R. P. Kaushik
Approches de votre conscience

Traduction libre L’impression créée par le discours d’hier, du moins dans certains esprits, était que je prescrivais un système ou une structure. Je n’ai moi-même jamais vécu dans aucune structure et je ne pense jamais qu’une structure soit sacro-sainte. Je prescris des médicaments pour une personne malade. Si vous êtes en bonne santé, vous n’avez […]

Traduction libre

L’impression créée par le discours d’hier, du moins dans certains esprits, était que je prescrivais un système ou une structure. Je n’ai moi-même jamais vécu dans aucune structure et je ne pense jamais qu’une structure soit sacro-sainte. Je prescris des médicaments pour une personne malade. Si vous êtes en bonne santé, vous n’avez pas besoin de médicaments. Si vous avez une parfaite santé, physique et mentale, et que vous n’avez pas de conflit, je n’ai rien à dire, rien à prescrire, et vous n’avez rien à apprendre de personne. La question ne s’est posée que parce que nous avons constaté qu’après avoir vécu ces expériences, les personnes rechutent parce qu’elles ne peuvent pas les stabiliser, et pour tenter de stabiliser ces expériences, elles se tournent alors vers des techniques ou des méthodes.

En l’absence de toute technique ou méthode, et c’est mon expérience, et l’expérience de tout ceux que j’ai rencontré, ces états de conscience modifiés disparaissent. Il ne s’agit pas de savoir si les gens apprennent ou peuvent vivre des expériences sans avoir conscience de leur corps ou de leur santé. Au contraire, mon sentiment est que le premier impact, votre première compréhension de cette nouvelle énergie, peut se produire effectivement dans un mauvais état de santé ou dans une énorme douleur – dans des circonstances très défavorables. Mais alors que cette première explosion peut avoir lieu dans des circonstances tout à fait défavorables, elle ne peut pas se poursuivre dans des circonstances défavorables. La douleur peut la déclencher, la douleur peut vous ouvrir à cette nouvelle conscience, à cette nouvelle énergie d’amour, mais si vous vivez dans la douleur, elle disparaît. Alors une question importante se pose : pourquoi cet état de conscience ne persiste-t-il pas, pourquoi disparaît-il ?

Au lieu de prescrire des choses à partir de mon expérience et de celle des autres, la façon la plus simple de le dire est que lorsque vous entrez en contact avec cette énergie et que cet état disparaît, veuillez trouver ce qui a causé cette perte de conscience. L’investigation commence à partir de cette perte de conscience. Si vous êtes suffisamment intelligent et que vous regardez en arrière, vous devriez être en mesure de voir si c’est la mauvaise nourriture, la suralimentation, le manque de sommeil, le manque d’exercice ou la fausse pensée qui a causé cette disparition. Mais comme nous ne sommes pas conscients de la possible influence du corps sur l’esprit, mais seulement de l’influence de l’esprit sur le corps, nous semblons ne traiter que de l’esprit. Pourtant, il n’y a pas de division entre l’esprit et le corps ; il s’agit d’une circulation à double sens : l’esprit influençant le corps et le corps influençant l’esprit. Cette prise de conscience peut donc disparaître à cause d’une chose aussi triviale qu’un mauvais régime alimentaire, une alimentation trop riche, une alimentation périmée. De cette enquête se dégagent des principes généraux. Mais si vous pouvez vivre dans un état sain, dans un état de conscience élevé, alors vous pouvez oublier tout ce qui a été dit hier ; ça ne vous concerne pas. Si vous avez un corps en parfaite santé et que vous vous sentez lucide, ne suivez aucune règle.

Lorsque vous savez, après des années et des années d’expériences erronées ou de mauvaises habitudes de vie, qu’une chose particulière vous nuit, éviter cet écueil n’est pas un système. Nous sommes tellement obsédés par le mot “système” que nous commençons à le voir et à le suspecter là où il n’existe pas. C’est pourquoi je tiens à dire très clairement que je suis contre tous les systèmes, toutes les structures, toutes les méthodes. Nous prescrivons des lignes directrices pour voir si le manque de conscience est dû à ces facteurs. Ce n’est donc pas tant que vous devez les suivre ; la seule chose est que, tant que nous sommes ici, vivons de cette façon et voyons ce qui se passe. Mais si l’on veut vivre autrement, alors il n’y a pas de contrainte. Ce n’est qu’une des expériences que nous menons. Si vous voulez expérimenter autrement, vous êtes toujours libre de le faire. Je n’ai aucune idée, aucun système à vendre à qui que ce soit. Tout ce qui m’intéresse, c’est que les gens soient heureux et en bonne santé. Si chacun d’entre vous commence à faire des expériences et à examiner les causes ou les facteurs qui font baisser l’état de conscience, alors je suis sûr que vous rencontrerez aussi certains grands principes dans votre vie ; ce ne sont pas mes principes, ce ne sont les principes de personne ; ce sont les principes de l’intelligence. Et si vous devez attendre que votre santé corporelle soit complètement ruinée pour faire ces découvertes, je ne peux que dire qu’il sera trop tard. Alors s’il vous plaît, n’attendez pas que cette prise de conscience se fasse quand vous êtes trop vieux et que votre santé soit usée. Commencez à expérimenter dès maintenant, commencez à voir et à observer dès maintenant. Car comme je l’ai dit parfois, l’illumination vient juste en buvant une tasse de thé ; la façon dont vous buvez une tasse de thé peut faire une grande différence. La façon dont vous mangez votre nourriture fait une grande différence.

