le docteur Maud Cousin
La respiration

Steiner insiste beaucoup sur le mode de contact que nous avons entre l’intérieur et l’extérieur. Le sang est le support du « moi », de la personnalité, de la chaleur. C’est par le sang que le « moi » est en rapport direct avec le monde extérieur par l’intermédiaire de la respiration et de l’air. Nous percevons le chaud, le froid, la pollution d’une manière directe. C’est un mode de perception qui n’est pas tout à fait conscient, mais qui est direct par rapport aux autres, comme par exemple la lumière, le son que nous percevons par contact indirect par l’intermédiaire du système nerveux. Nous n’avons pas davantage de contact avec les aliments, parce que ceux-ci sont décomposés et que la combustion détruit le caractère propre des aliments pour que nous en reconstruisions quelque chose. Ce travail se passe dans l’inconscient.

(Revue Panharmonie. No 193. Janvier 1983)

La respiration, c’est l’acte essentiel de notre vie sur cette terre. Quand on naît on pousse son premier soupir, quand on meurt, son dernier. La respiration, c’est une combustion : nous faisons entrer de l’oxygène dans tout notre organisme, elle permet de brûler les éléments, de donner de l’énergie. Dans le sens maternel le fœtus peut vivre grâce à la circulation ; pour vivre sur terre il faut respirer.

Les poumons : Ils sont contenus dans la cage thoracique, ils sont une masse flasque qu’enveloppe la plèvre qui tapisse le thorax. Celle-ci permet aux poumons, grâce à des glissements doux, de suivre les mouvements de la paroi thoracique. Quand cette plèvre présente des anomalies, les poumons ne peuvent plus bien respirer, c’est ce qui se passe pour la pleurésie. Une couche de liquide s’infiltre entre la plèvre et les poumons qui se tassent. L’emphysème est dû à des bulles d’air qui sortent des poumons dans la plèvre, occasionnant un pneumothorax spontané. Pour agir contre la tuberculose et pour permettre aux poumons de se mettre au repos afin de faire rétrécir une caverne, on faisait des infiltrations d’air qui décollaient le poumon de la plèvre, on provoquait ainsi des pneumothorax artificiels. On n’en fait pratiquement plus.

La cage thoracique est soutenue par les muscles des côtes, les muscles du cou et elle est fermée en bas par la coupole diaphragmatique, gros muscle qui forme arc vers le haut et qui redescend quand on respire. C’est une espèce de piston. En général l’homme a une respiration diaphragmatique et la femme une respiration costale.

La respiration est un acte inconscient, mais sur lequel on peut agir consciemment et ainsi influencer tout l’organisme. Une régulation automatique se fait au niveau du bulbe et qui est dépendante de la composition du sang. Quand vous inspirez vous faites entrer de l’oxygène, quand vous expirez, vous rendez du gaz carbonique (CO2). Trop peu d’oxygène et un excès de gaz carbonique provoquent une respiration accélérée. Pour ranimer quelqu’un on emploie un mélange appelé carbogène (oxygène et gaz carbonique). Le gaz carbonique n’est pas un poison, ce qui est un poison, c’est l’oxyde de carbone, dû à la combustion qui est incomplète et qui vient se fixer sur les globules rouges qui ne sont plus capables de récupérer l’oxygène d’un côté, le gaz carbonique, de l’autre. Normalement ce sont les globules rouges qui prennent l’oxygène à l’inspiration, le transportent dans les tissus qui le brûlent et remportent le gaz carbonique vers les poumons. S’il y a de l’oxyde de carbone qui se bloque dans les globules rouges, cela provoque une intoxication, ainsi que cela se fait par le gaz d’éclairage, par les fourneaux qui tirent mal, par des cigares, pipes et cigarettes. La cigarette est dangereuse parce que plus cancérigène et la pipe ou le cigare dégagent plus d’oxyde de carbone, ce qui anémie l’organisme. On bloque 10 à 20 % du sang en fumant.

Le « Panorama du médecin » donne des statistiques de l’évolution de la pollution depuis une dizaine d’années dans quatre villes d’où il ressort que de 1968 à 1979 il y a une diminution de la pollution des villes.

