Vimala Thakar
Exploser le mythe de l'ego séparé

Traduction libre Un enfant naît de parents humains et on lui donne un nom. Ce corps physique a l’apparence d’une entité indépendante, séparée des autres entités, indépendante et séparée des arbres, des animaux, des oiseaux ainsi que des corps des autres êtres humains. Si vous vous plongez dans les sciences physiques, la biologie, la physique […]

Traduction libre

Un enfant naît de parents humains et on lui donne un nom. Ce corps physique a l’apparence d’une entité indépendante, séparée des autres entités, indépendante et séparée des arbres, des animaux, des oiseaux ainsi que des corps des autres êtres humains. Si vous vous plongez dans les sciences physiques, la biologie, la physique et la chimie, elles vous diront que l’apparence de séparation est une illusion. Mais nous n’allons pas aborder cette question ce matin.

Le corps physique fait partie de la nature. Il fait partie du monde minéral, du monde végétal, du règne animal et il est régi par les lois de la nature comme les autres espèces non humaines sont régies et contrôlées. Un jeune arbre, une plante a besoin de soleil, d’eau, de nourriture, de protection jusqu’à ce qu’il devienne un grand arbre et qu’il puisse se débrouiller seul. Les espèces non humaines ont besoin de tout cela, de la même manière que le corps humain a besoin de nourriture, d’eau, de soleil, d’air pur, de sécurité. Il en a besoin pour son existence même. Ce sont des besoins physiques. Ils sont communs à l’ensemble de l’humanité. Et si vous me permettez de le dire, ils sont communs à l’ensemble du monde manifesté. Nous partageons ces besoins avec les espèces non-humaines également. Ils ne sont pas très particuliers à la race humaine. Ce sont des besoins physiques pour la survie de l’entité biologique qui croît dans le temps et l’espace, qui est soutenue dans le temps et l’espace.

Si cela est clair, poursuivons et demandons nous s’il existe une entité mentale appelée le « JE », le « MOI » comme il existe un corps physique, une entité physique ? Vous pouvez voir les corps et on leur donne des noms pour distinguer le « MOI » des autres. Ce mythe d’une entité psychologique séparée appelée l’Ego, le Moi, le Soi, le Je a perduré pendant les derniers siècles et le temps est venu de remettre en question la validité de l’hypothèse même qu’il existe un « Je » et un « Moi » séparés, un « Ego » séparé.

Si vous observez le comportement de ce que l’on appelle « l’ego », vous constaterez que son comportement est à nouveau façonné par l’humanité tout entière. La pulsion sexuelle, la colère, la violence, la jalousie, l’attachement – prenez n’importe quelle émotion ou sentiment humain et vous constaterez qu’ils sont communs à l’ensemble de l’humanité. Il s’agit de manifestations humaines individuelles de quelque chose de collectif.

Prenons un exemple. Vous avez sûrement déjà vu un ordinateur ou un magnétophone. Lorsque vous produisez un millier de magnétophones, ce sont des manifestations différentes de la même technologie, des mêmes matériaux. Ils n’ont pas d’individualité. Ils sont fabriqués à partir des mêmes matériaux, même si différentes entreprises peuvent avoir leur propre particularité. De même, différentes cultures ont leurs propres modèles de conditionnements. Cela ne donne pas d’individualité. Vous ne direz pas que le magnétophone ou l’ordinateur a une individualité, bien qu’ils fonctionnent tous de la même manière. De la même manière, le soi-disant « esprit », l’« Ego », le « Soi », le « Moi » est une manifestation de conditionnements collectifs.

Nous sommes des manifestations de la race humaine, nous en faisons partie, et sommes éduqués pour nous comporter de certaines manières en réponse à certains défis. Nous nous comportons de certaines manières lorsque nous sommes submergés par la pulsion sexuelle et par d’autres énergies lorsque nous sommes victimes de la colère ou de la jalousie. Les langues, les coutumes et les traditions nous ont appris à nous comporter d’une manière particulière. Il s’agit de schémas de comportement cérébral, neurologique, chimique, glandulaire et musculaire. Les différentes cultures ont des schémas légèrement différents. Nous avons été formés, éduqués, contraints par des pressions socio-économiques, politiques, familiales et culturelles à nous comporter d’une certaine manière. Voyez donc avec moi que ce que nous appelons colère, jalousie ou peur, ne sont que des conditionnements communs à toute l’humanité. Il n’y a rien de personnel à leur sujet. Il n’y a rien comme « ma colère, ma jalousie, ma peur ». Il n’y a rien de tel que « le mien » ou « le tien ». C’est un premier point.