Il suffit de boire une tasse de thé, de prendre une gorgée et de ne pas l’avaler. Gardez-la en bouche et tenez-la pendant une, deux ou trois minutes, puis avalez-la. Ensuite, ressentez le goût ou le plaisir de boire le thé, et si ça vient lorsque vous avez ce liquide dans votre bouche ou lorsqu’il passe de votre gorge à votre estomac. Quand ressentez-vous ce goût maximal ? Lorsqu’il dépasse votre gorge. Ce soi-disant plaisir que vous semblez tirer de la consommation de thé survient donc lorsque la consommation est terminée, lorsque l’acte est terminé. Dans cet état, appréciez-vous vraiment le thé ou en appréciez-vous le souvenir ? L’esprit humain se nourrit uniquement de cette post-réaction, qu’il appelle expérience. Vous devenez accro aux goûts et à certains types d’aliments, vous avalez votre nourriture ; vous mangez à la hâte, et vous ne faites qu’accumuler les sensations qui viennent après l’action, après avoir mangé. Vous emmagasinez ces sensations, vous les chérissez.

Ce qui est nécessaire dans la vie, ce n’est pas de stocker ces sensations dans votre inconscient, mais de les absorber complètement. Pour absorber complètement ces sensations, il faut y prêter une attention totale, qu’il s’agisse de sensations de nourriture, de sexe, de regarder une montagne ou des nuages, de recevoir de l’argent ou une belle lettre. Vous devez vous observer au moment où vous attendez anxieusement le facteur. Observez-vous lorsque cette lettre n’arrive pas ce jour-là, observez-vous lorsque vous lisez cette lettre, observez-vous lorsque vous avez terminé cette lettre. Chaque fois, chaque moment de notre vie est basé sur la culture de ces sensations. Ce sont ces sensations qui sont stockées comme mémoire dans l’inconscient, et qui provoquent une forte dépression et une grande frustration. Lorsque cette sensation est perdue, ce plaisir est perdu. Cela n’a rien à voir avec une autre personne. Si vous n’avez pas construit votre inconscient avec ces sensations non absorbées qui sont le plaisir, alors vous êtes toujours libre – dans toutes vos relations, vous serez libre. Alors vous pouvez aimer, vous pouvez avoir des relations avec les gens. Lorsqu’une relation prend fin, par des circonstances naturelles ou non, par la mort ou par l’abandon, alors vous ne serez pas touché par la tristesse. Mais si vous n’avez pas vécu la vie avec attention, soin et conscience, alors le chagrin sera présent à chaque pas que vous ferez dans la vie, à chaque sourire, à chaque poignée de main, à chaque lettre que vous lirez, à chaque belle conversation que vous aurez avec quelqu’un. Vous appelez cela une belle relation, mais ce n’est pas beau du tout ; vous ne faites qu’emmagasiner des sensations qui finiront par créer de lourdes réactions dans votre esprit. Ces sensations que vous appelez plaisir, que vous appelez bonheur. Ce bonheur, c’est une réaction.

Et pour maintenir cet esprit et ce corps dans un état de conscience sensible, dans lequel vous continuez à absorber chaque sensation qui passe dans votre corps et votre esprit, vous ne pouvez pas vous permettre de gonfler votre estomac avec de la nourriture lourde, parce qu’alors pendant trois ou quatre heures, votre conscience a complètement disparue. Ce n’est pas une question de structure ou d’absence de structure ; la question n’est pas de savoir si vous devez faire attention à votre nourriture ou à vos vêtements ou à votre repos ou à votre sommeil ; la question est de savoir si vous êtes heureux où que vous soyez. Si vous n’êtes pas heureux, découvrez la cause de votre malheur, voyez ce qui vous rend malheureux. Le plus simple pour la plupart des gens est de pratiquer des techniques, de répéter des mantras, de faire de la respiration profonde, de la danse ou certains exercices, de pratiquer la relaxation avec des machines alpha ou par autosuggestion. Alors la douleur disparaît, votre frustration disparaît, votre ennui disparaît ; il peut disparaître avec ces techniques mais la graine est à l’intérieur. La graine n’est jamais déracinée.

En se contentant de parler ou d’assister à ces conférences, cette prise de conscience ne peut être obtenue. Si vous ne faites pas attention à toute votre vie, alors vous devez suivre un enseignant particulier, un orateur particulier où qu’il aille, pour charger la batterie de votre système nerveux. Ces derniers temps, l’esprit moderne a subi de nombreuses influences, provenant de la philosophie existentialiste ou même des conférences de Shri J. Krishnamurti. Les gens en ont fait une nouvelle religion, une nouvelle philosophie : vivre le moment présent, et ne pas se soucier de l’avenir ou du passé. Pas de système et pas de philosophie, pas de tradition : cette pensée elle-même devient une nouvelle philosophie, une nouvelle tradition. Les personnes qui parlent de cette prise de conscience – de n’avoir aucun système, aucune technique, aucune méthode – ne peuvent être libérées de ces livres. Ils doivent lire ces livres en permanence, ou bien ils doivent suivre l’enseignant partout où il va. Cela ne semble pas entraîner un changement dans leur conscience. À mon avis, le test de l’illumination, le test d’une transformation dans votre esprit n’est pas ce que vous lisez et ce que vous dites. C’est comment vous rapporter au monde – si vous avez une qualité d’affection et d’amour pour vos semblables, si vous êtes sensible à la souffrance et à la douleur des autres, et comment vous réagissiez à leurs situations, comment vous répondez à la douleur humaine : que ce soit par la parole, par la rationalisation ou la philosophie ou par une action concrète. En fin de compte, le test final est donc de savoir si vous êtes heureux intérieurement et si vous êtes heureux dans votre environnement, dans vos relations. Si votre relation avec votre petite amie, votre petit ami, votre mari, votre femme, vos frères, vos sœurs et vos voisins s’est améliorée, tant mieux. Mais si vos relations sont chaotiques et frustrantes, alors peu importe le gourou que vous suivez, le livre que vous lisez, le système dont vous parlez, tout cela n’a aucun sens. Je parle aussi de vivre le moment présent, mais pour moi, le moment présent n’est pas une fraction de seconde. Pour moi, le moment est le point de rencontre du passé et du futur, le point de liaison où l’ensemble du temps peut être vu en une fraction de seconde. Un moment contient le germe de l’éternité : l’ensemble du présent, du passé et du futur.

