Jean Cotté
Non, l'inspiration n'est pas en voie d'expiration

Loin d’être scorie de la raison, l’inspiration rêveuse est en fait l’aliment premier, constant et régénérateur de la raison elle-même, à la fois dès sa genèse, mais aussi dans son développement et sa régénérescence, « C’est par le rêve que naît la science. C’est par lui qu’elle se renouvelle ». Telle est l’évidence fondamentale que révèlent l’Epistémologie de Bachelard aussi bien sinon mieux que sa Poétique de l’espace ou sa Poétique de la rêverie.

(Revue 3e Millénaire No 6 Ancienne série. Janvier-Février 1983)

Est-il raisonnable de faire le procès de l’inspiration ? Bien des fois les tenants du rationalisme l’on tenté sans pouvoir trancher. Est-elle une réalité ou n’est-ce que le fruit de doux rêveurs ? Jean Cotté prend ici appui sur Gaston Bachelard, l’un de nos meilleurs et plus brillants épistémologistes aujourd’hui disparu. A la recherche de cette réalité irrationnelle, de ce fait historique maintes fois démontré, il apparaît tout bien pesé que l’inspiration qui touche savants, scientifiques, poètes, musiciens et artistes ait bien gagné son passeport pour l’avenir.

INSPIRATION ? Sexe féminin, même en allemand. Teint pâle, signes particuliers : volage, absentéisme fréquent, crises nerveuses subites. Conclusion : personnage douteux, au passé tumultueux.

La prévenue comparaît actuellement à la barre, à l’orée de notre Troisième Millénaire.

Ce procès, son procès, est peut-être même la marque distinctive, l’aventure la plus fondamentale de notre temps. Car sous cette notion, en son nom, bien des crimes sont commis comme d’autres sont omis. Pour l’inspiration ou contre elle : telle est l’option que doit désormais prendre notre siècle finissant. Car le suivant sera inspiré ou ne sera pas, c’est une question d’existence, de vie ou de mort. Il faut donc participer avec sérieux à ces Assises de l’Inspiration.

C’est ce que fait cette revue, soucieuse de dégager les aspirations cachées de notre mutante société.

Le procès s’est ouvert lors du précédent numéro. L’article de Basarab Nicolescu Vision de la Réalité et Réalité de la Vision comme celui de Robert Linssen Mutation des sciences et des consciences apportent des pièces déjà capitales au dossier.

Une première constatation s’impose à la lecture de ces analyses savantes. Les scientifiques, contrairement à ce que l’on pourrait communément penser, sont beaucoup plus à l’aise pour parler d’inspiration que la plupart des artistes, musiciens, peintres, poètes, écrivains. C’est déjà un fait qu’avait remarquablement mis en évidence ce philosophe « inspiré » qu’était Gaston Bachelard. Or, paradoxe, qui rejoint le premier, Bachelard nous en apprend moins sur la nature profonde de l’Inspiration dans ses œuvres pourtant magistrales d’analyse, de psychanalyse littéraires telles que l’Eau et les Rêves, ou la Psychanalyse du feu, que dans le domaine le plus spécialisé, le plus savant, le plus apparemment concret de sa pensée, nous avons nommé celui de l’Épistémologie, l’étude des démarches, des fonctionnements, des rouages de la pensée scientifique.

Son ouvrage, le Nouvel Esprit scientifique, écrit pourtant en 1934, demeure d’une étonnante actualité. Cette fraîcheur de pensée est une marque qui ne trompe pas. Nous ne sommes pas là devant quelques suppositions que le temps emporte comme les modes les apportent. Nous sommes devant une « évidence » portant dans sa chair la marque de l’éternité. Dans cet ouvrage, Bachelard avec une rigueur de scientifique nous démontre que ses démonstrations sont en fait des révélations. Il traque, dévoile, démasque en effet à chaque détour, en chaque articulation de la pensée la plus rationnelle, la plus cartésienne, la plus positiviste, la présence irréfutable de toutes les puissances obscures qui hantent les esprits et que l’on nomme au gré des pulsions, tantôt rêve, imagination, inspiration. La double grandeur de Bachelard est, d’une part, certes d’avoir détecté cette présence de l’indicible dans le dire le plus précis, mais d’autre part, et c’est peut-être là l’essentiel, Bachelard nous dit que cette charge onirique, cette pression de l’inconscient, cette hantise par l’Imagination de la pensée la plus mathématique, sont non seulement réelles mais fécondes. C’est ce renversement des valeurs traditionnelles qui constitue la véritable révolution de la pensée Bachelardienne. En effet Descartes, Kant, les premiers, avaient pressenti cette présence de l’imagination, des passions, du rêve, de l’inspiration dans le déploiement de la pensée scientifique. Mais ils sentaient ces présences occultes comme des occultations, ils les soupçonnaient d’être des « maîtresses d’erreur », d’obnubiler la pureté du regard de la simple raison. Bachelard, dans ses travaux scientifiques, Nouvel Esprit scientifique, Formation de l’Esprit scientifique, à l’aide d’exemples aussi précis que convaincants nous démontre le contraire.

