Le titre est de 3e Millénaire
Traduction libre
19 août 1990
Robert Adams : Je veux vous révéler un petit secret. Il n’y a pas de problème. Il n’y a pas de problème. Il n’y a jamais eu de problèmes, il n’y en a pas aujourd’hui et il n’y en aura jamais. Les problèmes signifient simplement que le monde ne tourne pas comme vous le souhaitez. Mais en vérité, il n’y a pas de problèmes. Tout se déroule comme il se doit. Tout va bien. Vous devez vous oublier et élargir votre conscience jusqu’à devenir l’univers entier. La réalité à la base de l’univers est la Conscience pure. Elle n’a pas de problèmes. Et vous êtes cela.
Si vous vous identifiez à votre corps, il y a un problème, car votre corps a toujours des problèmes. Mais si vous apprenez à oublier votre corps et votre esprit, où est le problème ? En d’autres termes, laissez le corps à lui-même. Prenez-en juste assez de soin. Faites un peu d’exercice, donnez-lui les bons aliments, mais n’y pensez pas trop. Gardez votre esprit sur la réalité. Fusionnez votre esprit avec la réalité. Et vous ferez l’expérience de la réalité. Vous vivrez dans un monde sans problèmes. Le monde peut sembler avoir des problèmes pour les autres, mais pas pour vous. Vous verrez les choses différemment, d’un point de vue supérieur.
J’ai eu un appel téléphonique intéressant cette semaine … Quelqu’un m’a demandé : « Est-ce que les personnes réalisées rêvent ou ont des visions ? »
Maintenant, pour avoir un rêve ou une vision, il faut qu’il reste quelqu’un, et pourtant, si vous vous réalisez, il n’y a personne à la maison. Il n’y a plus personne. C’est donc une contradiction, comme la vérité. Toute vérité est une contradiction. C’est un paradoxe.
La réponse est que les sages rêvent parfois et ont des visions. Mais ils sont conscients du rêveur. En d’autres termes, ils réalisent qu’ils ne sont pas la personne qui rêve ou qui a la vision. Mais tant qu’il y aura un corps quelque part, il y aura des rêves et des visions. Même s’il n’y a personne à la maison, il y aura toujours de temps en temps un rêve ou une vision.
À titre d’exemple, Ramana Maharshi a souvent rêvé et eu des visions. Nisargadatta a rêvé et eu des visions. Et ils étaient tous deux auto-réalisés. Mais encore une fois, la question est : « Qui rêve ? Qui a la vision ? » Il n’y a plus d’ego. Tant que le rêveur est séparé du « je ». Je ne peux parler que de ma propre expérience. Il n’y a aucune différence pour moi, que ce soit dans l’état de veille, dans l’état de rêve, dans l’état de sommeil ou dans l’état de vision. Ils sont tous pareils. Je les connais tous, mais je ne les suis pas. Je les observe. Je les vois arriver. En fait, parfois, je ne peux pas faire la différence. Parfois, je ne sais pas si je rêve, si je suis éveillé, si j’ai une vision ou si je suis endormi. C’est tout pareil, parce que je fais un pas en arrière et que je me regarde passer par toutes ces choses.
Donc, pour une raison quelconque, ces derniers temps, je rêvais de la reine d’Angleterre. Elle venait au Satsang. Je ne sais pas pourquoi … pendant environ trois nuits de suite. Mais j’ai eu une vision intéressante ce matin, vers quatre heures, et nous passerons le reste du temps à en discuter, car j’ai trouvé cela très intéressant.
Comme beaucoup d’entre vous le savent, j’ai régulièrement eu la vision d’aller à Arunachala, la montagne sacrée où habitait Ramana Maharshi. Et dans la vision la montagne est creuse. Et je traverse la montagne, vers le centre, où il y a une lumière brillante, mille fois plus brillante que le soleil, mais pourtant, elle est agréable et calme, et il n’y a pas de chaleur. Et puis je rencontre Ramana, Jésus, Ramakrishna, Nisargadatta, Lao Tse et d’autres. Et nous nous sourions, nous marchons les uns vers les autres, nous fondons dans une lumière et devenons un. Puis il y a une lumière aveuglante et une explosion. Et puis j’ouvre les yeux. J’ai déjà partagé cela avec vous.
