(Extrait de l’Univers de la Parapsychologie et de l’Ésotérisme dirigé par Jean-Louis Victor, Tome 1, éditions Martinsart, 1976)
L’Occidental a développé de façon spectaculaire ses facultés de raisonnement et, basé sur elles, la science triomphante a repoussé toujours plus loin les limites de ce qui reste inconnu. Disséquant l’atome, abordant le monde de l’infiniment petit, l’homme de science atteint, malgré lui, les brûlants rivages de la métaphysique et, dérouté par la complexité croissante d’un « Univers d’ondes de probabilités », il redécouvre ce « Champ de création pure » dont parlaient les Anciens, même si leur vocabulaire différait de celui d’aujourd’hui.
L’Antique Sagesse, transmise de génération en génération sous forme de messages, de mythes et de légendes, transmise et développée par des êtres missionnés, afin de garder vivant le rythme de chaque époque et celui des civilisations qui se succédèrent, n’a jamais cessé de féconder l’aventure spirituelle de l’humanité. Les Mystères de la Nature, expression du rythme vivant, se dévoilent, à l’écouter, par la perception des relations que nouent les affinités ou les répulsions des atomes entre eux. Affinités ou répulsions, consonances ou dissonances dues aux pulsations du mouvement de la « Substance Primordiale homogène » dont tout est issu. Ainsi, par la pulsation mutante de l’Énergie Rayonnante, par les consonances ou dissonances des énergies fluidiques, se manifestent les phénomènes de notre monde. Il s’ensuit que les transmutations, au sens alchimique du terme, ne sont, en fait, que le résultat d’une résonance que peut promouvoir, sous certaines conditions, l’homme ayant développé ses qualités psychiques et pouvant, grâce à leur éveil, non seulement diriger et focaliser le flux vital qui circule dans son corps, flux que Mesmer appela « magnétique » et Reichenbach « odique », mais encore promouvoir une affinité rythmique apte à produire un changement d’état de l’ordonnance atomique. Cette action pouvant se dérouler dans le sens prévu par la nature, peut la seconder dans son « Œuvre » qui tend à faire évoluer toute chose vers « l’Or » de la Perfection.
C’est ce flux « magnétique » ou « odique » que sait diriger le guérisseur ayant éveillé ses facultés occultes. L’éveil de ces facultés permet, par surcroît, de s’ouvrir au dynamisme vivant de la « Substance Primordiale », d’en être, pour ainsi dire, le canal, ce qui évite l’épuisement de ses propres réserves. Le guérisseur agit, en quelque sorte, comme un agent de transmission d’énergies fluidiques qui vibrent dans l’impalpable champ énergétique du monde. Puisant dans ce réservoir, captant les vibrations bénéfiques, sa conscience lui servant de filtre et son propre dynamisme amplifiant son action, il sera en mesure, sans diminuer ses forces vitales, d’aider le malade à « ordonner » ce qui se trouve dérangé.
La doctrine d’Hippocrate, pratiquée jadis en Phrygie et en Égypte, était entièrement basée sur la résonance qu’induit le flux vital que les Hindous appellent « Prana », et que les Anciens nommaient « Souffle d’Isis ». Lorsqu’on sait qu’Isis, ainsi que Cybèle sa Parèdre, fut la déesse des forces de la Nature et la déesse des Mystères, c’est-à-dire des forces occultes qu’elle manifeste, on constate qu’Isis est une divinité aux multiples aspects. Dame des mots magiques, Maîtresse des Initiations, associée très intimement à Thot-Hermès, Seigneur du Verbe, donc de la puissance créatrice du Son, elle fut également, la déesse des cycles de la fécondité. On comprend, alors, le sens profond de la métaphore poétique des Anciens qui évoque l’Univers comme une Sphère en laquelle « palpite le Souffle d’Isis ».
Cette palpitation du Souffle d’Isis, dans la sphère qui s’apparente à celle que nous appelons « astrale », la science de la parapsychologie la redécouvre à notre époque. Cette science est bien forcée d’admettre que des phénomènes, dont on explique mal l’origine, se produisent et que cette origine pourrait être attribuée à des forces fluidiques et à leurs mutuelles interactions, soit à un champ énergétique non encore exploré qu’elle appelle, pour l’instant, « bioinformatique ». Ces forces fluidiques dessinent l’invisible trame qui conditionne notre destin. Chacun, lié, par d’innombrables fibres, au Grand Tout mouvant, suit une trajectoire, mais est libre de choisir la meilleure façon de le faire. Déceler l’impact fluidique qui influence le devenir de chacun, découvrir ses lois, comprendre l’interaction des forces subtiles qui s’exercent dans l’univers, tel était l’objet d’une science que les Anciens jugèrent fondamentale.
