(Revue 3e Millénaire. Ancienne série. No 17. Novembre/Décembre 1984)
Pouvoir public, médecins et parents s’inquiètent de l’augmentation régulière du nombre d’intoxiqués et drogués en France. Sans aborder ici les raisons profondes qui favorisent hélas cette tragique augmentation, on peut constater, à la lecture de cette courte étude de Pierre Étévenon, que l’arsenal des médicaments et des drogues ne cesse — lui aussi — de se développer, offrant, à ceux qui veulent échapper aux lourdeurs de notre temps et aux incertitudes d’un avenir angoissant, de multiples moyens de s’échapper vers des paradis aussi artificiels que dangereux pour ne pas écrire mortels pour leur santé et leur équilibre psychique. Les données de cette courte étude se limitent à 1984, date de sa parution.
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Au XIVe siècle parler d’une drogue, c’était parler des dragées fabriquées par un apothicaire dans son laboratoire pour servir de préparation médicamenteuse. Au XXe siècle, parler de drogues c’est parler habituellement des stupéfiants, de narcotiques dérivés de l’opium (opiacés) qui sont le plus souvent inscrits au tableau B de l’ordonnancier du pharmacien d’aujourd’hui. Nous parlerons ici des drogues en tant que substances donnant lieu à abus, dépendance et toxicomanie. Non seulement les stupéfiants sont des drogues mais encore tous les produits perturbateurs du psychisme (appelés actuellement psychodysleptiques) qui entraînent des hallucinations (hallucinogènes), des délires (délirogènes), des ivresses (enivrants) et des sommeils stuporeux (hypnotiques) induits chimiquement. Les médicaments qui agissent sur le psychisme (appelés psychotropes) en tant que stimulants (psychoanaleptiques) ou en tant que sédatifs (psycholeptiques) ne sont pas en principe des drogues entraînant des troubles du psychisme.
C’est en 1924 que Lewin publie, en un livre souvent cité Phantastica, les travaux de ses recherches où il présente une classification des drogues en cinq classes différentes. Ces produits étaient alors pour la plupart des substances naturelles, essentiellement des plantes, où les principes actifs de ces substances isolés chimiquement (la mescaline hallucinogène fut isolée en 1896 à partir du cactus d’Amérique centrale, le peyotl). Lewin passe en revue 46 « drogues » en 1924 ; nous en avons dénombré 363 en 1983. C’est au début du siècle que les chimistes isolèrent de plus en plus de produits actifs à partir des substances naturelles à action sur le système nerveux central. Ces produits actifs « naturels » furent ensuite synthétisée et donnèrent lieu à création de dérivés de synthèse de plus en plus nombreux, molécules nouvelles qui n’existaient pas initialement dans la nature.
Les médicaments psychotropes se multiplièrent alors à partir des fruits de ces études. Les années soixante virent apparaître de très nombreux composés actifs. Usdin et Efron aux USA dénombrent ainsi 690 molécules « psychotropes » en 1967. Ce nombre double cinq ans après, où les mêmes auteurs recensent 1555 composés actifs en 1972. La troisième édition de leur dictionnaire ne comporte qu’une centaine de produits de plus.
Un nouveau tournant est en train d’être pris par le passage des drogues et des substances naturelles psychotropes « exogènes », c’est-à-dire trouvées dans la nature, aux substances naturelles « endogènes » fabriquées par l’organisme humain et qui font l’objet de récentes découvertes et d’études nombreuses, des neuromédiateurs (du type mono-amines comme par exemple la noradrénaline), d’acides aminés et surtout de neuropeptides et de neurohormones actifs sur le système nerveux central.
Dans une première partie nous comparerons les classifications des « drogues » de 1924 (Lewin), 1970 et 1981, jusqu’à nos jours (1983) en montrant l’évolution. Les classifications de 1970 et 1981 sont extraites des Entretiens de Rueil organisés par Sandoz. Le premier s’intitulait : « Ivresse chimique et crise de civilisation » ; onze ans après, le titre de ce nouveau colloque devenait : « Drogue et civilisation. Refus social ou acceptation. » Dans une deuxième partie nous élargirons le propos en présentant la classification des médicaments psychotropes selon Delay et Deniker, où les « drogues » n’ont plus qu’une place à part lorsqu’elles sont considérées comme perturbatrices du psychisme et non comme médicaments.
