Robert Linssen
L'état de connaissance véritable

Dans la Connaissance véritable de CE que JE SUIS, il n’y a plus de dualité.
Il n’y a plus celui qui connaît et l’objet de la connaissance.
Il n’y a plus de sujet connaissant et de chose connue.
Il n’y a plus même, une faculté de connaître exercée par un sujet distinct à l’intention de choses à connaître.

L’état de connaissance véritable d’après les Stances de Ramlal Dayalshanti Ghôse
transcrits par Ram LINSSEN
(Revue Spiritualité, Numéro 5, 15 Avril 1945)

AVERTISSEMENT. — Les lecteurs de cet article ne doivent pas perdre de vue que le « Je » dont il est question dans ces textes sacrés, est en réalité leur « moi » profond, intime. Cette force de profondeur étant omniprésence, omnipénétrante, réside dans le cœur de tout être, et chacun doit s’efforcer de la ressentir en lui-même, par lui-même comme émanant de la partie la plus sublime, la plus secrète, la plus inviolable de sa conscience.

O Chêla, désires-tu étreindre dans son infinitude première l’intimité permanente de ces mondes impermanents ?
Comme ces âmes mûres pour la délivrance, es-tu conscient de ton exil ?
Souviens-toi, ô Chêla, de CELA qui EST.

* * *

Sache qu’au delà de ce monde éphémère des apparences qui naissent et qui meurent réside le Royaume d’Eternelle Lumière qui n’ayant pas de commencement, n’aura jamais de fin.
IL est le « Dharma Kaya ». Le corps de Lumière et de Vérité.
IL est la Lumière non-née, suprêmement incréé, qui n’a ni nom ni forme, ni haut ni bas, ni gauche ni droite.
Et ce Royaume d’invisible beauté pénètre toutes choses.
C’est pour cette raison même qu’IL demeure au plus profond de toi-même.

* * *

Pendant quelques instants, cette Plénitude qui n’a ni nom, ni forme, qui est non-née, va s’efforcer de se révéler à toi, ô Chêla, Pèlerin du Royaume des Ombres, afin que tu comprennes qu’en vérité, il n’y a pas d’ombre.
Mais si tu veux voir la Lumière, il faut que s’ouvrent les yeux de ton esprit en le dépouillant de ses images et des illusions qui ternissent sa transparence première.
Si tu veux entendre la « Grande Voix sans son » de l’hymne éternellement silencieux qui berce les mondes et anime le cœur des choses, installe dans ton cœur un calme et une limpidité de cristal.
Si tu veux voir CE que voient Ceux qui savent, tourne tes yeux vers l’intérieur. Oui, très à l’intérieur.
Et là, tu pourras livrer dans le Grand Silence des Profondeurs le cœur à cœur éperdu avec CE que JE SUIS au dedans de toi-même comme en toutes choses, en tant que Pure Lumière, Pur Amour et Pure Intelligence.
Car, tandis que tu erres dans la vallée des ombres extérieures, tandis que tu hésites et que tu doutes, JE SUIS au dedans de toi-même, CELUI QUI SAIT, l’Antaryamin indestructible, le Témoin Silencieux.

* * *

O Chêla, scrute toi et cherche en profondeur. Qui penses-tu être ?
Tu n’es, ni ce corps, ni ces émotions, ni même ces pensées sans cesse mouvantes qui t’obsèdent trop souvent.
Et si ce corps, ces émotions, ces pensées avec lesquels tu t’identifie à tort, sont des faits dans l’univers manifesté, ils ne sont qu’évanescentes illusions, qu’éphémères reflets de CE que JE SUIS depuis toute éternité en eux.
Sache, ô Chêla, que CELA que JE SUIS au dedans de toi, comme en toutes choses, est l’intarissable source d’où jaillissent tous les savoirs, d’où émane toute connaissance.
Mais MA connaissance, MON intelligence, MA conscience, sans noms ni formes, sont totalement différentes de ce que tu penses être de MOI.

* * *

Sache, ô Chêla, que lorsque tu dis connaître quelque chose, tu n’as en réalité connaissance que d’un aspect de cette chose inhérent à ton échelle d’observation particulière.
Alors, cette chose t’apparaît comme un objet séparé, comme un élément distinct du monde, comme une réalité à laquelle tu donnes un nom et une forme, que tu crois posséder, et avec laquelle tu t’identifies.
Sache, ô Chêla, que si tu possédais la Connaissance véritable, tu saurais que JE SUIS cette chose.
J’en suis l’essence, le support, l’origine, la substance.
C’est de MOI qu’elle est issue. C’est à MOI qu’elle retourne.
En la regardant, tes yeux de chair ne contemplent que l’aspect partiel d’un exil momentané de MA propre substance, hors de MON infinitude.
Sache, ô Chêla, que JE SUIS en cette chose, par la PURE Lumière sans nom ni forme de ses plus ultimes profondeurs, et JE SUIS elle, dans l’apparence même que tu contemples.

***

Dans la Connaissance véritable de CE que JE SUIS, il n’y a plus de dualité.
Il n’y a plus celui qui connaît et l’objet de la connaissance.
Il n’y a plus de sujet connaissant et de chose connue.
Il n’y a plus même, une faculté de connaître exercée par un sujet distinct à l’intention de choses à connaître.
Sache, ô Chêla, que dans MA suprême demeure, resplendit seule la Lumière de l’Unité.
Unité totale, plénitude indifférenciée d’une suprême homogénéité dont le charme infini hante le cœur et l’esprit des Sages.
En vérité, JE SUIS l’UN sans second : l’Advaïta.

