La bonté est un thème récurrent dans de nombreuses traditions, et elle est probablement plus importante que jamais dans le monde d’aujourd’hui. Alors que je commençais à écrire un article sur la bonté, je me suis replongé dans des textes que j’avais déjà rédigés à ce sujet et j’ai réalisé que je ne pouvais pas mieux dire les choses que dans cet extrait de mon livre récent Letting Go of Nothing.
-
-
-
C’est un peu embarrassant d’avoir passé sa vie à se préoccuper du problème humain et de constater, à la fin, qu’on n’a rien de mieux à offrir comme conseil que : « Essayez d’être un peu plus aimable ». — Aldous Huxley
-
-
Le mot anglais « kind » (gentil, bienveillant) vient de “kin” — ceux de la même famille ou tribu, ceux dont nous sommes proches — ceux de la même nature.
Au fond, nous sommes tous de la même nature. Nous voulons être à l’aise, être traités avec respect, nous sentir aimés et appréciés. Aucun de nous ne souhaite se sentir critiqué, rejeté, ignoré ou manipulé.
Pour le dire de la manière la plus simple possible, nous voulons tous nous sentir aimés. Je ne parle pas d’amour au sens romantique ou d’un débordement d’émotion, mais simplement d’attention sincère. C’est la base universelle de toute relation humaine. Nous voulons nous sentir soutenus. Nous voulons être traités avec bonté.
Si nous-mêmes voulons être traités ainsi, alors nous devrions faire de même pour les autres. Mais, si nous n’y prêtons pas attention, nous pouvons facilement faire l’exact opposé. Au lieu d’essayer de faire en sorte que l’autre se sente soutenu et apprécié, nous pouvons tomber dans un cercle vicieux de reproches et d’attaques.
Cela commence souvent par se sentir blessé par quelque chose que quelqu’un a dit ou fait. Peu importe qu’il ait voulu ou non nous blesser. Le fait est que nous nous sentons blessés. Et si nous ne sommes pas pleinement conscients de nos réactions émotionnelles, nous allons probablement nous défendre… en contre-attaquant. Ce n’est ni la réponse la plus noble ni la plus sage ; mais c’est ainsi que nous réagissons, nous autres humains imparfaits. Cela peut prendre la forme d’une remarque cinglante ou d’une critique, d’un ton de voix empreint de ressentiment, d’un changement dans le langage corporel, ou simplement d’un long silence. Quelle que soit sa forme, l’intention sous-jacente est que l’autre se sente un peu blessé — pas trop, pas au point de rompre la relation, mais juste assez pour qu’il ne se sente pas entièrement aimé.
Mais si, comme c’est probable, l’autre personne n’est pas non plus pleinement consciente de ses réactions émotionnelles, sa réponse à cette attaque perçue sera probablement similaire à la nôtre. Elle attaquera à son tour, dira ou fera quelque chose pour nous blesser un peu, juste assez pour que nous ne nous sentions pas pleinement aimés.
Un cercle vicieux s’installe alors rapidement. Il n’est pas toujours visible. En surface, la relation peut sembler aller bien ; les deux personnes paraissant amicales, sans hostilité apparente. Mais en profondeur, un jeu triste est en train de se jouer. Chacune, dans sa tentative d’amener l’autre à se montrer plus aimant, retient une partie de son propre amour. Elles se disent, en quelque sorte : « Tu ne me traites pas avec bonté. Alors je vais être un peu dur avec toi, pour que tu comprennes ton erreur et que tu me traites mieux ».
C’est un jeu perdant-perdant. Pas étonnant que tant de relations — personnelles, sociales, professionnelles — se retrouvent fragilisées.
Le cercle vicieux peut être brisé si nous nous rappelons que, tout comme nous voulons être aimés et appréciés, l’autre aussi. Notre intention devient alors : Comment puis-je communiquer pour que l’autre ne se sente ni attaqué ni rejeté, mais plutôt respecté et soutenu ?
Nous pouvons commencer par être attentifs à nos pensées et intentions agressives. Filtrer toute forme d’attaque, aussi subtile soit-elle, dans notre manière de communiquer, peut résoudre une grande partie du problème à la source.
Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas dire notre vérité. Mais nous devons chercher des façons de l’exprimer qui permettent à l’autre de se sentir valorisé, plutôt qu’attaqué.
Quand vous avez quelque chose de difficile à dire, vous pouvez le précéder d’une explication sur votre intention, pour montrer que cela vient d’un désir sincère, non d’une volonté de nuire. Par exemple : « Je tiens à notre relation et j’aimerais qu’elle se développe, mais pour cela, il faut que je parle d’un sujet qui m’est difficile ». Cela crée un ton très différent que de simplement lâcher les choses sans préambule.
Ou encore, il peut être utile d’exprimer vos propres peurs — elles font aussi partie de la vérité. Révéler votre crainte d’être rejeté ou mal compris peut aider l’autre à mieux accueillir vos préoccupations, et à se sentir plus à l’aise — ce qui, rappelons-le, est l’objectif de cette démarche.
Et quand cette pratique dérape, comme cela arrivera inévitablement de temps à autre, et qu’un ton agressif revient, rien ne vaut des excuses sincères pour remettre la relation sur les rails. Reconnaissez votre erreur (nous sommes tous humains, après tout), et essayez de vous exprimer à nouveau avec plus de bienveillance.
Cette pratique de la bonté est en fait la « Règle d’or » que l’on retrouve au cœur de toutes les religions. Dans la Bible, il est dit : « Faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils fassent pour vous ». De même, dans le Coran, on lit : « Aucun de vous ne sera un véritable croyant tant qu’il ne désirera pas pour son frère ce qu’il désire pour lui-même ».
Si nous appliquions tous ce principe à chaque personne que nous rencontrons ou à qui nous parlons, le monde serait un endroit bien différent.
Texte original publié le 13 avril 2025 : https://peter888.substack.com/p/kindness