Gabriel Monod-Herzen
Le yoga intégral de sri Aurobindo dans la vie quotidienne

Le mérite de Sri AUROBINDO et son originalité, ont été précisément que ce qu’il enseignait était un enseignement intégral dans ce sens, qu’il était applicable par n’importe qui. La chose importante est que nous sommes tous semblables et que nous sommes tous égaux. Nos capacités par contre, sont différentes pour chacun de nous. Alors que faut-il demander aux êtres ? On ne peut pas leur demander de devenir Ramakrishna, cela n’aurait aucun sens parce qu’ils ne le sont pas. Je ne peux pas demander à être Sri Aurobindo, cela n’a aucun sens, il n’a jamais pensé à nommer un successeur tant qu’il était là. Mais, ce qui est possible, c’est de développer au maximum ce que nous avons comme possibilités, et ce sera différent pour chacun de nous.

(Revue Panharmonie. No 194. Avril 1983)

Lorsque, à Pondichéry, on faisait observer à Sri AUROBINDO que ce qu’il enseignait était très beau, mais que seuls des êtres ayant des dispositions exceptionnelles pouvaient l’appliquer dans la vie courante, celui-ci répondait : « Vous prétendez que j’ai réussi à faire quelque chose parce que j’étais bien élevé, parce que, peut-être, j’avais eu des vies antérieures pleines de mérites… mais que vous, vous n’y parviendrez pas. C’est complètement faux ! Et ceci pour une double raison : d’abord un être peut être spirituellement très développé et ne pas l’être mentalement, donc ne pas avoir la possibilité d’expliquer les choses ou de les écrire. Quand il a la chance de pouvoir le faire, c’est très bien. Mais il y a une très grande quantité d’êtres spirituellement évolués qui n’écrivent pas pour la bonne raison qu’ils ne savent pas écrire. Cela paraît extraordinaire, ils étaient très bien spirituellement, mais au point de vue intellectuel, très modestes. Et, d’autre part, un individu même très évolué spirituellement, peut ignorer une quantité de questions pratiques parce qu’il n’a pas eu l’occasion d’appliquer ses possibilités dans ce domaine là. Naturellement, lorsqu’on a une intuition très forte, on peut arriver à n’importe quoi, mais cela suppose un travail particulier. »

La question est celle-ci : Que pouvons-nous faire, nous, dans notre vie quotidienne avec ce que nous enseignent des êtres qui ont fait un travail spirituel et qui l’ont poussé beaucoup plus loin que la plupart d’entre nous pourraient le faire ? A quoi servent les beaux discours si on ne peut pas les appliquer et, si on le peut, comment procéder ?

Le mérite de Sri AUROBINDO et son originalité, ont été précisément que ce qu’il enseignait était un enseignement intégral dans ce sens, qu’il était applicable par n’importe qui. La chose importante est que nous sommes tous semblables et que nous sommes tous égaux. Nos capacités par contre, sont différentes pour chacun de nous. Alors que faut-il demander aux êtres ? On ne peut pas leur demander de devenir Ramakrishna, cela n’aurait aucun sens parce qu’ils ne le sont pas. Je ne peux pas demander à être Sri Aurobindo, cela n’a aucun sens, il n’a jamais pensé à nommer un successeur tant qu’il était là. Mais, ce qui est possible, c’est de développer au maximum ce que nous avons comme possibilités, et ce sera différent pour chacun de nous.

Beaucoup de gens furent désappointés. On venait par exemple demander au Maître « Comment dois-je méditer ? » Réponse : « C’est à vous de choisir. Je n’ai pas de type de méditation à moi, je n’ai pas de mantra particulier à vous enseigner, c’est à vous de chercher et quand vous aurez trouvé quelque chose qui vous convient, de le faire, de le suivre. Et si vous ne vous êtes pas trompés, vous éprouverez ce bonheur intérieur qui est de sentir qu’un épanouissement est possible et que, par conséquent, vous pouvez continuer.

