(Revue Spiritualité. Numéros 43-44-45, Juin-Juillet-Août 1948)
Si, à d’innombrables égards, nous avons à nous plaindre de l’époque où nous sommes, par contre jamais encore peut-être dans l’histoire du monde, autant de possibilités créatrices ne se sont offertes à chacun.
Aussi, loin de nous désespérer au milieu de la confusion qui règne dans tous les secteurs de l’activité humaine, comprenons plutôt que toutes les grandes étapes que l’humanité a franchies se sont accompagnées de remous semblables; et si les perturbations auxquelles nous sommes en proie semblent cette fois mortellement menaçantes, c’est que l’évolution qui cherche à s’accomplir s’annonce d’une importance aussi formidable que celle qui élabora l’individu à partir de l’anthropoïde dont il est issu.
Car c’est bien à un nouveau règne que l’homme est appelé : il s’agit du règne de l’humain véritable.
Ce qui caractérise l’étape nouvelle qu’il est invité à franchir, c’est que, pour la toute première fois dans son histoire, l’homme se trouve être à la fois le théâtre et l’acteur conscient de cette évolution.
Aussi malgré l’insécurité, les destructions, l’injustice et le matérialisme, notre époque est une grande époque, et il est bien possible que d’ici quelques lustres nos descendants envieront la bonne fortune que nous avons eue d’avoir vécu en ce temps où il suffit d’avoir du cœur et d’être lucide pour devenir un pionnier et jeter les bases d’un monde neuf.
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Plus que jamais nous sentons que c’est trop peu de vivre pour soi seul. Une vie qui ne dépasse pas le cadre de la personne manque d’intérêt et de raison d’être.
L’altruisme n’est pas une chose neuve. Il s’en faut.
Jusqu’ici, cependant, il s’était présenté comme une sorte de produit de luxe fleurissant en cas isolés. Tandis qu’à l’heure actuelle, il apparait comme la seule issue offrant à l’espèce une chance de se survivre.
Une sorte d’implacable fatalité nous y accule. Il faut que les hommes changent ou périssent. Dès qu’on se dégage du souci particulier de ce qui nous concerne directement pour méditer sur l’enchaînement des causes et des effets, on reste confondu devant l’intelligence qui se discerne dans la direction des événements.
Par le même procédé qu’elle a employé depuis le fond des âges pour modeler tout ce qui a nom et forme, la VIE Créatrice pose en ce moment les jalons de sa nouvelle expression. L’homme a été le couronnement de son édifice. Mais le dynamisme tout puissant de la vie ne s’arrête jamais. En l’homme, l’énergie est devenue soi-consciente. Peu à peu s’est élaboré chez les individus les plus mûrs, le psychisme qui servira de champ à l’éclosion de leur nouvelle dimension : celle que le professeur Viscardini appelle la 6e ou dimension spirituelle.
Cette dimension spirituelle est le sceau de la position la plus avancée de l’évolution créatrice. Elle porte l’attention, non sur des propriétés d’espace, de temps, de force ou de mouvement, mais sur la qualité de la substance. Son exercice nous mène de la périphérie vers le centre, éveillant en l’homme un sens nouveau, qu’on a appelé très justement le sens du divin.
En effet, c’est à partir d’alors que commence à s’opérer le miracle, s’il est permis d’appeler ainsi l’enchaînement magique de cause à effet qui préside à la transformation de l’individuel en universel.
L’être qui s’est absorbé en lui-même trouve au fond de lui l’énergie indivisée qui l’anime et anime toutes choses.
Sa rencontre avec l’unité, qui s’accompagne d’une indicible joie, marque dans l’état actuel du monde l’accomplissement de sa destinée.
Le mobile de ses actes se transporte de l’égoïsme à l’altruisme car l’instrument cesse de se prendre pour l’acteur et comprend que ce qui agit en lui est l’énergie universelle.
C’est à cette transformation formidable que l’espèce humaine est en ce moment livrée. L’évolution est à l’œuvre et l’homme est son champ d’action.