Cette Science des Sciences est, sous de multiples aspects, aussi vieille que le monde, et les Arts Magiques, qui en furent l’expression, s’évertuèrent à promouvoir des phénomènes sensibles en agissant sur les énergies du monde occulte, en agissant sur les consonances ou dissonances rythmiques des énergies fluidiques de la nature naturante. L’hypnotisme, la télékinésie, la transmission de pensée, la clairvoyance, la médiumnité, la prémonition et la radiesthésie, les manifestent, à condition d’éveiller les facultés latentes du cerveau apte à les promouvoir. Il en va de même pour la cryptesthésie, mieux connue sous le terme métagnomie. Il s’agit chaque fois de facultés dont la nature nous échappe. L’exemple classique de la métagnomie est bien connu. Deux Anglaises se promenaient dans les jardins du Trianon de Versailles. Elles virent, subitement, évoluer autour d’elles des personnages du XVIIIe siècle. La vision fut si stupéfiante que, toutes deux, ne réalisèrent que bien plus tard, avoir provoqué, malgré elles, un phénomène de projection astrale. La scène à laquelle elles avaient assisté, médusées, ne pouvait être que le fruit de leur imagination, car la description qu’elles en firent comportait des détails totalement ignorés des deux femmes. On eut, du reste, beaucoup de mal à les convaincre qu’aucun tournage de film n’avait eu lieu ce jour-là.
Pourquoi ne pas imaginer que chacun de nous laisse un sillage plus ou moins marqué, dans l’impalpable sphère qui entoure le monde matériel, et que la métagnomie comporte la faculté de condenser, donc de restituer, les milliers de traces fluidiques qu’un événement, plus marquant que d’autres, a imprimé à un champ énergétique d’une extrême subtilité ?
Les Arts Magiques se voulurent purs. Il va sans dire qu’ils ne le restèrent pas. La Magie a trop souvent servi de mauvais maîtres. Son image s’est détériorée à travers les âges, d’une part parce que trop de charlatans se parèrent du titre de « Mages », et aussi, parce que la Magie en tant qu’appellation a couvert à tort des pratiques qui n’ont rien à voir avec elle.
Précisons, pour éviter toute confusion, que le domaine de « l’occulte » et le domaine de la « Mystique », se situent sur des plans différents. « Occulte » signifie, pas immédiatement perceptible, sans pour autant être imaginaire et ce terme embrasse l’ensemble des phénomènes que la science n’a, pour l’instant, que partiellement exploré. Ainsi, les spirites attribuent aux morts une place légendaire et Swedenborg, plus particulièrement, a établi un véritable évangile, en partant de ses expériences médiumniques et de ses dons de voyance. L’expérience mystique en revanche comporte la fusion de la conscience individuelle et de la conscience transcendantale. Elle s’effectue sans perte d’identité et la mémoire peut, par la suite, reconstituer certaines de ces phases, même si la plénitude ressentie est incommunicable.
En et par cette expérience, sont anéanties les limitations qu’impose l’univers cérébral, et s’ouvre à la conscience une nouvelle dimension. Pénétrer les arcanes de la Science des Sciences, en oubliant le scepticisme occidental, amplifié par les dégradations pernicieuses dont elle fut l’objet, est possible, à condition d’abandonner les limites d’un univers cérébral structuré, à condition d’observer le déroulement des phénomènes « paranormaux », sans parti pris, à condition de ne pas chercher l’obtention de pouvoirs qui pourraient s’avérer dangereux.
Le terme « Arcane » a pris, en latin, le sens de « Mystère ». En revanche, en grec, il garde son sens étymologique, celui d’Arche ou de Réceptacle Sacré, contenant, alors, l’Essence de la Tradition. Il s’agit donc d’une quête qui postule l’humilité. L’humilité est la protection et le guide de l’Intelligence de l’homme de science et de l’homme tout court. Confronté avec l’Inconnu qui englobe l’immense domaine de son ignorance, il est bon de ne pas préjuger, puisque s’ignorent les rapports exacts de « l’Inconnu » avec le « Connu » et, il est certainement sage d’accepter, en les étudiant, les messages qui, à travers les âges, témoignent de l’expérience d’une longue route que l’humanité a parcourue au cours de sa prodigieuse aventure. Alors, s’élargit la vision du monde ; alors, s’ouvrent les portes d’une prison qui, trop souvent, est choisie comme refuge; alors, est franchi un seuil qu’il faut, tôt ou tard, dépasser.
La « Magie », toutes les religions la connurent, la pratiquèrent et la pratiquent de nos jours. La religion chrétienne n’échappe pas à la règle. N’admet-elle pas l’exorcisme ? Ne forme-t-elle pas les exorcistes pour libérer les « possédés » des astuces du diable? « Astuces » dont parle saint Paul. Tout exorcisme, tel qu’il fut pratiqué à travers les âges par le judaïsme, le bouddhisme, le lamaïsme, le taoïsme, l’hindouisme, l’islamisme, et, avant ces religions, par celles qui les précédèrent, comporte un rituel.
Tout rituel est une mise en action d’un dynamisme agissant sur les énergies psychiques et sur le monde astral, le monde des vibrations éthéro-magnétiques dans lesquelles baigne la Terre. Le rituel correspond, par la récurrence de son rythme, par le retour prosodique de voyelles ou de formules, à une incantation, donc à une magie.
