Jean-G. Bardet
Qu'est-ce que dieu?

Est-ce un Grand Architecte capable de créer et d’ordonnancer, d’une seule de Ses pensées, chacun des innombrables objets de l’Univers, de l’Uni-divers? Serait-ce le Dieu des philosophes, résultat d’une métaphysique rationnelle, à qui l’on ose attribuer, par imposture, le mot de Dieu? Un Être Absolu, incompatible avec l’étable de Bethléem comme avec la Croix du Golgotha? Ou est-ce un Flux d’Amour, à la fois Fleuve par son dynamisme et Étang immense et calme — Étang de Feu, où seront « jetés la Mort et l’Enfer » (Apoc. 20, 14)? Cette image correspond bien mieux à la physique de « notre temps », laquelle n’est plus celle des solides, mus par des forces externes (celle d’Aristote – Galilée – Newton), mais celle des énergies internes.

Jean-Gaston Bardet (1907-1989) était un urbaniste mondialement connu. Une intense vie intérieure, toujours fidèle à la fois catholique, l’a conduit, très tôt dans le siècle, à s’occuper, dans sa propre spécialité d’urbaniste, de questions d’écologie, de vie intérieure et à refuser l’inhumanité de l’urbanisme moderne. Les travaux de Bardet sur la mystique comparée, basés sur ses propres expériences intérieures et sa compréhension, apportent des éléments intéressants mais parfois discutables en ce qui regarde les mystiques non-chrétiennes à la fois aux niveaux théorique et expérimental (Je dors mais mon cœur veille, Freud et les Yogas). Dans le domaine de la Cabale, il a découvert la « petite numérotation » des lettres hébraïques avec toute une nouvelle grille de lecture et d’interprétation des textes bibliques (Le trésor sacré d’Ishraël) à quoi s’ajoute une radiesthésie hébraïque pratique et assez originale (Mystique et Magies)… Son œuvre est donc immense. Mais ses découvertes ont été revêtues disant d’un langage quasi-catholique et ses nombreuses et dures critiques, à l’encontre de tout ce qui ne semblait pas s’accorder avec sa foi, ont repoussé de nombreux et sérieux chercheurs. Son œuvre reste donc relativement méconnu. Mais une étude plus attentive permettrait de voir l’originalité et la profondeur de sa Qabalah par rapport à la Kabbale traditionnelle et aux travaux des nouveaux interprètes tels qu’Abellio, Suarès et bien d’autres… Un site est consacré à l’œuvre de Bardet où le lecteur pourra aussi commander les livres…

Qu’est-ce que dieu? par Jean-G. Bardet

(Revue Epignôsis. No I, 2ème cahier. Juin 1983)

Nous avons le plaisir de présenter ici un premier article de notre ami Jean-Gaston BARDET — notre initiateur à la plus passionnante des cabbales, qui est hébréo-chrétienne —, article dans lequel il expose ses découvertes avec sa vigueur coutumière.

Poursuivant une œuvre originale, riche, et d’une rare cohérence, avec Le Trésor secret d’Ishraël (1970), Mystique et Magies (1974), Les Clefs de la recherche fondamentale (1978), Qabalah de Joie, Kabbale de Mort (1979), et La signature du Dieu-Trine (1983), Jean-G. BARDET s’efforce de définir clairement l’authentique tradition contre toutes ses contrefaçons ou mutilations. Il retrouve la valeur, le sens et la vie des Lettres-Nombres hébraïques : science et mystique ainsi se réconcilient dans le jeu subtil et logique du Verbe, jeu qui part de l’Un pour retourner à l’Un.