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Sommes-nous libres ? Je crois que nous ne le sommes que dans la mesure où nous nous détachons de nous-mêmes, c’est-à-dire, en proportion directe de notre évolution psychologique.
Nous nous rendons libre à mesure que nous nous affranchissons de l’égoïsme. Du déterminisme à la liberté, il y a toute une gradation d’états rigoureusement conditionnés par la qualité de notre niveau de conscience.
La nature humaine étant éminemment complexe, un être humain peut même être très déterminé en un certain domaine et libre dans un autre. Nous pouvons être libres dans le secteur de nos intérêts et terriblement déterminés dans le secteur affectif ou inversement.
Pourtant, d’une manière générale un être mûrit progressivement mais totalement, c’est-à-dire que sa maturité se traduit dans toutes ses manifestations à la fois.
Le déterminisme reste notre lot, aussi longtemps que nous restons en dessous de notre réelle dignité humaine, ou en d’autres termes, aussi longtemps que nous restons la proie de nos réactions.
Le comportement d’une plante, qui est de la matière vivante portant en elle l’embryon de tout ce qui se développera si magistralement dans le règne animal, est entièrement déterminé.
Les conditions ambiantes de lumière, de chaleur, d’humidité présideront souverainement à sa destinée, sans qu’aucune possibilité ne lui soit donnée de s’y soustraire.
Les positions de la lune et du soleil ont sur le règne végétal une influence certaine et incontestée. Le mécanisme de cette influence reste en grande partie encore mystérieux; elle doit se transmettre par un mode de pénétration très subtil. Chaque année, le travail qui se manifeste dans le vin à la saison où la vigne fleurit a toujours été pour moi un sujet d’émerveillement. Dans sa prison de verre, au fond des caves obscures et verrouillées, qu’est-ce qui averti le vin de la ronde des saisons ? A coup sûr, le même ébranlement profond par lequel les influences astrologiques se communiquent à la matière vivante.
Nous ne saurions aborder la question du déterminisme et de la liberté sans effleurer le problème de l’astrologie qui semble être un témoin si redoutable à charge de la liberté.
La carte du ciel à la naissance enferme-t-elle en son graphique les limites rigoureuses qui borneront toutes les possibilités d’un être ?
Et d’abord, qu’est-ce qu’un être ? C’est un assemblage inextricablement complexe de causes et d’effets qu’il est difficile de définir, mais dont on peut affirmer avec certitude qu’il n’est pas une création « ex-nihilo » mais la continuation d’une foule d’actions et de circonstances antérieures.
Je crois qu’un être neuf ne voit le jour qu’au moment où les circonstances de milieu et de devenir sont synchrones avec la nature des caractères précédemment accumulés.
Un thème de naissance n’est donc pas un effet du hasard, mais la projection vers l’avenir d’un ensemble de caractères acquis.
Il définit la personnalité du sujet à la manière dont l’écartement des mailles d’un tamis détermine le calibre de la matière tamisée.
Les configurations des planètes entre elles et les aspects qu’elles formeront avec leurs positions initiales, marqueront dans chaque vie individuelle des périodes de tension auxquelles il ne nous est pas possible de nous soustraire parce qu’elles traduisent les zones de désharmonie inévitables entre nous et le milieu ambiant.
Mais que sommes-nous ? Sinon qu’un paquet d’habitudes cristallisées opposant une résistance au dynamisme créateur.
Un geste ou une manière d’être qui se répète sous forme d’habitude est comme un sédiment qui se dépose dans une canalisation, et qui, à force de s’accumuler, finit par compromettre la libre circulation du produit auquel la canalisation emprunte sa raison d’être, jusqu’à entraver complètement le flux auquel elle doit livrer passage pour remplir sa mission.
Ainsi, en est-il de nous. L’éducation par laquelle on s’applique à donner aux jeunes enfants de bonnes habitudes vise surtout à créer chez eux des automatismes destinés à contrer leurs mauvaises tendances.
Il est important que l’enfant prenne le plus tôt possible des habitudes d’ordre, de propreté, de courage ou de franchise.
