Annik De Souzenelle
Les lettres hébraïques : des énergies vivantes 6

On a perdu conscience, en Occident, de la lettre en tant qu’énergie, les lettres sont mortes, dévitalisées. Quand nous parlons nous émettons des énergies dont les forces sont non seulement reçues par d’autres, mais qui sont des forces cosmiques créatrices en nous et dans le monde. Quoique les Hébreux aient oublié cette tradition, ce qui est le cas un peu partout, il nous est possible de communiquer avec elle en entrant dans le cœur de leur langue et de leurs lettres.

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Le titre est de 3e Millénaire

(Revue Panharmonie. No 180. Janvier 1980)

Compte rendu de la rencontre du 11.10.1979

On a perdu conscience, en Occident, de la lettre en tant qu’énergie, les lettres sont mortes, dévitalisées. Annick de Souzenelle, en donnant un enseignement sur les lettres hébraïques, a l’impression de contribuer à la revitalisation de la langue et à redonner leur force aux lettres qui sont des énergies vivantes. Quand nous parlons nous émettons des énergies dont les forces sont non seulement reçues par d’autres, mais qui sont des forces cosmiques créatrices en nous et dans le monde. Quoique les Hébreux aient oublié cette tradition, ce qui est le cas un peu partout, il nous est possible de communiquer avec elle en entrant dans le cœur de leur langue et de leurs lettres.

NAGOD signifie communiquer. Ce mot est composé de Noun et de Dag. Or Dag retourné donne Gad, le poisson. Nous sommes donc là en présence de deux poissons. La vraie communication se fait de poisson à poisson, dans le silence et dans les profondeurs où nous pouvons atteindre l’autre dans sa propre profondeur.

Le travail que nous faisons ici, dit Annick de Souzenelle, n’a rien d’un travail intellectuel, même si notre communication passe par des mots, car ces mots sont pleins de vie, ils nous forgent et nous sculptent.

Lorsque Dieu parle sur le Mont Sinaï, il est dit que les Hébreux voyaient la voix divine. C’est-à-dire que cette voix divine sculptait l’air comme elle sculptait leur chair. C’est le Verbe divin qui nous crée à chaque instant dans ce son primordial que nous sommes et qui fait vibrer tout notre être psychique et tout notre être spirituel, et qui vibre dans le monde. Et c’est pour cela que nous sommes co-créateurs. Nous continuons à tailler, à ciseler le monde comme le dit le Sepher Yetzirah lorsqu’il parle des lettres qui sont taillées, ciselées, qui sont de véritables objets d’orfèvrerie. Cet objet de beauté vers lequel nous essayons d’aller, c’est toute la description de la Jérusalem céleste chez les judéo-chrétiens. C’est ce joyau que nous avons à élaborer à l’intérieur de nous, cette ville sainte que nous avons à construire et par laquelle nous ferons le monde.

Annick de Souzenelle résume ensuite l’enseignement qu’elle nous a donné depuis octobre 1978 sur les Lettres hébraïques et qui sont résumées dans les précédents comptes-rendus. Néanmoins, nous extrayons quelques passages de ce que nous a rappelé notre animatrice afin, pour les nouveaux venus, de donner les noms, valeurs et symboles des lettres déjà étudiées.

ALEPH : la tête cornue, les cornes qui sont les antennes par lesquelles nous recevons l’information. Cela explique qu’Aleph est aussi le chef, quel qu’il soit, l’époux, le prince, etc. Bien qu’elle soit la première lettre, on peut dire qu’elle se situe presque en dehors de l’alphabet, car elle est la charnière entre le créé et l’incréé. Elle est l’alpha et l’oméga. Sa valeur est l’unité, c’est-à-dire qu’on peut la comparer à un point qu’on est obligé de poser sans pouvoir le démontrer.