Tout repose sur le NOM Tétragrammique, Y H W H, interprété circulairement comme Vertex d’Amour, comme Tourbillon créateur qui à la fois transcende et anime le cosmos tout entier. Du Bipôle Père-Fils et du double Esprit féminin irradient le dynamisme universel et l’incessant mouvement involutif-évolutif. Quant au nom même de Jésus, qui s’obtient par l’insertion du Shin dans le Tétragramme (Y H Sh W H), il correspond à la manifestation salvatrice et glorieuse de ce Circulus trinitaire…

De l’élucidation convaincante de la Thorah à celle du Saint Suaire, un itinéraire fascinant qui permet de s’affranchir du pseudo-judaïsme comme du pseudo-christianisme pour accéder à la Lumière essentielle qui se prouve elle-même en étant  source pérenne de Joie. Nul ne doit ignorer maintenant un travail d’une telle puissance, fruit de la révélation, de l’intuition et du labeur patient: on touche à la Gnose véritable, à n’en point douter.

Y.A. Dauge

« Je te rends grâce, Père, Seigneur des Cieux et de la Terre, d’avoir caché ces choses aux savants et aux prudents, et de les avoir révélées aux tout petits.

Oui, Père, car tel a été Ton bon plaisir« .

(Matth. XI, 25-26 et Luc X, 21)

Est-ce un Grand Architecte capable de créer et d’ordonnancer, d’une seule de Ses pensées, chacun des innombrables objets de l’Univers, de l’Uni-divers?

Serait-ce le Dieu des philosophes, résultat d’une métaphysique rationnelle, à qui l’on ose attribuer, par imposture, le mot de Dieu? Un Être Absolu, incompatible avec l’étable de Bethléem [1] comme avec la Croix du Golgotha?

Ou est-ce un Flux d’Amour, à la fois Fleuve par son dynamisme et Étang  immense et calme — Étang  de Feu, où seront « jetés la Mort et l’Enfer » (Apoc. 20, 14)?

Cette image correspond bien mieux à la physique de « notre temps », laquelle n’est plus celle des solides, mus par des forces externes (celle d’Aristote – Galilée – Newton), mais celle des énergies internes.

Ce n’est point pure poésie si les expériences mystiques de Jean de la Croix portent le nom de « ruisseaux d’Eau vive » et de « Vive Flamme »…

Jésus nous commande de prier ainsi: « Notre Père qui es aux Cieux, que TON NOM soit sanctifié »… Dieu est donc un Père, un Principe Originel qu’aucune notion antérieure ne peut servir à expliquer.

Cependant, nul mystère. Tous les hommes ont l’expérience pratique de la paternité, de ses droits et de ses devoirs… C’est pourquoi tout révolté s’efforce-t-il d’échapper à l’ineffaçable sceau de son fabricateur, auquel il est redevable de 23 chromosomes — qu’il  le veuille ou non. Freud, le « démoniaque » (cf. Qabalah, p.285), inventera un meurtre du Père, absurde, Œdipe ayant ignoré que Jocaste était sa mère [2].

Que TON NOM soit sanctifié!

Ce premier commandement implique la connaissance de SON NOM révélé. Point de substitut possible… L’Amour Créateur l’a donné à Moise. C’est le célèbre Tétragramme YHWH dont le sens et la structure sont restés ignorés 23 siècles!

Comment se fait-il que ce YHWH ait pu être retrouvé? Et pourquoi à la veille du 3ème Millénaire?

Le NOM avait été donné à Moise, en le feu du Buisson, comme prémices  de Puissance pour l’Exode, pour la libération de « Son Peuple » de l’esclavage matériel en Égypte. Le NOM YHWH a été re-donné en la « douceur de l’oraison », à la veille de ce 3ème Millénaire, comme prémices de Miséricorde et de Paix pour le « Nouvel Exode ». Celui de la libération spirituelle de l’esclavage des forces démoniaques, ainsi que l’annonce Apoc. 20, 2. C’est cette libération que, depuis Pie XII, tous les papes attendent. « La Nouvelle Pentecôte »… « J’en appelle à la Miséricorde », répète deux fois Jean-Paul II.

« Dieu est Amour », soupire saint Jean. Depuis toujours, les hommes ont l’expérience de l’Amour, et plus encore de son antagoniste « en creux »: la haine.

Plus récemment, à Noël 77, l’Amour s’est défini en mots « de notre temps »: « Vibration Pure, Autonome et Incréée » (cf. Les Clefs, p.277).