Les drogues de 1924 nos jours
Le tableau I, qui suit, montre que les 46 produits naturels recensés par Lewin en 1924, ont été multipliés par huit et sont devenus 363 composés chimiques en 1983, qui sont ou peuvent devenir des « drogues » par abus et autoconsommation sauvage ! Il est évident que l’on retrouve les produits naturels utilisés aux temps les plus anciens, en particulier parmi les excitants (et psychostimulants mineurs) : les café, thé, chocolat, maté ; le tabac ; la noix de bétel qui est chiquée avec de la chaux vive dans tout le Sud-Est asiatique. D’autres produits ont souvent une double action : excitants à dose faible, ou au départ, et sédatifs, enivrants à plus forte dose ou par la suite. C’est le cas de l’alcool et du tabac. Le café a une durée d’action prolongée, jusqu’à huit heures d’action stimulante. Par fois l’intoxication au café, le caféinisme entraîne des réactions de « panique » et crée un cercle vicieux : la labilité émotionnelle fait que l’intoxiqué boit encore plus de café et renforce ses symptômes d’anxiété et d’attaques de panique en même temps que son sommeil sera perturbé. Il peut encore y avoir accoutumance, dépendance et aussi toxicomanie aux hypnotiques, avec parole pâteuse, désorientation, troubles de mémoire, démarche ébrieuse et troubles de l’équilibre. C’est au médecin qu’il revient de détecter l’intoxication et de sevrer progressivement le malade en remplaçant l’hypnotique responsable et en changeant les posologies jusqu’à revenir à la normalité.
Un même produit peut se retrouver dans plusieurs classes différentes. C’est ainsi que l’alcool peut-être le prototype des enivrants, à faible dose stimulant. Le chanvre indien (cannabis), que Lewin classe parmi les euphorisants, les stupéfiants en même temps que l’opium et la coca, peut être encore classé comme hallucinogène à dose plus forte, onirogène (inducteur de « rêves »), et même délirogène (produisant un délire toxique) à dose encore plus forte qui peut entraîner jusqu’à un état de coma toxique.
Nous avons parlé du cannabis, du haschich, de la marihuana dans un récent livre, « Les Aveugles éblouis » sur Les états limites de la conscience. Ce produit est encore proche du Khat, consommé aussi au Moyen-Orient et qui entraîne un état d’intoxication sérieux, tant chez l’homme que chez les moutons qui consomment cette plante et sont alors pris d’ivresse toxique. La cocaïne elle-même, fort prisée de Freud (pendant 11 ans) et de Sir Conan Doyle, le principe actif de la coca fait des ravages par son action psychosimulante majeure, qui peut rapidement entraîner une dépendance psychologique et des troubles graves allant jusqu’à se croire persécuté et sentir grouiller sous sa peau des vermines rampantes !
