Quelques réflexions et une méditation
Le pardon ne semble pas toujours facile. Si quelqu’un a dit ou fait quelque chose qui nous a blessés, pardonner peut nous donner l’impression de l’absoudre : « Tu as mal agi, mais je ne vais pas te punir cette fois ». Mais le véritable pardon est bien différent : il ne s’agit ni d’absoudre quelqu’un ni même de penser qu’il a eu tort. C’est un processus de guérison profond pour les deux parties.
Dans la Bible, le mot grec traduit par « pardonner » est aphesis. Il signifie littéralement « lâcher prise » — laisser physiquement tomber quelque chose, comme on lâche une corde ou une pierre, par exemple. Nous relâchons notre emprise sur cet objet.
Avec le pardon, nous relâchons l’emprise que notre esprit exerce sur un événement ou une expérience passée. Nous laissons tomber les jugements et les griefs que nous entretenons ; nous renonçons à nos croyances sur la manière dont les autres auraient dû se comporter ou sur les fautes qu’ils auraient commises.
Quand quelqu’un ne se comporte pas comme nous l’attendions, ou comme nous aurions aimé qu’il le fasse, nous pouvons bien sûr nous sentir en colère. Il est alors facile de croire que c’est l’autre qui nous a mis en colère. Nous le rendons responsable de nos émotions.
Mais si nous regardons de plus près, nous constatons souvent que notre trouble vient de l’interprétation que nous faisons de son comportement. Nous nous racontons une histoire à propos de ce qui s’est passé, de la manière dont l’autre a eu tort, et de ce qu’il aurait dû faire. Au lieu de dire que c’est l’autre qui nous a mis en colère, il serait plus juste de dire que nous nous sommes mis en colère à cause du jugement que nous avons porté sur son comportement.
Le véritable pardon vient du lâcher-prise de ces jugements — de relâcher l’emprise qu’ils ont sur notre esprit. C’est quelque chose que nous faisons autant pour notre propre bien que pour celui de l’autre personne.
Une chose qui peut nous y aider, c’est de nous mettre à la place de l’autre. Si nous pouvions vraiment comprendre ses motivations — pourquoi il a fait ce qu’il a fait, ce qu’il pensait ou ressentait, son passé, ses conditionnements, ses peurs et ses douleurs, ainsi que les jugements qu’il portait peut-être sur nous — alors nous pourrions commencer à comprendre pourquoi il a agi ainsi.
Nous pouvons commencer à reconnaître que, même s’il ne s’est pas comporté comme nous pensons qu’il aurait dû, il s’est en un sens comporté exactement comme il le fallait — compte tenu de tous les facteurs ayant mené à ses actions.
Le pardon commence quand nous reconnaissons que, profondément, l’autre voulait exactement la même chose que nous. À sa manière, il cherchait à soulager sa souffrance et à être plus en paix. Mais il a cherché cela d’une façon qui a entravé notre propre quête de paix. Se mettre à la place de l’autre favorise la compréhension, qui mène à l’empathie et à la compassion.
Cela ne veut pas dire que nous devons accepter un mauvais comportement ou même le cautionner. Nous pouvons ressentir le besoin de faire un retour, ou de suggérer une autre manière d’agir, mais faisons-le avec un cœur compatissant, plutôt qu’un esprit dans le jugement.
Pour conclure, j’aimerais proposer cette simple méditation sur le pardon, issue des traditions bouddhistes.
Méditation sur le pardon (audio anglais)
Texte original publié le 1er juillet 2025 : https://peter888.substack.com/p/forgiveness