Robert Linssen
Pourquoi l'Univers ? (Questions et Réponses)

L’idée d’un créateur du monde est une illusion enfantée par l’esprit déformé des hommes. Notre logique, comme le disait Bergson, est née dans les solides et porte les empreintes indélébiles du milieu où elle s’est édifiée : notre logique est une logique des solides. Nous, — qui avons un commencement et une fin, — avons tendance à assigner à toutes choses, un commencement et une fin. Nous — qui sommes créés — avons une tendance à vouloir plier l’univers entier, aux exigences des processus qui président à nos destinées.

Publié sous le nom de Ram LINSSEN
(Questions et réponses — Camp de Chapareillan 1949)
(Revue Spiritualité Numéros 56-57, Juillet-Août 1949)

QUESTION : Pourquoi et comment s’est créé l’Univers ?

REPONSE : Avant de répondre à cette question, qu’il me soit permis de dire que les problèmes du « pourquoi » de la création du monde et du « commencement » sont des pseudo-problèmes et de ce fait ne peuvent trouver de réponse correcte, étant donnée l’attitude d’esprit de ceux qui les posent. Insistons dès à présent que ceci ne constitue pas une ruse de l’esprit tentant d’esquiver la difficulté à résoudre.

QUESTION : Mais il a été dit que « Dieu créa le monde » ?

REPONSE : L’idée d’un créateur du monde est une illusion enfantée par l’esprit déformé des hommes. Notre logique, comme le disait Bergson, est née dans les solides et porte les empreintes indélébiles du milieu où elle s’est édifiée : notre logique est une logique des solides. Nous, — qui avons un commencement et une fin, — avons tendance à assigner à toutes choses, un commencement et une fin. Nous — qui sommes créés — avons une tendance à vouloir plier l’univers entier, aux exigences des processus qui président à nos destinées.

Nous sommes pétris de temps, d’espace, de durée et de causalité, il est donc normal que nous soyons tentés de construire une notion de l’Univers qui porte l’empreinte des déformations caractéristiques de notre conditionnement.

Il n’y a pas de création d’un Univers, par quelque puissance miraculeuse. Il n’y a que l’ETRE, dans Sa Totalité-Une, qui n’a pas eu de commencement et n’aura jamais de fin. Dieu est tout, tout est Dieu.

L’idée de création est inconciliable avec celle de Dieu. Car si l’Univers a été créé, celui qui l’a créé a répondu à une nécessité. Il éprouvait le besoin de combler une lacune. Il était donc incomplet et de ce fait limité et non absolu. Il n’est donc pas Dieu (1).

Il faut s’affranchir des notions fausses qui résultent du conditionnement de la pensée. Une pensée conditionnée ne peut engendrer que des notions et des expériences déformées par son conditionnement. Ce conditionnement est formé de l’ensemble des préjugés, des idées toutes faites, des dogmes, de la mémoire renforçant la sécurité de l’égo. Ces éléments faussent l’optique de l’égo de façon fondamentale.

L’échelle d’observation crée le phénomène. Ne perdons jamais de vue cette vérité essentielle, sur le plan de la matière, comme sur celui de l’esprit. Si nous voulons voir la Vérité, et non notre interprétation de la vérité, faussée par notre échelle d’observation particulière, il est nécessaire de nous dépasser nous-mêmes, pour nous hisser jusqu’au niveau de l’Universel que nous portons heureusement en nous-mêmes et dont nous sommes faits.

Etant ainsi affranchis de notre échelle d’observation personnelle de temps, d’espace, de causalité, de devenir, nous pourrons accéder à l’expérience de l’ETRE et dans un émerveillement sans borne, nous vivrons l’Unité du phénomène et du noumène qui est divine.

QUESTION : Vous dites que tout est Dieu, mais alors la matière est aussi Dieu, or la matière est une chose morte et inintelligente ?

REPONSE : Que savez-vous de la matière ? La matière n’est pas une chose morte. C’est notre manque d’informations quant à la structure exacte de la matière qui a fait surgir tous les faux spiritualismes. La physique, qui est la plus positive des sciences — aboutit à la dématérialisation de la matière et procède, sans le vouloir, à la spiritualisation du matérialisme.