Tableau I
Les principales drogues de 1924 à nos jours
1924 |
1970 |
1981 |
1983 |
I. PHANTASTICA 12 |
HALLUCINOGÈNES amphétamines (et mescaline) LSD et dérivés (psilocybine) |
HALLUCINOGÈNES amphétamines 37 (et mescalines) LSD et dérivés 33 (psilocybine) Autres (harmine) 8 |
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chanvre indien |
CANNABIS et dérivés 24 |
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solanées : belladone, jusquiame datura |
DÈLIROGÈNES naturels : solanées, muscade, amanite tue-mouche synthétiques : Ditran Sernyl |
délirogènes synthétiques 26 |
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II. EUPHORICA 9 opium, morphine, héroïne chanvre indien |
STUPÉFIANTS morphine, héroïne, etc. morphinique de synthèse |
OPIACES |
NARCOTIQUES morphine, héroïne dérivés synthétiques 20 |
CANNABIS et dérivés 24 |
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PSYCHOSTIMULANTS MAJEURS |
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Coca, cocaïne |
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III. EXCITANTIA 13 |
PSYCHOANALEPTIQUES |
amphétamines |
Amphétamines 40 |
PSYCHOSTIMULANTS MINEURS |
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café, caféine, kola khat camphre noix de bétel |
khat |
Caféine et apparentés khat tabac, nicotine |
Caféine et apparentés 2 tabac, nicotine noix de bétel (cholinergiques) 4 |
IV. INEBRIANTA 5 alcool, éther chloroforme benzène protoxyde d’azote |
ENIVRANTS alcool, éthérorme chloroforme |
SOLVANTS benzène, toluène essence, acétone |
Produits volatiles 15 alcool, éther, solvants à peinture essence (glue) acétone (vernis à ongles) trichloréthylène tétrachlorure de carbone nitrite d’amyle |
V. HYPNOTICA 7 véronal bromure de potassium |
HYPNOTIQUES barbituriques hydrate de chloral non-barbituriques (quinazolones) |
PSYCHODEPRESSEURS barbituriques 20 non-barbituriques 1 |
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TRANQUILLISANTS MINEURS type Valium 65 Autres.. 44 |
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Total en 1924 : 46 |
Total en 1983: 363 |
Tableau II
Classification des ps chotro es de Delay et Deniker (1977)
Types d’action |
Groupements chimiques |
Nombre recensé |
Vendus en France |
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Psycholeptiques ou sédatifs |
Hypnotiques tranquillisants sédatifs mineurs neuroleptiques régulateurs de l’humeur |
Barbituriques Non barbituriques type Valium autres régulateurs de l’humeur |
20 21 65 44 124 10 |
9 (46) 20 (40) 14 20 44 4 |
Psychoanaleptiques ou stimulants |
Antidépresseurs stimulants de l’humeur stimulants de la vigilance autres stimulants |
Tricycliques IMAO amphétamines vitamines stéroïdes |
56 25 40 10 |
25 10 (tableau B) 32 |
Psychodysleptiques ou perturbateurs |
Hallucinogènes stupéfiants : opiacés, cocaïne cannabis enivrants |
25 10 10 |
4 (tableau B) |
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Nombre de produits psychotropes recensés en 1983 : 460. Nombre de spécialités vendues et prescrites en France en 1983 : 239. * Dernière version, Entretiens de Bichat, 1977. |
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Tableau III
Autres médicaments pouvant
avoir des actions psychotropes
1) Spécialités prescrites en France : 189 (en plus du tableau II)
– Analgésiques généraux : 138 (non morphiniques, type aspirine)
– Antiparkinsoniens : 18
– Antiépileptiques : 17
– Antimigraineux : 13
– Antimyasthéniques : 3
2) Usage hospitalier seulement
– Anesthésiques généraux (hors opiacés)
– Anesthésiques locaux (hors cocaïne)
– Curares et ganglioplégiques
– Tonicardiaques
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Tableau IV
Médicaments à l’essai les principaux neuropeptides
– Antidouleur :
Endorphines, enképhalines (la douleur étant liée à la « substance P »)
– Mémoire :
TRH, MIF
Neurotensine, Vasopressine
– Reproduction, vie sexuelle :
LH-RH, Ocytocine
– Faim :
Cholécystokinine
– Soif :
Angiotensine Il
– Sommeil :
Peptide du sommeil
De plus, tout comme une hyperexcitation par amphétamine, la cocaïne monopolise, consomme et brûle les ressources naturelles de l’organisme et le « trip » s’achève souvent en « descente » aux enfers, en déprime avec perte d’énergie qui peut être très mal vécue.
Ce n’est donc pas étonnant que Lewin ait classé la cocaïne parmi les euphorisants, les stupéfiants, les narcotiques dont l’opium, la morphine, l’héroïne sont les prototypes mêmes des « drogues dures ». Nous ne nous attarderons pas sur ces « drogues », car les abondants travaux sur ce sujet, les récits des enfers traversés par les toxicomanes accrochés sont là pour en parler, en même temps que les efforts dépensés par les centres et dispensaires anti-toxicomanies et par les gouvernements qui luttent contre ce fléau. Il va sans dire, et le Dr Olivenstein l’a raconté récemment aux actualités télévisées, qu’associer cocaïne et héroïne (« speed-balls ») conduit tout droit à remplir les centres de désintoxication ! Remarquons encore que l’intoxication par les solvants volatils est très grave. Ces produits dissolvent les graisses et en particulier la myéline qui entoure et protège les grosses fibres nerveuses. « Sniffer de la glu » peut entraîner des désordres graves de l’organisme, du foie autant que du système nerveux.