Si vous n’avez pas fait disparaître votre passé, non pas en l’ignorant, mais en passant par tout votre inconscient, vous ne pouvez pas vivre le moment présent. Le simple fait d’écarter vos pensées du passé et du futur ne vous permettra pas de vivre dans le présent – ce n’est qu’une autre forme de résistance. Vivre dans l’instant présent implique de comprendre complètement votre passé – connaître votre passé en termes de complexes cachés, de réactions et de souvenirs agréables et désagréables stockés – et ayant vu ce qu’est le passé dans son ensemble, voir aussi les probabilités et les possibilités futures. Ce n’est qu’avec un tel esprit total que vous pouvez être dans le moment présent et répondre aux défis du moment. Sinon, si vous cultivez la résistance au passé et à l’avenir, vos réponses dans le présent seront fragmentaires et brisées, incomplètes et inadéquates. L’esprit humain aime tellement construire un système ou une philosophie à partir de chaque mot, à partir de chaque nouvelle phrase, et ainsi nous inventons des formules. Ces formules ne nous aideront pas à résoudre le problème. Ce qu’il faut, c’est de l’intelligence. Ainsi, vivre le moment présent n’est pas une opposition au passé et au futur. C’est être dans l’harmonie du temps.

Hier, je ne parlais donc pas d’expériences spirituelles ; on peut avoir des expériences spirituelles sans se soucier de ce qu’on mange et de ce qu’on boit. Mais si vous ne prenez pas soin de votre corps et de certains autres facteurs qui influencent la santé du corps, alors vous devrez créer une division entre votre esprit et votre corps, entre la conscience et la sensibilité physique. Il est possible de vivre de cette façon, ce n’est pas difficile. J’ai vécu de cette façon – j’ai vécu dans la maladie. Pendant ma crise cardiaque et mes crises d’asthme, je savais que ma conscience n’était pas affectée. La conscience peut s’aliéner des associations physiques, des sensations corporelles. Mais alors vous ne pouvez pas vivre une vie totalement intégrée ; votre vie sera toujours fragmentée ; votre corps souffrira et créera des problèmes. Si vous pensez qu’un changement de conscience est nécessaire pour l’humanité d’aujourd’hui, alors ce changement de conscience ne doit pas s’arrêter au niveau mental, au niveau nerveux. Les changements psychologiques doivent en fin de compte conduire à des changements physiques. Nous ne connaissons pas la limite de l’évolution, nous ne savons pas dans quelle mesure ces changements psychologiques vont affecter le corps.

Nous apprenons tout le temps, même si nous apprenons à travers les maladies. Mais la question est de savoir si cet apprentissage devient une partie intégrante de notre compréhension. Bénéficions-nous de cet apprentissage ? Mon sentiment est que l’esprit humain est capable de tant de tromperies qu’il n’apprend rien de l’histoire passée. S’il le faisait, ce serait un monde merveilleux. Si vous parcourez les pages de l’histoire, vous verrez qu’il n’y a jamais eu un seul dictateur qui ait connu une bonne fin et pourtant les dictateurs reviennent encore et encore. Vous pouvez regarder l’histoire et voir très clairement que la violence n’a jamais payé, que les guerres n’ont jamais mis fin à aucun problème, que les guerres n’ont jamais apporté aucune solution ; et pourtant les guerres arrivent tous les dix ou vingt ans. Aujourd’hui, elles sont plus fréquentes, pas des grandes, mais des petites, les mêmes guerres stupides et folles. Et les nations se mettent en guerre sans résoudre aucun problème. Les guerres n’ont pas résolu les problèmes des dix mille dernières années et pourtant, l’homme civilisé et sain d’esprit d’aujourd’hui part en guerre. Qu’est-ce que l’homme a appris ? Laissez de côté l’histoire humaine, simplement observez-vous. Il y a deux mois, six mois, vous avez pris un repas copieux, vous vous êtes senti complètement ballonné, et pendant trois heures, vous avez été déconcentré, et vous avez dit : « Mon Dieu, c’est très mauvais ». Mais était-ce la dernière fois, ou cela s’est-il produit encore et encore ? L’intelligence signifie que la mauvaise chose ne doit pas être répétée encore et encore. Vous pouvez faire une nouvelle erreur, mais pourquoi répéter l’ancienne ?

Cette conscience est donc émoussée si votre corps et votre esprit ne restent pas dans un état de haute sensibilité. Je voudrais mentionner la nourriture carnée à ce stade, car elle a tendance à émousser la sensibilité, elle a tendance à rendre les êtres humains un peu insensibles. Cela ne signifie pas que les personnes qui ne mangent pas de viande ne peuvent pas être insensibles. Manger de la viande tend à rendre plus dur, mais relativement. Un mangeur de viande peut être relativement plus sensible qu’un végétarien ; nous ne comparons pas le végétarisme à la consommation de viande. Nous parlons simplement d’une harmonie totale à l’intérieur et à l’extérieur, d’une harmonie totale entre le corps et l’esprit. Et pour cela, il faut expérimenter et découvrir. En fin de compte n’acceptez pas n’importe quel mot ; faites votre expérience.

Ensuite, en ce qui concerne les drogues, la question a été soulevée à maintes reprises, car il existe une notion très forte selon laquelle les drogues psychédéliques augmentent la sensibilité. Il est très difficile d’argumenter quand votre expérience vous dit qu’elles augmentent la sensibilité, que vous pouvez entendre certains sons, que vous pouvez voir certaines couleurs, que vous pouvez ressentir certaines choses que vous ne pourriez pas ressentir sans ces drogues. Lorsque vous avez cette expérience et que l’on vous dit que cela vous rend renfermé, comment pouvez-vous l’accepter ? C’est contraire à votre expérience. Mais pour comprendre une expérience, il faut une grande intelligence ; vous devrez entrer dans la structure totale de l’expérience. La plupart du temps, ce que vous appelez expérience est une interprétation de vos sensations ou réactions qui proviennent de votre conditionnement passé. L’esprit humain fait rarement l’expérience de quelque chose de nouveau ; il se répète mécaniquement. Lorsque vous prenez une drogue pour planer, vous constatez que la prochaine fois que vous voulez faire la même expérience, vous devez augmenter la dose. Pourquoi ? Si votre esprit était devenu sensible dès la première dose, la deuxième fois, vous devriez en avoir besoin de moins et la troisième fois encore moins, et après un ou deux mois d’utilisation, votre esprit devrait être si sensible que vous ne devriez plus avoir besoin de prendre de drogue. Suis-je en train de dire quelque chose de contraire à l’expérience ou le fait, qu’après une utilisation prolongée, vous aurez besoin de plus de drogue, et non de moins, pour planer ?

