Hazrat Inayat Khan
La philosophie de la résurrection

C’est non seulement dans la Bible que nous trouvons le mot  » Résurrection « , mais aussi dans le Coran et d’autres Écritures. Ce qui est vrai devient faux quand on le comprend mal, et même le faux devient vrai quand on le comprend bien. L’histoire suivante expliquera quelque peu le sens du mot résurrection.

(Revue La pensée Soufie. No 51. 1975)

C’est non seulement dans la Bible que nous trouvons le mot  » Résurrection « , mais aussi dans le Coran et d’autres Écritures. Ce qui est vrai devient faux quand on le comprend mal, et même le faux devient vrai quand on le comprend bien.

L’histoire suivante expliquera quelque peu le sens du mot résurrection.

Il y avait une fois un roi qui désirait voir son fils faire l’expérience de tous les aspects de la vie; pour cette raison, il le tint dans l’ignorance du fait qu’il était prince. Il lui fit construire un palais à sept stages. Le rez-de-chaussée était très simple et clair. Chaque étage était un peu plus décoré que le précédent jusqu’à ce qu’on atteigne le septième. Celui-là était des plus magnifiquement meublé, et de toutes façons digne de l’habitation d’un roi. Le petit prince fut place au rez-de-chaussée pour y vivre avec ses gouvernantes et ses serviteurs. Il y vécut heureux et content durant plusieurs années. Lorsqu’il grandit, il devint curieux et demanda s’il y avait quelque chose à voir dans les autres étages de la maison. Les serviteurs répliquèrent qu’il y avait six autres étages et qu’il avait la liberté d’y aller voir. On lui dit aussi qu’il pouvait y accéder au moyen de l’ascenseur. Le jeune homme entra, mais il eut soin de ne pas lâcher la corde de l’ascenseur, voulant être sûr de pouvoir redescendre au rez-de-chaussée qui lui était si familier. De cette façon il explora tous les sept stages. Le père avait décidé qu’il ne porterait pas le titre de Dauphin tant qu’il n’aurait pu monter seul et visiter le palais qui après tout, était sien.

Voici l’interprétation de l’histoire: les sept étages sont les sept plans d’existence, et sont nôtres par droit d’héritage. Nous sommes placés au rez-de-chaussée (la terre) parce que nous avons là, un travail qu’il nous faut accomplir. Le plus important travail que nous avons à faire dans la vie est d’avoir soin de tous les sept stages. Le Maître Jésus-Christ passa par les sept plans et donna le commandement: « Soyez parfaits, comme mon Père, au Ciel, est parfait ». Cet état de perfection est le passage de l’état limite à l’état illimité d’existence. L’ascenseur est le souffle et quand notre corps physique passe à l’étage suivant et perd la tenue du souffle, c’est sa mort. A vrai dire, à travers la mort, l’âme monte librement dans les plus hauts plans d’existence et c’est là le sens de la résurrection.

Il y a deux aspects à la résurrection; le négatif et le réel. La résurrection négative a lieu lorsque, dans l’ascenseur (au moyen du souffle), nous passons aux plus hauts plans d’existence en nous tenant à la corde (le corps physique) et en revenons de nouveau vers le rez-de-chaussée (la terre). C’est ce que veulent dire les mots du Coran: « meurs avant la mort ». Les Soufis enseignent cette résurrection négative elle est l’objet de toute la vie contemplative qu’ils mènent. Elle éloigne la crainte de la mort et celle-ci devient: « le pont qui unit l’ami à l’Ami ».

Lorsque Jésus-Christ passa de la terre, il laissa pour toujours Son corps physique et ce fut Sa résurrection positive.

Quand nous sommes endormis et que nous rêvons, nous laissons notre corps physique et vivons durant ce temps dans notre corps plus subtil. Le corps plus subtil est une réplique de notre corps physique; les deux corps ont reçu l’empreinte l’un de l’autre et sont exactement semblables. Cela résout une question à savoir comment Jésus put apparaitre à Ses disciples en ce qu’ils croyaient être Son corps physique. Il leur avait promis qu’Il reviendrait, et ce fut leur ardent désir et leur dévotion aimante qui créa Sa présence.

Tout cet univers fut créé par le pouvoir de l’esprit. Ce pouvoir est en chacun de nous et notre pouvoir de créer est en proportion de l’ardeur et de la réalité de nos désirs. Ce fut le cas des fidèles disciples; leur amour et leur désir ardent créèrent la présence de leur Seigneur.