Richard Smoley
La science secrète de l’esprit : comment la pensée positive est devenue une force dans le monde moderne

Traduction libre La plus grande découverte de ma génération est que l’homme peut changer sa vie simplement en modifiant son attitude d’esprit. – William James, The Varieties of Religious Experience S’il existe une doctrine religieuse centrale pour le Nouvel Âge, c’est bien celle-là : la croyance que les pensées positives peuvent soumettre la réalité à leur propre […]

Traduction libre

La plus grande découverte de ma génération est que l’homme peut changer sa vie simplement en modifiant son attitude d’esprit.

– William James, The Varieties of Religious Experience

S’il existe une doctrine religieuse centrale pour le Nouvel Âge, c’est bien celle-là : la croyance que les pensées positives peuvent soumettre la réalité à leur propre forme. C’est un concept séduisant. Si c’est vrai, nous n’avons pas besoin d’agir, de travailler ou de performer dans le monde. Tout ce que nous avons à faire, c’est de changer notre façon de penser. Mais cette idée a-t-elle un sens ?

Pour comprendre la doctrine du pouvoir de la pensée, il est utile d’en retracer l’histoire. Le père de la religion de la pensée positive est un obscur habitant de la Nouvelle-Angleterre nommé Phineas Parkhurst Quimby (1802-66).

Quimby, comme beaucoup d’hommes de son époque, était un touche-à-tout. D’abord horloger, il se passionne pour les méthodes alternatives de guérison et apprend l’art du mesmérisme ou magnétisme animal, précurseur de l’hypnose. Quimby a découvert que s’il mettait un assistant en transe, celui-ci pouvait diagnostiquer et prescrire un remède pour la maladie d’un patient (un peu comme Edgar Cayce, le célèbre « prophète endormi » qui a vécu quelques générations plus tard).

Phineas Parkhurst Quimby (1802–66)

Quimby développa une pratique fructueuse de cette manière, mais il arriva bientôt à une conclusion surprenante : peu importe le remède prescrit, c’est la foi du patient qui fait la différence. Quimby licencia donc son assistant et commença à pratiquer sa propre méthode de guérison radicale, dans laquelle il convainquait simplement le patient qu’il est déjà en bonne santé. La nature douce et chaleureuse de Quimby suscitait un sentiment de confiance. Son cabinet rempli de patients, et nombreux sont ceux qui sortaient de ses traitements avec un grand soulagement, voire une guérison complète. Il traitait souvent gratuitement les personnes qui ne pouvaient pas payer.

Autodidacte, Quimby n’était pas un penseur systématique. Mais vers 1859, il commença à formuler ses enseignements par écrit. Il pensait avoir découvert le secret des miracles accomplis par Jésus-Christ et souhaitait mettre ce savoir à la disposition de tous.

« Ma philosophie », disait-il, « rendra l’homme libre et indépendant de toutes les croyances et lois humaines, et le soumettra à son propre accord, étant libéré des lois du péché, de la maladie et de la mort ».

L’enseignement était simple. En chaque être humain résident la Vérité, la Sagesse et la Bonté. C’est notre droit naturel à la naissance. Mais il y a aussi un autre aspect : l’esprit matériel, mortel, qui est sujet à l’erreur. Et la principale erreur à laquelle cet esprit matériel est soumis est la maladie.

« La maladie », écrit Quimby, « est un faux raisonnement. La vraie sagesse scientifique, c’est la santé et le bonheur. Le faux raisonnement, c’est la maladie et la mort ». Quimby n’a jamais vraiment donné de nom à son enseignement, bien qu’il l’ait généralement appelé la « Science de la santé ». Une ou deux fois dans ses écrits, il l’a appelé « Science chrétienne ».

Quimby a attiré un certain nombre de disciples. L’un d’entre eux, Warren Felt Evans, était également un adepte du visionnaire suédois Emanuel Swedenborg (1688-1772). C’est en fait Evans qui a introduit le terme « Nouvel Âge » dans son livre influent de 1864, The New Age and Its Messenger (Le Nouvel Âge et son messager). Le « messager » du titre était Swedenborg qui, dans ses volumineux écrits, proclamait que 1757 serait l’année du Jugement dernier. Mais cet événement, disait-il, n’a pas eu lieu et n’était pas censé avoir lieu sur terre. Il s’est déroulé dans le royaume des esprits, une zone intermédiaire entre le ciel et l’enfer. Le Seigneur a purgé ce royaume du mal, permettant ainsi au ciel de transmettre ses influences à la terre de manière moins entravée.

