Swami Hridayananda Sarasvati
Raja Yoga 4

Comment se fait-il que nous soyons si attachés à la vie ? Nous avons peur de la mort, parce que nous pensons qu’en abandonnant notre corps physique nous finissons nous-mêmes. En chacun de nous il y a cette conscience d’existence absolue, nous existons à jamais. Mais nous ne savons pas comment atteindre cet état, comment avoir cette conscience de ce qui existe à jamais et c’est cette ignorance là qui nous pousse à lutter pour conserver ce corps physique. Nous nous identifions à ce corps physique et nous sommes ignorants des autres états. Mais ceux qui ont réalisé cette vérité des différents états, par exemple les Saints et les Sages, au moment de leur mort ils n’ont aucune peur, aucune crainte quelle qu’elle soit.

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Enseignement donné à l’ECOLE NORMALE DE YOGA  Juillet 1980

(Revue Panharmonie. No 187. Juillet 1981)

LES CINQ AFFLICTIONS

qui nous empêchent de prendre conscience de notre nature ultime

Plus que des afflictions, je dirai que ce sont des obstacles qui provoquent l’affliction. Car cette conscience ultime, absolue, parfaite, éternelle, est en chacun de nous, mais nous n’en prenons pas conscience à cause de ces obstacles. Si nous pouvions en prendre conscience, nous serions totalement différents de ce que nous sommes.

— La première s’appelle en sanscrit AVYDYA (non savoir, nescience) ou Ignorance.

— La deuxième s’appelle ASHMITA (égoïté) ou Égoïsme.

— La troisième et la quatrième s’appellent RADA-DVESHA ou Attraction-répulsion.

— La cinquième s’appelle ABHINI-DVESHA ou le fait de s’accrocher à la vie.

1) AVYDIA ou IGNORANCE

L’ignorance totale prise comme un tout, c’est ce qu’on appelle MAYA, nous en avons déjà parlé. Nous avons vu que MAYA est une force qui cache la Réalité et projette l’irréel. Tout ce qui a un début et une fin, tout ce qui est périssable et soumis au changement, est ce qu’on appelle « irréel », car à un moment ou à un autre, cela doit disparaître. Tandis que tout ce qui n’a ni début, ni fin, tout ce qui est impérissable, est « réel », cela bien sûr, d’un point de vue ultime. Dans notre langage courant nous appelons réel ce que nous pouvons appréhender avec nos sens, cependant dans notre langage métaphysique ceci n’est pas la réalité. Dans tout aspect de la Création, il existe ce substratum, cette conscience absolue, cette Réalité.

Ce que je veux dire, c’est que la conscience divine est dans toute chose. En cela toutes les religions sont d’accord car, dans toutes les religions, Dieu est partout. D’un point de vue ultime, cette conscience divine est en toute chose et par conséquent en chacun de nous. Je mets l’accent sur cela, car nous disons facilement « Dieu est partout », mais l’instant suivant nous avons oublié qu’Il est effectivement partout. Il nous faut donc respecter toute chose en cet univers, puisque la conscience divine est partout. Elle est partout, ainsi que nous nous l’avons ressenti pendant la méditation de l’autre jour. Elle est dans la terre, dans les cinq éléments, dans les animaux, dans les planètes, dans les plantes, dans tous les êtres vivants. Mais à cause de ce pouvoir d’illusion qui est celui de MAYA, nous n’avons pas conscience de cette omniprésence divine, présente en chaque chose et nous tenons compte uniquement que de ce que nous pouvons appréhender avec nos sens.

Donc, cette MAYA, lorsqu’elle agit au niveau individuel, c’est ce que nous appelons AVIDYA ou IGNORANCE et ici ignorance ne veut pas dire ne pas savoir quelque chose de ce monde. Nous pouvons être la personne la plus cultivée, avoir les diplômes les plus élevés, nous pouvons connaître toutes sortes de choses en physique, histoire ou géographie, et néanmoins être ignorants. Car tant que nous sommes ignorants de nous-mêmes — ce qui finalement est la chose essentielle — nous sommes des gens ignorants. Si nous n’avons de connaissance que de ce qui nous apporte chagrin et affliction et non de ce qui nous apporte la paix éternelle, nous sommes des êtres ignorants.

Dans toutes les religions, de même que dans la religion chrétienne, il est dit que le Royaume des Cieux est en chacun de nous. Alors si le Royaume des Cieux est en nous, pourquoi sommes-nous si malheureux dans notre vie extérieure ? Tout simplement parce que nous n’en avons pas conscience. Par conséquent tout ce que nous faisons, toutes nos pratiques spirituelles sont là pour nous faire percevoir cette vérité.