Le grand malentendu est de croire qu’il faut copier son Guru. Autrefois c’était vrai, parce qu’on sélectionnait les aspirants. Mais Sri AUROBINDO dit : « Non, il n’en est pas question ». Et chaque fois qu’on lui posait une question sur sa manière de vivre, par exemple sur ce qu’il mangeait, il répondait : « je ne vous dirai pas ni comment je mange, ni quels sont les exercices que je peux faire. Parce que si j’ai le malheur de vous le dire, vous allez faire la même chose et cela ne sera pas forcément adapté à vous-même ». Pour la « Mère » c’était pareil, pas de copie !

L’important c’est ce qui vous intéresse vous et non pas moi. Moi, je suis un reflet à distance d’autre chose. J’ai, pour ma part eu la chance de recevoir beaucoup, j’essaye de le transmettre, parce que cela est conforme à mon métier de professeur. Surtout pas de copie, mais liberté totale de découvrir son chemin soi-même et de faire ses expériences. Ce n’est pas toujours agréable, ce n’est pas toujours facile, mais c’est extraordinairement fécond comme enseignement.

Une erreur vous apprend des tas de choses. Il y a des expériences de physique célèbres, parce qu’elles ont raté. Je vous citerai comme exemple celle de Michelson, grâce à laquelle Einstein a pu établir sa théorie de la Relativité restreinte. Une expérience réussie ne fait que confirmer une chose que l’on sait, tandis que l’expérience qui rate contient quelque chose que l’on n’avait pas prévu. Et alors on regarde, on cherche pour trouver ce que c’est.

La pratique du Yoga dans l’Ashram de Pondichéry était très différente de celle qui a été faite autrefois, tout au long de l’histoire de l’Inde. On a suivi de façon parfaite des voies de Yoga absolument admirables, mais à l’Ashrâm de Pondichéry on les a adaptées à ce qui correspond aux nécessités de notre époque et elles sont ouvertes à tout le monde.

Sri AUROBINDO a toujours dit : « Ne soyez pas étonnés de mes réponses à vos questions, elles sont forcément colorées par ce que je suis et il se peut que tout cela ait besoin d’une mise au point pour vous-mêmes. Chacun de nous a ses problèmes et surtout sa façon de voir, car il faut le courage de les voir tels qu’ils sont. » C’est extrêmement commode et tentant de se dire : il y a quelqu’un qui va faire cela pour moi, je n’ai qu’à le suivre. Non, non, ce n’est pas le jeu. Il n’est pas nécessaire d’aller en Orient pour cela, il y a des millions de personnes, même en France, qui vont mettre une pièce d’argent dans la tombe de Saint Pacôme ou de Saint Pierre dans une chapelle, pour que ce Saint intervienne pour eux auprès du Seigneur !

J’ai assisté à Florence où j’ai vécu toute ma première jeunesse, à un scandale énorme. Il y a une très belle église, l’église de Saint-Michel, qui avait pour chef Monseigneur Romain, un théologien de premier ordre. Un beau jour, après avoir beaucoup réfléchi, il a été dans son église et il a retiré tous les troncs de toutes les chapelles. On crut naturellement que c’était le fait de voleurs. Pas du tout ! Lorsqu’il est monté en chaire il s’est adressé tout simplement aux fidèles réunis : « Je vais vous expliquer pourquoi j’ai agi ainsi : Dieu n’est pas un patron auquel on donne des pourboires, comme à ses domestiques, pour obtenir quelque chose ! »

S’imaginer que quelqu’un va faire les choses à votre place, est incroyable. C’est tout un ensemble de superstitions contre lesquelles le Bouddha s’est élevé de son vivant en disant: « Tous cela est inutile. Ce qui est important, c’est le travail que vous faits sur vous-mêmes, selon vous-mêmes. Mais commencez par vous connaître. Qui êtes-vous ? Comment êtes-vous ? »

Patanjali, dans les Yoga Sutra, l’ouvrage admirable le plus classique, décrit systématiquement les étapes par lesquelles on peut passer dans la méditation, pour aboutir à ce qu’on appelle « l’état de Yoga ». Car le Yoga est un état de conscience. Tara Michael l’a très bien dit dans un de ses ouvrages : « C’est l’union de notre conscience ordinaire avec son Principe spirituel ». C’est cela le but sans lequel on ne peut pas parler de Yoga. On pourra faire de la culture physique, de la culture mentale, mais pas de Yoga.

