Ceux qui forgèrent cette civilisation chrétienne sur laquelle, en cette fin du XXe siècle, nous nous appuyons encore dans tellement de domaines, étaient des hommes, et des hommes d’Église, clercs ou moines. Seuls à fréquenter les écoles et les universités, ils étaient seuls à détenir le savoir, donc seuls à imposer leurs images et leur univers mental. Dans ces images et dans cet univers, il n’y a strictement aucune place pour la femme. À tel point que ceux qui, au XIe siècle, ont déterminé dans leurs écrits les cadres de la société, l’ont tout simplement oubliée. Ils divisent le monde en trois catégories : ceux qui prient, moines et prêtres, ceux qui combattent, princes et chevaliers, ceux qui travaillent, paysans ou artisans. Point de femme dans tout cela. Et l’idée nous poursuit encore aujourd’hui : sauf dans de rares ouvrages spécifiquement centrés sur la femme, et généralement consacrés à faire le panégyrique de celles qui firent exception ou scandale, tous les livres qui étudient la société ou les mœurs de cette époque reprennent immanquablement cette division en trois ordres et oublient allègrement une moitié de l’humanité. À moins que nos historiens, ayant quelques scrupules à rejeter ainsi la femme de leurs études, ne consacrent des développements plus conséquents… au couple.