BEITH : valeur 2. Elle est en somme la première lettre de l’alphabet. C’est la maison, la réceptivité, c’est chacun de nous, c’est toute la création. Beith, par son altérité, nous indique que la Création est fondée sur le nombre 2. Nous sommes structurés dans la dualité qui n’a qu’un seul but : recouvrir l’unité d’Aleph.

GUIMEL : valeur 3. C’est le chameau. On peut dire que la distance qu’il y a entre Beith et Aleph est un désert. Nous sommes dans des jardins qui sont des déserts. Que sont ces jardins ? Ce sont tous les moments délicieux que nous vivons dans nos rapports humains. Mais ils sont artificiels par rapport au jardin dont ils sont le reflet, ils sont déserts. Pour ne pas être stoppés dans notre évolution, ils devront représenter des marchepieds que nous aurons à quitter afin de monter vers l’ultime jardin. Ce chameau va nous révéler la force que nous avons en nous pour appréhender cette marche, parce qu’il est tout à fait capable de traverser le désert sans aller chercher de l’eau à l’extérieur. Il porte son eau en lui.

DALETH : valeur 4, la Porte. C’est la limite, c’est l’épreuve, mais aussi l’invitation à passer cette porte, c’est-à-dire à passer d’un plan de conscience à un autre plan de conscience. Le Guimel (3) étant le mouvement, le Daleth (4) est la porte construite à l’aide de deux chambranles et qui est structurée. Il y a donc un juste rapport entre le 3 et le 4, le mouvement et la structure, l’un ne pouvant se passer de l’autre, ils sont inséparables.

HE : valeur 5, le souffle. C’est le souffle créateur, c’est la vie, c’est aussi le germe. Chaque être se définit selon la qualité de son souffle et du souffle qu’il reçoit. Il lui donne sa spécificité.

VAV : valeur 6, le crochet. C’est ce qui relie. Quand le Vav est seul, il est la conjonction « et ». Si Dieu créa l’homme le sixième jour, celui-ci arrivant à la fin de la Création, la récapitule en quelque sorte et représente la conjonction entre le créé et l’incréé. Il est la colonne vertébrale cosmique du monde. A partir de maintenant l’homme est appelé à passer au 7, 8 et 9 pour mettre au monde le Yod qui est le 10.

ZAIN : valeur 7, c’est une arme. Le 7 est un achèvement, puisque Dieu contempla son Œuvre le septième jour. Mais qui dit perfection, dit mort, car la perfection est l’immobilité. Elle demande à être rompue pour pouvoir passer à un autre plan, à une perfection supérieure, si l’on peut dire. Le Zain est la flèche qui traverse la tunique de peau pour amener l’homme à recouvrer enfin sa nature première.

HEITH : valeur 8, la barrière. Ce sera encore une épreuve. Sortant d’un champ magnétique, énergétique, l’homme va se trouver devant un autre champ. Aura-t-il acquis les structures lui permettant de l’appréhender ? Ce nouveau « gardien du seuil » va l’obliger à chercher en lui les énergies nécessaires qui lui permettront de franchir cette barrière.

TEITH : valeur 9. C’est un nouvel achèvement, celui du Zain ayant été provisoire. Le Teith indique que tous les échelons de l’échelle de Jacob ont été montés. La fiancée a revêtu sa robe, elle est prête à recevoir l’époux. Teith est le bouclier qui prolonge l’épée, l’épée qui est le Yod, les Chérubins qui gardent l’entrée du Jardin d’Eden avec leur épée flamboyante. L’homme doit rentrer dans cet Eden, il doit se mesurer avec cette épée et devenir le Yod-Hé-Vov-Hé que nous vivons avec le nombre 10, c’est-à-dire avec le retour à l’unité qui est YOD, valeur 10.

CAPH : valeur 20 fait écho au Beith (2) étant aussi un contenant. La lettre Caph est comme un chakra, c’est un contenant d’énergie qui va peu à peu s’ouvrir.

LAMED : valeur 30, l’aiguillon. C’est l’instrument avec lequel le bouvier divin va conduire l’animal cornu que nous sommes, l’animal autant qu’il ait ses antennes dressées vers le Ciel dont il reçoit l’information. Non pas une information venue de l’extérieur, mais une information venant de l’intérieur.