A la formulation catéchistique: « Amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père », la Trinité ajoute, en confidence, le moyen d’entrer en résonance avec Elle: « Par des élans, jamais lassés, reproduire les élans divins ». C’est le rappel même du fameux « Secret des Pères du Désert »: la Prière perpétuelle (cf. Mystique et Magies, pp.471 sq.).

A l’opposé des recherches « Unitaires » des « Gnostiques de Princeton » et d’autres scientifiques qui se heurtent à la structure trine, et transcendant toutes les triades des diverses religions, le Dieu des Chrétiens est Trinité: UN – TRINE. Ce qui — jusqu’ici —dans  le cadre macro-physique des solides individués restait un mystère, par simple absence d’analogie valide.

Il était aisé d’exprimer que le Fils est comme le Père. Guidé par les Chartreux, le Maître d’Avignon, en son admirable « Couronnement de la Vierge », n’a point esquissé un vieillard à barbe blanche… pour Celui qui est l’Éternelle  Jeunesse, hors-du-temps.

Pour la double spiration de l’Esprit, le peintre a adopté le symbole fourni par le Père même, lors du baptême de Jésus, à savoir: une colombe dont les deux ailes unissent les deux bouches du Père et du Fils — le  Bipôle.

Au centre, Marie, telle qu’Elle s’est définie Elle-même, à Rome, aux Tre Fontane le 12 avril 1947, à mon ami Bruno Cornacciola: « Je suis Celle qui suis nella Trinita ». Elle EST la nature humaine, Immaculée, au sein même de la Trinité d’Amour. Elle EST le Concept le plus immaculé de la Trinité, devant permettre l’Incarnation quand les temps furent accomplis.

En revanche, la célèbre icône de Roublev, qui esquissera les trois Anges visitant Abraham (Gen. 18) pour exprimer la Trinité, ne parait peindre qu’une Triade anthropomorphique [3]. Car ce n’est point un TRI mais un TÉTRA que Dieu a fourni pour Sa Structure Transcendante. C’est là que tous ont achoppé, oublieux du schème proverbial du Trèfle à quatre feuilles, lequel recouvre le jeu de 34 (la Esprit) et de 43 (le Chair)… qui devront fusionner.

Le Tétragramme Y H W H utilise TROIS lettres dont l’une, le Hé, est redoublée. Si elle veut visualiser cette alliance, l’imagination humaine doit rejeter la physique des solides pour utiliser ce qui se rapproche le plus de l’im-matériel, à savoir les fluides. Depuis l »‘air igné » d’Hildegarde jusqu’aux ondes universelles.

Le premier fournisseur d’Électricité dynamique, la pile de Volta [4], nous donne aussitôt l’image adéquate. Elle se compose de deux pôles, ou mieux de bi-pôles —  les réunis par un circuit conducteur (cf. Le Trésor, p. 238). L’ensemble des trois est la traduction même du Circulus Trinitaire. Les pôles font partie intrinsèque du circuit d’Amour, dont le flux est identique en les Trois Personnes Une.

Mais attention! L’homme a été placé dans un environnement terrestre à trois dimensions où les fluides restent, visiblement, à l’échelle du cadre humain: friselis des ondes, assaut des vagues, langues du feu-de-bois…, qui anticipent les courbes d’enregistrement.

Il y a encore deux siècles, l’homme considérait les solides d’une part et l’Incréé d’autre part encadrant des « psychismes », caricatures de l’Esprit.

La découverte du monde « micro » a multiplié l’univers des ondes [5]. Mais elle n’a point évacué aussitôt le positivisme. Le micro a ajouté aux divers psychismes plus ou moins occultés un nouveau cadre inhumain conduisant à une néo-gnose et à un sur-rationalisme qui cherche à justifier l’Orient psychique (cf. Mystique et Magies). Depuis 1979, dans certains cercles de réflexion, on traite d’un milieu  in-humain et d’une pseudo-mystique a-thée. Double parodie du soubassement fourni à l’homme pour s’élever à la sainteté, c’est-à-dire à l’Amour.