Mais ce matin, pour la première fois, j’ai eu une vision très intéressante, que je partagerai à nouveau avec vous. J’ai rêvé que j’étais quelque part dans un champ ouvert, un beau champ. Il y avait un lac à proximité, des arbres, une forêt. J’étais assis sous un arbre dans ce champ ouvert. J’avais le costume orange d’un renonçant. Je devais être bouddhiste.
Tout à coup, des centaines de bodhisattvas et de mahasattvas arrivent de la forêt et commencent à marcher vers moi. Ils s’assoient tous en demi-cercle autour de moi, en méditation. Je me demandais ce que je faisais. Puis j’ai réalisé que j’étais devenu le Bouddha. Et nous nous sommes tous assis en silence pendant environ trois heures.
Puis l’un des bodhisattvas se leva et posa une question …
Il a dit : « Maître, quel est votre enseignement ? » Ce n’était pas en anglais. Je ne sais quelle langue il parlait mais je l’ai compris assez clairement.
Sans hésiter j’ai dit : « J’enseigne la Réalisation de Soi de la Noble Sagesse. » Puis il s’est assis.
Nous nous sommes assis pendant environ trois heures en silence. Puis un autre bodhisattva s’est levé et a posé une question : « Maître, comment pouvez-vous savoir quand on est proche de la Réalisation de Soi ? Comment pouvez-vous savoir qu’une personne est sur le point de Réaliser le Soi ? Comment peut-on le savoir … ? »
C’est ce dont j’aimerais discuter aujourd’hui. Comment pouvons-nous savoir si nous sommes correctement sur le chemin. J’ai donné quatre principes ; ce que je ne fais jamais à l’état de veille. Je n’ai jamais d’enseignement. Mais dans ma vision, je donnais un enseignement que je vais donc le partager avec vous. J’ai expliqué Quatre Principes. Comment savez-vous que vous êtes proches de la réalisation de soi … Bien sûr, nous sommes tous déjà réalisés.
Principe numéro 1 : Vous avez le sentiment, une compréhension complète, que tout ce que vous voyez, tout ce qui se trouve dans l’univers, dans le monde, émane de votre esprit. En d’autres termes, vous ressentez cela. Vous n’avez pas besoin d’y penser ou d’essayer de le faire. Cela vient tout seul. Cela devient une partie de vous. La réalisation que tout ce que vous voyez, l’univers, les gens, les vers, les insectes, le règne minéral, le règne végétal, votre corps, votre esprit, tout ce qui apparaît, est une manifestation de votre esprit. Vous devez avoir ce sentiment, cette compréhension profonde, sans avoir à l’exercer.
Alors vous vous demandez : « A quoi est-ce que je pense toute la journée ? ». Bien sûr, si vous craignez quelque chose, si vous vous inquiétez, si vous croyez que quelque chose ne va pas, si vous pensez que vous souffrez d’un manque ou d’une limitation, ou d’une maladie, etc., alors vous êtes complètement en dehors de cela, parce que vous ne comprenez pas que toutes ces choses sont simplement une manifestation de votre propre esprit. Et si vous vous inquiétez de ces choses, vous vous attachez à une fausse imagination. Cela s’appelle une imagination erronée. Vous êtes attaché à l’énergie de l’habitude depuis de nombreuses années, et tous ces attachements et croyances proviennent de l’énergie de l’habitude.
C’est comme regarder une émission télévisée et devenir un des personnages, même lorsque vous savez que vous n’êtes pas à la télévision. Mais vous pensez être l’un des personnages de l’émission. C’est la même chose avec le monde. Ne soyez pas impliqué. Je ne veux pas dire que vous devez devenir passif. Je veux dire que votre corps fait ce qu’il est censé faire. Rappelez-vous, votre corps est venu sur cette terre pour faire quelque chose. Il le fera à votre insu. Il prend soin de lui-même. Ne vous inquiétez pas. Mais n’identifiez pas votre corps avec votre Soi. Ils sont différents. Votre corps n’est pas votre moi et je vais le prouver.
Que dites-vous lorsque vous vous référez à votre corps ? Ne dites-vous pas « mon corps » ? Qui est ce « mon » auquel vous vous referez ? Vous dites « mon doigt », « mon œil ». De qui parlez-vous ? Vous n’aurez pas pu parler de votre corps, car vous dites que c’est « mon » corps, comme si vous en étiez le propriétaire. À qui appartient-il ? Cela prouve à votre Soi que vous n’êtes pas votre corps. Alors n’identifiez pas votre Soi avec le corps et le monde.
