Farîd ad-Dîn-Attâr
La vieille femme au cœur brulé

(Revue Être. No 2. 1992) Un jour, au marché de Bagdad, éclata un violent incendie. Tout le monde se mit à crier. Le feu provoqua un affolement comme au Jugement dernier. Une vieille femme affligée, un bâton à la main, venait on ne sait d’où. Quelqu’un lui dit : « Tu es folle, ne va […]

(Revue Être. No 2. 1992)

Un jour, au marché de Bagdad, éclata un violent incendie. Tout le monde se mit à crier. Le feu provoqua un affolement comme au Jugement dernier.

Une vieille femme affligée, un bâton à la main, venait on ne sait d’où. Quelqu’un lui dit : « Tu es folle, ne va pas plus loin, le feu a atteint ta maison. »

« Tais-toi, répondit-elle, tu es plus fou que moi. Dieu jamais ne brûlera ma maison. »

Le feu apaisé, on vit qu’il avait consumé beaucoup de choses, mais qu’il avait épargné la maison de la vieille.

On lui demanda : « Comment savais-tu, vieille femme, qu’il en serait ainsi ? »

Humblement, elle répondit : « Je savais que le feu consumerait ou ma maison ou mon cœur. Mais, Dieu qui déjà a brûlé mon cœur dans l’épreuve, n’aurait pas permis qu’aussi brûlât ma maison. »

Le « Livre Divin », p. 197. Traduit du persan par Eva de Vitray Meyerovitch.