Un Lama tibétain auquel un de mes amis avait posé cette question sur la méditation, lui répondit : « Voulez-vous me décrire le goût du chocolat ? » On ne peut pas décrire la vue que l’on a des tours de Notre-Dame, on ne peut pas vous l’enseigner. On peut vous dire où se trouve l’escalier qui permet d’y aller, mais c’est à vous de monter cet escalier. Si vous ne le montez pas, vous n’en aurez jamais l’expérience.

Le Yoga est un état de conscience que l’on peut atteindre par des voies différentes. Patanjali, sans hésitation cite deux modes de choses : les choses à ne pas faire et les choses à faire. Il y en a cinq dans les deux cas. Ce sont des préceptes très ordinaires : ne pas tuer, ne pas voler… cela commence comme cela. Si vous n’acceptez pas l’idée de vous transformer, c’est-à-dire de changer vos propres réactions dans votre vie quotidienne, dans ce que d’une façon malheureuse on appelle « les petits événements », de comprendre quelles sont les choses à faire ou à ne pas faire et que vos goûts changent ; comment alors pouvez-vous vous transformer ? Nous voulons bien appliquer le Yoga de Sri AUROBINDO dans la vie quotidienne, mais ce n’est pas pour nous retrouver les mêmes après.

Vous savez peut-être qu’au début de sa vie Sri AUROBINDO était un chef politique très important, ce qui lui a valu des reproches de la part de ses amis lorsqu’il s’est retiré à Pondichéry : « Tu nous laisses tomber, tu nous as conduits pendant de nombreuses années et maintenant tu ne t’occupes plus de nous ! » « Il y a erreur, répondit-il, que voulez-vous ? Vous voulez changer votre façon de vivre, vous voulez changer la société humaine et vous croyez que si vous restez ce que vous êtes, si vos enfants restent pareils à vous, ils ne feront pas la même société ? Si vous voulez réellement avoir une autre société, commencez vous-mêmes à être différents et à faire de vous tout naturellement les êtres qui précisément auront besoin pour s’épanouir de quelque chose de nouveau. »

Les conseils de Sri AUROBINDO étaient justement des conseils naturels. Je n’ai jamais vu à Pondichéry recommander un exercice qui soit un effort particulier. Le Maître me demandait : « Que faites-vous en ce moment ? » — « Je fais un cours de mathématiques à des enfants d’une quinzaine d’années » — « Faites-le parfaitement bien ». C’est tout.

Ce n’est pas en se rasant la tête et en revêtant un costume d’une couleur différente que l’on devient autre chose. C’est autre chose qu’il faut, c’est-à-dire faire aussi parfaitement que possible ce qu’on a décidé d’entreprendre, quoi que ce soit. Dans l’Ashram tout le monde travaille. On choisit dans les nombreuses activités qui s’y font, celle qui vous convient le mieux et on la suit. Ce qui compte, ce n’est pas le choix que l’on fait, c’est la perfection avec laquelle le travail est exécuté, parce que toute perfection est divine. Ce n’est pas à l’instructeur de faire un choix pour les autres.

Quand je suis arrivé à l’Ashram tout le monde était végétarien. J’ai donc pris ce qu’on me donnait. Or un jour, Miss Wilson a déclaré qu’elle se sentait faible et qu’il fallait qu’elle mange de la viande. « Mère » n’a pas dit « non ». « Mais, a-t-elle ajouté, si en pratiquant certains exercices de méditation vous avez une excitabilité accrue, ne vous étonnez pas. Ce n’est pas parce que vous mangez une tranche de rôti tous les jours que je vais vous mettre à la porte ! C’est votre affaire, pas la mienne. Vous savez ce que j’en pense, faites-en ce que vous voudrez ! »

Donc Patanjali, homme de génie, dans son Yoga-Sutra, donne une série de cinq choses à ne pas faire, autrement dit, la morale extérieure de l’individu qui désire arriver à l’état de Yoga. Celui-ci n’est pas un ermite, il ne vit pas dans un couvent, il a son travail, sa famille. Voici ces cinq préceptes : Il ne faut pas nuire et, en particulier, ne pas tuer, il ne faut pas mentir, il ne faut pas voler, il ne faut pas avoir de prétentions dans le domaine sexuel, il ne faut pas avoir d’avidité. C’est valable pour tout le monde.