Par conséquent, le premier principe permettant de voir à quel point vous êtes proche de la réalisation du Soi est le suivant : vous ne vous sentez pas identifié au monde. Vous êtes séparé. Et vous ressentez du bonheur parce que votre état naturel est pur bonheur. Une fois que vous vous identifiez aux choses du monde, c’est gâché. Le bonheur disparaît. Ça se dissipe. Mais lorsque vous êtes séparé des choses matérielles, le bonheur est automatique. Magnifique, le bonheur pur. Cela vient tout seul. Donc c’est le premier principe.
Principe numéro deux : Le deuxième principe que j’ai expliqué aux bodhisattvas était que vous devez avoir un sentiment fort, une réalisation profonde, que vous n’êtes pas né. Vous n’êtes pas né, vous ne faites pas l’expérience d’une vie et vous ne disparaissez pas, vous ne mourez pas. Vous n’êtes pas né, vous n’avez pas de vie et vous ne mourez pas. Vous devez ressentir ceci, que vous êtes du non né. Savez-vous ce que cela signifie ? Il n’y a aucune raison à votre existence. Il n’y a aucune cause à votre souffrance. Il n’y a aucune cause à vos problèmes.
Certains d’entre vous croient encore en la cause et l’effet. Ceci est vrai dans le monde relatif, mais dans le monde réel, il n’y en a aucune cause. Rien n’a jamais été fait. Rien n’a jamais été créé. Il n’y a pas de création. Je sais que c’est difficile à comprendre. Comment est-ce que j’existe si je ne suis pas né, si je n’ai pas de vie et si je ne disparais pas au terme de la vieillesse ? Vous existez en tant que « JE SUIS ». Vous avez toujours existé et vous existerez toujours. Vous existez en tant qu’Intelligence Pure, en tant que Réalité Absolue. C’est votre vraie nature. Vous existez en tant que Satchitananda. Vous existez en tant que conscience de félicité, mais vous existez. Vous existez en tant que Vide, en tant que Nirvana, mais vous existez. Alors ne vous inquiétez pas d’être inexistant. Mais vous n’existez pas en tant que corps. Vous n’existez pas en tant que personne, lieu ou chose. Le sentez-vous ? Si vous avez un fort sentiment de cela, alors vous êtes proche de la réalisation de soi.
Principe numéro 3 : Vous êtes conscient et vous avez une compréhension profonde de l’absence d’égoïsme de toutes choses ; que tout n’a pas d’ego. Je ne parle pas seulement des êtres sensibles. Je parle du règne minéral, du règne végétal, du règne animal, du règne humain. Rien n’a d’ego. Il n’y a pas d’ego. Et vous rendez-vous compte de ce que cela signifie ? Cela signifie que tout est sacré.
Tout est Dieu. Ce n’est que lorsque l’ego vient que ce que nous appelons « Dieu » disparaît. Tout devient Dieu. Vous avez du respect pour tout. Quand il n’y a pas d’ego, vous avez du respect pour tout le monde et toute chose.
Donc, vous devez être conscient de l’absence d’ego de toutes choses. Les animaux n’ont pas d’ego, les minéraux n’ont pas d’ego, les légumes n’ont pas d’ego et les humains n’ont pas d’ego. Il n’y a pas de cause, il ne peut donc y avoir d’effet. Il n’y a que la Conscience Divine et tout devient Conscience Divine. Donc, si vous regardez vos semblables, les animaux et tout le reste comme sans ego, vous les verrez comme vous-même. Ne voyez-vous pas cela ?
C’est l’ego qui provoque la séparation. Quand je suis plein d’ego, je deviens fort en moi-même. Je deviens totalement séparé. Donc, plus vous vous aimez en tant que personne, plus votre ego est grand. Vous dites : « Eh bien, je ne suis pas censé m’aimer moi-même ? ». Vous êtes censé vous aimer, mais de quel moi parlons-nous ? Nous ne parlons pas de votre moi corporel, car cela va et vient. Nous parlons de votre Soi permanent, qui a toujours été ici. Et votre Soi permanent, c’est moi, c’est vous, c’est le monde, c’est l’univers, c’est tout. C’est votre Soi permanent. C’est le seul état dans lequel vous pouvez aimer vos semblables. L’état de ne pas avoir d’ego. C’est ainsi que vous pouvez savoir où vous en êtes et si vous êtes proche de la réalisation de soi. C’est le troisième principe.
