William Briggs
Sur Le Culte de la Victime & Pourquoi Nous Devons Le Rejeter

On croit que les péchés des Oppresseurs originels sont transmis par le sang aux Oppresseurs actuels. C’est une forme de péché originel […] Je me lasse des Victimes. Nous péchons tous contre les autres hommes et contre Dieu, mais je ne ressens aucune culpabilité envers aucune Victime. Pas une seule. Pas un instant. Je ne dois rien aux Victimes. Je n’accepte pas non plus le rôle d’Oppresseur. Et je ne m’abaisserai pas à revendiquer la Victimisation parce qu’on m’accuse d’être un Oppresseur.

Je ne suis pas assez historien pour dire si le Culte de la Victime se forme dans chaque civilisation mourante, mais il s’est assurément formé dans la nôtre.

Un groupe victimaire est un groupe dans lequel des torts historiques se sont produits, ou sont censés s’être produits — la Réalité n’a jamais d’importance — pour des membres partageant une certaine caractéristique identifiée (ces caractéristiques ayant l’inconvénient d’être quelque peu fluides). Bien qu’aidés et encouragés par le gouvernement, les adeptes s’auto-identifient comme appartenant à au moins un groupe victimaire, et souvent plusieurs.

Il faut bien comprendre que les Victimes n’ont pas subi les torts historiques, mais qu’elles s’en réclament et les chérissent.

Les torts ont été, ou sont censés avoir été, perpétrés par des Oppresseurs. Les Oppresseurs forment leurs propres groupes, partageant également certaines caractéristiques identifiées. Quand un tort se produit, ou est dit s’être produit, il doit être le résultat d’un Oppresseur. La nature n’est jamais vue comme responsable. Même, disons, un tsunami est la faute d’un Oppresseur. Non pas l’événement lui-même, comprenez bien, mais les conséquences néfastes pour les Victimes, conséquences qui auraient pu être évitées si les Oppresseurs avaient réprimé leur mal.

Il faut aussi comprendre que les Oppresseurs n’ont pas commis les torts historiques, mais, bizarrement, ils en acceptent la responsabilité. On croit que les péchés des Oppresseurs originels sont transmis par le sang aux Oppresseurs actuels. C’est une forme de péché originel.

Les torts, qu’ils soient réels, imaginés ou exagérés, sont la preuve que les adeptes actuels ont droit à des compensations, du respect, une déférence sans condition, ou des réparations. Les torts fournissent aussi une justification suffisante pour presque tout comportement commis par les adeptes au nom des Victimes.

Voici un exemple de quelqu’un qui reconnaît le Culte :

L’idée qu’Israël — fondé en grande partie par un groupe fuyant la persécution et le génocide — n’irait pas ensuite mener un génocide brutal d’une minorité haïe vient du même schéma mental « les victimes ne peuvent pas être des bourreaux » qui a amené les libéraux à penser que « les Noirs ne peuvent pas être racistes ».

Les Noirs ne peuvent pas être « racistes » parce qu’ils sont officiellement tous membres du Culte. Tout le monde le reconnaît, ce qui a conduit à des décennies de complaisance officielle, aux ravages du DIE, à une hausse de la criminalité, etc. Second City Bureaucrat a répondu à la citation ci-dessus :

Oh, c’est bien pire que cela. Ce n’est pas une petite mauvaise interprétation de principes autrement vrais. C’est la conclusion logique du progressisme et du moralisme de gauche (y compris leurs branches chrétiennes et juives).

Les 70 dernières années de promotion du narcissisme de groupe, de l’Holocauste élevé en religion, et autres, n’ont été qu’une préparation à cet événement.

Chaque fois que vous vous êtes lamenté sur l’histoire larmoyante de persécutions subies par un groupe et qu’à votre tour vous avez cru que les descendants revendiqués de ce groupe avaient droit à des faveurs et dispenses spéciales, vous avez contribué à préparer le monde à cela.

Chaque fois que vous avez promu la criminalisation des guerres d’agression et des « crimes de guerre », vous avez encouragé la guerre partisane et les victimes civiles.

Chaque enfant palestinien démembré, chaque chrétien palestinien explosé constitue la téléologie du projet progressiste. Vous avez tourné le dos à la nature.

C’est exactement juste. Il y a des gens (vous les voyez souvent en ligne) qui publient quotidiennement des photographies ou anecdotes de souffrances historiques des Victimes par désir de maintenir ces souffrances en vie, fournissant ainsi justification à l’essor du Culte. Pour les membres, demain — non pas un avenir lointain, demain — les souffrances reviendront, à moins que les adeptes soient comblés et les Oppresseurs réprimés.

Pour prendre un groupe Victimaire important et un sujet d’actualité (cherchez vous-même pour voir des centaines d’exemples) : Si nous n’autorisons pas le charcutage électoral, Jim Crow et les chaînes reviendront ! Les « droits des minorités seront piétinés ». Les lois sur la drogue sont le « nouveau » Jim Crow. Chaque nouvel ordre exécutif nous ramène à Jim Crow. La noirceur est criminalisée, et arrêter des Noirs pour avoir commis des crimes, c’est Jim Crow. Le Projet 2025 inaugurera un nouveau Jim Crow et l’esclavage.

