(Revue Le chant de la licorne. No 24. 1988)
Il paraît surprenant de rechercher un effet thérapeutique par des attouchements à l’intérieur du nez. Pourtant, selon l’adage traditionnel bien connu «t out est dans tout », les réflexothérapeutes se proposent d’intervenir sur toutes les projections holographiques que peut offrir le corps humain. Comme des thérapies plus connues (auriculothérapie, iridologie, réflexothérapie plantaire…), la naso-sympathicothérapie, ou réflexothérapie endo-nasale, permet une rééquilibration énergétique efficiente de l’organisme.
Une histoire mouvementée
Les origines de cette pratique très ancienne sont probablement multiples et l’on sait qu’Hippocrate, entre autre, soignait le hoquet et l’asthme par des attouchements nasaux à l’aide de plumes. Après une longue période d’occultation, la réflexothérapie endo-nasale refait jour au début du siècle par la pratique de plusieurs médecins gynécologues (Mac Kensie, Fliess) qui remarquent de très bons résultats dans leur discipline, notamment sur les aménorrhées, par des attouchements ou cautérisations à l’intérieur du nez. Bonnier, un oto-rhino-laryngologiste, est en 1910 le premier à établir une cartographie des fosses nasales où il situe différents points de concentration des terminaisons nerveuses, qui réalisent ainsi une véritable projection miniature de l’organisme (somatotopie). Il baptise sa méthode la centrothérapie. Gênant l’ordre médical officiel, il connaît malheureusement le sort de nombreux novateurs: tous les livres de la dernière édition sont brûlés. Néanmoins, avec la première grande vague des médecines alternatives dans l’Europe de l’entre-deux guerres, chiropraxie, acupuncture, homéopathie… et réflexothérapie endo-nasale connaissent un certain essor. Après une période d’oubli relatif, elle est actuellement beaucoup plus pratiquée par différents thérapeutes (ostéopathes, acupuncteurs, naturopathes…) que par les docteurs en médecine, qui refusent encore, pour la majorité d’entre-eux, d’accorder un crédit scientifique à ce type de pratique. Cela n’empêche pas de nombreux auteurs de codifier de plus en plus précisément cette discipline (Bontemps, Ridon, Bonneton, Bobin…).
Un traitement surprenant
Une première séance chez un nasosympathicothérapeute peut paraître impressionnante. Le praticien va, en effet, introduire à l’intérieur du nez un long stylet pour y pénétrer, dans certains cas jusqu’à 10 cm, profondeur normale des fosses nasales. Le stylet, dont l’extrémité est arrondie, est utilisé pour effectuer de petites pressions sur certaines régions de la muqueuse nasale. Il n’y a donc pas de piqûre comme avec une aiguille et la technique n’est jamais douloureuse, même si une zone réflexe devient légèrement plus sensible à l’attouchement quand l’organe correspondant est perturbé. Une séance courte comprend deux à trois touches effectuées avec de fins stylets, auparavant stérilisés, ou encore des écouvillons également stériles, dont l’extrémité sera alors imprégnée d’essences aromatiques de plantes. Le traitement ne se fait qu’après et en fonction d’un examen neurovégétatif précis. Beaucoup de thérapeutes utilisent cette approche en complément à une autre thérapeutique de base (homéopathie, thérapies manuelles…), pour une meilleure rééquilibration énergétique du patient.
De nombreuses indications
Par l’intermédiaire des projections du système neurovégétatif sympathique, dont le rôle est fondamental pour l’équilibre physiologique de l’organisme, et du nerf olfactif en connexion étroite avec des centres nerveux et glandulaires clés (rhinencéphale, hypophyse…), le clavier endo-nasal offre un vaste champ d’action thérapeutique. Sur le plan énergétique, il faut d’ailleurs rappeler que, dans la conception ayurvédique, l’assimilation du prana (énergie vitale) se réalise essentiellement par les deux narines, d’où partent deux nadis (canaux énergétiques), ida et pingala, dont la topographie se superpose aux deux chaînes sympathiques latérovertébrales.
L’indication majeure de la nasosympathicothérapie concerne tous les dérèglements faisant suite à des stress: anxiété, insomnie, fatigue chronique, spasmophilie, troubles fonctionnels digestifs et gynécologiques… Des guérisons ou améliorations constantes sont observées dans les cas de sinusite, migraine et névralgie faciale. Asthme et rhume des foins sont également une bonne indication de cette approche. Signalons enfin les résultats très performants de la naso sympathicothérapie dans les traitements antitabac (90% de succès, complets et durables pour notre propre expérience).
Encore mal connue, la réflexothérapie endo-nasale demande certainement plus de recul afin d’en juger précisément toute la portée. Sans constituer un système médical à part entière, elle s’inclut cependant déjà dans la pratique de nombreux thérapeutes où elle constitue un atout majeur pour la rééquilibration des maladies fonctionnelles. Nous ne pouvons que regretter, comme pour l’ensemble des autres réflexothérapies, que la nasosympathicothérapie ne soit pas mieux intégrée dans l’éventail des soins médicaux officiels, pour un meilleur soulagement des souffrances du patient.