Swedenborg n’avait pas épousé la doctrine du pouvoir de la pensée telle qu’elle apparaîtra plus tard : il soutenait que l’esprit humain était continuellement soumis aux influences du ciel et de l’enfer et que la fonction de l’être humain sur terre était de choisir le bien et de renoncer aux mauvaises impulsions. Néanmoins, la pensée de Swedenborg, qui a atteint le zénith de son influence au début du XIXe siècle, a préparé le terrain pour le mouvement du Nouvel Âge.

Après la mort de Quimby en 1866, ses idées se sont perpétuées dans les enseignements de sa plus célèbre élève, Mary Baker Eddy, qui a popularisé le nom de « Science chrétienne » et créé une religion autour de ce concept, ainsi que dans des mouvements ultérieurs tels que la Nouvelle Pensée, l’Unité et la Science religieuse.

La Nouvelle Pensée est en quelque sorte un terme générique utilisé pour couvrir ces autres mouvements par opposition à la Science Chrétienne d’Eddy. Le spécialiste américain des religions Charles Braden a caractérisé les principales différences entre ces deux courants comme suit :

Mary Baker Eddy

1 ) Les Scientistes Chrétiens ont tendance à être plus autoritaires dans leur pensée, considérant les écrits de Mrs Eddy comme des révélations définitives, alors que les adhérents de la Nouvelle Pensée soulignent que des vérités spirituelles sont révélées chaque jour ;

2) Les Scientistes Chrétiens ont eu tendance à nier l’existence de la maladie, de la matière et de « l’esprit mortel », alors que le mouvement de la Nouvelle Pensée s’est plutôt orienté vers des affirmations (« Je suis bien » ; « Je suis parfait ») ;

3) Les Scientistes Chrétiens sont généralement opposés à travailler avec des médecins traditionnels ou à permettre à leurs patients de le faire, alors que les partisans de la Nouvelle Pensée ont été plus flexibles et pragmatiques sur ce point [1].

La science religieuse d’Ernest Holmes

La Science religieuse, fondée par Ernest Holmes (1887-1960), est l’un des courants les plus dynamiques de la Nouvelle Pensée au vingtième siècle. Né dans le Maine, Holmes s’installe à Boston à l’adolescence, où il suit un cours de deux ans sur l’art oratoire. À cette époque, il est attiré par les œuvres de Ralph Waldo Emerson (autre influence majeure du mouvement de la Nouvelle Pensée), ainsi que par le manuel de science chrétienne d’Eddy, Science and Health with Key to the Scriptures (tr fr Science et santé avec la clef des Écritures). Plus tard, il étudiera d’autres figures majeures du mouvement de la Nouvelle Pensée, telles que William Walker Atkinson et Thomas Troward.

Ernest Holmes (1887-1960)

En 1914, Holmes s’installe à Venise, en Californie. En 1919, il publie son premier livre, Creative Mind (tr fr Esprit Créatif). Son œuvre maîtresse, Science of Mind (tr fr La science du Mental), a été publiée pour la première fois en 1926. Bien que la plupart des idées de Holmes se retrouvent chez ses précurseurs du XIXe siècle, il propose une version plus élégante de la Nouvelle Pensée grâce à ses techniques de vente propres au XXe siècle. Il aimait raconter des histoires où il persuadait des jeunes filles modestes de sourire ; lorsqu’elles ouvraient les lèvres, disait-il, elles étaient entourées d’hommes riches désireux de payer les factures d’orthodontie. Gail Thain Parker, spécialiste de la Nouvelle Pensée, écrit : « La suffisance de Holmes est très différente du ton plus exploratoire (et parfois évasif) des curistes de l’esprit de la première et de la deuxième génération…. ». Il savait que rien de ce qu’il dirait ne choquerait ou ne surprendrait ; sa prose était pleine de garanties à vie et de bonnes affaires imbattables [2].

Holmes, orateur puissant, mais gourou ambivalent, a néanmoins incité ses disciples à créer une organisation pour promouvoir ses idées. L’Institute of Religious Science and the School of Philosophy est constitué en 1927. La même année, Holmes fonde le magazine Science of Mind, toujours publié aujourd’hui. Son influence a été énorme, non seulement par ses propres écrits, mais aussi par ceux qui se sont inspirés de lui. Norman Vincent Peale, auteur de The Power of Positive Thinking (tr fr La puissance de la pensée positive), un best-seller du milieu du vingtième siècle, a puisé une grande partie de son message dans la science religieuse.

Norman Vincent Peale

Holmes vécut assez longtemps pour voir son organisation sujette à des schismes et à des luttes intestines. Peu avant la mort de Holmes, son protégé Obadiah Harris (qui deviendra par la suite directeur de la Philosophical Research Society à Los Angeles) lui confia qu’il quittait le mouvement pour trouver sa propre voie. « J’aimerais pouvoir vous accompagner », lui répondit Holmes [3].