Mais, ce qui est bienfaisant quand l’être est jeune, donc extrêmement malléable et mobile, devient redoutable quand son rythme physiologique se ralentit. « Ce qui était une aide devient une entrave. »
Cet adage, cher à Shri Aurobindo, se vérifie au cours du développement de tout organisme vivant. Le lien qui a soutenu le jeune arbre contre son tuteur devient un garrot qui l’étrangle quand le tronc se fortifie.
De même, au fur et à mesure qu’un être s’affirme et mûrit, tout ce qui renforce sa cristallisation lui devient pernicieux et diminue le champ de sa liberté.
Car, en réalité, déterminisme et liberté se situent sur deux plans différents et c’est par erreur que nous les opposons l’un à l’autre. Ils ne s’opposent pas, mais se succèdent, car ce sont les attributs de deux modes différents de l’être.
Pour répondre à la question « Sommes-nous libres ? », il est donc indispensable d’être renseigné sur la qualité du ou des sujets qui se posent cette question. Tant que ce « nous » désigne des êtres circonscrits dans les limites de leur personne, des êtres qui ne sont que des associations d’habitudes ancestralement accumulées, alors sans nul doute, ils sont déterminés.
Car la « VIE » seule est libre, souverainement libre et créatrice.
Chacun d’entre nous n’est donc libre que dans la mesure où il n’oppose pas de résistance à l’épanouissement en lui de la VIE, impersonnelle et cosmique.
Si jadis le problème de la liberté ne nous apparaissait pas sous cet angle, c’est que l’humanité se trouvait jusqu’ici, uniquement engagée dans le stade du développement et de l’affirmation de l’ego. Dès lors, « être libre » signifiait pour chacun, pouvoir faire ce que bon lui semblait.
Les conditions générales d’organisation sociale et de peuplement permettaient à cette manière de voir de se justifier dans la pratique.
Mais à présent, ces conditions ont tellement changé que ce sont elles qui nous forcent à modifier notre appréciation de la liberté. Les conditions de peuplement, la technique, l’industrialisation, l’étroite interdépendance où nous sommes tenus bon gré, mal gré, nous mettent dans l’impossibilité d’agir à notre fantaisie sans être immédiatement entravé, réprimé, bousculé par la fantaisie du voisin qui s’oppose à la nôtre.
C’est de cette façon que la VIE nous met, par la force des choses, devant les leçons qu’elle veut nous apprendre. A notre époque, cette leçon est claire. Elle nous oblige à discerner que le bonheur et la liberté consistent non à faire ce que « nous » voulons, mais ce que veut la VIE impersonnelle et cosmique.
Il nous apparaît de plus en plus clairement que la libération signifie, contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer à priori, non se libérer des limitations qui nous sont imposées de l’extérieur, mais d’abord, se libérer de soi-même, intérieurement. Car l’entrave à l’évolution, l’entrave à notre épanouissement, l’entrave à notre paix et à celle du monde : c’est l’EGOISME.
C’est l’égoïsme qui est actuellement l’obstacle au bonheur des peuples et des individus.
Et pourtant l’égoïsme, disons plutôt l’égocentrisme, fût un stade nécessaire à l’évolution de l’espèce toute entière au même titre qu’elle se présente comme un moment nécessaire dans le développement naturel d’un individu. Car ce serait se livrer à une expérience stérile que de souhaiter le dépassement d’un Stade avant d’y avoir d’abord pleinement passé. Aussi ce n’est pas en se préservant ou en se refusant à l’épreuve que l’on gagne ses grades dans l’échelle des valeurs humaines, mais en se livrant au feu de l’Amour et de l’Action. Etre encore centré sur son égo n’est pas un mal en soi, mais une étape à laquelle il importe de ne pas s’arrêter si nous voulons réaliser pleinement notre destinée. Le bouton, la fleur, le fruit, la graine sont les manifestations diverses d’une même sève qui garde intacte en elle les pulsations de la vie unique.