Ensuite, lorsque vous dites que les drogues augmentent la sensibilité, est-ce la drogue qui augmente la sensibilité, ou une certaine intelligence qui vous fait utiliser la drogue d’une manière particulière qui augmente la sensibilité ? Si vous êtes très tendu, les drogues peuvent vous aider temporairement à surmonter une crise. Si vous voulez échapper à la réalité, et c’est le seul moyen disponible, allez-y. Nous ne parlons pas de l’utilisation de drogues pour s’échapper dans une situation différente, un état de conscience différent. Nous parlons de l’utilisation des drogues pour amener la sensibilité de l’esprit.

Je ne condamne pas la consommation de drogues et je ne préconise pas non plus la non-utilisation de drogues. Je vous demande simplement de voir dans quelle mesure les drogues aident à provoquer un état de défonce ou un changement de conscience. Car si vous pouvez utiliser les drogues de manière saine et judicieuse, alors il existe également de nombreuses autres façons d’atteindre un état de conscience modifié – par une simple méditation, peut-être par l’autohypnose, peut-être par un mantra. Je vous demande simplement d’examiner votre besoin de prendre des drogues, pourquoi vous en prenez, si vous pouvez répondre à cette question de manière adéquate. En ce qui concerne la consommation de drogues pour augmenter la sensibilité et vous ouvrir aux expériences psychiques ou inconscientes, les drogues ont tendance à abaisser la conscience physique, la sensibilité physique, et donc à conduire à des états plus psychiques. Lors de l’exploration de l’inconscient ou des états psychiques, il peut y avoir une utilisation limitée des drogues. Mais d’autres méthodes peuvent également être utilisées. En gros, toutes ces méthodes sont basées sur l’autohypnose, la suggestion – même les drogues que vous prenez. Lorsque vous parlez d’utilisation judicieuse des drogues, vous parlez évidemment d’autohypnose ou d’autosuggestion ; car les drogues ne sont qu’un moyen, un véhicule pour induire cet état d’autohypnose. Après cela, votre conscience prend le dessus. En Inde, un grand nombre de personnes ont pris des drogues dans le passé pour déclencher ce changement de conscience, mais une fois qu’il était déclenché, elles devaient le maintenir grâce à un mantra ou une méthode ou technique quelconque. C’est donc une chose de déclencher certains changements dans la conscience et c’en est une autre de les maintenir. La question n’est pas de déclencher cet état ; la question est de le maintenir.

Le tabagisme, l’alcool, la nourriture carnée, trop de thé, de café, trop d’épices, tout cela émousse la sensibilité. Vous n’êtes pas obligés d’accepter mes paroles, vous pouvez les expérimenter ; je ne prêche pas que vous devriez arrêter de manger de la viande ou de fumer, cela ne fait aucune différence pour moi. La seule chose est que vous n’êtes pas conscient de l’effet de fumer, de boire, de prendre autant de café ou de thé, ou même de la nourriture, parce que vous n’êtes pas attentifs à ce que vous faites. Vous vivez toujours dans un état de vide, vous vous échappez dans le bavardage. Lorsque vous fumez et que vous pensez à de la poésie ou que vous fredonnez quelques lignes de musique dans votre esprit, vous ne savez jamais ce que la cigarette vous fait, parce que la cigarette ou la poésie vous procure une certaine stimulation. Il en va de même pour la nourriture ; lorsque vous êtes assis avec un groupe de dix ou quinze personnes et que vous discutez de quelque chose d’intéressant, il se peut que vous mangiez trop. Vous n’êtes pas conscient de trop manger, sauf au bout d’une ou deux heures.

La plupart des choses dont je parle – sur lesquelles il peut y avoir des divergences d’opinion – surviennent précisément parce que les gens ne sont vraiment pas attentifs à ce qu’ils font. Une fois que vous commencez à leur prêter attention, et que l’esprit et le corps deviennent de plus en plus sensibles, vous constaterez que vous ne pourrez plus fumer ou boire autant de thé ou de café. Vous fumerez et tousserez. Vous boirez et sentirez la réaction de la drogue sur votre corps et votre esprit. Ce n’est donc que lorsque l’esprit devient trop terne et insensible que ces drogues, ces stimulants produisent un état de grande énergie. Lorsque l’esprit devient totalement sensible et que vous cherchez à vivre d’autres expériences, les drogues n’ont plus aucun effet sur vous. Il n’y a plus d’expérience. Tant d’expériences liées à la drogue sont le résultat de votre besoin d’expériences, de vos projections ; dans cet autre état de conscience, vous commencez à faire l’expérience de ce que vous avez projeté ou souhaité.

Une fois que vous avez compris la nécessité de maintenir le corps dans un état d’équilibre grâce à des vêtements appropriés, une nourriture appropriée, un exercice approprié, un repos et un sommeil adéquats, alors votre corps est prêt pour un nouveau miracle. Je vais parler de ce miracle aujourd’hui. Ce miracle est ce que les anciens appelaient l’alchimie, la transformation de ce corps en une structure incorruptible et immortelle. Je ne peux vraiment pas dire que la mort ne viendra pas, peut-être que la mort viendra, mais on peut vivre longtemps et en bonne santé sans signes de déclin. Cette transformation, ce changement alchimique peut être provoqué dans le corps par l’attention portée à ces facteurs extérieurs, associée à des changements dans la psyché par la prise de conscience et la méditation. Ces changements peuvent être provoqués en préparant d’abord le contexte, en affinant l’instrument qu’est le corps, et ensuite en équilibrant les aspects positifs et négatifs, l’énergie masculine et féminine à l’intérieur. Dans les anciens systèmes de yoga, cette question a été abordée sous de nombreux angles. Certains systèmes utilisaient certains produits chimiques, composés de mercure, de soufre ou de mica, qui avaient cet effet vitalisant sur le corps.