L’inconvénient de la pollution c’est que cela fait entrer dans le sang de mauvaises choses, mais aussi que cela perturbe les défenses naturelles de nos voies respiratoires. Dans le nez il y a trois petits cornets en dédale dans lesquels l’air qui passe est réchauffé, humidifié, dépoussiéré. Le nez capte aussi de l’électricité qu’il transmet au système nerveux.

La gorge est un espace rétréci, la trachée est maintenue par des cartilages. Les zones de protection se trouvent sur les bronches dont la surface intérieure est tapissée de cils vibratiles qui peuvent être perturbés par la pollution. C’est une espèce de tapis qui permet de capter les poussières avec un peu de mucus. Ces cils vibratiles bougent en permanence et font remonter les mucosités dans la région de la glotte, au carrefour des voies respiratoires et digestives : on crache ou on avale et cela se détruit par le suc gastrique. Quand il y a trop de pollution les cils vibratiles ne peuvent plus fonctionner, les pollutions à ce moment risquent de s’incruster et en tant que corps étrangers, favorisent des réactions allergiques : asthme, rhume, etc. Il est donc important de revitaliser les voies respiratoires et de supprimer les pollutions au maximum. L’excès de pollution incite l’organisme à produire trop de mucus, ce qui favorise les bronchites, les trachéites. Dans les familles où les parents fument, les enfants sont plus sensibles aux bronchites. On s’est aussi aperçu que des non-fumeurs qui vivent dans une atmosphère enfumée, ont au bout de six ans des bronches équivalentes à celles des fumeurs qui fument dix cigarettes par jour.

A côté des cils vibratiles et du mucus il y a aussi de grosses cellules appelées macrophages qui mangent les microbes, la poussière et qui éclatent sous l’effet de la fumée. C’est encore une défense qui disparaît.

Les poumons sont faits de petites alvéoles, c’est l’endroit le plus vital, celui qui permet de respirer. Si on met ces alvéoles l’une à côté de l’autre, et si on les étale, on obtient une surface d’environ 100 m2 (cent mètres carrés). Si la pollution entre jusque dans les alvéoles, cela provoque des inflammations, des irritations et souvent les parois très minces éclatent et on finit par avoir une grande bulle à la place des petites alvéoles qui ont davantage de surface respiratoire que cette bulle. Alors on s’asphyxie et on fait de l’emphysème. Il est donc capital d’éviter la pollution qui pénètre jusqu’au fond des poumons et détruit les défenses.

Les asthmatiques font aussi de l’emphysème à cause des spasmes produits par l’irritation (pollen, poils de chats, etc.).

Rôle des poumons au point de vue glandulaire : Dans les poumons s’effectue la combustion des graisses. En effet, les graisses sont digérées par le tube digestif, elles remontent et vont dans les veines, puis se font brûler dans les poumons, avant de repasser dans la circulation générale et le foie. Il faut beaucoup d’air pour bien brûler les graisses, sinon on a du cholestérol (trop de matières grasses dans le sang).

Beaucoup de gens vivent dans des locaux où l’air est conditionné. Cela représente une perte d’oxygène et d’électricité qui est habituellement captée par le nez pour régénérer le système nerveux. Cela entraîne une fatigue permanente. On respire environ 15 kg d’air par jour et il faut absolument se battre pour avoir de l’air qui ne soit pas pollué, on est obligé de respirer, on n’est pas obligé de fumer ! On perd un quart d’heure d’existence par cigarette fumée. Quand on est dans une atmosphère enfumée, on en récupère deux à trois par heure. Il faudrait une loi plus sévère que celle de maintenant. Actuellement il est prévu dans un endroit un espace de 7 m3 par personne, sinon n’a pas le droit de fumer. Au Japon si une personne demande qu’on ne fume pas, on le défend et s’il y a une personne enceinte, c’est strictement interdit. Je me souviens d’un congrès où j’ai obtenu une pause de cinq minutes toutes les heures pour permettre à ceux qui voulaient se détendre de respirer et à d’autres de fumer et, à la fin du congrès, on n’était pas fatigué !