Il suffisait d’en rester à l’Electro-Magnétisme, et de considérer les premières piles fournissant — enfin — l’analogie indispensable, dissipant le mystère de l’Ensemble Tri – Tétras.

Renvoyant à mes divers ouvrages, en commençant par les derniers [6], posons en première hypothèse que dans le Tétragramme Y H W H, Yod symbolise le Père, Waw le Fils, et les deux Hé la double spiration… de cet Esprit–Saint au Nom double.

Pour lors, les Bibles rabbiniques traduisent Y H W H par l’Éternel. Les rabbins ne savent plus prononcer LE NOM: H Sh M = 50, depuis la mort de Siméon-le-Juste en 270 avant J.C. Pour dissimuler leur entrée dans la nuit de l’Esprit, ils ont déclaré que — formé uniquement de consonnes — ce NOM était imprononçable, jouant sur le mot: ineffable…

Et les Chrétiens ont emboîté le pas. Alors que Flavius Josèphe (savant pharisien du 1er siècle) avait bien spécifié que le NOM était formé de « sonnantes ». Et quelles sonnantes!… précisément les timbres A.E.I .O, ceux mêmes qui sont restés communs à toutes les langues  du monde après la confusion de Babel (cf. Le Trésor, pp.227 sq.).

Nous posons en deuxième hypothèse que ce mot ne peut avoir ni commencement ni fin (comme tous les autres mots forgés par les hommes); qu’on ne doit point le lire linéairement (ce qui l’égrène dans le temps), mais le spirer circulairement [7]. Il traduit en effet l’Éternel par un circuit ininterrompu, pré-existant à toute durée créée. D’où ce schéma: le « Circulus Tétragrammique » et son « rebouclage numérique », qui est la Clef du Cosmos, reflétée dans le mouvement des astres, évoquée par les roses des cathédrales.

Reprenons notre première hypothèse: Yod, le Père; Waw, le Fils; les deux Hé, l’Amour  réciproque. Les preuves documentées sont immédiates.

Dès le départ (Gens 4,18), au milieu d’une forêt de noms orientaux, vous tombez sur une « anomalie » que nul ne peut supposer être une faute de copiste [8]. Deux noms côte à côte, sans la moindre interruption, sont graphiqués dissemblables bien que d’identique signification. Voici le texte: « Yrad engendra M cH W Y hA L et M cH Y Y hA L engendra Methoushaël ». La première graphie concerne un fils, dont l’indicatif est un Waw; la seconde graphie concerne un père, dont l’indicatif est un Yod. Aucune ambiguïté possible. Tout homme est fils avant d’être père.

Quant aux deux Hé, c’est encore plus affirmé. Dieu vient visiter Abram et Saray pour leur annoncer qu’ils vont avoir un fils… Ils sont centenaires; aussi Abram « sourit en son cœur » — de joie.

Vous connaissez la puissance créatrice des « Noms » issus du Verbe, et que la magie essaie de copier Dieu dit à hA B R M « Tu t’appelleras désormais hA B R H M (avec un Hé de fécondité en plus) ; ton épouse ne s’appellera plus Sh R Y mais Sh R H« . Le total numérique du couple ne change pas, mais renferme à présent deux Hé (5 + 5). Ils ont un fils Y Ts cH Q, dont le total des lettres est 55 (cf. Qabalah, p.22). Prémices de l’Agneau Immolé, il a pour nombre-racine 1 [9] .

C’est l’instant de rappeler le rôle des « Nombres » dans la Thorah. Rôle unique, car c’est la cohérence même des nombres qui fonde le caractère surnaturel  du seul texte vivant. Il ne s’agit point d’arithmologie pythagoricienne; ni de numérologie comme en toutes les caricatures kabbalistiques. Non point de cryptographie comme en tous les Services Secrets. Nul système. C’est tout l’opposé.