Prenons un cinéma comme exemple : Nous savons qu’un écran est absolument nécessaire pour que nous puissions voir une image. Et s’il n’y a pas d’écran, tout ce que nous verrons, ce seront des rayons de lumière et d’ombre, mais il n’y aura pas d’image. Et bien de la même façon, la conscience absolue que j’ai comparée à un écran, est absolument nécessaire si nous voulons réellement comprendre et voir la Création telle qu’elle est, essentiellement. La science vient à notre aide, car elle est entrain de prouver que tout pouvait être réduit à des molécules, neutrons, protons, etc., et, finalement, elle est arrivée à la conclusion que tout peut être réduit à de l’énergie. Même une pierre solide et inerte en apparence, peut être réduite aussi à de l’énergie, ayant une fréquence particulière. Cela la science le découvre par des voies intellectuelles, tandis que les anciens Sages, les anciens voyants, prophètes, avaient transcendé l’intellect pour le découvrir.

Ainsi si vous faites une recherche intérieure et si vous plongez profondément en vous-même, alors, vous arrivez à un niveau de conscience ultime. Je n’emploie pas le mot énergie, mais le mot conscience, car c’est beaucoup plus subtil que l’énergie. Prenez n’importe quel objet, vous avez d’abord l’objet solide, puis vous pouvez le réduire en molécules, puis en atomes, puis en électrons, neutrons et protons, et puis vous allez encore plus loin et vous avez de l’énergie. Et même cette énergie est censée être plus subtile que toute énergie que nous puissions connaître et que certains savants ont appelée « véhicules », peut-être ondes. Et, au-delà de ça il y a l’état de conscience ultime qui est la perfection même, qui est pleine do béatitude et de paix.

Comme je vous l’ai dit, l’écran est nécessaire. Imaginez maintenant que dans ce film il y ait un incendie. Cela vous semble réel. Si vous voyez un homme brûlé vif vous êtes terrifiés. Mais l’écran lui, ne change pas, rien ne lui arrive. Ce n’était qu’un feu apparent, ce n’était pas un feu réel. Il peut y avoir une inondation dans le film, un homme peut être noyé, on peut en être bouleversé et pourtant, l’écran n’en est pas affecté, il n’est pas humide. Il ne se passe rien qui puisse affecter cet écran.

De même par l’effet de MAYA nous sommes témoins des manifestations de ce monde, mais ces manifestations n’affectent en rien la conscience

3) et 4) RADA-DVESHA ou ATTRACTION ET REPULSION

Chaque tourbillon est attiré par certaines choses et, au contraire a de l’aversion pour d’autres. Lorsque deux tourbillons se rencontrent et qu’il y a une affinité dans leurs vibrations, il y a attraction. Dans le sens inverse il y a répulsion. L’ego essaye d’attirer et de posséder tout ce qu’il aime et, au contraire, essaye de fuir tout ce qu’il n’aime pas. Ce faisant le tourbillon devient de plus en plus fort et l’ego de plus en plus compact. Plus le tourbillon devient fort et l’ego compact, moins la conscience de l’Absolu peut être réalisée. Donc l’homme le plus égoïste est celui qui a le moins conscience de sa nature essentielle. En occident, on pense qu’il faut développer son ego, mais c’est une erreur grossière. En fait l’ego est un obstacle à la prise de conscience de sa nature primordiale qui seule peut nous donner le bonheur.

Dans le processus spirituel on essaye de rendre l’ego de plus en plus tenu, jusqu’au moment où il disparaît complètement. Finalement on arrive à un état de « Je suis » où il n’y a plus ni attraction, ni répulsion.

Imaginez par exemple que plusieurs personnes désirent le même objet pour leur satisfaction personnelle. Les différents egos se heurtent, engendrant un esprit de compétition, chacun voulant avoir la même chose et, si vous voyez que quelqu’un d’autre que vous réussit à l’avoir, vous éprouverez à ce moment là de la jalousie à son égard et des oscillations de plus en plus fortes du mental se produiront. Cela signifie que la prise de conscience de la conscience absolue diminue encore et comme il ne faut pas oublier que le pouvoir de discrimination provient de cette conscience absolue, celui-ci va diminuer considérablement. Et alors on agit mal. Car, en effet, quand le mental est dans un état de confusion, les différents degrés d’actions mauvaises peuvent aller jusqu’au meurtre selon le degré des oscillations mentales atteint par vous et du fait de la diminution importante du pouvoir de discrimination.