Loin d’être morte, la matière est prodigieusement vivante. En dépit de son apparente immobilité et de sa continuité mensongère, la matière est l’objet d’une activité invisible à nos yeux, mais profondément réelle. En l’intervalle de chaque seconde, les électrons effectuent de 200.000 à 6.000.000 de milliards de tours autour du noyau central des atomes.

Le spectacle d’un tel déploiement de force et de lumière revêtirait à nos yeux l’aspect d’une indicible féerie. Mais nous n’avons pas la capacité de la voir.

C’est donc notre ignorance de la nature exacte des choses qui nous fait entrevoir la mort là où il y a la Vie. Si nous avions la possibilité de voir le monde matériel tel qu’il est, et non tel qu’il paraît être, nous changerions instantanément d’avis.

Par ignorance des richesses cachées que la matière recèle en elle, nous avons eu tendance à rechercher ailleurs les explications sur les mystères de la Vie.

Parce que nous n’avons pas vu le monde, tel qu’il est, nous avons formulé une foule de pseudo-problèmes.

Parce que certains faits essentiels nous échappaient, nous avons échafaudé des constructions de l’esprit habiles qui masquent notre ignorance et ne résolvent rien, car elles ne reposent sur rien que sur les déformations inhérentes à notre optique faussée.

Le monde matériel est en réalité un immense édifice d’étages vibratoires, et dans la mesure où l’on pénètre dans le cœur des choses, il apparaît essentiellement comme un ensemble de mouvements rapides reposant sur des mouvements encore plus extraordinairement rapides.

Lorsque le Professeur Ed. Leroy s’exprimait de cette façon dans son cours au Collège de France, il se faisait l’écho d’une fondamentale vérité. La matière n’est qu’une forme d’une énergie universelle.

Le « pourquoi » de la création du monde devrait être précédé de l’analyse du monde. Cette étude nous révélerait sa nature profonde.

Or, de ce monde, nous ne connaissons qu’un aspect fragmentaire, superficiel et illusoire.

Pour porter un jugement, nous devons entendre l’accusation et la défense. Actuellement, nous n’entendons que les voix alarmées de l’accusation.

Nous ne voyons aussi que les mirages douloureux de l’accusation. Dans cet univers où règne la multiplicité des formes, des propriétés, règnent aussi la séparativité, la douleur et la mort.

Mais il existe une autre face de cette même réalité, c’est l’Unité d’une pure essence devant laquelle s’effondre le masque de la séparativité. Sous cet aspect, tout change. Le spectre de la mort ne parvient plus à hanter cette sphère de plénitude et d’éternité.

Telles sont les faces opposées mais complémentaires de l’ETRE. Encore faut-il dire qu’elles apparaissent opposées pour nous, observateurs qui les examinons sous un certain angle. Une fois de plus, notre position particulière nous rive à une échelle d’observation conditionnant inexorablement les phénomènes que nous désirons comprendre.

Il n’existe en réalité que l’ETRE Unique, homogène au sein duquel nous procédons arbitrairement à des coupes partielles, dont les perspectives sont faussées par l’échelle d’observation particulière à laquelle nous nous situons, tant physiquement que psychologiquement.

Un exemple saisissant de cette vérité nous est fourni par la physique moderne. Suivant l’angle sous lequel l’électron est observé, il apparaît comme pur rayonnement ou comme corpuscule matériel.

Les aspects ondulatoires et corpusculaires sont diamétralement opposés. C’est au prince Louis de Broglie que revient le mérite d’avoir mis en évidence la notion de « complémentarité » dans la mécanique ondulatoire qui lui valut le prix Nobel de Physique en 1923.

Bien que l’électron se manifeste sous deux aspects opposés, ces aspects sont complémentaires et parties intégrantes d’un seul et même électron.

De même l’esprit et la matière sont les faces opposées mais complémentaires de l’ETRE UNIQUE.

Il n’y a pas de coupures, ni de degrés, ni d’hiérarchies de valeurs dans l’ETRE UNIQUE total et homogène. Les problèmes traditionnels de la coupure sont des pseudo-problèmes issus de l’ignorance de ceux qui les posent, par le fait qu’ils se sont eux-mêmes arbitrairement exilés hors de la Totalité-Une dont ils font partie.