Le Hatha yoga est une des approches qui a été utilisée pour provoquer ce changement alchimique dans le corps. Vous serez peut-être intéressé de savoir que « ha » et « tha » représentent le soleil et la lune, qui représentent les énergies masculine et féminine. Ainsi, hatha yoga signifie l’union du masculin et du féminin. Ces asanas yogiques ne sont pas seulement des exercices physiques, ils servent également à activer les centres psychiques. Toutes ces asanas que vous faites, les poses que vous pratiquez, sont conçues pour exercer des pressions sur certains centres psychiques. Lorsque vous pratiquez ces asanas, une respiration appropriée et une concentration sur ces centres sont nécessaires pour obtenir les plus grands bénéfices, comme c’est le cas avec d’autres techniques de yoga telles que neti et dhoti, et les exercices de respiration comme le pranayama. Je suggère que ces exercices ne soient pas utilisés pour provoquer des états de conscience spirituels ; l’utilisation de ces pratiques pour provoquer des états élevés serait similaire à la consommation de drogue. Mais l’utilisation de ces techniques mécaniques pour maintenir la santé en parfait état répond à une nécessité. Peu importe le type d’exercices que vous faites, vous devez faire de l’exercice.

Q : D’autres formes d’exercice seront-elles adéquates, comme la danse ?

Dr : Oui, elles pourraient l’être, juste pour maintenir la santé. Mais la méditation sera toujours nécessaire. Si vous voulez amener ce changement alchimique dans le corps, la danse seule ne sera pas suffisante. Si votre esprit est déchiré par les conflits, les soucis et l’anxiété, alors la danse seule ne vous aidera pas. Alors, la danse, le yoga, le tai-chi ou un exercice physique, l’attention portée à la nourriture et, en plus de tout cela, la méditation qui met fin au conflit sur le plan psychologique : ces trois choses sont nécessaires pour amener le changement alchimique dans le système. Dans le hatha yoga, tous les exercices sont conçus pour amener l’harmonie de l’énergie masculine et féminine, l’énergie négative et l’énergie positive dans le corps.

Un autre système de respiration est apparenté au hatha yoga. Les anciens ont observé que pour qu’une personne reste en bonne santé, la respiration doit passer alternativement par les narines droite et gauche à des moments différents. Si ce n’est pas le cas, il y a quelque chose qui ne va pas et le déséquilibre se manifestera ; telle était leur conclusion. Ils ont également associé certaines activités à la narine droite, et d’autres à la gauche. Manger, courir et faire de l’exercice, se mettre en colère, boire du vin, avoir des rapports sexuels, tout cela demande beaucoup de chaleur, beaucoup d’énergie ; et donc ces choses ne doivent être faites que lorsque le souffle passe par la narine droite.

Q : Quelles sont les activités du côté gauche ?

Dr : Les activités du côté gauche sont de boire de l’eau, d’uriner, d’être amical avec les gens, de parler aux gens.

Q : Le travail avec l’inconscient doit-il se faire principalement lorsque la narine gauche est ouverte ?

Dr : Ils ont dit oui, toute méditation doit être faite lorsque la narine gauche ou les deux narines sont ouvertes. Mais si vous voulez répéter un mantra ou développer certains siddhis ou pouvoirs, alors la droite doit être ouverte.

Q : À quoi cela sert-elle, cette attention à la narine gauche et à la narine droite ? Est-ce pour les pouvoirs psychiques ou pour rétablir un équilibre ?

Dr : C’est pour toute la vie. Vous voyez, ils parlaient de toutes les activités : les activités de l’homme d’affaires, de l’étudiant, du maître de maison, de l’homme qui médite sur son côté spirituel – quelle que soit l’activité. Ils disaient que l’équilibre du côté féminin et du côté masculin doit être maintenu si vous voulez vivre longtemps et en bonne santé.

Q : Mais cela semble être une préoccupation étonnante.

Dr : Oh, ne le faites pas, je parle juste de la façon dont les gens ont abordé ces questions, pas que vous devriez faire tout cela, ou vous en préoccuper. Mais vous devez avoir une idée générale de la façon dont l’énergie masculine et l’énergie féminine doivent être équilibrées, parce que mon propre sentiment est que si votre esprit devient vigilant et que votre corps reste en bonne santé, alors vous trouverez que la respiration change automatiquement, sans avoir à y faire attention. Mais si vous commencez par la respiration, elle devient alors une préoccupation supplémentaire. Je ne fais qu’évoquer, à titre de point d’intérêt historique, la façon dont les anciens équilibraient l’esprit en essayant de mettre en équilibre le masculin et le féminin. Le premier exemple que j’ai utilisé était celui des drogues, comme le mercure, le mica ou le soufre, la deuxième approche que j’ai mentionnée était le hatha yoga, et la troisième était la régulation de la respiration ; ce n’est pas que vous devez prendre ce composé de mercure ou que vous devez surveiller votre respiration. J’en parle simplement comme d’une note historique.

Cette respiration était donc une approche pour maintenir l’harmonie entre le masculin et le féminin. Et si le masculin et le féminin sont en harmonie à l’intérieur de vous, vous serez en harmonie avec le masculin ou le féminin à l’extérieur. Lorsque l’harmonie intérieure est perturbée, l’harmonie extérieure l’est aussi. Le secret de l’harmonie dans l’environnement extérieur, dans l’univers entier, réside donc dans le fait que si vous êtes en harmonie à l’intérieur, il y aura également une harmonie totale à l’extérieur. Mais si, sans parvenir à cette harmonie intérieure, vous voulez apporter l’harmonie à l’extérieur par une approche fragmentaire en traitant les choses de l’extérieur, cela ne se produira jamais ; cela n’apportera que de plus en plus de fragmentation et de misère.