Les textes qui recherchent le mystère sont codés. Leur décryptement, par des initiés, nécessite une « clef » cachée. Il en est tout autrement de la Thorah qui, elle, est ouverte à tous, aux plus humbles, aux cœurs purs, et nullement réservée à des « spécialistes ». Il suffisait pour cela qu’elle fût « informatifiée » logiquement.

Au sens premier, l’informatique consiste à transmettre toute information par l’intermédiaire des nombres. La Thorah est informatifiée de la façon la plus élémentaire, la plus simple, la plus logique. Chacun de ses graphismes — il y en a 27 — est, à la fois, lettre et nombre. Et chaque nombre est, à la fois, ordinal et cardinal. Ainsi le signe dit Aleph est « signe trine » pour Premier 1 et (lettre) hA.

Chaque graphe (ou gramme) exprime ainsi les trois fonctions trinitaires. Vous retrouvez l’identité du Père et du Fils. Quant à prononcer le hAleph, c’est à peine un souffle, une buée… (cf. Les Clefs, p.282).

La Thorah est ouverte à tous, Universelle, grâce à cette structure trine, élémentaire comme la chaîne des nombres. Tout écolier sait que A = 1, B = 2, C = 3, etc., en tout classement ou pagination. Il a appris, également, que l’on obtient la racine des nombres de plusieurs chiffres en additionnant ces chiffres. Ainsi 231 = 2 + 3 + 1 et a pour racine 6. Un nombre tel que 58 = 5 + 8 = 13, dont la racine finale 1 + 3 = 4.

Si nous totalisons le NOM Y H W H, nous trouvons: 10 + 5 + 6 + 5 = 26, dont la racine-origine est 8. Mais nous pouvons aussi additionner les racines de chaque lettre, soit: 1 + 5 + 6 + 5 = 17, ce qui confirme la racine 8.

Nous dirons que la racine 8 est la coordonnée principielle du Père; 17 la coordonnée médiane du Fils; 26 celle de l’Esprit. Ce sont des coordonnées numériques, non géométriques, les nombres étant antérieurs à l’Espace-Temps.

De même que les Trois Personnes Divines sont signifiées par les trois lettres Y.W.H-H à trois fonctions, Elles sont numéralement rattachées, mystiquement accordées aux trois coordonnées 26 . 17 . 8 qui s’étagent de novaire en novaire [10].

Il s’ensuivra des familles de coordonnées telles que: Y H W H = 26; D B R (Parole) = 26; Y L D (Enfant) = 26; Sh H (Agneau) = 26 … , qui balisent le texte.

Jésus unissant les deux natures, divine et humaine, Son Nom est un Pentagramme — d’où tous les pentagones anthropomorphiques. Il a, en outre, une double graphie selon qu’il s’agit de Jésus incarné, sur terre: Y H Sh W chA = 58, ou de Jésus glorifié près de Son Père: Y H Sh W H = 47.

Autrement dit, la 21e lettre Shin (laquelle, isolée, sert d’unique pronom relatif, qui relie tout, comme le Médiateur) indique la nature humaine en plein  cœur du Tétragramme Divin. Manifestant l’Amour de Dieu pour sa créature, ce Shin est la seule lettre unissant trois hampes… — sa forme préexiste dans les cunéiformes comme en égyptien (cf. Le Trésor, p. 270). En l’écriture hébraïque, ces trois hampes sont précisément des petits w, des « wawim », évoquant la conjonction des deux natures, leur possibilité d’accordailles, puis de fusion [11].

Alors que l’on déclare que Dieu s’est incarné — ce qui est exact en un ordre historique —, nous devons constater que, de fait, c’est la Nature humaine, SHIN, qui est insérée au cœur même du Tétragramme Éternel. Ce qui doit nous faire saisir que l’Incarnation du Messie n’est que l’accomplissement, dans le Temps, d’un Plan Éternel. D’un Plan de Dieu ayant toujours eu, en Lui-même, en puissance, la Pensée de l’Homme, enfin réalisée en acte, grâce au calice de Marie.