MEM : valeur 40, la matrice qui est en même temps un arrêt, une porte, les eaux matricielles (Maim). Ce sont des eaux d’où l’homme doit sortir pour renaître comme Noé, afin d’entrer dans de nouvelles matrices successives.

NOUN : valeur 50, c’est le Poisson, le germe qui contient toute la promesse de son développement. Dans les quelques chromosomes réunis dans le ventre de la mère, il y a déjà l’homme tout entier. Le 50 implique une totalité. Mais le Noun étant un germe est très fragile et a besoin d’un appui, d’un soutien et ce sera le

SAMEK, valeur 60, qui sera le soutien, de même que le Vav, valeur 6, représente la colonne vertébrale. Il est le soutien qui permet d’aller jusqu’à l’Aleph final. Il est aussi le mât du navire, la hampe du drapeau.

Compte rendu de la rencontre du 8.11.1979

Nous abordons aujourd’hui, dit Annick de Souzenelle, la lettre AYIN qui a pour valeur 70. Mais avant de vous en parler, je veux rapidement rappeler la lettre qui lui correspond sur le plan des unités, le Zain qui a pour valeur 7 et qui est cette lettre qui a pour forme graphique un éclair, finalement un sabre. Comme je vous l’ai dit, le 7 est toujours lié à une perfection à atteindre et donc à une rupture nécessaire pour que la vie puisse continuer et pour que l’on puisse passer à un autre cycle, à un autre état. Le 7 en hébreu est Sheva qui signifie « rassasié ». Il ressemble au nom du dieu hindou Shiva qui détruit pour reconstruire avec les mêmes matériaux, qui détruit avec son seul regard tout ce qui ne ressortit pas de l’éternité.

La même idée fondamentale se retrouve avec le nombre 70, mais cette fois-ci vécue, expérimentée dans le corps de l’homme qui est toujours concerné dans le plan des dizaines. Nous avons vu le Yod qui est la main, qui est la main du potier : « Nous sommes l’argile et tu es le potier. Nous sommes l’ouvrage de Tes mains… » (Isaïe LXIV, 8), le Caph qui est le creux de la main, le Lamed qui est un peu différent, le Noun le germe dans la matrice et le Samek, l’arbre, c’est-à-dire la colonne vertébrale.

AYIN veut dire l’œil ou encore la source. Il y a toujours un lien entre deux significations d’un même mot, une même énergie. La valeur commune entre l’œil et la source se trouve dans leur jonction profonde, non pas dans le regard qui voit ce que nous voyons dans l’immédiat, mais celui qui va à la source, qui voit au fond de l’âme, qui va chercher toute cette fameuse réserve d’énergie qui est là en attente. Et allant à sa propre source, l’œil va à celle de l’autre, car nous sommes Un dans la profondeur.

Dans les hiéroglyphes égyptiens, le Ayin est représenté par un œil avec une pupille au milieu. Très vite stylisée elle donne un cercle, le O, ainsi que le zéro. Qu’est-ce que le zéro, le mystère du Zéro introduit par les Arabes ? C’est l’abîme de la source ou la source des abîmes, que nous retrouvons dans le Livre de Job. C’est l’œil des grandes profondeurs, l’ultime matrice de mort et de résurrection.

Ayin s’écrit avec un Zain, valeur 7, un Yod, valeur 10 et le Noun final, valeur 700. Le Yod est donc saisi entre deux 7. C’est le Yod-Hé-Vov-Hé qui se profile, c’est toute cette potentialité divine que chacun de nous porte en lui et qui est saisie entre deux lettres qui sont très inconfortables. Car chaque fois que nous voyons apparaître le 7, nous sommes à une plénitude, mais aussi à l’incertitude d’un nouveau plan à aborder, lequel, riche des plans précédents, doit marquer une progression nouvelle. Ayin est un mot qui contient un dynamisme qui ne permet pas de repos, c’est l’œil impitoyable qui perce toutes les profondeurs.