De même, en nous il importe de veiller avec attention à ne pas arrêter le flux de la vie qui nous invite à nous dépasser. Non pour des raisons sentimentales ou moralisatrices. La vie n’est jamais sentimentale, ni même hélas miséricordieuse : elle est pareille à un torrent impétueux qui brise sans merci tout ce qui lui fait obstacle. Aussi dans les tribulations si souvent tragiques et même sanglantes auxquelles nous sommes soumis, il semble qu’on peut discerner le signe de l’obstruction qu’elle oppose aux voies où le monde se trouve engagé. Ces voies ne laissent en effet, ouverte sur l’avenir, qu’une seule possibilité : celle qui force l’homme à changer et à transcender sa nature végétative et animale. Car sur toutes les autres voies pèse la menace de la guerre, qui équivaut à une menace de mort générale depuis que nous sommes entrés dans l’ère atomique.
A défaut de sagesse, c’est par des moyens de force majeure que la Vie conduit ceux qui ne veulent pas comprendre.
Au niveau de l’État on commence à comprendre que c’est le principe de la souveraineté nationale qui compromet la paix générale, et, peu à peu, les Etats s’orientent vers des formules fédératives qui finiront par triompher des sujets de conflits.
Au niveau de l’individu les essais qui sont tentés dans des communautés spirituelles comme celles de l’Ashram de Shri Aurobindo aux Indes, et le mouvement du réarmement moral en Amérique et en Suisse, à Caux, sont extrêmement significatifs.
L’expérience réalisée par ces groupes hautement évolués qui se situent en proue du mouvement de progrès humain nous fournit un échantillon de ce que peut devenir la société quand les êtres qui la composent ont changé et ont transporté au delà d’eux-mêmes le mobile de leurs actions.
Ce n’est plus leur intérêt exclusif ou leurs préférences qui déterminent leur action, mais toute leur manière d’être est l’expression de cette volonté unique et transcendante qui assure l’épanouissement de chacun dans le cadre harmonieux de l’ensemble.
Entre l’homme changé dont la vie exprime les suggestions de sa conscience profonde — conscience cosmique et impersonnelle — appelée par les mystiques volonté divine — et l’homme ordinaire qui ne suit que les impératifs de son propre intérêt, il existe une gradation dans la conquête de la liberté qu’on pourrait comparer à celle qui existe entre la plante qui est rivée au sol par ses racines et l’oiseau qui s’ébat librement dans le ciel.
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Ce qui nous détermine, c’est l’ensemble de nos caractères accumulés. Car, en dépit de l’impermanence réelle de tous les agrégats qui forment un être vivant, cet assemblage complexe présente une unicité telle, qu’aucun être n’est semblable à un autre. Et malgré le renouvellement incessant de tous les éléments qui le constituent, tout au long de la trajectoire qu’il parcourt de sa naissance à sa mort, un être garde une allure, une manière, un rythme qui lui sont propres et qui font de lui un être unique, définissable par tout ce qui le particularise et forme sa personnalité.
Cette personnalité est inscrite dans le thème astrologique au moment de la naissance. Mais la naissance se présente plus sous l’aspect d’une continuation que d’un commencement.
La carte du ciel à l’instant de la naissance est comparable à une coupe opérée à un moment précis dans un déroulement ininterrompu de causes à effets. Cette coupe est une sorte de grille à travers laquelle on essaierait de regarder dans l’épaisseur du temps. Supposons par exemple, pour employer une image simpliste, que cette grille soit triangulaire, la destinée qui en découlera sera d’aspect triangulaire, de même manière qu’à travers une fenêtre triangulaire le paysage qu’on découvre est triangulaire.
Le thème de naissance nous permet donc de dresser un schéma approximatif assez juste de ce qui nous attend, si rien ne bouge, si rien ne vient rompre l’inertie du déroulement logique de cause et d’effet, aussi longtemps que n’intervient pas la réelle liberté.
Mais c’est ici que se situe la note sensible de la gamme sur laquelle se joue notre destinée.