Deuxièmement, il n’y a pas d’entité. Le corps a au moins l’apparence d’une entité et vous l’appelez Vimala ou XYZ. Vous lui donnez un nom. Ce nom n’a pas d’autre signification que celle d’être attaché au corps. Mais à l’intérieur du corps, il n’y a rien qui ressemble à un esprit individuel. L’esprit est un esprit humain collectif. Comme j’aimerais pouvoir le partager avec vous, comment puis-je attirer votre attention sur le fait qu’il n’y a rien de tel qu’un esprit individuel qui a besoin d’être protégé ? Le corps a besoin de sécurité et de protection mais nous avons créé un mythe sur la sécurité psychologique, sur la protection psychologique. En transférant les besoins physiques dans le domaine psychologique, nous avons créé des besoins parallèles. Physiquement, ce sont des besoins, nécessaires à la survie biologique. Nous avons transféré cette idée de sécurité au domaine psychologique et nous avons créé des besoins au nom de la sécurité psychologique. Nous ne nous sentons pas en sécurité si nous sommes seuls physiquement et, à partir de là, nous avons créé l’idée que si nous sommes seuls psychologiquement, nous ne sommes pas en sécurité. Nous avons créé des idées de solitude psychologique. La peur psychologique et tout cela est basé sur le mythe de l’esprit individuel, de l’ego, du soi. S’il n’y a rien à protéger, alors d’où vient le sentiment d’insécurité ?

Nous transférons également l’idée de continuité du domaine physique au domaine psychologique. Physiquement, le corps doit continuer. C’est un tout petit enfant, puis il grandit pour devenir un garçon ou une fille, puis un jeune homme ou une jeune femme, puis un adulte, puis une personne âgée. Il a une continuité. L’entité biologique a une continuité dans l’espace et dans le temps. Nous transférons cette idée au domaine psychologique et nous pensons qu’elle doit avoir une continuité, et que pour continuer, elle doit avoir des incitations. Nous fournissons donc des incitations appelées « ambition » pour la continuité. Nous fournissons des incitations à l’« acquisition ». Physiquement, on acquiert de l’argent, une maison, de la nourriture – l’action d’acquisition a donc une certaine pertinence sur le plan physique. Psychologiquement, nous avons créé la tendance à l’acquisition comme une incitation à la continuité de la vie. Vous devez acquérir des connaissances, des expériences – physiques, transcendantales, religieuses. Voyez-vous comment l’activité d’acquisition, qui a une certaine pertinence au niveau physique et biologique, a été transférée au niveau psychologique ? Et puis, au nom de la survie de l’ego, nous avons créé un réseau de mécanismes de défense. Tel est le contenu de notre conscience aujourd’hui.

Il est évident qu’il n’existe pas d’entité psychologique – le « Moi », l’« Ego », le « Je » – séparée des autres. Un effort collectif gigantesque a été fait pour cultiver de nouveaux modèles, discipliner les anciens modèles de réactions et mettre en place des mécanismes de défense et des motivations. Nous nous enlisons, nous sommes attachés à tout cela et nous disons ensuite que nous ne sommes pas libres.

L’erreur initiale, fondamentale, de base, semble être de transférer cette idée d’« entité » du physique au psychologique. Alors vous dites : « Que dois-je faire de MA colère ? », ou « Je suis luxurieux, que dois-je faire de la luxure ? » « Je suis très violent, que dois-je faire de la violence ? » Je dis, où êtes-vous ? Qu’est-ce que vous êtes ?

Ainsi, mes amis, cette compréhension des faits de la vie psychologique est tout à fait nécessaire, sinon les faits seront inutilement transformés en problèmes. C’est l’idée que l’on doit acquérir la connaissance, l’expérience, la libération, la transformation, etc. qui crée tout l’attirail, au nom de la sadhana.

Ce que j’essaie de partager avec vous, c’est qu’il n’existe AUCUNE ENTITÉ et AUCUNE CONTINUITÉ. Il n’y a RIEN DE TEL QU’UN ESPRIT INDIVIDUEL. Tout est un conditionnement collectif qui se répète à travers différents corps. Les conditionnements se répètent. Et lorsque vous demandez « que dois-je faire au sujet de la peur, de la colère, de la violence ? », vous essayez de traiter un fragment du passé avec un autre fragment du passé, parce que vous avez accepté que vous êtes une entité.

C’est un conditionnement collectif qui fonctionne à travers nous, qui opère à travers nous. Il est répétitif, mécanique. Il continue à se répéter et, à chaque siècle, nous continuons peut-être à ajouter à la répétition.

La psychologie occidentale peut ne pas accepter qu’il n’existe rien de tel que l’« Ego », le « Soi », le « Moi ». Ce défi à la psychologie occidentale a été lancé par une personne appelée Krishnamurti. Il a tenu bon pendant 75 ans en détruisant le mythe de l’existence d’un esprit individuel, du soi, de l’ego.