5) ABHINI-DVESHA ou LE FAIT DE S’ACCROCHER A LA VIE

On peut être dans l’état le plus misérable qui soit et cependant continuer à avoir le désir de vivre. Vous pouvez objecter qu’il y a des gens qui n’ayant plus envie de vivre, se suicident. Mais cela ne se produit que dans des états de dérangement mental. En général, ceux qui, de sang froid parlent de se suicider, ne le font pas. Car personne ne se suicide s’il n’est pas dans un état d’émotion intense ou de dépression profonde. Comment se fait-il qu’il en soit ainsi ?

Il y a un attachement à la vie à laquelle nous nous accrochons, parce que nous sommes éternels, parce que notre vie est éternelle. La naissance et la mort ne se produisent que pour le corps physique. Mais nous ignorons cette vérité, nous croyons que nous sommes morts quand ce corps physique meurt et nous ne voulons pas mourir.

Nous avons un corps physique, un corps subtil et un corps causal, et lorsque l’on meurt, le corps physique et le corps subtil se séparent, car le corps physique et le corps subtil sont réunis par un aspect du Prana universel. Dans la mort le Prana abandonne le corps physique et c’est celui-ci qui meurt. Ce n’est que le corps physique qui est abandonné, nous restons vivants, tels que nous sommes. Nous emportons avec nous toutes les empreintes mentales que nous avons formées pendant notre vie et ce sont ces empreintes mentales, selon leurs vibrations propres, qui attireront les cinq éléments pour former un nouveau corps physique approprié.

En effet, chaque action doit avoir une réaction. Ceux qui ont appris la physique savent que toute action à une réaction égale et opposée. Ceci est une loi. Par exemple, si vous prenez une balle et que vous la projetez contre un mur, vous n’avez fait que jeter une balle, mais la réaction se produit automatiquement, puisque la balle rebondit sur vous. De la même façon dans le domaine du mental, il y a actions et réactions. C’est ce qu’on appelle « la loi du karma ». Chacune de nos actions entraîne une réaction et tant que cela durera il y aura des réincarnations. Et c’est pourquoi il nous est demandé de ne pas être égoïstes, parce que toute action égoïste a sa réaction. La définition du Karma-Yoga, c’est accomplir des actions sans motivations égoïstes.

Pourquoi cette loi du karma existe-t-elle, pourquoi chaque action doit-elle avoir une réaction ? Parce que l’équilibre du Cosmos est maintenu quand il y a correspondance entre le négatif et le positif. Si cet équilibre se rompait, toute la création basculerait, parce que tout dans ce monde est composé d’éléments négatifs et positifs. Si les vibrations négatives l’emportent sur les vibrations positives, il y a rupture d’équilibre. Et chaque fois que les vibrations négatives sont plus nombreuses que les positives, il se passe quelque chose pour rétablir l’équilibre.

Étant donné le nombre d’actions que nous accomplissons, il est impossible d’avoir toutes les réactions à nos actions en une seule naissance. Et c’est pourquoi nous subissons beaucoup de réactions lors de vie futures. Sans cet ordonnancement il n’y aurait pas de justice, pas d’amour universel. Car s’il devait y avoir une justice parfaite et que nous ne croyions pas à cet ordonnancement, il ne devrait pas y avoir des riches et des pauvres, des gens avec des corps parfaits et d’autres qui sont estropiés, de gens en bonne santé et de gens malades.

Pourquoi tout cela se produit-il ? c’est selon les actions que vous avez accomplies et dont vous subissez les réactions. Par exemple s’il y a en ce monde des gens riches, cela veut dire que dans une vie précédente ils ont accompli beaucoup d’actions méritantes. Ils ont peut-être aidé beaucoup de gens pauvres, ils ont peut-être été très généreux, très charitables. Si bien qu’on ne peut pas envier quelqu’un, on ne peut pas penser qu’une situation est injuste, car chacun mérite ce qu’il a. Lorsque dans le corps subtil les vibrations sont très mauvaises après la mort, vous avez un corps estropié dans la vie suivante. Donc tous les enfants infirmes n’ont rien fait de nuisible dans cette vie-là, mais subissent les réactions d’actions faites dans une vie passée.