Steiner insiste beaucoup sur le mode de contact que nous avons entre l’intérieur et l’extérieur. Le sang est le support du « moi », de la personnalité, de la chaleur. C’est par le sang que le « moi » est en rapport direct avec le monde extérieur par l’intermédiaire de la respiration et de l’air. Nous percevons le chaud, le froid, la pollution d’une manière directe. C’est un mode de perception qui n’est pas tout à fait conscient, mais qui est direct par rapport aux autres, comme par exemple la lumière, le son que nous percevons par contact indirect par l’intermédiaire du système nerveux. Nous n’avons pas davantage de contact avec les aliments, parce que ceux-ci sont décomposés et que la combustion détruit le caractère propre des aliments pour que nous en reconstruisions quelque chose. Ce travail se passe dans l’inconscient.

Tout le système sympathique et parasympathique, c’est-à-dire le système neuro-végétatif a pour rôle de faire tout ce travail dans l’inconscience complète.

Le « moi », la personnalité, entre en contact avec l’air et directement avec le monde physique. L’air vient par la petite circulation vers le cœur, les autres choses vont plutôt vers la grande circulation. Il y a des courants éthériques qui remontent et l’un des endroits où se concentrent les choses intérieures et extérieures, est au niveau de l’hypophyse et de l’épiphyse. Ce sont ces courants éthériques qui sont le résultat de toutes ces forces de la digestion, etc., qui se concentrent et cette concentration de forces crée les organes. Cette zone de l’épiphyse et de l’hypophyse est une sorte de commande de toutes nos glandes.

Dans ces contacts l’être prend conscience de lui-même, à condition qu’il y ait une résistance. C’est grâce aux transformations que l’organisme fait subir à l’air que nous prenons conscience d’être. C’est grâce à une résistance et à une sécrétion que la personnalité se prend en charge. Tous les endroits où il y a une sécrétion sont des endroits où nous vivons et où nous prenons conscience (la peau transpire, les glandes sécrètent…).

La maladie est une chose nécessaire, c’est l’effort que fait l’organisme pour retrouver la santé. Nous prenons toujours la maladie pour quelque chose de désagréable et de mauvais qu’il faut combattre. Si nous empêchons le redressement que l’organisme est en train d’opérer, nous agressons la maladie. Autrefois on faisait transpirer pour une grippe, pour aider à liquider beaucoup de choses. Avec la température toutes les réactions chimiques sont accélérées (le cœur bat plus vite, le foie fonctionne plus vite, etc., etc.) et la guérison est activée. Il est dommage, d’un certain côté, de supprimer toutes ces possibilités de fièvre, parce qu’elles aident à éliminer tout ce qui était en trop et la meilleure lutte qu’on a contre le cancer, c’est la fièvre.

Au Japon, par exemple, les gens prennent beaucoup de bains chauds et cette activité de température artificielle qui fait monter la température du corps, est très bénéfique pour lutter contre le cancer. Le cancer est une zone de mort. Steiner pense que quand le corps est trop usé, qu’il n’y a plus assez d’énergie pour entretenir tout l’organisme, il laisse une zone en panne, il ne l’imprègne plus et alors la vitalité énergétique de la partie végétative éthérique prend le dessus et on a une possibilité de cancer. Avec la chaleur on a une chance d’empêcher la multiplication des cellules cancéreuses.

Le vieillissement est une accumulation de poisons, de toxines, qu’on n’arrive pas à éliminer. Et malheureusement les médecins font tomber la fièvre qui aide à l’élimination des toxines. Donc, dans certains cas, la maladie peut être une bénédiction.

D’après Steiner la zone respiratoire et cardiaque forme un tout qui équilibre le pôle de commande et le pôle métabolique où se trouvent la digestion et l’action. Quand vous augmentez le travail digestif, vous fatiguez votre cœur. Pour les Chinois, l’intestin grêle et le cœur vont ensemble, de même que le côlon et les poumons. Ce sont les deux pôles de couplage des méridiens d’acupuncture. Il y a aussi un rapport entre le cœur et les poumons. Quand le cœur est trop rapide par rapport aux poumons cela provoque de l’anxiété et inversement, c’est de la neurasthénie, la tendance à l’indécision intérieure, pas assez de prise de conscience de soi. Le rythme cardiaque normal est de 70 à 72 battements à la minute. Les sportifs arrivent à avoir un cœur trop lent.

