les instructions du Maître permettent de classer ces expériences de théurgie en trois catégories : 1) Opérations de l’aura terrestre ; Martinez savait que l’homme émet en permanence des pensées matérielles en dehors de lui ; que « ces images mentales, projetées dans l’Astral, sont impérissables et forment une chaîne de son destin, dont il portera tout le poids en chacune de ses existences ». Ce n’est pas tout ; l’atmosphère astrale de notre globe est infestée de mille autres Nuées funestes, tant d’êtres pervers s’y abreuvent ou les alimentent ; la faute d’Adam a provoqué une ambiance délétère. Seules de grandes opérations de théurgie, véritables exorcismes, sont capables de la combattre avec succès. 2) Opérations de nature sanatique : Certains rites sont susceptibles d’accélérer ou de provoquer à distance la guérison d’un malade. 3) Opérations de réconciliation et de réintégration. Le bénéfice qu’en retire l’Initié consiste en une vision directe, témoignage non équivoque de sa réconciliation avec Dieu et de son progrès sur le dur chemin de la réintégration. Cette vision, ces lueurs, ces glyphes, ces signes mystérieux, se présentaient brusquement aux opérateurs. Certains disciples fervents espéraient même obtenir du Réparateur lui-même une communication authentique et directe. »

Après le départ de Martinez de Pasqually, Louis-Claude de Saint-Martin s’aperçut très vite que si l’enseignement du Maître relevait de la plus grande connaissance et si la Réintégration était bien le but véritable de l’évolution de l’homme, ses méthodes n’étaient valables que pour ceux qui, comme lui, étaient doués des pouvoirs et des forces très spéciales des « missionnés ». L’application qu’en firent après lui ses fidèles tourna rapidement au formalisme, quand ce ne fut pas à la comédie burlesque ou à l’hystérie collective. Un lexique écrit par Martinez décrivait plus de 2400 « passes », visions qu’il fallait saisir au cours des manifestations de la « Chose ». C’est dire combien leur interprétation s’avérait difficile et avec quelle aisance elles pouvaient dégénérer en simples croyances. Quelles aberrations ne sortirent-elles point de l’écriture automatique de « l’Agent », simple médium employée par des hommes pourtant aussi sérieux qu’un Jean-Baptiste Willermoz [2]. Ces pratiques, que l’on persévérait à appeler théurgiques, apparurent rapidement très dangereuses aux yeux de Louis-Claude de Saint-Martin. Ses réflexes d’humaniste devaient l’aider aussi dans sa recherche d’un « chemin » plus universel pour aller à la Réintégration.

L’Art de se connaître soi-même d’Abaddie avait été un des livres de chevet de sa jeunesse. Il avait appris le dépouillement de soi, la maîtrise des passions et des enthousiasmes, en même temps que l’introspection et l’art d’observer le monde d’un œil détaché. Il avait aussi fréquenté les Philosophes de la Nature et « pas une goutte de leur venin n’avait percé en lui ».

Parallèlement, Burlamaqui, juriste et philosophe du siècle précédent, l’avait beaucoup influencé par son Précis du Droit de la Nature et des Gens. Il pensait avec lui que « les principes naturels sont les seuls que l’on doive d’abord présenter à l’intelligence humaine. Les traditions qui viennent ensuite quelque sublimes et profondes qu’elles soient, ne doivent jamais être employées que comme confirmation, parce que l’intelligence de l’homme existait avant les livres. »

Enfin, la découverte de Jakob Böhme [3], qu’il fit en 1788 à Strasbourg chez ses amis Rodolphe de Salzmann et Charlotte de Boëcklin, devait rénover son univers intérieur.

« Il faut que l’homme soit entièrement devenu roc ou démon pour n’avoir pas profité de ce trésor envoyé au monde il y a 180 ans » écrit-il, après son premier contact avec l’œuvre du Cordonnier Sublime. C’est que Böhme comprend le mystère de la création de l’Univers comme une tragédie, non seulement humaine, mais divine. Elle fait partie de la vie intérieure de la Trinité. Dépassant la théologie rationnelle, il découvre non seulement un processus cosmogonique mais aussi un processus théogonique de création : la vie intérieure et éternelle de Dieu se manifeste sous forme d’un processus dynamique de tragédie dans l’Eternité, de combat avec les Ténèbres du Non-être. Il découvre la terrible souffrance de « l’Indéterminé » (Vol. IV.25) qui est aussi celle de l’homme libre — souffrance que doit surmonter la Lumière du Christ. C’est la tentation du retour au Néant (et Satan n’est rien d’autre !) surmontée par l’Influx Créateur : le Feu.