Et voici le côté positif : si on veut suivre l’enseignement spirituel il faut développer en soi la pureté, le contentement, une certaine austérité, c’est-à-dire supprimer dans sa vie les choses inutiles, il faut se connaître soi-même et abandonner son égoïsme.

Pureté, au point de vue hindou, c’est être à sa vraie place, ce qui suppose une certaine connaissance de soi, parce que tout se tient.

La persévérance : il faut continuer sans se décourager, parce que ce qui en résulte alors, c’est tout simplement le bonheur. J’ai vu au moins six personnes dans l’Inde qui étaient incontestablement arrivées à l’état de Yoga. Ce qui frappait, c’était justement le fait qu’ils étaient heureux, profondément, réellement heureux. Et j’ai vu chez des disciples consciencieux se développer peu à peu ce sentiment « d’être sur le chemin » et d’accepter n’importe quel effort.

Chez nous le mental est extrêmement gênant et on ne peut s’en passer. Non seulement parce que la société nous y oblige, mais parce que c’est à travers son usage que nous pouvons obtenir quelque chose. Ce qui est important c’est d’être maître de ce que l’on a en soi, c’est-à-dire de savoir l’utiliser comme on veut et non pas comme nos impulsions intérieures nous poussent à le faire. Il y a une question de maîtrise pour ne pas se laisser absorber par les choses inutiles, que ce soit en paroles, que ce soit des habitudes ou n’importe quoi.

Je peux donner de petits exemples : Ainsi pour ceux qui portent des cravates, au lieu de faire le nœud de la main droite, essayer de la faire de la main gauche. Ou encore, nouer son soulier avec l’autre main que celle employée tous les jours, etc., etc. Que de maladresses ne fait-on pas alors, que nous sommes infirmes !

En Europe nous sommes tout à fait axés sur le côté matériel. Le côté physique est recherché et la culture physique beaucoup pratiquée. Du point de vue hindou, elle est faite pour nous donner la maîtrise de notre corps et non pas de nous donner de gros muscles, mais de nous permettre de faire ce que nous voulons faire et quand nous le voulons. Cela peut entièrement changer la vie, parce que si l’on et maître de la base, on peut construire à partir d’elle et mettre le mental à sa place, c’est-à-dire à obtenir ce que les Hindous appellent : la pureté mentale. Vous ne répéterez plus ce que l’on vous a dit, mais ce que vous pensez vous-même. Cela fait une très grande différence.

Dans une Upanishad, la plus ancienne de toutes, s’adressant à l’Absolu, l’homme dit : « De l’irréel conduis-moi au Réel (c’est-à-dire que je ne sois pas dirigé par mes images mentales), des ténèbres (les ténèbres, c’est l’isolement) conduis-moi à la Lumière et de ma mort conduis-moi à l’Immortalité ». J’ai mis très longtemps à me demander pourquoi la partie inférieure, matérielle dont tout le monde sait qu’elle est mortelle, pourquoi de là, … conduis-moi a l’Immortalité. Jusqu’au jour où on m’a fait comprendre que c’est très bien de penser à la base matérielle comme à un support, mais cette base matérielle est aussi la base de toutes nos actions. Or chacune de nos actions a des conséquences qui vont durer indéfiniment. Alors précisément : « … de la mort », de ce qui est mortel en nous-mêmes, qui a droit à des soins, passons à l’Immortalité, c’est-à-dire faisons attention aux conséquences possibles des choses qui viennent du fait que nous avons un corps.

Dans notre vie soyons bien centrés et autour de ce centre s’organise le reste : le côté sentiments, le côté mental et le côté physique, qui, tous, sont aussi respectables les uns que les autres.