Les poumons sont donc capitaux pour prendre conscience de soi-même, du monde, pour activer le « moi », la personnalité. Beaucoup de choses sont en rapport avec les poumons, le côlon d’abord, puis des tas d’enzymes sont détruits grâce à lui. Il n’est pas seulement une zone de passage, mais une glande qui capte, qui démolit, qui retient. On peut vivre en générai normalement avec un cinquième d’organe.

L’homme par rapport aux planètes : L’homme est la reproduction du macroscome, il en est le microcosme. Tout notre métabolisme peut être comparé à ce qui se passe dans le ciel :

Ainsi :

— le cœur         : symbolisé par le Soleil ;

— les poumons : symbolisé par Mercure ;

— le foie           : symbolisé par Jupiter ;

— la bile           : symbolisé par Mars ;

— la rate           : symbolisé par Saturne ;

— les reins     : symbolisé par Vénus.

D’après Steiner les reins sont complémentaires des poumons, c’est l’équilibre des deux pôles. Les reins sont les régulateurs du surplus qui entre dans le corps.

Le critère de la mort n’est plus l’arrêt des poumons, puisqu’on peut faire vivre artificiellement, mais l’arrêt physiologique du cerveau. D’après Steiner la matière est essentiellement le fruit de l’énergie. On peut avoir un organe défectueux, mais si l’énergie est brillante, la fonction peut continuer. Ainsi on enlève assez facilement la rate parce que son rôle est essentiellement rythmique et énergique. L’énergie peut suppléer quelque fois à la matière.

La toux : C’est un réflexe qui existe pour compenser l’insuffisance des éliminations pour les cils vibratoires. Quand il y a un encombrement un peu fort, les muscles se contractent brusquement, renvoient l’air et activent l’élimination du mucus. La toux est une défense de l’organisme. Quelquefois quand les bronches sont en très mauvais état, elles se dilatent, parce que les muscles se paralysent en face des inflammations. Cela forme des réservoirs dans lesquels il y a beaucoup de mucosités, de liquides. La bronchite est une inflammation des bronches qui réagissent soit par des inflammations sèches (toux sèche), soit par augmentation du mucus (le mucus est une protection de la muqueuse).

Les gens qui ont des insuffisances hépatiques ont souvent des inflammations respiratoires, parce que la digestion a beaucoup de rapports avec la respiration. Pour les Chinois, c’est le côlon qui commande les poumons, l’intestin grêle étant couplé avec le cœur. Le foie a un rôle très important, il donne des sécrétions, comme la bile, pour aider à la digestion. Ensuite tous les produits de la digestion, sauf les matières grasses, qui vont vers les poumons, sont repris par les veines portes qui vont vers le foie. Le foie contribue à faire bien fonctionner le côlon et la digestion, donc les poumons. Les graisses se brûlent dans les poumons qui peuvent s’encombrer par ces voies là. Le foie est aussi situé près des poumons, donc il peut y avoir des réactions de voisinage. Rien de tel pour la grippe ou les angines que de s’occuper de la digestion, de choisir les aliments, de bien mâcher, de ne pas manger trop.

L’intoxication des femmes enceintes par la cigarette : En Angleterre on a fait des statistiques, sur 17 000 enfants, nés une certaine semaine et qui avaient sept ans. En moyenne, d’après les tests biologiques et de comportement, les enfants dont les mères fumaient, avaient un retard psychomoteur de quatre mois. En troublant cette période de croissance, on diminue la qualité du système nerveux.

Les slogans publicitaires contre le tabac sont très difficiles à faire accepter, parce qu’ils sont toujours négatifs : je suis non-fumeur, je ne fume pas, etc. Or le subconscient n’accepte pas le négatif. La négation bloque les gens, pour les faire évoluer, il faut que le processus soit positif.