Marguerite Bangerter
Sur la sérénité

Être serein devient certes plus facile dans la deuxième moitié de l’âge pour de multiples raisons : Les grandes inquiétudes qui troublent, à juste titre, la jeunesse ont, en partie du moins, trouvé des solutions, les choix sont faits, les options prises. Tant s’en faut pourtant que cela nous mène à la sérénité. Il me semble qu’une des conditions nécessaires pour y arriver est de maintenir un contact et un parallélisme étroits entre la pensée et l’action.

(Revue Être Libre. Numéro 243, Avril-Juin 1970)

Être serein devient certes plus facile dans la deuxième moitié de l’âge pour de multiples raisons :
Les grandes inquiétudes qui troublent, à juste titre, la jeunesse ont, en partie du moins, trouvé des solutions, les choix sont faits, les options prises.

Tant s’en faut pourtant que cela nous mène à la sérénité.

Il me semble qu’une des conditions nécessaires pour y arriver est de maintenir un contact et un parallélisme étroits entre la pensée et l’action.

Dès que nous avons pris l’option qui donne un sens à notre vie, que nous nous sommes engagés dans une direction, il faut s’appliquer à ce que chacun de nos actes soit conforme à notre façon de concevoir les choses.

Nous devons être vrais, authentiques ; le mûrissement de notre intériorité doit se traduire par notre attitude et par nos gestes. Ils doivent être le juste reflet de notre pensée.

Sinon nous restons un être divisé, le temps qui passe n’arrive pas à tisser ce fil conducteur autour duquel les circonstances finissent par s’organiser d’elles-mêmes, si bien que, si nous tournons nos regards en arrière il semble que nous soyons véritablement conduits par un maître.

Ce Maître, à mon avis, se bâtit au fil des jours par l’enseignement que notre compréhension dégage des événements du quotidien, si minces soient-ils. Tantôt ce sera la leçon que nous retiendrons d’une maladresse qui entraîne après elle une suite de désagréments, tantôt ce sera la mauvaise humeur de l’Autre, qu’on arrive à désamorcer par une gentillesse, ou bien le passage d’un livre qui tombe sous nos yeux concrétisant un sentiment ou une intuition restés confus en nous, ou la rencontre d’un être qui nous apporte un enrichissement.

Si nous sommes attentifs et restons fidèles à la direction que nous nous sommes donnée, nous constatons avec surprise que le hasard n’existe pas. Comme un rais de lumière trouant l’ombre, c’est le sens de notre recherche qui nous mène là où nous trouverons quelque chose à puiser et le jeu des affinités favorise les rencontres qui nous seront bénéfiques.

Ainsi l’enchaînement des faits concours à bâtir notre unité intérieure qui est facteur de sérénité.

Ouvrir sa compréhension aux événements, c’est aussi et surtout ouvrir sa compréhension aux autres, savoir nous mettre à leur place pour discerner leurs mobiles et leurs réactions ; discipline salutaire qui exige de la bienveillance et, intérieurement, nous habitue à nous mettre à la deuxième place, la première étant toute encombrée par le solide « moi » égocentrique, dont l’importance nous isole de l’Essentiel. Car pour trouver la paix sereine et rayonnante il faut, inlassablement, creuser dans le sens de l’intériorité pour arriver à la jonction avec l’ETRE, qui est Amour, Conscience pure, en bref l’essence divine dont toutes choses et nous-mêmes sommes faits.

Dès lors, dans un élargissement prodigieux, nous nous sentons reliés, reliés au monde, aux autres, à l’Univers entier et nous devenons spontanément et réellement fraternels. Non d’une fraternité issue de notre raison ou de notre pensée, mais émanant de notre substance même, de l’Esprit et du cœur.

Dès lors la sérénité ne se cherche plus. Elle s’établit d’elle-même.

Marguerite BANGERTER.