Malgré cela, l’organisation de Holmes survit encore aujourd’hui et ses enseignements continuent d’inspirer de nombreuses personnes. L’une de ses idées centrales — et peut-être la plus influente — est la loi de l’attraction. Le terme a été inventé au XIXe siècle pour désigner les affinités de l’âme avec les différentes sphères de l’au-delà, mais Holmes lui a donné son sens actuel : « Ce que nous attirerons dépendra de ce sur quoi nos pensées s’attardent » [4].

Si vous pensez à la prospérité, la prospérité viendra à vous ; si vos pensées s’attardent sur la maladie, la souffrance et le malheur, vous préparez le terrain pour votre propre malheur futur. Ces pensées ne sont pas nécessairement conscientes, affirme Holmes :

« Alors que la plupart des maladies doivent d’abord avoir une cause subjective, cette cause subjective (neuf fois sur dix) n’est pas consciente dans la pensée de la personne qui en souffre, mais est peut-être en grande partie le résultat de certaines combinaisons de pensée. Ainsi, s’il est vrai que la maladie a son prototype dans l’esprit subjectif, il est également vrai que l’individu qui souffre de la maladie n’a souvent jamais pensé qu’il allait avoir ce type particulier de problème. Mais cela ne change rien au fait que toute maladie qui surgit par le biais de la subjectivité et apparaît dans le corps doit provenir de l’esprit » [5].

La guérison, en revanche, est le fruit d’une pensée juste, comme Quimby l’avait enseigné des décennies auparavant. Holmes a enseigné à ses disciples à guérir de la manière suivante : « Reconnaissez d’abord votre propre perfection, puis développez la même reconnaissance pour votre patient. Vous êtes alors prêt à attaquer directement la pensée qui le lie, en reconnaissant que votre parole la détruit et en affirmant que c’est bien le cas. Vous pouvez ensuite prendre en compte et mentionner spécifiquement tout ce qui doit être changé, chaque loi soi-disant enfreinte ou chaque fausse pensée. Terminez ensuite votre traitement par une prise de conscience de la paix, en restant quelques instants dans la reconnaissance silencieuse que votre travail est accompli, complet et parfait » [6].

Holmes a déclaré que l’esprit humain était composé de deux aspects : l’esprit « subjectif » ou « subconscient » d’une part et l’esprit « objectif » ou « conscient » d’autre part. L’esprit subjectif n’est pas conscient, mais il est créatif ; c’est « la partie de l’esprit qui est mise en mouvement en tant que chose créative dans l’état conscient ». L’esprit subjectif « met le pouvoir en mouvement conformément à la pensée » [7]. L’esprit conscient doit cependant orienter le subconscient vers des objectifs positifs.

On trouve un point de vue similaire dans les écrits de Max Freedom Long, qui, dans des livres tels que The Secret Science behind Miracles, enseignait un système presque identique qu’il faisait remonter aux kahunas, les chamans d’Hawaï. Selon Long, les Hawaïens utilisaient le mot unihipili pour décrire ce que Holmes appelait l’« esprit subjectif » et le mot uhane comme plus ou moins équivalent au « conscient » ou à l’« esprit objectif » de Holmes. Bien que les deux auteurs utilisent le mot « science » dans un contexte métaphysique, il est peu probable que Holmes ou Long se soient influencés l’un l’autre ; ces similitudes montrent plutôt à quel point ces idées ont imprégné la spiritualité alternative de l’Amérique du début du vingtième siècle.

L’univers est « mental »

En revanche, un ouvrage intitulé The Kybalion, publié pour la première fois en 1908, a probablement influencé Holmes. La page de titre de cet ouvrage anonyme indique que ses auteurs sont simplement « trois initiés ». L’occultiste de Chicago William Walker Atkinson est généralement reconnu comme l’un d’entre eux ; Paul Foster Case, fondateur de l’ordre occulte connu sous le nom de Builders of the Adytum, est également parfois suggéré comme l’un des autres [8].

Quoi qu’il en soit, le Kybalion — dont le nom remonterait aux mystères égyptiens, bien que sa signification ait été supposément perdue — énonce sept principes de vérité métaphysique, le premier étant le « principe du mentalisme » : « Le Tout est Esprit ; L’univers est mental — l’Univers et tout ce qu’il contient est une création mentale du Tout » [9]. Comparez cela à la déclaration de Holmes : « Il n’y a qu’une seule loi mentale dans l’univers, et là où nous l’utilisons, elle devient notre loi parce que nous l’avons individualisée » [10] (les similitudes vont jusqu’à l’impression des deux phrases en lettres majuscules).