La Catharsis, ou purification musicale de l’Église, les petits et grands mystères, tant égyptiens que grecs, la Gnose alexandrine, se basaient sur la possibilité d’induire en vibrations certaines zones, plus ou moins vastes, du psychisme individuel ou collectif, et de promouvoir, de ce fait, des phénomènes seconds. Il est évident que l’ascèse ou la concentration, voire l’exaltation, favorisent la captation du fluide « magique », ainsi que son émission.
L’exorcisme comporte un rituel destiné à protéger ou à purifier une personne ou un objet d’une interférence attribuée à une entité invisible, à une intelligence suprasensible ou à une volonté qui s’exerce par résonance. Chasser des entités malfaisantes fut, et reste, une pratique, sinon courante, tout au moins bien plus fréquente qu’on ne le suppose. Le concile de Carthage en l’an 256 réglementa ces pratiques, en ce qui concerne l’Église.
De nos jours, au Tibet et ailleurs, prêtres, magiciens, lamas et chamans, se servent de rituels aptes à soumettre les « Démons » à leur volonté. Si nous considérons les « Démons » comme des forces occultes qui échappent à notre discernement, s’éclairent bien des domaines de la médiumnité, de l’apparition d’ectoplasmes, de la manifestation de bruits ou de déplacements d’objets, que les Allemands attribuent à ce qu’ils appellent le « Poltergeist », l’esprit du remue-ménage. Ce remue-ménage inexplicable est toujours lié à la présence d’une personne qui, à son insu, se met en résonance vibratoire avec son entourage astral étant, alors, le canal d’énergies fluidiques qu’elle ne contrôle pas.
Le fait de voir la science contemporaine faire fi de son scepticisme dédaigneux d’antan, pour se pencher, parfois avec réticence, sur le monde de la para-psychie, prouve que la « Magie » d’une époque peut devenir la science rationnelle d’une autre.
L’exorcisme, et par voie de conséquence l’incantation, est appelé à modifier, ou mieux encore, à interrompre la résonance produite par des énergies fluidiques, quelle que soit leur source, afin de libérer la victime de ces résonances qu’amplifie la peur, amplification qui peut conduire à des crises démentielles. Cette pratique tend à remettre en équilibre les différentes enveloppes physiques, éthériques et astrales qui, perturbées, risquent de provoquer des lésions psychiques graves. Il s’agit là d’une « Magie » blanche, puisque bénéfique, à laquelle s’oppose la « Magie » noire. Par des connaissances identiques, elle tente d’infléchir des phénomènes qu’elle sait pouvoir susciter à son profit et, dégradée, elle verse dans la sorcellerie.
Chaque homme est porteur d’un rythme vivant. Dans les ganglions du système sympathique, sont stockées et distribuées, en fonction des besoins du corps, les énergies vitales, ou nerveuses. Faire déborder ces réceptacles de forces brutes, en suscitant des états d’exaltation par des pratiques érotiques ou autres, par des psychoses de masse savamment orchestrées, ou encore, par des explosions de haine et de peur, afin de focaliser et de diriger ces énergies pour provoquer des affrontements profitables à la cause de celui ou de ceux qui les téléguident, est acte de magie noire.
Comprenons que la haine et la peur sont, en essence, identiques. Celui qui n’a pas peur ne hait pas, et celui qui jamais ne hait, n’a pas peur.
Jadis, l’Initiation aux Mystères de la Nature, l’Initiation aux Sciences mystériales, furent entourées du plus grand secret. Seul l’adepte, celui admis à la Connaissance, parce que jugé apte à en faire bon usage, fut autorisé à suivre l’Instruction des Maîtres. Ces Maîtres officiaient dans les centres initiatiques dont la Grande Pyramide est le plus connu.
Le Moyen Age européen, que l’on considère, à tort, comme un âge d’obscurantisme, possédait ses initiés et la Tradition Gnostique, par d’occultes canaux, ne cessa jamais d’alimenter la recherche des hommes, peut-être peu nombreux, mais très conscients de leur rôle et désireux de découvrir les vérités fondamentales, lesquelles, pour paraphraser André Labarthe, se cachent derrière la façade d’une « phénoménologie dont la fréquentation quotidienne, aveugle ». Parmi eux, Cornélius Agrippa de Nettesheim eut une influence prépondérante et Descartes étudia très méticuleusement ses écrits. Or, Descartes, père de la raison raisonnante fut, avec Roger Bacon, alchimiste de grande réputation, l’inspirateur de notre science moderne. Cornélius Agrippa affirme que : « Les sciences mathématiques sont les parents de la Magie. Elles lui sont indispensables, ajoute-t-il, et il n’est possible d’exercer les « Arts Magiques » qu’en fonction d’elles, puisque ce qui existe de forces naturelles, ne consiste qu’en Harmonie, Mouvement et Lumière. »
L’Harmonie qui serait née de la vibration enchanteresse de la lyre d’Apollon, est l’expression musicale de l’Esprit. Toute vibration postule une fréquence, et les fréquences sont des Nombres en mouvement.