Notons au passage que Y H Sh W chA = 58, soit le double de hA D M (= 29), ce qui évoque le « Deuxième Adam » de la patristique. Et comme Jésus unit deux natures, il est donc, à la fois, dans l’Eternité: chA D = 20, et dans le Temps: chA Th = 38, ce qu’exprime leur total: 58.

L’Hébreu…, celui qui passe, issu d’Eber, chA B R, = 38 [12].

Jésus, en son dernier message, demande à ses apôtres de baptiser « au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit ». Or, tout au long des Actes des Apôtres, vous constatez que ceux-ci baptisent « au Nom de Jésus » seulement! Cette apparente contradiction provient de ce que le Nom de Y H Sh W H déroule toute la Trinité. Une Trinité qui porte le Shin en Son Cœur. L’Apocalypse (14,2)  nous avertit que sont ainsi duellement inscrits, sur le front des 144.000, « Son Nom et le Nom de Son  Père ».

En outre, la Trinité a non seulement donné son graphisme symbolique à Moise, mais Elle lui a fourni  l’explication de son Essence (Exode 3,14):

hA H Y H (21 . 12 .  3) + hA Sh R (42 .6 .  6) + hA H Y H (21 . 12 . 3)  = 84 . 30 . 3 (soit 4 fois 21, le Shin), que l’on  traduit, au présent: « Je Suis Qui Je Suis ».

Dépassons les gloses métaphysiques sur l’Être; ce concept est sous-entendu dans la Thorah. Ni l’Ancien, ni le Nouveau Testament, ni Jésus à ses confidents n’ont jamais employé le jargon philosophique.

La traduction vivante, véritablement prophétique, doit utiliser les verbes auxiliaires anglais: « I Shall be That I Will be » « Je serai Qui Je veux être », offrant, en outre, l’admirable intervention des majuscules Sh et W. La volonté du Waw engendrant le Shin: confirmé par le fait que W = 6 engendre son « nombre triangulaire figuré », le Sh = 21 (soit: 1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 = 21).

Faut-il rappeler le « Nom nouveau » de Jésus en Gloire qu’annonce Apoc. 2, 17? Le Shin de la Nature humaine est au cœur même de la Trinité, comme le Waw surélevé est graphiqué au centre exact de la Thorah (Lév. 11,42). Ce Shin est le pivot de la Création (cf. Qabalah, p.106).

Mais encore, la Nature humaine, ce n’est point un Adam isolé, mais l’Adam-Eve, mâle-et-femelle, qui a été « créé à Notre Image (forme) et à Notre Ressemblance (structure) » (Gen. 1,26-27) [13]. Or, mâle-et-femelle est ainsi documenté dans le texte:

Z K R (38 . 11 . 2) +  VNQBH (46 . 19 . 1)  = 84 . 30 . 3,

soit, exactement, les trois coordonnées trinitaires de la définition de Dieu par Lui-même, donnée plus haut. La cohérence est absolue en toute la Thorah. Elle ne peut être le fait de « main d’homme ». Elle fonde le sur-naturel du texte Hébréo-Chrétien.

Plus vous  vérifierez plus vous contrôlerez, plus vous retrouverez l’entrelacs du Dieu-Trine et de la Nature humaine.

« Qu’est-ce que Dieu? » nous a conduit à: « Qu’est-ce que l’homme? »

Nous connaissons, désormais, le Sens et la Structure de Dieu. Reste sa Fonction. Quelle est donc la fonction de l’Amour Créateur?

Dieu est Unissant et Unifiant. On pouvait s’en douter, les Trois s’unissant pour créer l’Univers.

La Trinité Incréée, hors Espace-Temps, est à l’abri de toute division, de tout manichéisme — lequel culmine, aujourd’hui, dans le 0 – 1 des ordinateurs.

Pour unir, l’Un-Trine crée, au départ, des duellités, et non des dualités.

Tel l’Adam « mâle-et-femelle », telle Marie « Vierge-et-Mère » à la fois. Jésus réclame, récemment, des nuclei trinitari constitués par des époux ré-unis en l’Esprit d’Amour qui leur est envoyé par Dieu: fusion en un seul « corps – âme – esprit »… (cf. Les Clefs, p.79).