Car si nous sommes déterminés par l’enchaînement rigoureux de toutes les causes qui nous ont produits, nous pouvons devenir libres par une sorte de rupture avec notre inertie, par une sorte de soudain éclatement hors de notre caractère, hors de nos habitudes, hors de nous-mêmes, hors du « moi », qui brise le contour de notre déterminisme dont notre carte du ciel est l’image.
Et c’est à partir de cette rupture seulement que commence le règne de l’humain véritable.
Cet éclatement se produit comme l’épilogue d’une maturation qui, au milieu des phénomènes cent fois vécus ou regardés machinalement nous fait subitement voit, comprendre, changer.
Aussi celui qui dit: « Je n’y peux rien, moi, je suis comme cela… » profère sans le savoir la plus lamentable abdication et prononce sa propre faillite. Nous y pouvons toujours quelque chose et c’est seulement dans l’action que nous entreprenons sur nous-mêmes que se manifeste le commencement de notre liberté.
Si, par exemple, la maladie d’un être cher nous plonge dans l’angoisse et que nous trouvons en nous l’énergie de nous débarrasser de la peur qui nous rend négatifs, pour n’entourer notre cher malade que de saines pensées d’amour, de sérénité et de paix, nous sentons que nous rompons violemment avec le processus des réactions naturelles, pour nous hisser à un mode impersonnel, uniquement occupé de l’autre, sans souci de nous.
Une fois cette nouvelle manière d’être établie, nous nous apercevons que nous sommes devenus à la fois plus efficaces et plus bienfaisants. Mais ceci vient par surcroît, sans qu’il faille le rechercher.
Le seul fait important consiste à rompre le rythme de la peur, ce qui intérieurement se fait par une espèce de bond, un arrachement hors de soi-même.
Quand nous nous trouvons avec des partenaires énervés, coléreux, qui distillent des ondes acérées et saisissent les moindres vétilles pour proférer des propos tranchants et presque toujours injustes, si nous restons sur le plan du déterminisme et que nous nous livrons à notre naturelle réaction, nous lancerons une riposte appropriée au diapason de l’atmosphère et rien ne pourra empêcher la bagarre d’éclater.
Tandis que si, éclairé par une compréhension plus vaste et un cœur plus généreux, nous nous soustrayons à notre propre réaction pour y substituer une manière d’être lucide, calme, réfléchie, nous sentons que nous avons rompu un rythme — celui de l’esclavage de nous-mêmes — pour nous hisser au plan de la Liberté et de l’action responsable, parce que c’est alors seulement que notre action n’est plus tributaire de notre humeur ni du milieu ambiant.
Ainsi notre accession à la liberté dépend d’une sorte d’initiation que nous nous conférons à nous-mêmes.
C’est le début de cette mutation qui est le plus difficile, car chaque liberté acquise nous offre à son tour la possibilité d’en atteindre plusieurs autres. Plus la liberté grandit, plus le champ se déblaie, jusqu’à arriver dans la parfaite libération à l’état sans effort dont nous parle Krishnamurti. Mais ne confondons pas la fin et les moyens: le progrès va du compliqué au simple, et si, dans la Liberté tout est simple et facile, dans le déterminisme qui la précède tout est ardu.
Car il faut un effort gigantesque pour entrouvrir le lourd portail qui nous retient prisonnier de notre caractère, de nos penchants, de nos routines.
Nous sentons notre matière elle-même aveuglément pétrie d’une foule d’habitudes ancestralement accumulées. Lutter contre cette masse inerte n’est pas une petite affaire.
Mais ce sont ces luttes et cet effort seulement, qui donnent un sens à notre destinée.
La VIE est belle et passionnante — dès qu’on réalise l’heureuse inspiration de se ranger à la 2e place pour ne s’intéresser en ordre principal qu’à SA direction et à SON jeu.
Dès que nous nous ouvrons à ELLE, elle s’empare de nous, et fuse, crée, jaillit, nous mêlant à son flux dans le débordement de joie de son impétueuse LIBERTÉ.
M. BANGERTER.