En supposant que l’on comprenne qu’il ne s’agit que de conditionnements collectifs. La question se pose à nouveau : « Qu’est-ce qu’on fait ? Il n’y a rien à faire. Qui va le faire ? Vous ? La manifestation des conditionnements collectifs ? Lorsque l’on comprend qu’il s’agit de conditionnements collectifs cumulés depuis des milliers d’années qui s’efforcent de se manifester à travers ce que l’on appelle le « MOI », à travers ce corps, son système nerveux, son système chimique, son organe cérébral, alors cette question de « ce que l’on devrait faire » devient sans objet. Vous vous rendez compte que c’est une mauvaise question. Lorsque vous constatez ce fait, que se passe-t-il pour vous, pour la qualité de vie qui est en vous ? Y a-t-il un désespoir « Oh, si je fais partie des conditionnements collectifs de milliers d’années, je ne peux rien faire ? ». Y a-t-il un sentiment de frustration, de désespoir ? Ou réalise-t-on que contre l’élan de milliers d’années de conditionnements, qui s’efforcent de se manifester à travers ce corps, on ne peut pas créer un nouvel élan en essayant de combattre l’ancien ? La race humaine et toutes les religions ont été occupées à essayer de créer un nouvel élan pour combattre l’ancien et lorsqu’elles découvrent que l’élan de milliers d’années ne peut être contenu, elles se sentent frustrées. Rien ne peut être fait et ils créent un problème à partir du fait de cet élan. L’élan est un fait, ce n’est pas un problème.

Donc, si on voit ça, on se dit : « Ça alors, aucun effort n’a de pertinence. Aucun effort psychologique, aucun mouvement de cette structure psychologique, luttant à travers une entité appelée XYZ n’a de pertinence ». L’effort pour contenir, combattre ou détruire l’élan de milliers d’années, n’a aucune pertinence. Veuillez observer comment toutes les religions ont fait des efforts, ont créé des systèmes, des disciplines, des techniques, des méthodes, des formules – en entrant dans les détails de ce qu’il faut faire, comment observer les jeûnes, les suppressions, les répressions, les punitions et les récompenses du paradis et de l’enfer. Mais vous savez où cela a mené la race humaine.

Voyez-vous qu’aucun effort psychologique n’a de pertinence ? L’effort cérébral ne fait que créer une nouvelle partie de la connaissance, le développement de nouvelles expériences – occultes, transcendantales, etc. Aucun effort n’a de pertinence, le voyons-nous ?

Si nous voyons la non-pertinence de tout effort, alors n’y aura-t-il pas un lâcher prise, au lieu du désespoir, de l’abattement et de la frustration ? Ainsi, lorsque vous voyez que l’effort lui-même n’est pas pertinent, alors naturellement vous vous détendez, n’est-ce pas ?

Une partie de vous ne peut être détruite, changée, sublimée. Vous ne pouvez rien y faire. Elle est telle qu’elle est. La seule chose à faire est de comprendre ce qu’elle est et comment elle fonctionne, afin qu’elle ne vous prenne pas au piège. C’est tout. Vous êtes vigilant et lorsque le mouvement se produit, vous ne créez pas une nouvelle complication en vous identifiant à lui ou à la vie avec lui.

Ce que nous avons vu est donc essentiel : Il y a une apparence d’entité indépendante ; et je le dis avec un grand sens de la responsabilité, parce que nous voyons clairement que même physiquement, la séparation est un mythe. Tout est interconnecté. L’individualité est un mythe, même physiquement, biologiquement. Mais nous n’aborderons pas cette question aujourd’hui.

Il y a donc physiquement l’apparition d’une entité, elle a ses besoins. La survie biologique implique et signifie la continuité dans l’espace et le temps, c’est-à-dire le temps chronologique. Psychologiquement, il ne semble pas y avoir d’entité telle que le corps – 1m80, 75 kgs de poids, clair, noir, brun, etc. Psychologiquement, il ne semble pas y avoir d’entité du tout que l’on pourrait appeler le « je », le « moi » ou l’« ego ». Elle n’a aucune individualité. Ainsi, psychologiquement, il ne semble pas y avoir d’entité ou d’identité.

Nous avons transféré l’idée de besoin à cette entité inexistante du « Moi » et de l’« Ego » et nous avons dit qu’elle avait besoin de sécurité, qu’elle avait besoin de ceci et de cela. Psychologiquement, il y a des désirs créés par nous, et non des besoins qui font partie de la nature. Est-ce que je suis suffisamment clair ?

Et le dernier point que nous avons abordé est que les conditionnements collectifs comme la colère, la peur, la jalousie, l’ambition, la possessivité, la dépendance, avec l’élan de milliards d’années derrière ces conditionnements, continuent à se répéter. Voyez-les pour ce qu’ils sont. Observez et découvrez comment ils fonctionnent, leur modus operandi, et restez avec cette compréhension. C’est seulement la compréhension qui libère. Ainsi, lorsqu’il n’y a pas d’identification, lorsque vous n’êtes pas occupé à vous identifier à cet élan, à l’évaluer, à en faire le choix, alors vous êtes libre de vous relier à la vie d’une manière entièrement nouvelle.

Nous ne vivons pas aujourd’hui. Nous croyons que nous vivons. Mais notre vie n’est rien d’autre que de permettre aux conditionnements du passé de se répéter à travers nous et de survivre à travers cette continuité. Nous nous sommes convertis en instruments de répétition du passé. Le voyez-vous ?