Les mesures récentes prises par les municipalités contre l’abus des colles va vers une prévention de ces intoxications dangereuses. La récente mesure qui consiste à ne plus délivrer d’éther sans contrôle en pharmacie, va aussi dans le sens d’une réduction de cette toxicomanie possible qui se repère bien par l’haleine même de l’éthéromane.
Proches de psychostimulants majeurs comme les amphétamines (auxquels appartiennent souvent les anorexigènes, les « coupe faims »), se trouvent les substances hallucinogènes et à un autre degré les substances délirogènes. La mescaline, le composé actif du peyotl, ce cactus de l’Amérique centrale qui est mâché rituellement pour rentrer en transe par les indiens huichos du Mexique, au cours de leur cérémonies religieuses, est encore un dérivé amphétaminique, tout comme les analogues de synthèse qui, selon la dose, peuvent-être stimulants à dose faible et hallucinogènes à dose forte. Ces dérivés de synthèse portent des noms abrégés, sigles des premières lettres des molécules chimiques qui les spécifient.
On a parlé récemment d’une amphétamine substituée le MDA, décrite en 1976 par Shulgin et devenue « Speed for loyers » puis « ecstasy » qui a été décrite fin 1981 par un journaliste (J.-P. Lentin, Actuel) puis a donné lieu à d’autres articles début 1984 (Jean Grémion, Vital puis R. Sacrani, Actuel). Il a souvent été remarqué que l’aspect social et relationnel était très important dans le vécu d’une expérience psycho-stimulante, a fortiori proche d’une expérience hallucinogène, psychédélique (Osmond), psychodysleptique (Delay et Deniker).
De même, les hallucinations obtenues au sein de communautés d’indiens d’Amérique (peyotl, champignons hallucinogènes psilocybe mexicana aussi consommés en Indonésie, graines d’ololiuqui contenant du LSD, yagé contenant de l’harmine, etc.), les états d’excitation des piroguiers africains qui remontent l’Ogué en mâchant une racine d’iboga (contenant de l’ibogaïne), les états de délire sinon d’agressivité produits chez les Vikings qui consommaient l’amanite tue-mouche (la fausse oronge, contenant du muscimol), conduisent à des « états limites de la conscience » qui dépendent des archétypes de la tribu ou du groupe ethnique qui en fait usage.
Les récits de Castaneda, de Huxley, diffèrent entre eux suffisamment pour que cela paraisse évident. Sartre et Michaux sous mescaline ont eu des expériences différentes bien que peu agréables comparativement à Huxley, Timothy Leary et Grof. En fait, hallucinogènes et délirogènes révèlent souvent le subconscient individuel dont l’imaginaire fait irruption dans la réalité quotidienne. Il est évident qu’il y a risque de pharmaco-psychose et que de telles effractions incontrôlables et incontrôlées du psychisme ne sont pas sans danger. Il en va de même du haschich à forte dose et du produit actif du cannabis le THC (tetra-hydro-cannabinol) qui peut produire aussi bien de bons que de mauvais voyages de plusieurs heures !
Quant aux produits délirogènes ils paraissent encore plus dangereux que les hallucinogènes. Hitler était intoxiqué à la belladone. Les produits synthétiques qui entraînent des délires (ditran, sernil ou PCP) conduisent à d’effroyables voyages où la santé mentale est gravement mise à l’épreuve. L’amnésie est souvent la règle et le sujet intoxiqué ne se rappelle plus les phases de son délire souvent confus et agité. C’est pourquoi la datura stramoine est consommée rituellement comme épreuve par certains initiés tantriques. Cette « herbe aux voleurs », était offerte aux paisibles voyageurs de diligence en guise de tabac, dont les économies s’envolaient en fumée tandis qu’ils étaient détroussés pendant leur ivresse délirante ! Pour Castaneda aussi la datura est encore plus dangereuse que le peyotl ou la « petite fumée » (psylocybe mexicana).
