Emprunté au site https://www.quete-ultime.org/
Deux questions qu’on me pose fréquemment : La première : « Ai-je besoin d’un enseignant ? »
Et c’est une question qui me trouble toujours, parce que je me demande pourquoi vous ne voudriez pas d’enseignant.
Quand Baba Muktananda est mort, je suis retourné en Inde pour ses obsèques, et Baba Prakashananda était présent. Je descendais à peine de l’avion (mon nom indien était « Narayan ») tandis qu’il marchait sur le chemin dans les bois et il m’a vu et a dit : « Oh Narayan, Narayan, Narayan, je savais que Narayan allait venir. » Alors je lui ai demandé : « Que dois-je faire ? » Il a dit : « OK tu restes 30 jours ici et tu chantes ces chants, tu récites ces mantras et quand tout cela sera fini après 30 jours, je veux que tu viennes là où je vis. » J’ai répondu : « OK ! »
Parce que personnellement, je vois toujours un enseignant comme quelqu’un qui est vraiment de votre côté. Dit simplement : il a votre propre intérêt à cœur, pas le sien. Donc, personnellement je vois un enseignant ainsi : imaginez que vous marchiez dans la rue, que vous tombiez et vous brisiez la jambe et que vous ayez affreusement mal. Quelqu’un passe par là et vous relève, vous prend dans sa voiture et vous emmène à l’hôpital où vous serez soulagé. Voilà ce qu’est un enseignant pour moi. Cela me semble dingue de dire : « Oh non, non, non, je peux me lever et aller à l’hôpital tout seul »
Mon ami londonien Mark le formule ainsi : Supposons que je recherche un restaurant, mais je ne le trouve pas. Je suis complètement perdu, et un passant qui a été dans ce restaurant des centaines de fois passe par là et dit : « Oh je vois que vous êtes perdu, que cherchez-vous ? » « Eh bien je cherche ce restaurant. » Le passant me répond : « OK, vous tournez à droite puis à gauche puis descendez 2 miles puis de nouveau à droite et c’est sur votre gauche ». Et là je dis : « Oh non, non, non, je vais le trouver tout seul ! »
Donc pour moi, voici ce qu’est un enseignant : il ou elle a totalement votre propre intérêt à cœur. Il ou elle est totalement organisé autour de « vous ».
Ce qui mène à la seconde question qui revient tout le temps, c’est-à-dire : « Comment distinguer un « vrai » enseignant d’un faux ? »
C’est difficile d’en parler parce qu’en occident, il y a une corrélation entre l’enseignement et la qualité de l’enseignement, ou de la présentation ou du fait qu’on aime ou pas la personne. D’ailleurs est-il un bon enseignant ou est-il un « Enseignant » ? Sait-il qui il est ?
Alors la seule chose que je puisse réellement faire à ce propos est un neti-neti (ni ceci, ni cela) c’est-à-dire : « Que faut-il éviter ? »
La première chose que j’éviterais, dans le sens « ni ceci ni cela », c’est si quelqu’un a une organisation hiérarchisée.
Si quelqu’un a une organisation hiérarchisée et qu’il est plus sur un modèle de type économique où il veut du monde et puis encore plus de monde, puis construire des centres et des ashrams un peu partout… Je m’en méfierais !
Une autre chose dont je me méfierais est si quelqu’un demande trop d’argent. Je n’ai pas de problème avec les gens qui demandent de l’argent en échange d’un service. La question est : « Combien ? » Pour moi, le prix doit être dans les moyennes d’un pays particulier ou de l’endroit particulier où on se trouve.
Par exemple si le prix moyen en Californie est de 125 ou 150 dollars par jour pour un atelier, c’est un prix raisonnable. Selon le contexte…
En Inde, ça peut être 150 roupies par jour. Mais si des gens demandent tout à coup 300, 400, 500 dollars par jour, ça pour moi ce serait neti-neti, quelque chose à éviter.
La troisième chose que j’éviterais c’est quand on vous donne des garanties. Résultats garantis !
Si vous faites cette pratique, vous atteindrez cet état permanent, si vous faites cela vous obtiendrez ceci définitivement, c’est garanti ! Vous participez à cet atelier, à ce stage, vous faites cette pratique : résultat garanti ! Tout cela fait partie de la hiérarchie, du modèle économique, et de ce que j’appelle le business de l’éveil.
Une autre chose à éviter serait si vous voyez sur un site web quelque chose comme : « Notre mission est de vous servir dans votre processus d’éveil. » Le mot « mission » a une connotation bizarre car même si ce n’est qu’un mot, il implique qu’une sorte de service supérieur est effectué.
Or, le service, ou le karma yoga est un service désintéressé. Ce n’est pas : « Je serai à votre service dans votre processus d’éveil pour tel prix. ». Ça c’est un business de l’éveil.
Une autre chose que je regarderais comme néfaste est si, tout à coup, l’époux (se) entre en jeu. Alors on a non seulement le maître illuminé, homme ou femme, mais brusquement on se retrouve avec le couple illuminé.
Le maître enseigne l’Advaita Vedanta et tout à coup sa femme apparaît et elle enseigne l’Advaita Vedanta. Pourquoi j’éviterais cela ? Parce qu’il s’agit d’un archétype ou d’une structure du genre : « Voici le couple parfait. »
Si vous avez déjà vu ces shows où des gens donnent des stages relationnels, il s’agit du couple parfait qui se tient comme ceci… Nous voilà avec le parfait couple illuminé !
Et enfin la dernière chose qui pour moi est importante à rejeter est ce concept d’intégration. En d’autres mots il y a un texte sous-jacent ou un contexte sous-jacent, qui stipule que si vous faites cette pratique spirituelle, vous serez capable d’être plus, d’avoir plus, de créer plus, d’avoir de meilleures relations, de faire plus d’argent… AVOIR plus !
La spiritualité n’a rien à voir avec être plus, faire plus, avoir plus, créer plus. Selon Nisargadatta Maharadj, la spiritualité c’est une seule et unique chose. Et c’est : découvrir qui vous êtes.
Donc il y a un piège autour de l’intégration ou la réalisation, où tout à coup vous allez être réalisé ou conscient ou pleinement illuminé. Parce que l’essence du yoga c’est que vous n’êtes pas le mental, vous n’êtes pas le corps, vous n’êtes pas celui qui fait.
Et si vous n’êtes pas le mental, le corps, l’acteur, qui ou quoi peut être intégré ou réalisé ?