Cela nous conduit à comprendre que « les choses ne sont que l’apparence du Nombre », comme l’affirme un Sage d’antan, qui ajoute : « Les relations numériques sont issues de la Sagesse du Créateur. » Pénétrer les arcanes de la Sphère en laquelle palpite le « Souffle d’Isis »; c’est découvrir la Sagesse du Créateur, à condition d’admettre que le « Souffle » s’identifie au mouvement primordial et que, dès lors, le « Souffle » est la vibration occulte donnant naissance à la Lumière, dont l’éclat radieux manifeste l’Intelligence Cosmique. Les relations rythmiques de l’univers s’inscrivent donc dans le cadre d’une philosophie numérale qui fait du Nombre Pur l’Archétype nouménal de l’univers créé. « Par le Nombre Pur s’abattent les cloisons entre les mathématiques, la logique, la partition musicale ou la configuration géométrique, la seule réalité étant l’assise immatérielle du monde phénoménal, une assise dominée par le Nombre Idée, Éternelle essence du temps, du mouvement, des astres et des cycles de toutes choses. » Ainsi s’exprima Nicomaque de Gérase, un pythagoricien, auteur d’un traité sur l’Harmonie du Cosmos, terme grec signifiant « Ordre ».
L’Ordre Souverain, reflet de l’Intelligence Universelle, nous ramène à la Loi qui détermine les accords rythmiques de 1a pulsation vitale. Adhérer à cette Loi et œuvrer dans son sens, c’est faire acte de « Magie blanche ». Contrecarrer cette Loi, vouloir dégrader ce qui est ordonné, c’est faire acte de « Magie noire », de magie « démoniaque ». Le démon est « Deus Inversus », dit un vieil adage. Puisque l’homme possède des facultés qu’il ignore, son inconscient agit suivant que se reflètent, dans ses eaux sombres, les images divines ou démoniaques. Alors, se dégage un pouvoir « animique » qui se manifeste dans « l’extase » comme dans la « possession ». « La cause de toutes vos souffrances est en vous », a dit Bouddha, et c’est pourquoi le « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux » correspond à une indispensable hygiène psychique. Il constitue l’indispensable garde-fou contre toutes les forces noires. Il débouche sur la double maîtrise de l’univers intérieur et de l’univers extérieur, l’un étant le reflet de l’autre.
Qu’elle soit blanche ou noire, la magie opérationnelle est à base rythmique. L’effet recherché peut s’obtenir de multiples façons, mais il s’agit, essentiellement, d’une vibration modulée, suivant certains critères, découlant d’une connaissance des relations fluidiques, induisant une résonance bénéfique ou maléfique, suivant le cas. Les mantras et les mots de puissance génèrent une onde sonore agissante, et si cette onde est en résonance harmonieuse avec le rythme psychique, elle apaise. L’apaisement suscite un état de plénitude qui équivaut à une intégration bienfaisante, dans un univers semblant préalablement hostile.
Il est curieux de constater qu’en Occident, on est peu conscient des forces latentes du Son. Pourtant, dans la Genèse, il est dit que Dieu demanda à Adam de nommer les choses pour qu’elles existent, illustrant cette vérité fondamentale, que la vibration de la substance primordiale prête forme à ce qui, dès lors, se perçoit. Les livres des Morts tibétains et égyptiens contiennent des mots de puissance destinés à permettre aux âmes des défunts de traverser certaines zones hostiles du monde astral. Ainsi, dans le Baro-Thodol, recueil liturgique tibétain, le moine Pho-o, chargé d’extraire le « Principe Conscient » du défunt, doit s’asseoir à son chevet pour chanter. Il s’agit de chants mystiques aux modulations sonores auxquels résonnerait l’esprit du mort, pouvant ainsi être guidé vers l’ouest, afin d’échapper à l’attrait du bas astral. Rappelons que la Terre tourne d’ouest en est, ce qui implique que le flux vital qui imprègne notre globe s’écoule d’est en ouest. Le « Principe Conscient » serait donc entraîné dans ce courant, ce qui faciliterait son « élévation ». Le livre des Morts égyptiens a pour titre Livre du Maître de la demeure cachée, titre évocateur et significatif, et suivant un texte gnostique appelé « Papyrus Bruce », Jésus aurait communiqué, sous une forme initiatique, des mots de puissance à ses disciples, mots de puissance et incantations devant leur faciliter leur trajectoire d’outre-tombe.
La sphère astrale dans laquelle baigne la Terre, comporte donc des zones hostiles, susceptibles de recéler des dangers. Nombreuses sont les expériences médiumniques qui confirment ce fait.