De même que la flèche du Zain transperce la tunique de peau, de même l’œil traverse tous les champs de conscience, nous obligeant à voir le monstre que nous sommes quelque part dans les profondeurs. Ce regard, tel celui de Shiva, perce tous les jours de la Création dont nous sommes tissés et toutes les tuniques successives dont nous avons été recouverts, jusqu’à plonger au-delà du premier jour qui est le grand Abîme, la grande ténèbre. C’est terriblement angoissant tant que nous n’avons pas acquis les structures nécessaires et c’est pourquoi il ne faut pas aller trop vite.

Il y a une dialectique entre le Ayin et le Aleph, la toute première lettre qui a pour valeur 1. C’est le tout premier jour et c’est pourquoi chaque réalité qui va suivre une descente, va être un nouvel Aleph.

La dernière fois nous avons vu la lettre Heith qui a pour valeur 8 et qui est la barrière, et le 9 qui est une autre barrière précédant le 10, l’unité, le nouveau champ absolu de conscience vers lequel va l’homme. Ici nous allons vivre le 80, non pas comme une barrière, mais comme une résurrection. En fait, c’est un nouvel 1.

Nous allons maintenant trouver des clefs dans les mots où les deux lettres Ayin et Aleph vont jouer. AV qui s’écrit avec un Aleph et un Beith veut dire « père ». Aleph pose la création et Beith établit la relation entre père et fille. Si nous remplaçons Aleph par Ayin, la prononciation sera la même, sauf que Ayin est une gutturale, mais la signification sera « le nuage ». Le nuage est ce qui nous sépare du Divin. Av écrit avec un Ayin, ce sont tous les champs de conscience qui nous séparent du Père. Ayin doit devenir Aleph.

Le mot RA est très important : Reich qui a pour valeur 200 et Ayin. C’est le mot qu’on traduit par « le mal » dans l’Arbre de la Connaissance dit du Bien et du Mal et qui, en réalité, est l’Arbre de ce qui est lumière et de ce qui ne l’est pas encore. Cela correspond dans notre optique à ce qui est conscient et à ce qui est encore inconscient, et que nous ne pouvons pas appréhender, étant encore dans les profondeurs. Ra, c’est tout ce qui est en réserve en chacun de nous, dans l’autre et dans chaque élément de la création. C’est la réalité qui nous est encore cachée. De même que le médecin devant son écran de radioscopie ne voit qu’un squelette, de même nous ne voyons que le squelette du monde. Et toute l’œuvre d’Ayin consiste à enlever les écrans qui nous séparent de l’ultime vision qui est Av, le Père. Si nous ne nous préoccupons pas de Ra, cette réserve qui est symboliquement le féminin en chacun de nous, comme une femme délaissée se retourne contre l’homme, nos énergies joueront contre nous et nous détruirons petit à petit jusqu’à notre mort qui, dans le cas contraire, ne représente qu’un endormissement.

AOR qui est RA renversé avec, reliant les deux lettres, le Vav qui est la conjonction, le symbole de l’homme, signifie la tunique de peau. Dans la Bible il est dit qu’après que l’homme et la femme eurent mangé le fruit de l’Arbre de la Connaissance„ ils furent recouverts de la tunique de peau. Ils ont mangé le fruit qui était encore dans la réserve et leur drame c’est d’avoir cru qu’ils étaient déjà arrivés au Père. Alors là ils ne peuvent plus aller plus loin et ils sont remis au point de départ, réidentifiés à cette réserve d’énergie du sixième jour et ils sont complètement dans la ténèbre. Cela n’a rien à voir avec une punition, c’est une mesure de protection qui leur permet de retrouver leur fécondité, car leur erreur les avait rendus stériles. Ils sortent de leur illusion, c’est la sortie de l’Eden.

Nous aussi nous avons à sortir de notre ténèbre et, telle la plante, faire notre percée au soleil.