Böhme, le premier dans l’histoire de la Pensée humaine, a fait de la liberté le fondement de l’Etre. Son mystère premier est une illumination soudaine de la liberté ténébreuse, du Néant ; l’homme est une solidification du Monde à partir de cette liberté ténébreuse. Mais il existe deux volontés de vie : l’une dans le Feu, l’autre dans la Lumière « car, dit-il dans sa Psychologia Vera, dans les Ténèbres apparaît l’Éclair, dans la Liberté apparaît la Lumière avec Majesté ».

Selon ces enseignements, la notion de la chute du premier Homme perd le caractère assez simpliste de ce péché originel qui aurait rendu notre Monde fondamentalement mauvais. La chute de l’Ange de Lumière, la chute des Anges Constructeurs puis la chute d’Adam ont été accompagnées de tant d’amour qu’elles apparaissent plutôt à nos yeux comme l’effet de la Loi alchimique de la vie que comme l’effet d’une condamnation arbitraire et catégorique. Cette cosmogonie et cette anthropologie sont imbibées de révélation chrétienne. Elles ne restent pas prisonnières de l’Ancien Testament ; elles sont baignées de la Lumière universelle du Christ qui est Amour.

Les enseignements de Jakob Böhme eurent une influence déterminante sur Louis-Claude de Saint-Martin. Une doctrine nouvelle et originale prend alors naissance dans son œuvre. Le champ de vision trop limité proposé par Martinez s’élargit, l’humanisme se dépouille de son affligeante indigence, l’arbitraire du choix disparaît (Bouddha, Zoroastre, Pythagore et bien d’autres, n’ont-ils pas donné à l’humanité autant que la plupart de dix Maîtres exclusifs cités plus haut ?).

La théorie fondamentale reste la même la réintégration de l’Univers et de tous les êtres. Louis-Claude de Saint-Martin professe que c’est le mandat de sa mission : le ministère de l’Homme-Esprit. C’est dans ce but que l’homme doit s’initier. Si par notre origine, nous étions supérieurs à la région astrale et aux Esprits angéliques qui la gouvernent nous ne le sommes plus après la chute. Ceux qui se plaisent dans l’état où l’homme est tombé et qui ne connaissent pas le chemin de la sphère supérieure à laquelle nous appartenons de droit primitif acceptent l’empire des intelligences astrales et se mettent en rapport avec elles. C’est la grande aberration de ceux qui pratiquent la nécromancie et le magnétisme artificiel. Tout n’est pas erreur ou mensonge dans ces pratiques, mais il faut se défier de tout, car tout se passe dans une région où le Bien et le Mal sont confondus. Seuls les grands missionnés, soutenus par les grands Egrégores humains, peuvent valablement pratiquer la magie. On naît Mage, on ne le devient pas. C’est spirituellement et non physiquement que l’homme peut jouir des ravissements de la présence de Dieu. « La parole, écrit-il, s’est toujours communiquée directement à ses interprètes. Si Elle veut vous avoir comme interprète, Elle vous parlera et vous saurez comment il faut prononcer son Nom. Si Elle ne veut pas vous parler, qu’avez-vous besoin de savoir ce que vous demandez ? » Saint-Martin croit certes à l’Extraordinaire en général, mais il s’en méfie dans le détail. Il s’attache au développement des facultés intellectuelles et morales par les lumières de la Science et de la Grâce. « Arriver dans ses études, métaphysiques jusqu’à l’intuition, c’est là la science la plus haute, dit-il. Arriver dans ses pratiques morales jusqu’à la perfection, c’est là la morale la plus haute. »

Les faveurs extraordinaires, extases et ravissements, les dons de prophétie, de clairvoyance ou de guérison, le développement hors ligne de certaines facultés visibles comme la bilocation, sont le fait de rares pionniers, missionnés pour ouvrir en avant-garde les chemins de l’évolution de l’homme. Leurs chakras supérieurs : gorge, frontal ou coronal, sont déjà ouverts avant ceux de l’ouverture supérieure normale se fait encore par le chakra cardiaque, moteur du développement de nos facultés intellectuelles et morales. La philosophie appelle perfectionnement moral ce que la religion appelle sanctification, et c’est ce que le martinisme appelle régénération ou réintégration.