On pourrait répéter cela pour chaque groupe de Victimaire. Cherchez vous-même « nouveau [tort historique] », où presque n’importe quel tort historique est sur le point de revenir — à moins que les Victimes soient comblées. Comme beaucoup (la plupart ?) de théories scientifiques modernes, les prédictions erronées et démenties d’un déclin des Victimes n’invalident jamais leurs modèles. Si nous n’avons pas eu hier le retour du [tort historique] comme prédit, nous l’aurons sûrement demain.

Les Victimes attribuent à leur tapageuse « prise de conscience » du [tort historique] le mérite de tenir à distance son retour, sans jamais remarquer que ce harcèlement continu amène à se demander si les Victimes originales ne l’avaient pas mérité, ou pousse certains, désireux d’échapper au bombardement, à tenter de prouver qu’il n’y a jamais eu de [tort historique], de sorte que les revendications des Victimes puissent être ignorées.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce Culte n’existerait pas s’il était laissé aux seules Victimes. Ceux qui sont identifiés comme Oppresseurs doivent aussi croire à leur rôle dans le Culte, et le font. Les Oppresseurs s’accordent avec les Victimes sur le besoin de compensation des Victimes. Sans Oppresseurs actifs et fidèles, il n’y a pas de Culte. Il n’y a pas de frontières strictes ici. On peut être à la fois Oppresseur et Victime, tous deux auto-identifiés, mais dans des aspects différents.

Les constituants des deux groupes changent et se spécialisent avec le temps — la spécialisation survient dans tout domaine avancé. Seuls quelques-uns remettent en question la logique du Culte, surtout pas quand des distributions sont faites aux Victimes et que les gens veulent leur part du butin.

Je me lasse des Victimes. Nous péchons tous contre les autres hommes et contre Dieu, mais je ne ressens aucune culpabilité envers aucune Victime. Pas une seule. Pas un instant. Je ne dois rien aux Victimes. Je n’accepte pas non plus le rôle d’Oppresseur. Et je ne m’abaisserai pas à revendiquer la Victimisation parce qu’on m’accuse d’être un Oppresseur.

Le Culte est responsable de la création des crimes de « haine », qui codifient la débilité pleurnicharde. Les crimes de « haine » ne sont rien d’autre que des privilèges accordés aux Victimes par des Oppresseurs en proie à une culpabilité mal placée. Croire qu’on peut éliminer la haine en la criminalisant représente l’apogée absolue de l’efféminement.

Je rejette en bloc le Culte, et vous devriez en faire autant. Les personnes réelles qui subissent de réels torts sont plus ou moins méritantes, mais ceux qui ne sont que membres du Culte, les lointains qui revendiquent un statut de Victime, ne méritent rien. Ceux qui revendiquent le statut d’Oppresseur sont ridicules et souffrent d’une pitié mal placée. Les cris de torts « systémiques », qui sont des torts occultes que seuls les adeptes peuvent voir, sont pathétiques, efféminés. Tout cela relève de l’illusion que « la vie devrait être juste », contre laquelle les mères mettaient en garde, autrefois, avant que le Culte ne devienne envahissant.

Restaurez la liberté d’association. Laissez les gens discriminer et choisir leurs voisins, amis, employés, étudiants. Si Harvard veut n’inscrire que des Victimes, qu’elle le fasse. Mais si Sanity U veut n’inscrire que des capables, qu’elle le fasse aussi. Le parrainage étatique des Victimes doit cesser. Fin à toutes les flatteries officielles.

Quant à la raison pour laquelle vous devez rejeter le Culte, on m’a posé cette excellente question. Voici cet échange, que je ne pense pas pouvoir surpasser comme bonne explication :

« Que pensez-vous du rapport entre le culte de la victime et la religion authentique de la victime (le christianisme) ? Cette vieille idée selon laquelle le premier serait une dégénérescence du second est-elle vraie ? Avez-vous écrit là-dessus quelque part ? Cela m’intéresserait ».

Très brièvement, nous avons la Victime sacrificielle ultime, afin qu’aucun de nous n’ait à être victime.

« Très concis. Mais bien souvent l’imitation du Christ s’est transformée en une façon de se faire victime, même si c’est de manière plus élevée (car pour in but plus noble) que les adeptes du culte. Et le lien entre piété et pitié n’est-il pas trop étroit pour que nous permettre de dissocier complètement le christianisme de ce culte de la pitié ? »

La différence est que les adeptes du Culte de la Victime estiment qu’ils méritent ou qu’on leur doit quelque chose en raison du sacrifice de leurs chefs cultuels. Tandis que les chrétiens comprennent que la souffrance et le sacrifice peuvent encore êtreofferts aux autres, à la manière du Sacrifice ultime. Les Victimes ne veulent que recevoir, pas donner.

« Je vois, oui. Le “droit acquis” remplace la gratitude pour la grâce. J’ai vu une affiche aux couleurs de l’arc-en-ciel sur une église à New York qui disait : “LA FIERTÉ EST UN DROIT DIVIN”. Pourtant, le libéral qui confond moralité et don aux victimes n’est intelligible que comme une éthique chrétienne dégénérée.

« C’est-à-dire que “l’héritage” chrétien (en admettant que personne n’a jamais aussi mal géré un héritage) apparaît plus clairement chez ceux qui plaignent les victimes que chez les victimes elles-mêmes ».

Le gentleman cité (Hermotimus) a raison.

Texte original publié le 18 août 2025 : https://www.wmbriggs.com/post/57803/