Les « Esprits Astraux » étaient, cependant, dans la conception des Anciens, des êtres spirituels résidant hors des couches éthéro-magnétiques qui entourent la Terre à l’instar d’un corps subtil. Au-delà de la Voie lactée, voie symbolique de la Haute Initiation, se situent, affirme la Tradition, les régions lumineuses qui sont leur domaine. Dans la sphère dite Astrale, résonnent, de l’obscur au Lumineux, les impacts fluidiques, et à proximité de la Terre subsistent des couches épaisses retenant par leurs vibrations des coques, formes résiduelles non dissoutes, d’entités qui furent, peut-être, des vivants ou encore des formes-pensées générées par un ensemble de pulsations « animiques », rendues cohérentes par la haine, la violence et toutes les passions, cohésion d’autant plus dense que leurs projections se trouvent focalisées par des groupes qu’unit un commun fanatisme. Le bas astral peut se comparer à un océan aux vagues délétères, lesquelles submergent le subconscient qui résonnerait à leur impact, soit par ignorance, soit par faiblesse, soit encore, par le désir de correspondre avec l’au-delà, sans savoir s’élever assez haut pour communiquer avec le « Rythme Vivant » des « Êtres » spirituels. A ce niveau, l’occultisme peut être considéré comme « démoniaque » et justifier une campagne « anti-Satan » qui semble vouloir se développer dans le monde, et plus particulièrement en Amérique.
En fait, il s’agit d’une incompréhension fondamentale, car entre deux pôles oscille l’existence. Seule une prise de conscience qui les transcende, unit dans l’Harmonie une compréhension essentielle, les deux inverses complémentaires qu’illustrent le Yin et le Yang du Tao. Seules, la sérénité et l’absence de tout désir de puissance, conduisent à cette union. Seuls, l’harmonie et l’équilibre, tant physique que psychique, permettent la manifestation de l’Intelligence Cosmique que reflètent les pensées créatives dans l’accomplissement humain.
Pour y parvenir, il faut éviter le piège que constitue l’attrait d’un pouvoir occulte. Ce piège est très sérieux; il peut faire dévier l’homme engagé sur la voie de sa réalisation profonde; il peut conduire à la déchéance. Seul, l’homme au cœur pur perçoit le Travail secret de la Vie dans les fonds abyssaux de la nature, et cette perception confère un sens à l’existence. Celle-ci n’est pas un purgatoire, comme le pensent certains, mais un laboratoire. Le comprendre, c’est accepter l’épreuve de la contrainte existentielle, tout en conformant son action à l’impulsion d’en-haut, en l’adaptant au rythme de « l’Ame du Monde », la « Pneuma Agion », la Divine Maîtresse des Alchimistes, des Rose-Croix et des Magiciens.
Alors, s’éclaire un mystère. « L’Éternel Féminin, disait Goethe, nous élève. » Tel est le cas si la Divine Maîtresse, par son impulsion bénéfique, induit une résonance qui sonne juste au plus profond de soi.
Par son dynamisme subtil, le rythme vivant fait battre notre cœur, circuler notre sang et se mouvoir nos muscles. Guidé par notre système nerveux, s’écoule le flux vital que d’aucuns appellent « odique » et d’autres « magnétique ». Paracelse déclara que la force vitale n’est pas enfermée dans l’homme, mais qu’elle rayonne autour de lui comme une sphère lumineuse. Les Orientaux la nommèrent « Aura ».
Tous les phénomènes parapsychologiques sont conditionnés par la possibilité qu’a l’homme de focaliser, de moduler, d’infléchir et de diriger, par un acte conscient, donc volontaire, le flux vital. L’éveil des facultés latentes que recèle le cerveau peut être inconscient, mais se doit d’être accompagné d’une parfaite lucidité d’esprit, faute de quoi bien des accidents sont à craindre. L’impact que le flux vital est susceptible de produire, peut être provoqué par une volonté consciente ou par une focalisation instinctive, donc inconsciente, ou par une volonté extérieure.
Les phénomènes dits « occultes » ne le sont donc qu’en fonction d’une ignorance qu’il s’agit de dissiper. L’homme connaissant, grâce à ses facultés de perception, s’ouvre, non seulement à une vision plus large de l’univers qui est le sien, mais encore à une possibilité d’assumer pleinement toutes ses responsabilités. La perception supra-sensorielle constitue, néanmoins, un danger pour tout être insuffisamment préparé. Insatisfait et enquête de quelque chose d’indéfinissable, l’homme est susceptible de céder à une inquiétude ou à un désir imprécis, et il risque, alors, d’être attiré, non par une découverte de ce qui est masqué par un voile qu’entretient l’ignorance, mais par le goût d’acquérir des pouvoirs. Toute tentative de ce genre peut conduire à des catastrophes, et c’est pourquoi il est important que tout être attiré par la Connaissance trouve un conseiller valable pour guider ses pas. Un adage oriental prétend que chacun rencontre l’instructeur qu’il mérite. Dès lors, le discernement et la vigilance s’avèrent primordiaux; et le discernement et la vigilance dépendent, en tout premier lieu, de la connaissance de soi et des vrais mobiles qui motivent la recherche entreprise.