Principe numéro 4 : Vous avez une conviction profonde, une compréhension profonde, un sentiment profond de ce qu’est vraiment la réalisation de soi de la noble sagesse. Qu’est-ce que la réalisation de soi de la noble sagesse pour vous ? Vous ne pouvez jamais savoir en essayant de trouver ce que c’est, parce que c’est la réalité absolue. Vous pouvez seulement le savoir en découvrant ce qu’elle n’est pas.
Alors vous dites, ce n’est pas mon corps, ce n’est pas mon esprit, ce ne sont pas mes organes, ce ne sont pas mes pensées, ce n’est pas mon monde, ce n’est pas mon univers, ce ne sont pas les animaux, ni les arbres, ou la lune, ou le soleil, ou les étoiles, ce n’est aucune de ces choses. Quand vous avez tout traversé et qu’il ne reste plus rien, c’est cela. Rien. Vide. Nirvana. Unité ultime.
Quoi qu’il en soit, j’ai expliqué ces quatre principes à tous les bodhisattvas et à tous les mahasattvas. Puis nous nous sommes assis trois heures en méditation et ils se sont levés et sont retournés dans la forêt. Puis il y a eu un éclair de lumière et j’ai ouvert les yeux.
Que pensez-vous de cela ? Des questions ?
Q : Était-ce un rêve ou une vision, et comment distinguez-vous ces deux états ?
R : Eh bien, je ne sais pas vraiment, pour vous dire la vérité. Habituellement, je suis au courant de ce qui se passe et j’étais donc tout le temps conscient de la vision-rêve qui se déroulait.
Q : Y compris cette fois.
R : Oui, j’ai réalisé que je faisais toutes ces choses. C’était comme si je regardais tout ce qui se passait. Mais il n’y a jamais eu un moment où je suis devenu le rêve ou la vision.
Q : Quand cela s’est senti totalement captivé, Tu observais toujours ?
R : Juste. J’observais toujours. Mais c’était comme un observateur omniprésent. C’est cela l’enseignement. C’est comme ça que vous savez que vous vous approchez de la réalisation de soi.
Alors, vous souvenez-vous des quatre principes ? Pourquoi ne les répétez-vous pas pour ceux qui sont arrivés en retard ?
Q : Je ne pense pas me souvenir des quatre.
R : Je pense qu’ils sont très importants à retenir. De quels souvenirs vous souvenez-vous ? [Les élèves ont du mal à se souvenir des principes]. Vous voyez à quel point nous oublions facilement ? [l’absence de lutte se rapproche du premier]. C’est vrai. L’univers entier est une manifestation de l’esprit. Tout. Vous devez ressentir cela et savoir que c’est vrai.
Q : Tant que nous sommes identifiés avec le corps ou l’esprit, nous sommes très loin.
R : Exactement. Vous faites partie du monde.
Q : Alors comment avez-vous décrit le premier ?
R : Le premier est que tout, et je veux dire tout, le règne minéral, le règne végétal, le règne animal, le règne humain, tout ce que vos sens vous montrent, sont une émanation de l’esprit. Vous projetez une image, tout comme vous projetez une image en mouvement, et tout ce que vous voyez en ce moment, dans cette pièce, vient de votre esprit. Vous pouvez dire : « Comment pouvons-nous voir collectivement la même chose ? ». C’est à cause de l’énergie de l’habitude dans laquelle nous avons grandi. Donc, collectivement, nous semblons voir la même chose, la même image.
C’est le numéro un. Quel est le numéro deux ? Qui peut me dire [Les élèves essaient de se souvenir].
R : C’est vrai. Nous ne sommes pas nés. Nous n’avons pas d’existence. Entre le moment de notre naissance et de notre mort, nous n’avons aucune existence. Et nous ne mourons pas. Il n’y a pas de disparition.
Q : Alors, comment résumeriez-vous cela ? Que nous sommes inexistants ou que nous n’avons ni début ni fin ?
R : Les deux sont justes. Il n’y a pas de cause.
Q : Donc, vous dites que l’existence implique une cause relative et que l’existence ne se produit que dans un monde relatif, et nous n’en faisons pas vraiment partie.
R : Oui, exactement.
Q : Et la non-existence ?
R : La non-existence n’existe pas non plus.
Q : Mais alors vous ne pourriez pas dire que l’esprit n’existe pas. Je veux dire que vous dites que tout ce qui existe …
R : Rien de ce que vous pouvez expliquer existe.
