Vimala Thakar
La fin de la connaissance psychologique

Traduction libre Pour finir avec toute connaissance psychologique, l’enquête sur la nature et le mécanisme de la structure biologique et l’observation de celle-ci sont pertinentes. La structure biologique, dont la forme est limitée, qui a un début et une fin, dont la survie est liée à l’espace et au temps, se prête à l’investigation verbale. […]

Traduction libre

Pour finir avec toute connaissance psychologique, l’enquête sur la nature et le mécanisme de la structure biologique et l’observation de celle-ci sont pertinentes. La structure biologique, dont la forme est limitée, qui a un début et une fin, dont la survie est liée à l’espace et au temps, se prête à l’investigation verbale. La structure de la connaissance, qui est la pensée, a eu un début dans l’histoire de l’humanité et se prête à l’investigation, l’exploration et l’observation. Mais lorsque l’état d’observation dissout l’observateur, le centre, le « moi », l’« ego », le mouvement d’investigation cesse de se poursuivre. Faites attention en écoutant. Aucune théorie n’est énoncée ici. C’est un humble effort pour communiquer et partager ce qui est perçu comme un fait.

Ainsi, lorsque la structure limitée de la connaissance, de la pensée, de la mémoire, de l’expérience et des conditionnements a été exposée à la lumière de l’observation — qui est une perception sans celui qui perçoit — l’enquête, en tant que mouvement partant du centre du « moi », prend fin. Je me demande s’il est possible de souligner que, par rapport à ce qui est au-delà de la structure finie, biologique et psychologique, il ne peut y avoir aucune exploration spéculative. Avec la fin de la connaissance psychologique, n’y a-t-il pas la fin de l’idée du Divin ? N’est-ce pas la fin de l’idée de poser l’infini ou l’éternité comme une entité à explorer ? Peut-il y avoir une exploration sans poser, sans supposer, sans présumer qu’il y a quelque chose comme Dieu, le divin, l’infini, l’éternel ? Et cette supposition n’est-elle pas une invention de l’esprit ? Je vous pose des questions très dangereuses et je me les pose à moi-même.

Nous avons parlé de l’incommensurable, de l’innommable et on se dit : Bon sang ! à supposer qu’ils ne soient pas postulés, que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui nous autorise à croire, à supposer, à présumer qu’une sorte d’exploration a lieu dans le domaine du Silence, qui est le vide de la conscience ? Qu’est-ce qui nous autorise à supposer que l’enquête ou l’exploration se poursuit à un niveau non verbal par l’énergie de l’intelligence ? Vous savez, je mets en doute la validité de ce que Vimalaji a dit ces dernières années. Et j’ai remis en question la validité de tout ce qu’elle dit et fait durant toute cette vie. Sans douter, sans être sceptique et pourtant l’amour de la vie stimule une inclination à la remise en question. Il vous serait difficile d’imaginer à quel point ce questionnement est curieux ou peut l’être chez la personne que vous appelez Vimala.

La fin de la connaissance psychologique est la fin de toutes les présomptions, de tous les postulats et du processus de postulation.

L’énergie conditionnée s’est détendue dans la non-action. Il n’y a aucun mouvement à partir du centre du « Moi » dans quelque direction que ce soit, pas même dans la direction de l’ascension. Pas de sauts quantiques de l’esprit. Voyez-vous les choses dévastatrices que j’ose partager avec vous ? Nous avons été sur ce précipice. Rien devant et derrière vous, les ponts sont brûlés.

Lorsque le postulat de l’infini et de l’éternité est complètement effacé, il n’y a aucun mouvement de la connaissance psychologique. Par connaissance psychologique, on entend tout ce que les écritures vous ont dit, tout ce que les enseignants morts et vivants vous ont dit. Vous savez, la fin du mouvement de la connaissance psychologique est quelque chose de férocement beau. Il n’y a aucune attente que le Divin va descendre sur vous et vous bénir avec une certaine grâce. Nous nous sommes consolés avec l’idée qu’au-delà du cerveau, dans la relaxation du vide total, la bénédiction, la grâce descend.