L’univers étant par essence « mental », Holmes prescrivait ce que l’on appelle aujourd’hui la « visualisation créatrice » comme moyen d’atteindre le bien-être. Voici le conseil qu’il donne à quelqu’un qui cherche à réussir dans les affaires : « Chaque jour, il devrait voir son établissement rempli de gens. Qu’ils regardent sa marchandise et y trouvent du plaisir ; qu’ils comparent les prix et se rendent compte qu’il offre un bon rapport qualité-prix ; qu’ils soient ravis du service qu’il offre…. Faites-vous une image mentale de tout cela. Nous avons affaire à l’intelligence, et nous devons reconnaître la puissance avec laquelle nous travaillons — en réalisant notre unité avec elle — puis nous devons demander ce que nous souhaitons et le prendre ». [11]

L’affirmation est une approche connexe. Comme les anciens Sémites, qui croyaient en une unité mystique entre un mot et la chose qu’il représentait, Holmes pensait que la parole avait le pouvoir de transformer la réalité, et il incluait des affirmations dans la pratique qu’il prescrivait.

Il recommandait de faire cette déclaration, par exemple, dans le cadre d’un « traitement » pour la « provision » : « J’ai toujours une abondance d’argent et de tout ce qu’il faut pour rendre la vie heureuse et opulente. Il y a un mouvement continu vers moins de provision, d’argent, de tout ce dont j’ai besoin pour exprimer la vie, le bonheur et l’action les plus complets » [12].

Science de l’esprit et de la magie

Les anthropologues font une distinction classique entre la magie et la religion. La magie utilise certaines techniques telles que l’incantation, le sacrifice et le rituel pour manipuler des puissances invisibles. La religion utilise souvent les mêmes méthodes, mais elle le fait pour implorer Dieu ou les dieux par la prière et la méditation. La magie est une sorte de technologie sacrée, tandis que la religion implique généralement une relation avec une divinité personnelle. La Science de l’esprit — et la religion de la pensée positive dans son ensemble — est beaucoup plus proche de la magie que de la religion. Bien qu’elle ne prescrive pas de rituels ésotériques ou de sorts étranges, elle tente de manipuler la force primordiale de l’univers — l’esprit — pour le compte du pratiquant.

Du point de vue de la Nouvelle Pensée, il n’y a pas de problème théologique à cela, car Dieu est tout bon et tout aimant et veut que nous vivions dans la santé et l’abondance ; notre incapacité à le faire est simplement le résultat d’une pensée erronée et d’une incapacité à réclamer ce qui nous est dû. L’utilisation constante du mot « Science » par des personnages allant de Quimby à Holmes souligne l’état d’esprit quasi technologique qui opère dans ces enseignements, et suggère combien ils doivent à l’ère industrielle qui leur a donné naissance : l’esprit est une force impersonnelle qui peut être exploitée de la même manière que la vapeur ou l’électricité.

Bien que la Nouvelle Pensée et la Science Religieuse insistent sur le fait qu’elles font partie d’une tradition qui a toujours été connue des adeptes — les miracles de guérison de Jésus sont fréquemment cités comme exemples —, il y a comparativement peu de choses dans l’ésotérisme traditionnel qui ressemblent à ces enseignements. Certes, il est enseigné depuis longtemps, notamment par Platon et ses descendants philosophiques, qu’il existe un monde idéal de formes qui peuvent être perçues par l’intellect supérieur et qui servent de prototypes aux choses de la matérialité. Mais l’enseignement selon lequel quelqu’un peut non seulement percevoir ces archétypes, mais aussi les manipuler pour modifier la réalité physique est extrêmement rare. La tradition voulait qu’un vrai philosophe ne soit pas concerné par le monde matériel et s’en occupait le moins possible.

Même l’occultisme de la Renaissance, avec sa lourde technologie magique, ne mettait pas particulièrement l’accent sur le pouvoir de la pensée. Selon des savants de la Renaissance tels que Paracelse et Cornelius Agrippa, le mage peut agir sur les dimensions supérieures, mais il le fait en agissant sur les objets correspondants dans le monde physique. Pour attirer les influences solaires bénéfiques ou joviales, on porte des pierres ou on mange des herbes associées à ces influences bénignes. Des formules magiques étaient également employées, mais pas comme des affirmations — beaucoup de ces incantations consistent en des mots dans une langue inconnue — et le but était souvent de soumettre les esprits et les démons à la volonté du magicien.