Mais partons de la classification des drogues pour présenter maintenant brièvement la classification des médicaments psychotropes selon les indications de ces derniers.
Les médicaments psychotropes
La dernière classification de Delay et Deniker a été présentée par le Pr Deniker aux Entretiens de Bichat en 1977. Le tableau II résume les principaux points de cette classification générale des psychotropes tout en donnant le nombre de composés décrits en 1983 dans la littérature internationale spécialisée et aussi en France (nombre de spécialités vendues en officine et présentés aux médecins prescripteurs). Près de 40 % des 460 psychotropes que nous avons recensés dans la littérature internationale et des 239 spécialités prescrites en France peuvent donner lieu à abus et devenir des « drogues », hormis les psychodysleptiques ou perturbateurs qui sont des « drogues » par définition et non des médicaments (sauf les opiacés prescrits exceptionnellement comme médicaments anti-douleur). Nous ne reviendrons pas sur les psycho-dysleptiques perturbateurs dont nous avons déjà parlés et qui ne sont pas des médicaments au même titre que les sédatifs ou les stimulants qui forment les deux grandes premières catégories de la classification de Delay et Deniker. Les sédatifs (psycholeptiques) représentent 2/3 des composés recensés dans la littérature (284 sur 460), dont un grand nombre de « neuroleptiques » composés utilisés essentiellement pour traiter les malades schizophrènes. En France les hypnotiques inducteurs de sommeil représentent 29 molécules psychotropes différentes prescrites selon 86 spécialités (46 barbituriques et 40 autres). Les stimulants (psychoanaleptiques) constituent le troisième tiers des médicaments psychotropes (131 sur 460).
Parmi ces derniers, les médicaments antidépresseurs sont les plus nombreux. Ils doivent être administrés sur ordonnance et souvent prescrits à l’hôpital en perfusion dans des cas graves de dépression. Les psychostimulants mineurs sont prescrits souvent contre la fatigue, l’asthénie, de même que les régulateurs métaboliques » prescrits aux personnes âgées pour améliorer en particulier leur métabolisme cérébral et qui font l’objet de consommations importantes dans les pays à haut niveau de vie. Les amphétamines ne sont plus prescrites en France aussi facilement depuis que leur chef de file et ses principaux dérivés ont été inscrits au tableau B des stupéfiants afin de diminuer la toxicomanie existante.
Il y a donc près de 500 produits psychotropes recensés qui peuvent être prescrits par le corps médical. À ces produits bien définis s’ajoutent d’autres classes de produits qui sont répertoriées dans le tableau III : les premiers sont presque essentiellement constitués par les médicaments anti-douleur, les analgésiques généraux non morphiniques, les seconds relèvent des prescriptions hospitalières.
Les futurs médicaments
Parmi les recherches en cours qui portent sur les substances « endogènes », les « neuropeptides » donnent lieu a de multiples études de par le monde et à des prises de brevets nombreuses. Le tableau IV donne une liste minimale des chefs de files de ces substances clés qui constitueront sans doute les médicaments d’un proche futur.
En conclusion, de même que l’ordre peut être généré à partir du désordre, nous avons vu que les médicaments psychotropes se sont développés parallèlement aux drogues et aux produits perturbateurs. Après l’étude des substances naturelles exogènes, l’ère des dérivés de synthèse s’oriente vers les dérivés naturels endogènes et en particulier les recherches des neuropeptides. Au-delà se profile l’ingénierie génétique avec des molécules actives qui iront directement attaquer les virus et les microbes ainsi que les enzymes pathologiques liés aux affections chroniques. Une révolution thérapeutique s’annonce qui précédera peut-être un changement de conscience de l’homme et de ses sociétés.
BIBLIOGRAPHIE
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S. Freud. De la cocaïne (Écrits réunis par R. Byck), Éditions complexe, (PUF), Bruxelles, 1976.
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E. Jünger. Approches, drogues et ivresse, Idées/Gallimard, Paris, 1973.
L. Lewin. Phantastica, Payot, Paris, 1970.
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