Les notions de Temps, d’Espace, de Causalité, d’Evolution, de durée, de « devenir » sont réelles pour ceux qui les pensent, comme toutes les choses que les hommes pensent deviennent réelles pour ceux que les pensent. Encore faut-il dire qu’une chose qui apparaît réelle pour les « égos » qui sont illusoires, est singulièrement fragile.

Dès l’instant où vous vous laissez prendre aux mirages de la pensée, de l’égo, du devenir multiple, la vision de l’Etre Unique vous est interdite.

Il n’y a pas de création, mais uniquement la Totalité-Une de l’Univers vivant au rythme d’un Eternel Présent, sans durée, sans commencement ni fin.

Tous nos pseudo-problèmes surgissent du fait que nous sommes prisonniers de la « durée ».

Nous sommes prisonniers de la durée, car nous sommes enfermés dans un processus « à peu près » inconscient, car rares sont ceux qui savent pourquoi ils pensent, comment ils pensent et ce qu’ils pensent.

L’homme pense, car il est agi par un instinct de conservation puissant dont la soif de « durer » se manifeste par l’activité mentale.

Lorsque l’homme devient conscient de la Totalité de son processus d’existence, la stérilité de son avidité de devenir lui apparaît évidente. Cette prise de conscience affranchit l’homme de son « devenir » et des fausses identifications auxquelles il s’associait. C’est l’illumination ou découverte et réalisation de l’Unité de l’ETRE.

A cet instant l’homme sait qu’il sort d’un rêve. Il retrouve ce qu’il n’a jamais cessé d’être.

Cet état, correspond à la libération enseignée par Krishnamurti et au Nirvâna des Bouddhistes thibétains du Sentier direct. Mais ces lignes sont inutiles si elles n’incitent pas à l’expérience vivante du fait, qui est le FAIT par excellence. Ce fait ne peut, ni être dit, ni écrit, ni prouvé, ni démontré. Il est à lui-même sa propre preuve vivante.

Toutes les théories intellectuelles que l’on a pu construire, toutes celles que l’on construira autour de ce fait fondamental, seront incomplètes, parce qu’elles ne seront qu’intellectuelles et par conséquent pêchant à la base et tout système qui se proclame parfait prononce par le fait même sa déchéance et une vaniteuse ignorance du Réel Total.

QUESTION : Vous incluez tout en Dieu, le matériel, le psychique et l’être spirituel. Comment expliquez-vous la dégradation de l’ETRE-Unique dans le devenir multiple ? N’y a-t-il pas contradiction ?

REPONSE : Evidemment qu’il y a contradiction dans ce cas. Toute la difficulté résulte du fait qu’une fois de plus, il s’agit d’un pseudo-problème.

Une fois de plus, c’est à nous, observateurs partiels qu’il semble qu’une dégradation s’opère. En l’ETRE qui est absolu, aucune dégradation ne peut intervenir. La dégradation est plus apparente que réelle.

L’ETRE est un Présent Eternel, complet en Lui-même et libre, éternellement libre au sein même de ce qu’à tort nous apercevons comme figé et conditionné. Le moment que nous vivons, est un moment complet en lui-même, quoique le sens profond de sa plénitude nous échappe.

Du point de vue physique, comme du point de vue psychologique, les dégradations sont plus apparentes que réelles.

Lorsque l’énergie se matérialise progressivement par la transformation de l’atome d’hydrogène en atome d’hélium et ainsi de suite, pour parfaire la série des corps simples jusqu’à l’Uranium, il y a toujours emprunt et par conséquent libération d’une énergie au moins équivalente, sinon infiniment supérieure ailleurs.

Et ceci n’affecte en rien le total énergétique de l’Univers. La masse M de l’Univers est une constante.

La quantité reste identique. Seules les qualités varient, encore que ces variations dérivent en grande partie de l’échelle d’observation à laquelle se situent les observateurs qui les examinent.

De plus, les variations de surface, n’affectent en rien l’unité des profondeurs. L’essence profonde des être et des choses n’est affectée ni quantitativement, ni qualitativement par les transformations de surface.

Si j’ai, dans certains ouvrages, employé l’image évoquant la dégradation de l’ETRE unique dans le devenir multiple, il s’agit-là d’une commodité provisoire résultant à la fois de l’imperfection de notre langage et de la mentalité faussée à laquelle il est cependant nécessaire de s’adresser.