Q : Mais plus tôt, vous avez dit que tout émane de l’esprit.
R : Oui. Vous projetez cette image.
Q : Mais alors vous avez un esprit.
R : Vous n’avez pas d’esprit.
Q : Je pense qu’il veut dire qu’il s’agit de tout ce qui est dans le monde terrestre.
R : Dans le monde relatif. En réalité, il n’y a pas d’esprit. C’est comme ça que l’image apparaît. L’esprit projette l’univers entier. Donc, si vous vous débarrassez de l’esprit, il n’y a pas d’univers. Nous devons tuer l’esprit. Et l’univers entier est annihilé, parce que c’est l’esprit qui projette l’univers et nous raconte toutes ces histoires.
Pensez un instant à tous les problèmes que vous croyez avoir. Pensez à ce qui vous dérange. Vous pouvez me raconter votre histoire pendant quatre heures. C’est faux. Tout cela est une projection de l’esprit. Donc, en se débarrassant de l’esprit, tout s’arrête, et la beauté, la joie et le bonheur s’ensuivent. Mais vous couvrez la beauté, la joie et le bonheur lorsque vous vous inquiétez, lorsque vous avez peur, lorsque vous pensez que quelque chose ne va pas quelque part. Voilà donc le principe numéro deux. Quel est le troisième principe ?
Q : Sans ego.
R : C’est exact. Tout est sans ego. Pas seulement les êtres humains, mais tout. Montagnes, arbres, soleil, rien n’a d’ego. Cela signifie qu’il n’a pas d’existence. Alors d’où vient-il ? D’où vient le rêve quand vous rêvez ? Du même endroit. De nulle part. De la fausse imagination.
Q : Je ne comprends pas l’expression « fausse imagination », car le mot imagination implique une certaine fausseté.
R : Vous imaginez un monde faux et un faux ego.
Q : C’est une expression paradoxale.
R : C’est sûr ! Tout est paradoxal. Parce que ça n’existe pas. Mais c’est comme ça qu’on l’imagine. C’est la raison pour laquelle je retourne toujours au ciel bleu. Quelqu’un m’emmène dehors et dit : « Regarde le beau ciel bleu ». Et je suis d’accord avec eux, mais je sais au fond de moi que ce n’est pas vrai. Il n’y a pas de ciel et il n’y a pas de bleu. Ça n’existe pas. Ou l’oasis dans le désert… L’eau. Ça n’existe pas. C’est un mirage. Le monde c’est la même chose.
L’univers n’existe que dans l’état de rêve. C’est comme un rêve. Maintenant, quel est le quatrième principe ? Quel est le numéro quatre ?
Q : Cela a quelque chose à voir avec « nous ne sommes rien ».
R : Tout à voir avec ça [rires]. Mais avec une compréhension et une réalisation profonde de ce qu’est la réalisation de soi de la noble sagesse.
Q : Et comment la Sagesse Noble est-elle définie à partir de la sagesse ordinaire ?
R : C’est la même chose. C’est juste plus verbeux. C’est une expression bouddhiste.
Q : Ils emploient toutes ces expressions très longues. Et puis ils disent toujours ce que c’est.
R : Le chemin octuple. Et puis, il faut des années pour l’expliquer. Mais quand vous arrivez à l’enseignement supérieur, il n’y a rien. Le quatrième principe est donc le suivant : le seul moyen de savoir ce qu’est la réalisation de soi est de savoir ce que ce n’est pas. Et ce qui reste, c’est ce que c’est. Donc, vous dites que ce n’est pas le corps, ce n’est pas le mental, ce ne sont pas mes organes, ce ne sont pas mes pensées, ce n’est pas le monde, ce n’est pas le soleil, ce n’est pas l’univers, ce n’est pas Dieu, ce n’est pas la création, et vous continuez et ainsi de suite. Lorsque vous êtes à bout de souffle et à court de mots, c’est cela.
Q : Est-ce la signification de l’expression « neti-neti » ?
R : Oui.
Q : Est-ce ennuyeux, si tout ça s’en va et qu’il n’y a rien … ?
R : Non ! [Rires]. Voyez, c’est ce que les gens pensent. C’est pourquoi j’ai expliqué auparavant, le mental va vous faire dire cela parce qu’il ne veut pas être annihilé. Il veut vous gouverner et vous contrôler complètement. Parce que c’est sa nature. C’est la nature de l’esprit qui n’existe pas.