Dieu est l’Unifiant des qualités opposées (en bas) telles que: Force et Tendresse; Toute-Puissance et Toute-Douceur, Inaccessibilité totale et Participation totale, Tri, et Tétra. Il agit avec une « irrésistible douceur », comme une graine dans la fente du rocher finit par faire éclater ce dernier.

Lorsqu’au sortir de la nuit de l’extase on aperçoit — sous les paupières — Sa Lumière Blanche (blancheur pure et non synthèse des couleurs solaires), celle-ci est, à la fois, « immense et douce ». Nous pouvons la supporter.

C’est parce que l’Amour Créateur est, simultanément, Un et Trine, que Sa Justice et Sa Miséricorde sont Une, comme la Science et la Foi [14]…, et comme le plus petit. constitutif-créé de l’Univers,  l’onde-corpuscule, qui fournit présentement le plus exact reflet micro-cosmique de l’Amour… an-archique, avant sa cristallisation dans les objets individués.

Cette Unification des duellités reste le seul Mystère, par manque d’analogie valide en notre cadre humain. Elle est inexplicable en l’Espace-Temps auquel, par nature, le « corpusconde » échappe [15].

Quant à la dialectique de type hégélien (thèse – antithèse – synthèse), cette « balançoire » a dès lors l’apparence d’une parodie intellectuelle.

Le Deuxième Temps, « Temps des Nations » (Luc 21,24), va être accompli. Tout ce qui peut être programmé (donc en dehors de l’Esprit) peut être décomposé et recomposé par les ordinateurs.

Jusqu’à ce « Temps », l’homme dé-et-re-composait à partir de la matière visible, celle de la macro-physique, en son cadre humain, ceci sans détour hors du temps réel. Désormais, l’homme-poussière — A LA MANIÈRE DE DIEU décompose et recompose à partir des corpuscondes, à partir de la poussière-en-sarabande du Chaos!

Pour sauver l ‘Humanité — Son Corps Mystique — des nouveaux lucifériens, l’Amour Créateur va être forcé de changer le cœur de tous-et-chacun des humains lors d’une « Nouvelle Pentecôte ».

Le Père est forcé d’envoyer l’Esprit du Fils (le 2e Hé, après le Sh W), comme jadis Il dut envoyer Son Fils pour la Rédemption.

« Petite, mais merveilleuse synthèse des Trois Règnes » [16], la nature humaine est l’escabeau de la nature divine. Marie, puis Jésus, la Non-mortelle et le Ressuscité en sont les prototypes. Les modèles d’innombrables frères et sœurs qui seront mystiquement appariés dans le Royaume — en vue de l’im-prévisible et nouvelle aventure qui sera celle de l’Humanité déifiée! Déifiée malgré toutes ses misères, ses ras-de-terre, ses failles, ses incompréhensions, ses refus — par grâce, vu son « fond incontrôlé » qui la déculpabilise.

« Vous savez tout ».

Notre intelligence raisonnable étant arrivée à maturité est satisfaite par le dévoilement des mystères clefs de la Trinité, et de l’Incarnation. En toute connaissance de cause, nous ne pouvons plus nous dérober à notre Vocation: devenir des dieux… créés…

Noël 1982


[1] B Y Th – L cH M = 78… La Maison du Pain a le nombre de Y H W H – hA L H Y M.

[2] Notez que 23 (chromosomes) a pour racine 5, nombre de l’Esprit. Chaque humain est typé: 5 + 5, de racine 1. Il est unique!

[3] Le grand iconographe André Roublev n’a fait que transcrire l’aveuglement  byzantin qui repose sur des actes irrémédiables de Photius, qui s’empara, au IXe s., du Patriarcat de Constantinople. Cet aventurier a enseigné ainsi le Tétragramme: Y hA W H, supprimant le 1er Hé de l’Esprit du Père. Puis, contradictoirement, il a décrété que l’Esprit vient « du Père seul »! L’Esprit ne redouble plus, le Nom est mutilé (type d’opération « magique »): il est privé de son sens donné à Moise deux  millénaires auparavant.