En tant qu’ancien professeur, je suis absolument opposé à tous les enseignements basés sur un programme. De même que c’est vous qui devez choisir et non moi pour vous, de même l’élève doit choisir un programme. Mais pour cela il faut d’abord être maître de soi et ensuite de ses idées et de ses sentiments.

Un bouddhiste tibétain dit à ce sujet : « Ce qu’on appelle l’ego, c’est-à-dire la source de tous les égoïsmes, est fait de deux moitiés de coquilles. L’une d’elles contient tous nos souvenirs du passé, de l’autre côté il y a tous nos désirs d’avenir qui nous enferment complètement. Si vous ne vous surveillez pas, lorsque vous aurez une décision à prendre, c’est-à-dire à peu près tout le temps dans la vie, ce seront les traces du passé et les préparations de l’avenir qui vous proposeront une solution, parce que cela avait été agréable ou désagréable. Faites donc ce que vous voulez. »

Le Maharshi demandait : « Mais qui veut quelque chose ? »

On peut appliquer à la vie quotidienne n’importe quel enseignement spirituel à son choix, à condition d’être persévérant. Les progrès commencent tout doucement et un beau jour on s’aperçoit qu’il y a une chose que nous ne faisions pas avant et que maintenant nous faisons. Ce n’est pas pour le plaisir moral, c’est parce qu’il faut que quelque chose se fasse en nous. Elle s’exprime lorsqu’elle sera suffisamment complète.

Il est indispensable de faire attention à ce qu’on fait et notamment a ce qu’on met à l’intérieur de soi-même. C’est la fameuse question du régime alimentaire. Êtes-vous sûrs de mettre dans la machine, dans votre corps, ce dont il a besoin, la quantité voulue, au moment voulu ? A une réunion à Pondichéry, par une chaleur de plus de 45° à l’extérieur, la Mère dit tout-à-coup : « Voulez-vous me donner un verre d’eau ?… non pas plus que cela… Vous vous étonnez ? Je peux savoir que j’ai soif jusque-là, ce n’est pas la peine d’en mettre d’avantage. » Il en est de même lorsqu’on est devant une nourriture inconnue. Nous avons, avec des amis, fabriqué notre propre régime avec ce dont nous disposions. Cela réussit très bien au point de vue santé et état général.

En premier lieu connaissons-nous aussi bien que possible et ne nous laissons pas tromper par ce passé et cet avenir qui nous enferment. Ils existent et c’est une richesse, vous vous en servirez, mais vous n’êtes pas obligés de les suivre. On croit toujours que les animaux ont beaucoup d’instinct et que les hommes n’en ont pas. Ce n’est pas exact, il leur en reste. Mais chez l’homme cela prend la forme de l’intuition, c’est-à-dire de quelque chose qui ne dépend pas du mental. Et voilà pourquoi il ne faut pas laisser le mental vagabonder. C’est cela le point de départ, les théories sont tout à fait secondaires. Ce qui importe, c’est ce qu’on en fait.

L’universalité totale ne peut être atteinte chez un être, parce que à ce moment-là il est divin, c’est alors la fusion totale. Le propre du nirvana, c’est qu’il n’y a plus de « moi », sous aucune forme, plus de personnalité du tout. Cela devient autre chose. Il quitte le niveau humain. Il y a des êtres qui vivent sur des plans très différents.

Ici-bas notre conscience aussi est à différents niveaux, mais notre conscience mentale représente tout de même le sommet de notre être humain. L’idéal qui est en nous est au-delà du mental, il vient par intuition. Nous possédons tous cette intuition plus ou moins claire, plus ou moins nette, il faut en tenir compte et y faire attention.

On n’est jamais arrivé au but. Il reste un domaine immense, infini qu’il est possible de détecter. Le chemin qui y mène est merveilleux.

Lorsqu’on demandait à Sri AUROBINDO pourquoi il avait accepté quelqu’un à l’Ashram qui était alcoolique, il répondait : « Je le sais, il faut tout pour faire un monde, c’est à lui de savoir pourquoi il est venu ici. Moi, je mets à sa disposition ce que je peux, à lui de le prendre ou de le laisser ! »