Le monde de la magie traditionnelle est donc très éloigné des pensées positives et des affirmations rationalisées de la Science Religieuse et de ses semblables. Pour spéculer un instant, il s’agit peut-être là d’un signe du Nouvel Âge proclamé par Swedenborg et Evans : ce qui nécessitait autrefois des sorts complexes et des opérations étranges peut désormais être accompli en utilisant le pouvoir de l’esprit et de la parole.

Cela suppose bien sûr que les méthodes de la Science Religieuse fonctionnent réellement, et de telles affirmations sont difficiles à évaluer. Il est certain qu’un certain nombre de personnes ont accepté de témoigner en faveur de ces procédures, et leurs affirmations doivent être prises au sérieux. Mais nous n’avons aucun moyen de savoir combien ils sont par rapport au nombre de ceux qui ont essayé et échoué. La plupart des personnes que j’ai connues dans les cercles de la Nouvelle Pensée ne semblent pas plus riches, plus heureuses, en meilleure santé ou plus prospères que le reste de l’humanité. Et si j’ai connu des gens qui sont devenus riches au fil des ans — certains d’une richesse stupéfiante — leur secret n’était probablement pas les affirmations ou le pouvoir de la pensée, mais la combinaison habituelle du talent, du travail acharné et de la chance pure — et, en fait, d’énormes sommes de ces trois éléments.

Néanmoins, les affirmations des gourous du pouvoir de la pensée, de Quimby à Holmes (sans parler de figures plus récentes telles que l’entité connue sous le nom d’Abraham, canalisée par Esther Hicks, et Rhonda Byrne, auteur du livre The Secret) ne peuvent être rejetées d’un revers de main. Le pouvoir de la pensée, comme tant d’autres aspects du domaine métaphysique, occupe un espace liminaire entre la vérité et la fausseté. Dès que vous avez décidé que tout cela est absurde, quelque chose vous frappe à l’épaule et vous dit que ce n’est peut-être pas absurde après tout. Mais si vous devenez un croyant enthousiaste, vous risquez d’être déçu.

Personnellement, je suis prêt à dire ceci. L’idée de base de la pensée positive est vraie : il existe un monde mental qui sous-tend le monde physique, et les pensées peuvent influencer les événements d’une manière qui peut sembler étrange, voire paranormale. Mais l’interaction entre la pensée et la réalité n’est pas entièrement expliquée par quelques axiomes simplistes et les garanties à vie habituelles. D’autres facteurs interviennent également — les forces obscures, mais écrasantes que l’on appelle parfois le sort et la destinée ; les actions d’un esprit qui ne peut pas toujours être compris, et encore moins manipulé, par l’ego conscient ; et bien sûr le « temps et le hasard » qui, comme nous le rappelle la Bible, « arrivent à tous » (Eccl. 9:11).

Dans la mesure où la pensée positive et la science mentale nous aident à nous concentrer sur nos objectifs et à éliminer les schémas mentaux négatifs, elles peuvent être utiles. Mais elles ne sont généralement pas des substituts très efficaces à l’action. Et si elles favorisent une attitude égocentrique axée sur « ma » prospérité et « ma » santé ou, pire encore, si elles rejettent la souffrance des autres au motif qu’ils l’ont en quelque sorte provoquée en pensant de travers, ces idées peuvent causer de graves problèmes. Nous ne devons jamais perdre de vue que le pouvoir de la pensée inclut le pouvoir d’asservir l’esprit. Et le but ultime de la libération n’est peut-être pas de faire en sorte que nos pensées se manifestent dans le monde du désir, mais de nous en libérer autant que possible dans ce monde d’enchevêtrements.

Texte original : https://www.newdawnmagazine.com/articles/the-secret-science-of-mind-how-positive-thinking-became-a-force-in-the-modern-world

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1 Cité dans Gail Thain Parker, Mind Cure in New England from the Civil War to World War I (Hanover, N.H.: University Press of New England, 1973), 4-5.

2 Parker, 16-17.

3 Horowitz, 97.

4 Ernest Holmes, Science of Mind, éd. révisée (New York: Tarcher/Penguin, 1998), 294.

5 Holmes, 201-02 ; les italiques et les majuscules ici et dans les autres citations sont tirées de l’original.

6 Ibid. 202.

7 Holmes, 30.

8 Mitch Horowitz, Occult America: The Secret History of How Mysticism Shaped Our Nation (New York: Bantam, 2009), 210. Horowitz estime cependant qu’Atkinson était le seul auteur.

9 « Three Initiates, » The Kybalion (Clayton, Ga.: Tri-State Press, 1988 [1908]), 53, 57.

10 Holmes, 30.

11 Holmes, 300.

12 Holmes, 263.