Q : Lorsque vous méditez, êtes-vous totalement séparé de ce monde physique ?
R : Quand qui médite ? Quand je médite personnellement ? Eh bien, je ne médite généralement pas. Je m’assieds parfois avec les yeux fermés mais je repose juste mes paupières.
Q : Parce qu’il n’y a personne, là, non ! Il n’y a personne pour méditer ?
R : Il doit y avoir quelqu’un pour méditer. Cela ne signifie pas que vous devriez arrêter de méditer. Cela signifie que vous devriez regarder ces quatre principes et les comparer à votre position personnelle, et travailler sur vous-même afin de pouvoir les appliquer à vous-même tous les jours, jusqu’à ce que vienne le jour où vous n’ayez plus à en parler. Vous venez de devenir une manifestation totale de ces principes. Vous venez de réaliser ; vous devenez conscient.
R : Il y a trois méthodes que nous utilisons pour nous aider sur le chemin, afin de réaliser ce dont nous parlions auparavant :
– La première est l’abandon de soi, où nous nous soumettons complètement à Dieu ou à vous-même. Mais c’est difficile à faire pour la plupart des gens. Cela semble facile, mais ça ne l’est pas. Cela signifie que vous n’avez pas de vie personnelle. Vous soumettez complètement et totalement tout à Dieu. Totalement. Chaque partie de votre vie va à Dieu. « Pas ma volonté, mais la tienne ». C’est la dévotion, Bhakti. Encore une fois, cela semble facile à certaines personnes, mais ça ne l’est pas quand vous vous y engagez, c’est parce que cela signifie chaque décision que vous devez prendre est laissée à Dieu. Vous donnez votre esprit à Dieu, totalement, complètement, absolument. Et cela vous mène à la réalisation de soi.
– La seconde est la pleine conscience, dont nous parlions. Devenir le témoin. Vous vous observez en permanence. Observer les pensées, regarder les actions. S’assoir en méditation et regarder ce qui se passe dans votre esprit. Ne pas essayer de changer ou de corriger quoi que ce soit. Juste observer. Devenir le témoin de vos pensées pendant la méditation et de vos actions à l’état de veille.
– La troisième est celle que je préconise : l’auto-investigation. Demandez-vous : « À qui arrivent ces problèmes ? Qui subit ce karma ? Qui souffre ? Cela arrive-t-il à moi ? Eh bien, qu’est-ce que « moi » ? « Je suis moi. Qui suis-je ? D’où viens le je ? » Et en suivant le “je” jusqu’à sa source.
Vous pouvez utiliser l’une de ces trois méthodes, celle qui vous convient le mieux. Mais en tout cas, faites quelque chose. Ne gaspillez pas votre vie avec des frivolités. Travaillez sur vous-même si vous voulez devenir libre. Cela ne signifie pas que vous devez renoncer au cinéma ou au travail, ou n’importe quoi. Vous n’abandonnez rien. Vous prenez juste conscience de ce que vous faites. Vous devenez un être conscient. Vous prenez conscience de vos actions. Vous devenez aimant, compatissant, doux envers tout le monde. Vous arrêtez de vouloir être le numéro un.
La plupart d’entre nous disent : « Numéro un. Je suis numéro un ». Oubliez ça. C’est comme ça que vous souffrez. C’est l’ego. Il est difficile de comprendre, quand vous abandonnez l’ego, comment vous pouvez avoir une vie meilleure, mais c’est ce qui arrive. Essayez et vous verrez. Lorsque vous arrêtez de penser à vous-même et que vous commencez à penser sur vous-même, et que vous devenez Omni-présence, cela signifie que vous pensez à tout le monde comme étant vous-même. Donc, si un être humain souffre, vous souffrez aussi.
Mais d’une certaine manière, nous différons du bouddhisme. Pas beaucoup, mais un peu. Parce que le bodhisattva dit qu’il ne sera pas réalisé avant que tous les autres le soient. Mais ensuite, ils ont un bodhisattva plus élevé appelé l’Arhat. C’est comme l’Avadhoot dans l’hindouisme, qui réalise le soi, parce qu’il comprend que son Soi est le Soi de tous. Et c’est ce que nous acceptons. En d’autres termes, si vous voulez aider votre prochain, si vous voulez faire de ce monde un monde meilleur dans lequel vivre, retrouvez d’abord votre Soi et tout le reste prendra soin de lui-même.