Vladimir Soloviev a observé que les Byzantins furent gravement sanctionnés, par la dépossession de Constantinople du fait des… Arabes (iconoclastes justement). Ajoutons celle de Moscou par les marxistes anti-Dieu. Dépossédés et dispersés, pour avoir brisé le NOM.

[4] La pile de Volta (inventée à l’aube du XIXe s. par ce professeur de Pavie) est une colonne formée de disques alternativement de cuivre et de zinc, dont les nombres atomiques se suivent — Cu : 29 P et 34 N, et Zn: 30 P et 36 N. Deux disques soudés forment couple. Notez que voltare = tourner, d’où l’adéquation du nom de l’inventeur avec le double circuit provoqué. Et l’évocation des deux rouleaux de la Loi (Thorah) et de la Grâce (Saint Suaire).

[5] Que le monde « micro » soit strictement celui de l’Adversaire se juge dès son premier « fruit », la Bombe H = 1, qui a a-néanti la Création — 1 engendrant 0. L’ordinateur, lui, nous laisse encore le choix entre 0 et 1.

[6] Ishraël, connais ton Dieu (par l’Informatique Hébraïque), et La Signature du Dieu-Trine (Éditions de la Maisnie, 1982 et 1983).

[7] Cette continuité est soulignée du fait que nul scribe ne peut s’interrompre  en écrivant le Nom.

[8] Les rouleaux sont vérifiés et revérifiés, les lettres comptées et recomptées. Trois fautes entraînent le rejet, la mise à la Genizah, aux ordures, des feuilles fautives… Ce sont elles que trouvent les archéologues.

[9] Y Ts cH Q veut dire: sourire. — Par ironie Sh T N, l’Adversaire, a également pour nombre 55, de racine 1. « Il est le seul coupable, les hommes ne sont que responsables »—, sauf quand ils se vendent à Satan.

[10] Nous écrivons Y H W H dans l’ordre occidental. L’écriture hébraïque est dirigée, elle, de droite à gauche. Nous aurions pu transcrire: H W H Y, ce qui eût été gênant pour la lecture, tandis que l’ordre 26 . 17 . 8 ne l’est pas.

[11] Car le Waw est la seule lettre hébraïque pouvant être soit voyelle : W (ou, o ; cf. la nature divine du Fils), soit consonne : V (cf. sa nature humaine). D’où le JeOVah transmis par les rabbins convertis du Moyen Age.

[12] Le très simple jeu cardinal-ordinal des nombres-lettres a été complètement mixturé dans les diverses kabbales répandues dans les groupes occultes. La kabbale juive — en réalité alexandrine — a attribué aux lettres hébraïques les chiffres de l’alphabet grec, qui paginent l’Iliade et l’Odyssée. Plus effarant: les nombres de la kabbale arabe sont ceux mêmes de la kabbale juive, donc en fait, à travers eux, des chiffres grecs… Cela peut confirmer que le Qoran ait été inspiré d’un rabbin de La Mecque, semi-christianisé (cf. Qabalah, pp.208 sq.).

En revanche, les Hébreux n’avaient point besoin de grammaire (à la Port-Royal); ils en ont fabriqué une… en copiant la grammaire arabe. Mais en donnant comme types de conjugaison des formes régulières en arabe, qui sont totalement irrégulières en hébreu!

[13] Jusqu’à la 7ème semaine, on peut vérifier que l’embryon est hermaphrodite. Le sexe se différencie par la suite.

[14] Voir en particulier Les Clefs de la Recherche Fondamentale.

[15] C’est pourquoi on ne peut, à la fois, mesurer sa position dans l’espace euclidien et sa vitesse en temps réel. Le « banditisme électronique » utilise le fait qu’il n’existe point de trace des réécritures et des corrections des données magnétiques.

[16] Déjà Sophocle considérait l’homme comme « la merveille la plus grande ».