Tout le système du yoga, de la prise de conscience et de la compréhension est utilisé pour voir à l’intérieur de soi et amener ces changements en soi, et vous verrez le monde extérieur commencer à changer. Il ne s’agit donc plus pour moi de prescrire une quelconque structure ou un quelconque système. Je dis simplement : s’il vous plaît, mettez en harmonie le masculin et le féminin qui sont en vous. Mais seulement si vous voulez vivre sainement ; si vous ne vous souciez pas de la maladie et de la mauvaise santé, alors cela n’a pas d’importance ; ce n’est pas nécessaire. Sinon, on peut me reprocher de prescrire des structures, des dogmes et des systèmes qui ne m’intéressent pas le moins du monde. Je n’ai jamais parlé de ces sujets auparavant ; c’est la première fois que je les aborde. Je ne parle que parce que je vois sans cesse ces problèmes auxquels les gens sont confrontés ; ils ne peuvent pas rester dans un état de vigilance, quoi qu’ils fassent. En fin de compte, ils suivent certains systèmes, certaines méthodes ou certains mantras. Il ne s’agit alors que de choisir quelle drogue est la meilleure, de choisir entre un système, une méthode ou un mantra et une drogue quelconque. Ensuite, c’est à vous de choisir. Mais si vous voulez avoir une vie intégrée, vous devez regarder de tous les côtés. Aucun système ou méthode particulier ne fonctionnera à lui seul, vous devez éveiller votre intelligence.

Une fois que les énergies masculines et féminines sont en harmonie, vous constaterez qu’une explosion se produit dans le corps et l’esprit, et que quelque chose de nouveau est créé. Cela se produit à l’extérieur lorsque vous êtes amoureux d’une femme ou d’un homme ; dans cet état : le mâle n’est plus mâle et la femelle n’est plus femelle. Ce n’est que lorsque l’amour disparaît que le mâle veut dominer et que la femelle veut être dominée, c’est une tendance très naturelle. Je dois dire à nouveau que ce n’est pas mon point de vue ni mon enseignement, que le mâle doit dominer ou que la femelle doit être dominée. Mais cela se produit dans la nature ; la femelle a tendance à se retirer et le mâle a être plus agressif. Vous pouvez le voir dans tout le règne animal, chez les animaux comme chez l’homme. Quand le chien, le chat ou l’oiseau veut faire l’amour, le mâle chasse toujours la femelle, la femelle ne chasse jamais le mâle. Peut-être que si vous avez observé des chiens faire l’amour, vous constaterez que la chienne en chaleur joue le rôle du ressentiment lorsqu’elle est approchée par un chien mâle. Il faut du temps pour qu’elle soit gagnée au jeu de l’amour. Ce sont les énergies mâle et femelle qui travaillent de manière très inconsciente. Et quand je parle d’énergies masculines et féminines, je ne parle pas d’homme et de femme. Parce que dans chaque personne, homme ou femme, les deux énergies sont en action. Le premier besoin est d’harmoniser ces deux énergies à l’intérieur, que vous soyez homme ou femme. Et ce n’est que lorsqu’elles seront en harmonie que la femme deviendra une vraie femme et que l’homme deviendra un homme vrai. Et ce n’est que lorsqu’un homme vrai rencontre une vraie femme qu’un véritable mariage peut avoir lieu ; cet homme cesse d’être un homme et la femme cesse d’être une femme. Une nouvelle harmonie est créée. Un être est créé à partir de deux. Il n’y a plus de poésie ni de romantisme, c’est un fait réel – en état d’amour il n’y a pas de division entre l’homme et la femme, il n’y a pas de division entre vous et moi, il n’y a pas de division entre l’amoureux et l’aimé. Donc, que ce soit dans la relation humaine d’amour ou dans la relation intérieure, il est important qu’il y ait une harmonie entre le masculin et le féminin. Pour conserver cette harmonie, il faut prendre soin de la nourriture, du sommeil, du repos, de l’exercice et du processus de la pensée. Vous ne pouvez pas simplement dire : « Je vais faire ceci, et je ne vais pas faire cela ». Ce n’est pas possible – vous n’avez pas le choix.

Une fois que cette transformation a eu lieu, elle reste. Vous n’avez pas besoin de mantra, de système ou de méthode de méditation pour garder cette vigilance ou cette conscience. Un nouvel être humain est formé, un nouvel être humain est né. Le conflit intérieur, le conflit entre l’homme et la femme disparaît. L’amoureux et l’aimé ne se battent plus. Dans les relations humaines ordinaires d’aujourd’hui, l’homme et la femme sont en état de conflit, et non d’amour. Le mâle domine et la femelle veut aussi dominer et ne pas se soumettre. Et elle domine d’une manière très différente de celle du mâle. Le mâle domine ouvertement, mais elle domine par la persuasion, elle domine par les larmes. Tant que cette domination se poursuit, l’amour ne peut pas être là. Si cette persuasion est là, l’amour ne peut pas être là. Comme cette énergie d’amour est très sensible, elle se retirera si l’organisme n’est pas prêt. Elle ne viendra pas, elle ne se manifestera pas dans l’esprit, dans le corps. C’est pourquoi les affaires d’amour sont vouées à l’échec dès le début parce que l’organisme n’est pas prêt, l’esprit n’est pas prêt. C’est sympathique de tomber amoureux de quelqu’un, mais cela ne dure pas. Cela finit par un conflit, cela finit par un divorce.