C’est par le chakra cardiaque que peut s’opérer pour l’homme contemporain la « révélation naturelle », inspiration commune à toutes les intelligences inférieures qui sont illuminées par l’Intelligence Suprême, comme les globes du système solaire sont illuminés par celui qui est leur commun centre d’attraction et qui en est à la fois le Feu et la Lumière, sources de leur mouvement et de leur animation. C’est le Christ qui a rendu cette opération possible, grâce à ses forces de transmutation rédemptrices. Manifestation la plus haute de Dieu accordée à la Terre et en même temps Type Suprême de l’humanité, Jésus-Christ règne en nous pour peu que nous avions la volonté de nous fermer aux forces entropiques ou sataniques de dispersion. Il soutient de ses mérites nos forces évolutives de consciencialisation jusqu’à la réintégration lucide dans l’Unité.

De la même manière et simultanément, l’homme se relevant de sa chute relèvera l’Univers de la sienne et « rendra au Soleil Sacré son Epouse Chérie, l’éternelle Sophia dont il est encore séparé ». Le vrai ministère de l’homme conscient sur la terre, le ministère de l’Homme-Esprit, c’est de se régénérer lui-même et les autres, c’est-à-dire de répéter dans sa personne l’Œuvre que le Christ a remplie dans l’humanité : c’est rendre le « Logos » à l’homme et par lui à la nature. La mission de l’homme dans l’Univers en effet, est moins marquée à côté de Dieu ou au service de Dieu qu’avec Dieu. C’est peu de chose de servir Dieu, il faut servir à Dieu. « Chaque homme, écrit Louis-Claude de Saint-Martin, depuis la venue du Christ, peut, dans le ton qui lui est propre, aller plus loin que le Christ. » Puisque la raison d’être de l’homme, c’est sa mission de révéler complètement son « Principe », tel est aussi son privilège. Contenant Dieu mieux que ne le contient le Monde, il ne doit pas le demander à celui-ci. C’est pour cela qu’aucun argument tiré de la nature n’a la puissance de démontrer Dieu à l’homme. L’homme n’a que faire de cette démonstration externe. La meilleure de toutes, il la porte en son sein, c’est l’empreinte de Dieu dont il est émané. L’initié, celui qui est rentré dans ses rapports primitifs avec son « Principe », grâce au rétablissement de ces rapports par le Fils de Dieu et à l’identification de sa volonté avec la volonté divine, participe à la puissance de Dieu et fait œuvre avec Dieu. Son organisme lui-même se transforme. Par la consécration de son Corps à la « Cause active et intelligente » qui est Christ, par la résidence permanente du Verbe dans ce Temple qui lui est affecté, il arrive que ce n’est plus le vieil homme, l’homme profane, mais le nouvel homme qui vit en lui. « Nous sommes encore nous-mêmes, mais c’est le Verbe, le Christ qui est notre pensée, notre affection, notre vie : tout est divinement transformé en nous. »

Nous citerons pour conclure une des rares prophéties que l’on peut trouver dans l’œuvre de Louis-Claude de Saint-Martin :

« Dans l’avenir, c’est le progrès normal des forces de l’âme humaine qui permettra la vision du Christ dans l’être spirituel de la Terre. Cette vision normale sera le partage de quelques-uns à partir d’un point déterminé du 20e  siècle et le nombre de ces hommes s’augmentera par la suite jusqu’à ce que cette faculté soit le partage de l’Humanité entière. »

Les Temps sont venus.


[1] Des Erreurs et de la Vérité. Le Tableau naturel, L’Homme de désir, Le Nouvel Homme, Ecce homo, Lettre sur la Révolution française, Eclair sur l’association humaine, Des nombres, Le Crocodile, De l’esprit des Choses, Le Ministère de l’Homme-Esprit. R. Amadou a dirigé depuis 1975 la publication de ces œuvres chez Georg Olms Verlag — Hildesheim et New York.

[2] Jean-Baptiste Willermoz devait recevoir l’Illumination authentique. Mais il l’attendit onze ans… et elle lui vint sans médium.

[3] Louis-Claude de Saint-Martin fut le premier traducteur français de l’œuvre de Jakob Böhme.