Mais il n’y a nulle part dégradation de l’ETRE Unique, dans le devenir multiple.

C’est notre incapacité de voir et de sentir la totalité du moment présent qui nous incite à voir une dégradation là où il n’y en a pas.

De même, la soi-conscience limitée que nous avons défini comme un obstacle à l’ETRE Unique ne l’est qu’en apparence. Une fois de plus, il s’agit là d’une concession faite au langage dualiste inhérent aux illusions humaines. Rien n’est un obstacle à l’ETRE unique. Déjà, par le fait que ce que nous envisageons comme des obstacles à l’ETRE, est l’ETRE Lui-même, tant en surface qu’en profondeur.

La soi-conscience et l’égoïsme s’opposent à notre découverte de l’ETRE-Unique que nous étions, que nous sommes, sans le savoir, car « nous avons des yeux et nous ne voyons point »…

C’est tellement exact, que si la conscience de l’égo était un obstacle à l’ETRE-Unique, la délivrance de la conscience de l’égo serait une délivrance de l’ETRE-Unique, elle serait pour Lui, un acquis, un surplus.

L’ETRE-Unique n’est pas augmenté de notre réalisation, il est à Lui-même Sa propre éternité.

Voilà les raisons essentielles, pour lesquelles ce ne sont pas les « égos » qui doivent « choisir » l’ETRE, et Lui dicter leurs préférences limitées, ni même et surtout Lui apporter le bilan de leurs expériences.

Ainsi que l’exprime Krishnamurti, « You cannot choose Reality, but Reality must choose you ». « Vous ne pouvez choisir la Réalité, mais c’est la Réalité qui doit vous choisir. »

Nous qui sommes dans le rêve et le mirage du devenir — nous n’avons pas à imposer à l’Etre le rythme du devenir au sein duquel nous croyons vivre, parce que nous l’avons créé de toutes pièces par l’activité mentale.

QUESTION : Voulez-vous dire que nous sommes dans un rêve ?

REPONSE : Partiellement (2). Lorsque vous rêvez, les personnages de votre rêve sont réels pour vous, à tel point que vos rapports avec eux vous causent de la joie ou de la souffrance. Mais lorsque vous vous réveillez, vous vous rendez compte de l’illusion de votre rêve. Il existe un rapport assez semblable entre l’état de rêve et l’état de veille d’une part, et l’état de veille normal et l’état d’ETRE profond et total d’autre part.

Lorsqu’une joie ou une souffrance deviennent très intenses, le dormeur sort de son rêve. De même, il existe une certaine acuité dans la prise de conscience que l’homme réalise de lui-même. Et comme le « moi » limité, est une contradiction par rapport à son essence qui est illimitée, cette acuité de conscience lui révèle l’ampleur de cette contradiction. A l’Instant même, la conscience égoïste et limitée sort de son rêve. L’ETRE seul subsiste. Seule l’activité mentale avait créé le cauchemar de ses propres servitudes.

Ce n’est que dans une transparence de cristal, que CELA qui dépasse les pensées SE révèle. « Heureux les cœurs purs… car ils verront Dieu »…

Il n’y a pas d’édifice spirituel à construire. Tout est là. Il y a simplement à découvrir Ce qui EST et dont on fait partie, sans le savoir.

Chaque être humain est à lui-même le dispensateur de son bonheur ou ses misères.

La signification des symboles antiques se trouve étrangement mise en évidence à la lumière de ce qui précède.

L’homme — nous disent certains textes — est un ange déchu. Il a mangé le fruit « défendu ». C’est-à-dire qu’il a mangé le fruit de l’arbre de la connaissance intellectuelle. Il s’est imaginé être un « moi ».

Dans ce seul fait réside l’essentiel de sa déchéance. Il s’est mis à rêver, et parce que ce rêve est basé sur des valeurs fausses, il se transforme en vision de cauchemar.

Le « péché originel » est bien une faute d’origine, une inattention, une distraction. Le « moi » pourrait être comparé à un mirage, un effet secondaire, un phénomène d’induction momentané dérivant de l’activité de l’ETRE.