Je ne vois pas pourquoi, si les gens sont intégrés intérieurement, une histoire d’amour ne devrait pas être une histoire éternelle. Mais vous ne pouvez pas régler cela avec votre partenaire masculin ou féminin ; vous devez d’abord régler cela avec vous-même. On entre en relation avec un homme ou une femme et on veut régler ça de cette façon, mais ça ne marche jamais. Les gens parlent de Shiva et de Shakti, et maintenant chaque yogi, chaque sadhak, chaque personne veut avoir une Shakti. Votre Shakti sera aussi déformée que vous l’êtes. Si vous êtes une personne perturbée, vous rencontrerez une personne très perturbée pour votre Shakti. Et alors la situation sera bien pire et plus explosive. Ce n’est que lorsque vous aurez créé une harmonie en vous que cette harmonie pourra se manifester à l’extérieur. Vous pourriez alors rencontrer une femme qui correspond à votre conscience. Et si deux personnes, un homme et une femme, ne sont pas dans le même état de conscience, l’amour ne peut pas durer. Cette rencontre exige de la patience.

Des questions ?

Q : Qu’en est-il des relations avec plus d’une femme ou d’un homme en même temps, ou des relations de six mois avec diverses personnes au cours d’une vie ? Serait-ce une façon acceptable de procéder ?

Dr : Acceptable pour qui ?

Q : Shakti ou Shiva.

Dr : Non, non – pas de Shakti ou Shiva – pas de concepts. Vous voyez, la question est de savoir si cela fonctionne dans votre vie : découvrez, puis voyez si c’est juste ou faux.

Q : Ce que vous avez dit m’a donné un sentiment de permanence.

Dr : Dans le sens que l’amour est éternel, il est éternel ; c’est quelque chose qui dépasse même la permanence. Quand je parle de permanence, je parle de quelque chose de très différent. Je ne parle pas d’un amour permanent par opposition à un amour temporaire, mais d’un amour éternel qui est au-delà du temps. Cela n’a rien à voir avec le fait de savoir si cela doit durer six mois ou six ans. Quand je parle de permanence ou d’éternité, je parle d’un amour qui ne meurt pas et ne disparaît pas, d’un amour qui transcende les liens de la mort.

Q : Ce n’est donc pas de l’affection, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que c’est ? Est-ce plus que de l’affection ?

Dr : C’est quelque chose de plus que l’attachement, plus que la possessivité ou la satisfaction sexuelle ou la satisfaction mutuelle.

Q : Alors qu’est-ce que c’est pourquoi semble-t-il se limiter à une personne qui est votre Shakti ? Si c’est au-delà de l’attachement, pourquoi son objet est une seule personne ?

Dr : À mon avis, l’amour est une énergie universelle qui n’a rien à voir avec les personnes. Mais dans différentes circonstances, il peut trouver des expressions individuelles. S’il y a une harmonie totale, alors l’énergie de l’amour peut se manifester dans cette relation, elle peut se personnaliser. Mais au fond, elle est toujours impersonnelle, du début à la fin. Quand cette énergie d’amour devient trop personnelle, elle s’éteint, se flétrit.

Q : Si elle reste toujours impersonnelle, alors ne devient-elle pas très sèche ?

Dr : Non, parce que l’expression est la loi de la nature. L’énergie impersonnelle est destinée à trouver son expression sous une forme ou une autre. Il peut s’agir d’une relation gourou-disciple ; il peut s’agir de deux amis.

Q : Il semble qu’il y ait quelque chose de spécial dans le cas des hommes et des femmes.

Dr : Cela dépend des besoins, des circonstances, de la situation. S’il existe une harmonie parfaite, elle peut s’exprimer sous la forme d’une relation homme-femme. Mais elle n’est pas essentielle à l’existence. Si un homme est là pour donner son amour et une femme pour le recevoir, et qu’ils sont en parfait équilibre et harmonie, cela se produit. Mais si une telle situation n’existe pas, elle reste inexprimée. L’amour reste en vous, l’amour ne disparaît pas. Si le bon destinataire arrive, ça se manifestera. Si le bon destinataire ne vient pas, ça reste retiré. Alors, vous êtes amoureux de votre propre femme intérieure.

Q : À quoi ressemble le fait d’être amoureux à l’intérieur ?

Dr : Il y a un équilibre entre les énergies masculines et féminines à l’intérieur. Lorsque vous passez à un état de non-dualité par la méditation, vous découvrez un amour qui est au-delà de la dualité, qui est un état d’équilibre. Vous ne pouvez pas le comprendre intellectuellement, vous devez être dedans pour découvrir cette dimension. Lorsque vous êtes dans un état de non-dualité, alors vous êtes dans un état d’amour – non pas avec une personne en particulier, mais juste dans un état d’amour. C’est une bénédiction – un état méditatif dans lequel vous êtes simplement heureux sans rien obtenir, sans rien attendre de personne.

Q : Qu’est-ce que l’énergie féminine ?

Dr : Regardez en vous ; observez-vous. Il y a des moments où vous voulez être agressive, vous voulez dominer, et le moment suivant vous voulez être très agréable, très humble. Cette humilité, c’est l’énergie féminine. Quand vous voulez dominer, c’est votre énergie masculine. Vous pouvez parler à quelqu’un avec amour et affection et il vous écoute. Mais si vous voulez les dominer, leur dicter leur conduite et qu’on refuse de vous écouter, alors c’est l’énergie masculine en eux qui refuse de se soumettre à votre domination. Lorsque vous êtes prêt à parler d’amour et d’harmonie, c’est l’aspect féminin qui est prêt à s’ouvrir à toute réponse appropriée. En chacun de nous, si vous vous observez, vous trouverez le féminin et le masculin en action, et vous pourrez voir si c’est en équilibre ou non. Si vous êtes en équilibre, vous êtes en bonne santé mentale et physique.