Certains d’entre vous doivent se dire que je vous raconte des théories indiennes. Comment peut-on croire à ces choses-là ? Beaucoup de recherches sont faites en ce moment à ce sujet et peu à peu on tend à démontrer cette théorie. Il y a aussi des preuves tout à fait positives de la réincarnation. Ainsi ceux qui progressent dans leur vie spirituelle, quand ils sont en méditation profonde, peuvent prendre conscience de leur vie précédente. Cela peut être vérifié, car parfois on renaît très vite et les gens qui vous ont connu dans votre vie précédente peuvent encore être en vie. En général, il s’écoule deux cents à quatre cents ans avant une renaissance, mais si vous éprouvez un attachement intense pour quelque chose ou pour quelqu’un dans cette vie-ci et que la mort vous arrache brusquement à cela, vous pouvez renaître très rapidement. Ce sont ces gens-là qui peuvent se rappeler leur vie précédente, souvent quand ils sont enfants.

Question : Comment expliquez-vous la surpopulation actuelle ?

Réponse : Nous ne naissons pas nécessairement sur ce plan de conscience terrestre. Il y a six plans de conscience plus subtils que le plan terrestre. Mais pour renaître sur ceux-ci vous devez avoir progressé sur la voie spirituelle. Malheureusement, maintenant, il y a peu de gens qui sont sur une voie spirituelle. Les gens sont devenus si matériels et si sensuels qu’il y a peu de chance qu’ils renaissent ailleurs que sur cette terre. Donc il y a accroissement de population sur terre et moins de population sur les autres plans.

Question : Que pensez-vous du suicide ?

Réponse : Les suicidés entrent dans un état de conscience très pénible. Ils sont ni sur le plan terrestre, ni sur le plan astral, ils sont entre les deux. C’est pourquoi quand quelqu’un meurt de cette façon nous avons des mantras spéciaux pour les aider à aller dans le plan astral. On dit chez vous aussi, dans vos traditions, que ce sont ces gens-là qui apparaissent comme fantômes, ils sont très agités, ils errent sans but, ils ne sont pas fixés. Vous devriez lire « Il y a de nombreuses demeures ». Cela a été écrit par un occidental. Alors peut-être y croirez-vous ! Il y a aussi « La Vie après la Vie » du Dr Moody, et « De naissances en naissances » de Denise Desjardin.

Question Le suicide est-il un acte de lâcheté ?

Réponse : Non, c’est un acte de déséquilibre. On ne sait plus ce qu’on fait quand on se suicide, on est sous l’emprise d’émotions très violentes, on perd complètement son équilibre, on ne peut pas supporter les souffrances qu’on endure et on croît que c’est là la solution. Mais ce n’est pas la solution, car vous avez beau rejeter votre corps physique, la souffrance persiste, elle vous suit. Quand vous avez votre corps physique, vous pouvez parler à d’autres et trouver une consolation. Tandis qu’avec le corps astral vous ne pouvez pas parler et vous êtes complètement suffoqué par la douleur. C’est certainement un état terrible. On peut communiquer de corps astral à corps astral, mais les suicidés ne sont pas dans un état normal, étant entre deux plans. C’est très rare qu’il y ait communication avec d’autres sur le plan astral, surtout avec les suicidés qui sont entre deux plans. C’est donc encore plus difficile.

Question : Peut-on faire quelque chose pour eux ?

Réponse : On peut prier pour eux, réciter certains mantras.

Question : Quand les suicidés renaissent, sont-ils soumis à des expériences particulièrement douloureuses ?

Réponse : Leur renaissance sera vraisemblablement assez malheureuse. Et dans leur vie suivante ils peuvent avoir des tendances suicidaires. Donc il faut les aider par la prière et les mantras. Vous connaissez certainement des gens qui ont ces tendances suicidaires sans raison apparente.

Question : Parlez-nous du karma collectif.

Réponse : Si un certain nombre de gens ont un karma similaire il y a une affinité qui les rassemble dans une naissance suivante et ils subissent le même destin. Dans un accident d’avion tous les passagers ont fait dans une vie précédente des karma similaires. Il en est de même pour les tremblements de terre. C’est ce qu’on appelle « un karma collectif ». Il y a aussi le « karma mutuel ». Par exemple une mère qui a un enfant anormal. Le karma de l’enfant est aussi celui de la mère. C’est-à-dire que tous les deux souffrent.

Mais revenons à notre sujet.