La connaissance de soi est donc une condition préalable en matière d’occultisme, et c’est le seul moyen de se dépouiller d’un mental agité et dominateur, pour être entièrement disponible. C’est pourquoi, jadis, dans les centres initiatiques de l’Antiquité, le disciple était astreint à des épreuves pour fortifier son caractère. C’est pourquoi, aussi, certaines initiations se faisaient par transmission de pensée postulant, au préalable, un affinement des moyens de perception par l’apaisement de toutes les tensions intérieures. Réunis autour du Maître, les disciples devaient s’unir à lui en esprit, afin que cette communion débouche sur une compréhension, rendant toute parole superflue. Les hiérophantes égyptiens, les gymnosophistes hindous, les mages de Chaldée, enseignaient et mettaient en pratique des connaissances qu’il est possible de considérer comme l’héritage mystique de l’humanité.
Qu’il s’agisse de Rishis, les sept Sages primordiaux de l’Inde, qu’il s’agisse de Thot-Hermès, le prodigieux instructeur des Égyptiens, qu’il s’agisse des Mages-Prophètes de la Bible qui, tel Enoch, ne passèrent pas par la mort, tous pratiquèrent les Arts dits Magiques, application pratique d’une Sagesse ancestrale, quintessence de l’expérience humaine. Tous furent les gardiens des mystères de la nature et il est faux de prétendre, comme le font certains, que Zoroastre fut le fondateur des rites magiques, car ceux-ci ont été pratiqués depuis l’aube des temps. Marco Polo, dans l’un de ses récits, affirma que les gens du « Pashai », région se situant probablement dans le Cachemire, « sont grands adeptes en Arts Magiques », et il ajoute que la science des formules magiques est devenue pour eux un véritable travail professionnel.
Les Anciens avaient leurs Philosophes, leurs Sages, leurs Savants, leurs Prophètes, et tous furent ou des prêtres initiés, ou des hiérophantes, ou des magiciens. Tous considéraient les Arts Magiques comme la science des lois secrètes des œuvres de la nature, et c’est pourquoi on retrouve les mêmes symboles magiques en Amérique précolombienne, aux Indes, en Égypte, en Grèce et ailleurs. Il est possible d’admirer certaines médailles méso-américaines, sur lesquelles des princesses aztèques portent des coiffures semblables à celles qui ornent la tête des déesses indiennes et les pyramides du Mexique sont construites suivant les mêmes canons que celles des Pharaons. Tout comme en Égypte, elles symbolisent le pouvoir créateur de la nature, en fournissant, pour celui qui sait le découvrir, les clés occultes d’une métaphysique mathématique, géométrique et astrologique. Certaines d’entre elles furent les témoins de scènes initiatiques conduisant l’adepte à l’initiation assimilée à une deuxième naissance. La mort, même symbolique, fut de tous temps un préalable à la « Connaissance », donnant accès au cœur des Mystères.
Le « Saut de Leucade » que tentèrent, non seulement comme dans le mythe les amants malheureux, mais aussi en « Esprit » les adeptes du Grand Art, afin de larguer toutes les amarres les enchaînant aux illusions de l’existence, établissait le lien entre les cimes que figure le Temple Solaire d’Apollon et les abîmes du Royaume d’Hadès.
La mort, en effet, libère les forces ascensionnelles. Elle dématérialise ce qui est épais et polarise vers les zones lumineuses, ce qui est subtil. « L’épais du subtil tu sépareras », conseille la Table d’Émeraude, dont la parenté est attribuée à Thot-Hermès, trois fois Maître. Émergeant du sarcophage dans lequel, couché, il avait médité pendant quarante heures, l’hiérophante confirmé par l’épreuve, pouvait s’écrier : « Je n’étais pas vivant tant que je paraissais vivre. C’est maintenant que je vis, puisque je sais mourir ! »
Les « Arts Magiques » constituaient la clé de voûte de toute Connaissance. Ainsi, est-il écrit, qu’Énoch, appelé par les Grecs, Énochéon le voyant aux yeux ouverts, est sensé avoir caché des rouleaux contenant tout le savoir humain sous deux colonnes construites par Seth, le dieu médiateur entre le Ciel et la Terre. Grace à ce savoir, les Pyramides furent, paraît-il, construites. Même s’il ne s’agit que d’une légende, elle éclaire bien le fait que les Pyramides recèlent comme un écho des structures de l’Infini. Que les sciences magiques subirent le sort de toutes les choses humaines en se dégradant, ne peut étonner. Pure et brillante expression du Rythme Vivant, la Magie devint opérationnelle, ou cérémonielle. La forme fut, finalement, considérée plus importante que le contenu et cette forme, parfois aberrante, conduisit à tous les excès. Les sacrifices humains, les envoûtements, les rituels d’une cruauté raffinée, ne préparèrent plus l’homme à vibrer au diapason de l’Harmonie Universelle mais, au contraire, à le raccrocher au désir collectif exacerbé par tous les fanatismes.