* * *

Sache, ô Chêla, que la véritable connaissance n’est pas la faculté de connaître quelque chose, telle que tu l’as exercée jusqu’à présent. Elle implique la possession complète des choses et des êtres, par le discernement de l’essence de Pure Lumière que JE SUIS en eux. Et pour posséder véritablement toutes choses, il faut qu’un Amour tellement puissant surgisse des profondeurs de ton être, et accomplisse le miracle de te hisser à tel point au delà de toi-même, que dans l’émerveillement d’une extase sans borne, tu ne désires plus rien.
La véritable connaissance est une possession de la totalité cosmique de l’Univers. Elle est, par le cœur et l’esprit, une pénétration tellement complète du monde, qu’elle est une possession du monde.
Mais elle exige que tu discernes CE que JE SUIS au delà des apparences. Sache, ô Chêla, qu’il faut qu’au delà des formes évanescentes que JE détruis à dessein, tu perçoives la VIE que JE SUIS en elles.

* * *

Sache, ô Chêla, que si la connaissance véritable du monde, équivaut à la possession du monde, cette possession n’est pas « tienne », mais celle de CE que JE SUIS en TOI, comme dans le monde.
ELLE ME permet de ME retrouver par toi-même, en toi-même, et de ME manifester en toi et te disant « ô Chêla, écarte le voile qui t’enlève la vue de CE que tu fus toujours… Ecarte le voile qui t’exile hors de MON Royaume de Lumière et de Paix… Ecarte le voile et souviens-toi de CE que JE SUIS en toi…
« TOI et MOI sommes UNIS. »
Aham Brahmasmi.
Aûm mani padmé Hûm.

RAMLAL DAYALSHANTI GHOSE.

Invocation de la Claire Lumière par Ramlal Dayalshanti Ghôse.
(Revue Spiritualité, Numéro 19-20, Juin-Juillet 1946)

Ô, Toi, Maitre invisible, Lumière précieuse qui n’est le reflet de rien !
Lumière éternelle sans nom ni forme, demeurant au cœur de tout ce qui possède noms et formes !
Daigne écouter les paroles de ton ombre :
Aum ! Tout est Lumière !
Aum ! Mon sang est le véhicule de la Lumière !
Aum ! Mon sang est Lumière ! Que mon sang se purifie dans la Lumière !
Aum ! Ma chair est Lumière ! Que ma chair se purifie dans la Lumière !
Aum ! Que ma chair et mon sang ruissèlent de Lumière ! Aum ! L’air est véhicule de la Lumière !
Aum ! L’air est Lumière !
Aum ! Mon souffle est véhicule de la Lumière ! Mon souffle est Lumière !
Aum ! Je ne suis que Lumière qui se meut, dans CE qui n’est que Lumière !
Aum ! Que la Lumière s’unisse à la Lumière !
Vas par le monde, répandre la Force, l’Amour et la Lumière de CE devant quoi, tous les vrais initiés se prosternent, s’immolent dans le ravissement de la plus pure des Joies.

PARABOLE DU BRAHMAN UNIQUE
Transmise par Ramlal DAYALSHANTI GHÔSE
(Revue Être Libre, Numéro 264, Juillet-Septembre 1975)

A la demande de divers lecteurs et participants de nos séminaires nous donnons ici, pour la première fois, le texte intégral de cette « Parabole » dont l’origine première remonterait au Yogui Vashishta.

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Il n’y a pas ici plusieurs paires d’oreilles qui écoutent !…

Oui ! apparemment peut-être, ici, en « surface », dans cette assemblée, il semble qu’il y ait, pour nous, plusieurs paires d’oreilles qui écoutent.

Mais en « profondeur » ?… et seules les « profondeurs » comptent, un niveau de la pure essence, il n’y a qu’une seule et même Présence, une seule et même essence de Pure Lumière et d’Amour, un seul et même Brahman !… qui, par ces paires d’oreilles multiples, écoute !…

Tat tvam asi !… Tu es CELA !

Il n’y a pas ici plusieurs paires d’yeux qui regardent et se regardent !…

Oui, apparemment peut-être, ici, en « surface », dans cette assemblée, il semble qu’il y ait, pour nous, plusieurs paires d’yeux qui regardent.

Mais en « profondeur »… et seules les « profondeurs » comptent, un niveau de la Pure Essence, il n’y a qu’une seule et même Présence, une seule et même essence de Pure Lumière et d’Amour, un seul et même Brahman qui, par ces paires d’yeux multiples, regarde ! !

Tat tvam asi !…

Tu es CELA !

ANTIQUE INVOCATION DU BRAHMAN
(Revue Être Libre, Numéro 288, Juillet-Septembre 1981)

Les anciens instructeurs indiens des Upanishads terminaient leurs entretiens par une invocation rappelant l’unité et la priorité du Brahman comme essence suprême des êtres et des choses.

A la demande de plusieurs lecteurs et auditeurs, nous en reproduisons une partie. S’adressant aux auditeurs, les instructeurs déclaraient :

« Il n’y a pas ici plusieurs oreilles qui écoutent malgré qu’en « surface » nous soyons plusieurs… car « en profondeur » au-delà de ces paires d’oreilles multiples, au niveau de la Pure Essence, il n’y a qu’une seule et même Présence, un seul Brahman, qui, par ces oreilles multiples, écoute !
» Il n’y a pas ici plusieurs paires d’yeux qui regardent, malgré qu’en surface plusieurs paires d’yeux sont perceptibles…, au-delà de ces paires d’yeux multiples, au niveau de la Pure Essence, il n’y a qu’une seule et même Présence de Pure lumière et d’Amour, un seul Brahman, qui, par ces yeux multiples, regarde ! »

Tat tvam asi !
Tu es CELA !

Transmis par R.N.D.