Comment se fait-il que nous soyons si attachés à la vie ? Nous avons peur de la mort, parce que nous pensons qu’en abandonnant notre corps physique nous finissons nous-mêmes. En chacun de nous il y a cette conscience d’existence absolue, nous existons à jamais. Mais nous ne savons pas comment atteindre cet état, comment avoir cette conscience de ce qui existe à jamais et c’est cette ignorance là qui nous pousse à lutter pour conserver ce corps physique. Nous nous identifions à ce corps physique et nous sommes ignorants des autres états. Mais ceux qui ont réalisé cette vérité des différents états, par exemple les Saints et les Sages, au moment de leur mort ils n’ont aucune peur, aucune crainte quelle qu’elle soit. Ils savent que la mort ne concerne que le corps physique et chez nous il y a des gens qui, lorsqu’ils sentent qu’ils vont mourir, demandent qu’on les assoit les jambes croisées, parce que cela les aide à conserver toute l’énergie en eux. Si vous arrivez à faire remonter toute cette énergie, tout le Prana jusqu’au Sahashrara (Le Sahashrâra ne compte pas au nombre des çakra étant au-delà du domaine de la manifestation. TARA MICHAEL, Clefs pour le Yoga), leur âme s’échappe par le Sahashrara sans aucune souffrance et très facilement J’ai vu quelqu’un faire cela.

Question : Finalement vous prêchez la résignation.

Réponse : Non, bien que nous devions passer par toutes les réactions à nos actions. Il y a trois types de karma : 1) le karma accumulé, c’est-à-dire le karma de cette vie et de bien d’autres vies antérieures qui s’est accumulé. Non pas accumulé quelque part, mais accumulé dans l’inconscient. Le Sanshitta karma. Ce sont des empreintes accumulées dans notre inconscient. 2) Les karma qui ont commencé à germer, nous les appelons les Parabdha karma. 3) Celui qu’on est entrain de créer et d’accumuler, nous l’appelons Agama karma. Ce que nous pouvons faire, c’est d’éviter d’accumuler des karmas dans cette vie ci, donc éviter les mauvaises actions. Par la méditation nous pouvons épuiser les karmas accumulés, mais ce qui a commencé à germer, le Prarabdha karma, on ne peut pas le changer. C’est pourquoi on voit de par le monde des gens justes qui souffrent terriblement et, au contraire des gens très méchants qui jouissent de la vie de toutes les façons. Néanmoins là aussi nous ne sommes pas tout à fait impuissants. Nous n’avons pas seulement à nous résigner, car actions et réactions ont lieu au niveau conscient, terrestre de ce monde physique et par la méditation nous avons la capacité d’élever notre conscience à un niveau supérieur, plus subtil et ainsi ne pas sentir tout l’impact du karma.

Car, ce qui nous touche en fait, ce n’est pas une action donnée, mais l’impact de sa réaction sur nous.

Par exemple, si je veux faire une entaille avec un couteau dans une partie quelconque de votre corps, vous vous enfuirez parce que vous aurez peur de la souffrances. Par contre vous vous abandonnez volontiers au scalpel d’un chirurgien, car vous savez très bien que le chirurgien va vous faire une anesthésie et que vous ne souffrirez pas. Ce n’est donc pas la coupure elle-même qui vous ennuie, mais la souffrance produite par cette entaille. Par conséquent, ce n’est pas la réaction elle-même qui compte, qui est importante, mais c’est l’impact de la souffrance. Or nous pouvons surmonter cet impact en essayant de transcender la réaction. Et c’est pourquoi la méditation est ce qu’il y a de plus important. Si vous méditez régulièrement, le jour où on viendra vous couper avec un grand couteau, vous ne sentirez rien du tout !

Vous avez entendu parler du grand Saint Maharshi. Il avait un cancer à l’épaule et les chirurgiens ont voulu l’opérer et l’anesthésier. Il a refusé. Les chirurgiens ont dit : « Mais cela va être une souffrance absolument insupportable, parce qu’il faut creuser très profondément » — « Et bien, si je souffre trop, je vous le dirai et alors vous m’anesthésierez ». Et il s’est soumis à l’opération sans aucune anesthésie.

Si quelqu’un vient vous agresser c’est que les karmas dans une vie antérieure étaient mauvais, sinon cela ne vous arriverait pas. Mais si vous avez médité suffisamment, la peine sera tellement instantanée, que vous mourrez sans avoir rien senti. Pour les gens qui pratiquent la méditation, cela n’a aucune importance de mourir comme cela. Gandhi a  été tué d’un coup de feu à bout portant et tout ce qu’il a fait, c’est de prononcer le nom de Dieu, il n’a pas eu peur, il n’a pas souffert.