Ainsi naquit la sorcellerie. Il y a beaucoup de sorciers inconscients, mais il y en a, aussi, qui ne le sont pas. Ceux-là cherchent à usurper le pouvoir de l’adepte, afin de l’utiliser à leurs fins. Jeter un sort, c’est être en mesure de capter et de diriger un courant astral délétère, et de le moduler, afin que celui auquel il est destiné résonne à son impact. En cas de réussite, la victime se trouve comme « mesmérisée » par la pulsation du fluide astral modulé et, par un phénomène de résonance, se trouve perturbé son rythme propre. Le trouble ressenti par la victime correspond, alors, à une véritable fascination proche de celle qu’exerce le serpent à l’encontre de sa proie. Il est fonction, quant à son acuité, de la réceptivité plus ou moins grande du récipiendaire, réceptivité qu’amplifie l’anxiété ressentie qui paralyse la volonté, garde-fou habituel. Alors, l’être faible s’effondre.
L’hypnose agit de façon directe sur les centres psychiques de la volonté. Le fluide de l’hypnotiseur se met en résonance rythmique avec le fluide nerveux de l’hypnotisé, lequel échappe à son contrôle, obéissant, en revanche, à la volonté de l’hypnotiseur. Il s’agit d’une dangereuse agression du psychisme d’autrui. Elle peut provoquer des lésions permanentes et ces lésions sont une preuve supplémentaire du dynamisme des forces parapsychiques stockées dans certains ganglions du système nerveux. Malgré les pouvoirs dont il dispose, le sorcier ne s’identifie pas à ce qu’il convient d’appeler un magicien noir. Le magicien noir possède toutes les connaissances de l’Initié qu’il fut, peut-être, avant de choisir la voie obscure. Le magicien noir, connaissant et habile, se sachant en position de force, imposera son ascendant de façon peu spectaculaire, pour œuvrer dans l’anonymat, et rares sont ceux qui reconnaîtront son action, qui reconnaîtront qu’une volonté consciente et dissolvante s’exerce, associée ou non, à d’autres volontés dirigées dans le même sens. Cette volonté dissolvante, pour asseoir sa puissance matérielle, tend à détruire les valeurs essentielles auxquelles l’homme doit se référer s’il ne veut pas violer les lois de la Vie.
Cette destruction fait peur. La peur induit dans le psychisme de l’homme des réflexes de violences. Journellement se déroule sous nos yeux, orchestrés par d’invisibles chefs d’orchestre, de gigantesques ballets « magiques », que rythment de fallacieuses promesses, que soutiennent des avalanches de paroles et que cadencent des pulsations érotiques qui flattent les instincts les plus vils. Enchaînés, par le rythme d’une époque qui se prétend affranchie, les hommes s’agitent, s’affrontent et se battent, même si, provisoirement, l’équilibre de la terreur empêche une guerre globale d’éclater. Ceux qui possèdent cherchent à posséder davantage; ceux qui manquent de tout croupissent dans leur misère.
Les slogans promettent du bonheur pour demain ; ils foisonnent à l’Est comme à l’Ouest, et sont exploitées par l’ignorance et l’avidité, Assimiler cette exploitation à un acte de sorcellerie est, peut-être, moins absurde qu’il n’y paraît. L’apprenti sorcier ne déchaîne-t-il pas la tempête qu’il est incapable d’apaiser?
La Haute Magie se situe à l’opposé de la sorcellerie. A titre d’exemple, citons Apollonius de Tyane qui fut un Mage d’une réputation particulière. Ses contemporains le considéraient comme un homme d’une exceptionnelle connaissance, d’une vertu sans tache, et d’une science hors pair. Rares furent les « Mages » bénéficiant d’une telle unanimité d’appréciation. Initié aux mystères de la science hermétique, prophète, instructeur et philosophe, il eut un rayonnement que ses ennemis n’arrivèrent pas à ternir. A Éphèse, un jour, s’adressant à la foule assemblée sur une place publique, il interrompt son allocution pour décrire, à brûle-pourpoint, aux auditeurs atterrés, les péripéties ayant trait au meurtre de l’empereur Domitien, se déroulant à l’instant même, à Rome. Les faits furent confirmés, bien plus tard, les nouvelles, à cette époque, ne voyageant pas aussi vite qu’aujourd’hui. Des centaines de témoins authentifièrent cette « vision » et c’est à ce titre qu’elle mérite d’être rapportée, puisqu’elle s’inscrit dans une réalité historique, ne pouvant pas être niée par les tenants de la science objective.
Néanmoins, la Magie, innocente des crimes dont on l’accuse, n’est pas en odeur de sainteté. La science pénètre journellement l’univers de l’infiniment petit, en découvrant au cœur de l’atome un champ radiant. N’est-ce pas pure magie? Ne dit-on pas d’un enseignement qu’il est « magistral », pour lui donner le superlatif des qualifications ? Ne nous étonnons donc pas si la « Science des Sciences » fut consignée dans 35000 volumes attribués à Hermès-Trismégiste, volumes qui furent détruits lors de l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie, gigantesque autodafé allumé par le Khalife Omar.
Cette bibliothèque, fondée par Ptolémée Philadelphe, comportait d’inestimables trésors du savoir humain. Il partit en fumée. Néanmoins, jamais ne s’éteint la lumière mise sous le boisseau.