Maintenant, l’amour peut être très doux et moelleux, il peut être très charmant, c’est l’aspect féminin de l’amour. Mais l’amour peut aussi être dur. Quand je t’aime et que tu veux en profiter indûment tout le temps, je pourrais dire : « S’il te plaît, ne viens pas ici ; je t’aime toujours mais ne viens pas ici ». Cette dureté est nécessaire car je vois que l’être aimé profite indûment de l’amour et le détruit. Cette dureté est l’aspect masculin de cette énergie. Vous pouvez l’appeler Shiva et Shakti, masculin et féminin, négatif et positif. Ce jeu du négatif et du positif, du masculin et du féminin, se déroule de haut en bas, à travers tous les niveaux de l’être. Il s’agit de l’observer à travers la méditation.

Q : Docteur, il me semble que la méditation n’est que la vie, vivre sa vie. Parlez-vous maintenant de la méditation qui consiste à être conscient de ce que vous faites dans votre vie, ou parlez-vous d’une méditation séparée, assis tranquillement ?

Dr : Les deux façons sont complémentaires, à la fois en étant assis tranquillement et en observant des situations de vie réelles dans lesquelles vous êtes conscient de votre vie entière d’instant en instant. À mon avis, sans cette prise de conscience, il n’y a pas de véritable méditation. Au début, vous devrez peut-être vous asseoir en silence dans un endroit tranquille pour amorcer ce processus. Mais une fois que ce processus a été initié, vous devez marcher dans la vie et voir, vous observez dans un mouvement actuel réel. La première étape de la méditation est peut-être statique ; la seconde est dynamique. Lorsque cette prise de conscience commence à opérer, alors vous vous déplacez et vous vous voyez agir et bouger.

Q : J’ai remarqué que la méditation assise en silence, et aussi la pratique d’une technique et ainsi de suite était quelque chose qui devenait une prison en soi et qui ne permettait pas d’exprimer davantage la conscience dans la vie quotidienne ; mais en fait, elle coupait la conscience dans la vie quotidienne. Et en fait, c’est devenu une nouvelle drogue en soi, que je devais tout le temps me retirer dans ce coin tranquille pour gérer la vie.

Dr : C’est ce que je dis. La méditation doit être la totalité de votre vie pour être utile, pour amener cette transformation de la vie. Si votre méditation est limitée à une heure le matin et une heure le soir, et que vous passez le reste de votre vie dans un état d’inconscience, c’est une technique et une prison. Mais au fur et à mesure que votre sensibilité s’ouvre, vous devenez de plus en plus conscient des choses qui vous entourent. Puis, s’asseoir peut ne pas être nécessaire, ou lorsque ça arrive, ça peut être une exploration supplémentaire.

Q : Vous parlez donc maintenant d’une nouvelle phase globale. Vous ne parlez pas de la souffrance comme l’instrument qui vous force à méditer et à être vigilant, mais vous parlez maintenant d’être conscient avant l’état de souffrance.

Dr : Non, car si vous n’êtes pas arrivé à cet état de souffrance, vous n’écouterez pas celui qui parle de méditation. La souffrance reste toujours l’ouverture, le catalyseur. Les gens n’écouteraient pas, ne regarderaient pas, s’ils n’avaient pas de problème. Ce problème, c’est la souffrance.

Q : Le fait de s’observer n’instaure-t-il pas une dualité en vous ?

Dr : Le problème, c’est que vous vivez dans la dualité tout le temps. Si vous ne viviez pas dans la dualité, vous seriez une personne heureuse, mais vous n’êtes pas conscient du fait que vous vivez dans la dualité. Je ne fais donc qu’attirer votre attention sur le fait que vous êtes dans la dualité.

Q : Et ensuite ? Est-ce que cela disparaît tout seul ?

Dr : Quel est le premier stade de la conscience humaine ? Le premier stade de la conscience humaine est celui où l’observé et l’observateur sont mélangés, identifiés l’un à l’autre. Cette identification n’est pas une intégration, elle est source de conflit. Vous n’observez pas la plupart du temps, vous vous identifiez seulement à l’observé, ou vous projetez le conditionnement de l’observateur. Habituellement, la relation entre l’observateur et l’observé est déformée. La première étape de la méditation consiste à maintenir l’observateur en dehors de ce mélange, donc la première chose à faire est d’observer. Lorsque vous observez, vous commencez à faire l’expérience de cette dualité, dont vous n’êtes normalement pas conscient. Vous vivez toujours dans un monde de dualité sans en être conscient. La première étape est un état d’ignorance ou d’inconscience totale. Si vous savez observer, l’observateur cesse d’être un censeur ou un critique et devient un simple observateur. Si l’observateur est un simple observateur, pas un critique et pas un censeur, alors que se passe-t-il ? Il n’y a plus de projection de l’observateur ; l’observateur disparaît et avec lui, l’observé disparaît aussi. Alors l’observateur et l’observé, l’amoureux et l’aimé ne font plus qu’un. Avant d’arriver à ce point d’intégration entre l’observateur et l’observé, il faut observer. Vous devez donc être conscient de votre souffrance, vous devez être conscient de votre dualité.

L : N’est-ce pas un motif pour apprendre sur soi-même, pour s’observer ?

Dr : Si vous observez avec une motivation, alors cette motivation va agir en tant que limite, comme un frein. Cette motivation ne vous permettra pas d’aller au-delà de votre motivation, de votre enquête. Alors votre observation est vouée à la limitation. Pour apprendre à se connaître, il n’y a pas de limite, il n’y a pas de limite à l’apprentissage.

L : Mais c’est un motif, n’est-ce pas ?

Dr : Non, non, non. S’il y a un motif, vous avez un résultat final en vue. Mais le simple fait de s’observer parce que vous êtes là, c’est votre vie. Vous devez le voir, c’est votre existence. Vous ne pouvez pas vous en empêcher. Si vous voulez bouger, vous devez voir.

L : Apprendre pour être quelque chose.

Dr : Non, si vous voulez apprendre pour devenir Bouddha, pour être un bodhisattva, pour devenir éveillé, alors vous êtes condamné.

Q : Alors pourquoi s’observer ?

Dr : Pourquoi vous observer ? Parce que si vous devez marcher, vous devez surveiller le chemin, sinon vous vous heurtez l’orteil.

18 décembre 1973