Question : Gabriel (Monod-Herzen) nous disait un jour que la méditation n’était pas du tout faite pour les gens instables. Que pensez-vous des maladies mentales et de tout ce qui s’en suit du point de vue spirituel ?

Réponse : Je pense qu’il a voulu dire que les gens dérangés mentalement ont beaucoup de mal à méditer. Donc il faut d’abord régler leurs problèmes psychiques.

Question : Mais entre le moment où l’on a diagnostiqué une névrose et le moment où on la vit, il y a une inconscience qui fait que l’on ignore que l’on peut être névrosé, une banalisation de la névrose qui est très difficile même à saisir et, à ce moment, on peut s’engager dans la voie du yoga et se fourvoyer.

Réponse : Un dérangement mental est différent d’une simple névrose. Un mental sans cesse soumis à des vibrations ne peut pas entrer en méditation, mais le yoga peut aider à calmer le mental, donc la névrose. Nous demandons à ces gens de faire des asanas, des respirations alternées et nous leur faisons réciter des mantras pour calmer leur mental.

Question : J’ai rencontré une personne qui ne veut plus entendre parler de méditation et de yoga, car elle dit avoir eu une méditation instantanée qui lui a fait très peur et l’a conduite à la dépression.

Réponse : Si elle a eu des troubles psychiques cela n’a pas dû être une méditation. Elle a dû se concentrer intensément sur quelque chose et il y a eu un état d’activation de certains cakra ou quelque chose de ce genre. La véritable méditation est quelque chose de si beau, si calme que cela ne peut pas faire peur à qui que ce soit.

Question : Peut-il y avoir une double réincarnation dans ce sens que quelqu’un qui meurt se réincarne dans un être déjà réincarné ?

Réponse : Non, cela n’est pas de la réincarnation, c’est de la possession. La possession n’a lieu que par des entités mauvaises et jamais par de bonnes entités. Pendant un certain temps ces entités annihilent notre personnalité et prennent possession de notre corps. Car les êtres de l’astral peuvent passer par n’importe quel mur. Ce n’est donc pas difficile de passer à travers notre corps physique. Mais cela n’est arrivé qu’à des gens faibles. Il faut avoir la force de leur résister. C’est pourquoi là aussi la méditation est si importante.

Par exemple un ivrogne meurt. Son mental existe toujours et a envie de boire. Mais comme il n’a plus de corps physique pour pouvoir boire, il essayera de prendre possession du corps d’un être faible et, à travers ce corps, il pourra satisfaire son envie. Dans de tels cas, la personnalité de la personne possédée est complètement supprimée et elle se met à agir et à penser selon la personnalité du mort.

Question : Je voudrais revenir sur la question, si une personne a de gros problèmes, qu’elle est agitée et troublée, que peut-on faire pour qu’elle soit capable de méditer ?

Réponse : Si vous avez un problème qui vous obsède et vous empêche de méditer, la seule chose à faire c’est de prendre conscience des pensées qui traversent votre esprit. Car si on essaye de les supprimer ou de refouler nos problèmes dans le subconscient, cela créera de nouvelles empreintes. Laissez donc le mental agir normalement et ne pas attacher de l’importance à toutes ces pensées qui traversent votre esprit. C’est très subtil de ne pas les laisser aller. C’est d’ailleurs un très bon exercice. Il faut être vigilant et prendre conscience de toutes les pensées qui se présentent les unes après les autres. On s’aperçoit alors que le mental se calme automatiquement. On ne peut pas fuir devant l’ennemi, il faut lui faire face et vous verrez que petit à petit le mental se calmera.

Question : Trouve-t-on des solutions aux problèmes quand le mental se calme ?

Réponse : Lorsqu’on a des problèmes de ce genre, cela prouve que le mental est dans un état de confusion. Si le mental se calme, la solution se trouve. Mais il faut bien comprendre que la solution n’est pas celle de pouvoir agir selon ses désirs. Car lorsque le mental se calme vous vous apercevrez probablement que l’objet de votre tourment n’était pas si important que cela. Et graduellement vous vous apercevrez qu’il faut plonger au plus profond de vous-même et non s’agiter pour obtenir telle ou telle chose. Et automatiquement ce sera comme si vous aviez trouvé une solution. Pourquoi voulez-vous avoir une solution ? Parce que vous désirez avoir la paix. Si vous trouvez la paix en dehors de l’objet pour lequel vous demandez une solution, vous n’aurez plus besoin d’autre chose.

(A suivre)

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