Et la partie s’est imaginée être tout parce qu’elle se croyait distincte du TOUT.

Mais le TOUT n’a cure de son rêve. Cependant comme la partie fait, sans le savoir, partie du TOUT qui est l’Eternel fait essentiel, cette partie a la possibilité de dissoudre son propre rêve. L’Illumination spirituelle est la cessation de ce rêve.

QUESTION : Si l’ETRE Unique n’est pas affecté par l’obstacle du « moi », pourquoi le « moi » se libérait-il de son rêve ?

REPONSE : Pourquoi ? Ne souffrez-vous pas encore assez ? Le monde, qui est l’expression collective et monstrueuse des individus pris au piège du grand rêve, n’est-il pas suffisamment éloquent. Certes, vous avez la possibilité de continuer le rêve, mais c’est à vos risques et périls. Essayez… et vous verrez. Une chose fausse et limitée ne peut qu’engendrer des choses fausses et limitées. Le «moi » doit commencer par se rendre compte qu’il rêve, pour se libérer ensuite de celui-ci. Alors, seul reste l’Etre qui, d’ailleurs, n’a jamais cessé d’être. La Vérité est en elle-même très simple, mais parce que nous sommes extraordinairement compliqués, il est pour nous extraordinairement difficile de redevenir simples.

Heureux les « simples d’esprit », le royaume des cieux leur appartient. Cette simplicité, bien entendu, n’a rien de commun avec l’idiotie, mais recèle en elle, au contraire, les plus hauts sommets de l’Intelligence et du cœur.

QUESTION : Vous parlez d’une activité de l’ETRE ? Est-ce possible, en dehors des conditions de temps et d’espace ?

REPONSE : Ainsi que l’exprime Krishnamurti, cet ETRE a son rythme. Il est vivant, tant en surface qu’en profondeur. Il est action. Il vit par Lui-même (p. 72, Talks – Madras 1948). Il est affranchi de la causalité, du temps et de la mort. C’est un renouvellement perpétuel affranchi de toute répétition. Cet état d’être n’est pas le résultat de l’effort personnel, ni de la volonté, ni du passé.

Dans cet état, le « nouveau » (qui est l’ETRE) est vu à travers l’ancien (Ce qui reste du « moi ») sans être contaminé par l’ancien.

Autrement dit, le grand art consiste à jouer le jeu, sans être pris au piège des apparences de la comédie qui se joue.

L’ETRE est un absolu. Oui. Mais non un absolu statique.

L’ETRE est un absolu dynamique. Il est action par excellence et création éternelle sans créatures.

L’ETRE est travail et activité par excellence, mais travail et activité diamétralement opposés à nos concepts de causalité, de temps, d’espace et d’intérêts.

Ainsi que l’exprimait Hermès : « L’ETRE se meut intensément dans sa stabilité ». Pour le profane, cette affirmation constitue une absurdité, pour l’homme réfléchi, c’est une haute vérité.

Lorsque vous regardez un fragment de marbre immobile, il se meut en réalité prodigieusement, en dépit de son masque apparemment figé. « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut »… Et quoique dans l’ETRE, il n’y ait ni haut ni bas… nous en avons dit assez pour qu’au delà des contradictions apparentes le chercheur sincère et ardent puisse trouver en lui-même la sève précieuse de l’ETRE, qui est VIE Eternelle.

Encore faut-il dire que ce n’est que dans l’action quotidienne, par une présence continuelle au Présent Eternel, que la Vérité s’incarne de façon vivante et créatrice.

L’Amour, qui est dans l’homme la manifestation la plus directe et la plus palpable de l’ETRE, ne peut s’apprendre, ni dans un livre, ni dans un article, mais en ouvrant, en fait, son cœur au charme infini de SA Présence. Le changement que nous appelons de nos vœux ne se réalisera que par cette totale et profonde transformation de l’homme, par ce réveil hors du rêve.

Telle est la voie du Bonheur durable.

Ram LINSSEN.

(1) Dieu est acte pur sans déchets, création pure sans créatures, activité gratuite et spontanée, excluant notre concept habituel de créateur et de créature. Les déchets n’apparaissent comme tels que dans une vision incomplète.

(2) Ce ne sont pas les faits qui sont faux, mais la façon limitée dont  nous les interprétons.