Le même mot écrit avec Aleph au lieu d’Ayin, c’est la Lumière. C’est la réceptivité à la Lumière d’Aleph, mais aussi la résistance, car il n’y a pas de lumière sans qu’il y ait résistance afin de capter les rayons. De même lorsque je parle, il est nécessaire que quelqu’un m’écoute, sinon je parlerais dans le vide. Ce sont les épreuves qui nous permettent d’accéder à la Lumière.

Prenons le mot DAATH, écrit avec le Daleth, l’Ayin et le Tav qui est la dernière lettre de l’alphabet. Daleth est construit exactement comme une porte avec deux chambranles qui sont le 4 et le Lamed, le 3, le mouvement qui est au milieu. Daath est construit exactement de la même manière. C’est le mot qui veut dire « connaissance ». Nous avons les deux 4, mais le Lamed est remplacé par le Ayin. L’idée en est la même, parce que la connaissance ne peut s’acquérir qu’en passant par des portes successives. Le Ayin, ici, a pour tâche de traverser tous les champs de conscience, c’est le devenir de nous-mêmes.

De même qu’il y a une dialectique entre le 4, la structure et le 3, la vie et que, si les deux chambranles de la porte se resserraient trop ils étoufferaient la vie et il ne resterait plus que le mot Dath, la loi ; il y a la même chose avec Ayin. La loi est au service de la vie, elle n’est pas là pour la contraindre, mais au contraire, pour lui permettre d’accomplir son devenir. Avec Ayin, la loi est ontologique et doit être connue par celui qui veut travailler à son devenir.

Nous avons le mot HET, le temps. Le temps a été donné à l’homme pour arriver jusqu’au Tav ou à l’oméga, la dernière énergie à intégrer pour que Ayin fasse son œuvre. Le temps est différent pour chaque terre et au fur et à mesure que nous allons vers des terres successives, les temps vont être de plus en plus profonds. Cela n’a pas de sens d’employer les expressions « plus vite » et « moins vite », elles n’ont qu’un sens psychique.

Avec la lettre Zain je vous avais parlé du mot EZER que l’on trouve dans la Genèse et qui veut dire « aide ». Quand Dieu fait prendre conscience à l’homme des énergies dont est constituée sa première terre sous la forme des animaux qu’il doit nommer le sixième jour, il ne trouve pas « d’aide » capable de communiquer avec lui. Dieu emmène alors Adam dans un « sommeil profond » qui n’est autre que la descente dans le Ayin, descente à la source où il va rencontrer cette aide, c’est-à-dire son féminin qui est sa réserve d’énergies. L’aide n’est pas quelque chose d’extérieur, c’est nous-mêmes, nous sommes notre propre objet de communication. Car le mot qui a suivi Ezer est Nagod, la communication, c’est la rencontre avec nous-mêmes dans les profondeurs. Nous devons nous faire germe, c’est-à-dire manier le Zain pour redescendre dans Ar ou Ra, notre réserve d’énergies.

Ayin c’est encore le « troisième œil », car la communication ne peut être qu’une totale information venant de l’intérieur. Ezer, l’aide, et Zera qui est formé des mêmes lettres, c’est permuter. Zera, c’est la semeuse. Nous retrouvons l’idée du germe. Quand Dieu dit : Faisons une aide semblable à lui… », c’est « allons chercher sa semence ». Ezer veut aussi dire « aider », mais c’est plus qu’aider, c’est apporter la vie grâce à ce travail.

ABOD qui s’écrit Ayin, Beith et Daleth veut dire « travailler ». Dans ce mot nous trouvons Av, le nuage et Daleth, la porte. Le travail consiste donc à passer la porte de tous ces écrans pour retrouver le Père. Hed, Ayin, Daleth, le temps nous est donné. Le travail extérieur doit faire écho au travail intérieur. Or, à l’heure actuelle, le travail extérieur est devenu un travail destructeur.