Champollion découvrit des archives égyptiennes, authentifiant la thèse d’une civilisation antérieure de plusieurs millénaires à Moïse, qui fleurit le long du Nil. Diogène Laërte fit, jadis, remonter cette civilisation à 48863 années avant son temps. Hypothèse invérifiable dans l’état actuel de nos connaissances. Dans les archives découvertes par Champollion, les Égyptiens évoquent des « myriades d’années » et il est exact que certaines données astrologiques semblent remonter à des périodes les plus reculées.
Terminons cette étude succincte sur le parapsychisme d’aujourd’hui et de jadis, en conseillant à l’étudiant de l’occulte de n’aborder ce domaine qu’avec un parfait détachement, pour y découvrir, non pas de dangereux pouvoirs, mais la faculté d’un éveil conscienciel, lui permettant d’assumer sa pleine mesure. Alors, sur la voie d’une recherche authentique, il rencontrera les instructeurs aptes à guider ses pas, et, s’avançant vers la Lumière que dispense le Soleil des Sommets, il découvrira son véritable destin. Alors, se dévoile le symbolisme des Nombres et se révèlent les relations cosmiques qui font du microcosme le fidèle reflet du macrocosme, et alors, se transforment en formules magiques les mathématiques transcendantes dont parle Platon. Alors, s’éclairent les archives primordiales, tels les livres d’Hermès, le livre du Zohar, les livres des Morts, les Véda, le Pentateuque. Alors, parlent les livres de pierres tels les Pyramides, les Temples, les Dolmens, les Menhirs et les Cathédrales. Tous comportent des messages qu’il s’agit de décrypter, car les « Arts Magiques », ceux qui expriment la Haute Magie, génèrent le Beau, le Bien et le Vrai, dans la Joie de l’accomplissement humain.
Ce décryptage passe par l’éveil des facultés psychiques, complémentaires à celles de l’intellect. Par le male et par la femelle, l’œuvre s’accomplit, annonce la Table d’Emeraude, attribuée à Hermès, trois fois Maître, celui que les Égyptiens adoraient sous l’appellation de Thot, dieu instructeur prodigieux, Maître du rythme, Seigneur du destin, inventeur des mathématiques, de l’écriture, des échecs et de bien d’autres sciences. L’œuvre dont il s’agit est le monde en évolution, et le male et la femelle désignent les énergies de signe contraire, nécessaires à sa manifestation et, par voie de conséquence, désignent les deux pôles d’où procède la pensée, le pôle rationnel et déductif, et le pôle intuitif et analogique.
Pénétrer le dehors et le dedans des choses, découvrir la racine, le noumène des phénomènes, conduit à la promotion humaine, conduit au cœur du mystère de la nature naturante. L’intellect est incapable d’y accéder seul. Il suscite l’émergence de l’Idée qui détermine l’action. Mais avoir des idées n’est, en quelque sorte, que « sentir », puisque l’observation que les sens rendent possible préside à la naissance de l’Idée. Il en va autrement de la pensée créative. Elle naît par résonance transcendantale, que génère l’Intelligence Universelle, que génère « ce qui pense dans l’Univers ». Seul, l’éveil des facultés psychiques permet de capter cette résonance et l’Intuition en est l’expression fulgurante. La pensée créative détermine une action réfléchie, contraire à l’acte réflexe. Le terme « réfléchit » comporte, en effet, la notion de se « mirer », et il est un fait que la pensée créative se « mire » dans la conscience filtrante de l’homme connaissant, à l’instar d’un rayon de lumière se réfléchissant sur un miroir. Il s’ensuit que la méditation, par le calme et le silence du mental en repos, favorise grandement « l’éclosion de la pensée créative en parfaite résonance avec l’Harmonie Universelle. » Le méditant, ouvrant son cœur aux forces exaltantes, accorde son rythme propre au rythme transcendantal qu’émane la Vie, et la « réflexion de ce qui pense dans l’univers » à travers lui s’exprime.
Cette « réflexion », dans le sens propre du terme, éclaire la notion de l’Endroit et de l’Envers, du dehors et du dedans des choses, notion propre, non seulement aux Anciens qui parlèrent d’une « Loi d’Inversion », d’une « Loi de Nécessité que même les dieux ne sauraient transgresser », mais aussi, aux chercheurs de notre temps, dont certains sont de véritables Philosophes des Sciences.
N’affirment-ils pas, qu’au-delà du monde de l’infiniment petit, se situe un « champ de création pure », et une « Conscience Universelle consciente d’elle-même » . Ainsi, par deux voies diamétralement opposées, la voie mystique et la voie scientifique, se rejoignent les deux trajectoires conduisant à une seule vérité.
Dans l’Harmonie de sa Lumière, s’unit ce qui semble contraire et se réalise le miracle d’une seule chose, le miracle de l’Universelle Présence de la logique immanente dans le monde sensible, du « Logos » que manifeste, tant la symétrie étoilée d’un flocon de neige, que les 14 milliards de neurones du cerveau de « l’Homo sapiens ».
FRÉDÉRIC LIONEL