Il n’y a pas de tension d’attente, pas de mouvement d’attente que quelque chose se produise, pas de tension d’attente que la transformation ait lieu. Pas de temps, pas de continuité et pas de relation spéculative avec les prétendues infinité et éternité. Pour l’intérêt de cette conversation, si vous écartez tout cela, que reste-t-il ? Il reste peut-être l’absence sacrée d’effort, la vigilance. On n’utiliserait même pas le mot « attentivité » parce que, d’une manière très subtile, l’« attentivité » suppose qu’il y a quelque chose d’indépendant de vous, autour de vous, en dehors de vous, auquel vous êtes attentif. À un niveau très subtil, l’attention implique une relation sujet-objet. Il n’y a pas d’attentivité, pas d’attention, pas de conscience de veille, y compris le rêve et la conscience de sommeil. Il y a l’essence existentielle et l’absence d’effort. Et vivre dans cette dimension de spontanéité ou d’absence d’effort — une vigilance sans même l’activité de l’attentivité — vivre dans cette dimension sans présumer l’inconnu, l’inconnaissable est une bénédiction.

Le conditionné a cessé et la relation spéculative avec l’autre a disparu. C’est là que le courage est nécessaire. C’est là que la volonté d’être vulnérable à la Vie est requise. Il y a très peu d’insécurité tant que vous enquêtez, tant que vous nourrissez et chérissez le mouvement d’enquête au niveau physique, psychologique et spéculatif, en jouant avec ces mots : « innommable », « incommensurable », il n’y a aucune insécurité. Il est relativement facile de laisser l’autorité du connu s’effacer, mais lorsque l’autorité des mots sacrés prétendus comme « éternité », « infinité » qui ont été postulés, est effacée, alors seulement il y a ce que vous appelez le vrai néant, le vrai vide.

Et si ce que les physiciens disent au monde : que l’univers a été une émanation du néant comprimé, et que dans le processus d’expansion de ce néant, des univers infinis ont été explosés — si ce qu’ils disent a une part de vérité, alors ce que nous disons sur l’énergie créatrice de l’Amour contenue dans ce néant suprême a aussi une certaine validité.

À moins que le vide existe, l’énergie créatrice absolue de l’Amour ne peut pas émaner de l’être. La fin du mouvement de l’enquête est la fin du mouvement de la connaissance psychologique par rapport à l’inconnu, l’inconnaissable, l’infini et l’éternel. Permettriez-vous que cela prenne fin ? Permettriez-vous que toute l’attente, toute l’expectative romantique par rapport à ces mots prenne fin dans votre être ? Oseriez-vous le faire ?

Il n’y a rien dans le vide du Silence, il n’y a rien sauf l’existence nue et l’essence existentielle.

Laissez-moi vous laisser avec cette question. Posons-la à nous-mêmes. Sinon, le mouvement de l’enquête et le mouvement de la connaissance psychologique sur les prétendues divinité et éternité seraient l’occupation de toute une vie. On se détourne du social, de l’économique, du politique, on se détourne de la romance de la science et de la technologie, on se détourne de la structure de pensée, de la philosophie, des écritures, et on continue à créer un monde romantique de recherche autour de soi.

Pour l’émanation de l’énergie tranchante de l’Amour, qui perçoit sans celui qui perçoit, et répond sans le centre, cet effacement de tout ce que nous avons supposé, de tout ce que la race humaine a postulé, est essentiel. S’il y a une dépendance à ces mots, une identification à ces concepts et idées indiqués par les mots, alors cette énergie ne peut pas fonctionner. Nous ne rejetons pas. Le rejet est très superficiel. Chaque rejet laisse une acceptation parallèle. Chaque rejet est pour quelque chose, dû à quelque chose. Nous ne parlons donc pas du jeu de l’acceptation et du rejet. Nous disons : permettriez-vous au mouvement d’enquête, qui est le mouvement de la connaissance psychologique, de se terminer et de laisser exister ce silence nu, ce vide nu ? Être rempli de ce silence, être rempli du néant de ce vide est une aventure.