Lorsque je vous ai parlé de l’Arbre des Séphiroth, je vous ai dit que la toute première Séphirah tout en haut, au-dessus de Kether, n’est pas révélée. C’est le mot Ayin écrit avec un Aleph, c’est Ain Soph qui est le Rien-Lumière, c’est-à-dire l’infini. Nous avons aussi Ain-Soph-Aor qui est l’infiniment Lumière. Ayin qui, en haut, est le Rien, la source qui vient des hauteurs, est en bas la source qui vient des profondeurs. Elles se rejoignent, elles sont les mêmes.

Nous avons aussi le mot AZOB, libérer.

Regardons le mot EDEN, Ayin, Daleth et Noun final. Ce n’est pas un lieu confortable. Il est construit avec 70, 700 et puis 4. Autrement dit, c’est une porte, ce n’est pas un lieu où l’homme devait rester, mais où il recevait la Lumière avant qu’il n’en reparte. Or il est passé par la mauvaise porte, c’est là son drame. Il fallait qu’il en sorte pour faire son travail dans les profondeurs. Avant la chute, ce travail se faisait de façon harmonieuse et sans cette souffrance que nous avons, à lutter contre de continuelles pulsions de mort. « Mieux vaut la mort… » va dire Job. C’est cet état l’Eden, ce lieu qui est saisi entre deux 7 et qui nous propulse continuellement pour aller plus loin.

Il n’y a pas de vraie descente qui ne soit suivie de montée. Notre péché, c’est de désespérer quand nous sommes au fond de la fosse. C’est là qu’on n’a jamais été aussi près de la hauteur la plus grande.

Lorsque la lettre Ayin est venue se présenter devant le Saint-Béni-Soit-Il, elle s’était recommandée du mot ANAVAH qu’elle commençait : Ayin, Noun, Vav, Hé, et qui veut dire « la modestie », « la douceur ». Mais en fait, ce mot va beaucoup plus loin, parce que c’est le Ayin qui nous force à descendre vers le Noun, à nous refaire poisson. C’est cela la vraie modestie.

En même temps nous avons le mot NAVAH, la beauté qu’on ne peut réaliser que dans la forge des profondeurs.

Et le Saint-Béni-Soit-Il renvoie la lettre en lui disant : « Mais tu es aussi le commencement du mot AVAH, la destruction, tu ne peux pas présider à la création du monde ». En effet, le Ayin nous oblige à détruire pour reconstruire. Ce mot n’est absolument pas traduisible sans être trahi et c’est pourquoi quand la lettre Teith qui préside au mot Tov, le Bien, était venue se présenter devant le Saint-Béni-Soit-Il, Dieu lui avait dit : « Tu es bon, tu es bien, tu es beau, mais tu n’es rien par rapport au Tav que tu seras dans un monde futur ». Ce monde futur, c’est le monde dans lequel ce Tov aura totalement réintégré le Ra, c’est-à-dire lorsque la Lumière aura entièrement intégré la Ténèbre. Et lorsque le Ayin aura été totalement épuisé dans les profondeurs, il deviendra Aleph, c’est la Lumière. Et à ce moment le Tov éclate et devient un tout autre Tov.

Question : Les textes anciens n’ont-ils pas été appropriés par les Hébreux ? Ne proviennent-ils pas d’une tradition plus ancienne transmise à travers Moïse ?

Réponse : Je fais toujours référence à la tradition historique de Moïse qui reçoit la Révélation sur le Mont Sinaï. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’ai pas charrié des connaissances acquises auprès des Égyptiens. L’Égypte était un creuset fantastique où se retrouvaient toutes les traditions les plus anciennes.

Le peuple hébreu est quand même un peuple privilégié dans la mesure où il est celui qui doit mettre au monde le Messie, le Yod. Dans la profondeur nous sommes hébreux. Le grand drame et le péché du Christianisme, c’est d’avoir refusé le monde hébraïque et c’est pour cela que, pour le moment, il n’est pas chrétien.

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