Loin d’être scorie de la raison, l’inspiration rêveuse est en fait l’aliment premier, constant et régénérateur de la raison elle-même, à la fois dès sa genèse, mais aussi dans son développement et sa régénérescence, « C’est par le rêve que naît la science. C’est par lui qu’elle se renouvelle ». Telle est l’évidence fondamentale que révèlent l’Épistémologie de Bachelard aussi bien sinon mieux que sa Poétique de l’espace ou sa Poétique de la rêverie.

Cette évidence nous permet donc de soulever et de déjouer, voire d’expliquer le premier paradoxe qui nous était apparu dans cette approche de la notion d’inspiration. A savoir le fait qu’elle effarouche beaucoup moins les scientifiques que les artistes, musiciens, peintres ou écrivains. Ils parlent avec moins de répugnance d’Inspiration dans leurs travaux pour deux raisons. La première, Bachelard nous l’a montrée : il y a consubstantialité et non antinomie dans les démarches respectives de la pensée scientifique et celle dite pré-logique, du monde de l’Inspiration. Mais un autre facteur, psychologique, celui-là, permet de comprendre également cette étrangeté : la tranquillité scientifique et l’inquiétude poétique face à ce terme d’inspiration. Par la nature même de leurs travaux les scientifiques sont « tranquillisés », rassérénés, à l’égard de ce mode pré-réflexif, pré-logique, pré-senti. Ils en sentent aujourd’hui, dans leur grande majorité, quand il s’agit d’authentiques chercheurs et non pas de mornes mécaniciens appliqués, et la présence et la fécondité. Or, c’est l’autre aspect du paradoxe, ce sont les artistes qui ont, au cours de l’Histoire, mis en doute, en question, en procès, cette même notion d’Inspiration, alors que de toute évidence et selon le sens commun le plus unanime, elle est leur famille, leur monde.

Là encore deux explications peuvent être trouvées en cette étrange attitude. Mais arrêtons-nous un instant à décrire cette attitude elle-même, dans sa relative complexité. Car nous verrons que le rapport que vivent les artistes avec l’Inspiration n’est pas simple. En effet il y a ceux qui d’abord, apparemment la récusent. Leur comportement est en général assez facile à déjouer car il s’agit de motivations externes au sujet. Ils se doivent pour des raisons politiques ou religieuses de nier, de condamner l’inspiration, ou de la détourner, chez les plus subtils, comme Eluard disant que « Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré ». Le titre de l’ouvrage d’où est tirée cette citation est révélateur. Il s’agit de Ralentir travaux. Eluard en effet aurait dû ralentir sa pensée car selon sa définition ceux qui sont inspirés ne sont pas poètes. Or si le poète est celui qui inspire, nous voyons mal comment il pourrait inspirer la poésie aux non-poètes. C’est l’arroseur arrosé, le démystifiant mystifié par lui-même.

Cette même contradiction chez les contradicteurs de l’Inspiration se retrouve en Raymond Queneau lorsqu’il écrit dans Odile : « Le vrai poète n’est jamais inspiré. Il se situe précisément au-dessus de ce plus et de ce moins, identiques pour lui, que sont la technique et l’inspiration. » Il est curieux de voir réintroduire dès la seconde phrase une notion que la première semblait refuser et condamner à perpétuité : le « jamais inspiré » devient en fait, une nouvelle situation de l’inspiration. Queneau croyant trancher le problème ne fait que le déplacer.

Voyons une attitude encore plus drastique pour purger le monde de la notion d’inspiration. Elle est celle d’Anatole France, bien sûr, qui, dans ses propos avec Marcel Le Goff résout, croit-il, ou feint-il de croire, de façon péremptoire, le problème en ces termes : « Le Saint-Esprit n’inspire pas les gens intelligents. » C’est un superbe coup double pour Anatole-France, politique et agnostique ; Dieu n’inspire que les idiots, les gens intelligents n’ayant nul besoin d’inspiration, fût-elle la plus haute.

Nous citions pour mémoire ces attitudes extrêmes face au problème de l’Inspiration. Malgré leur virulence elles ont en fait un intérêt minime, en raison même de cette virulence. Cette dernière ne peut en effet s’expliquer que par d’autres motivations. Ce n’est pas le phénomène de l’Inspiration que contestent ces écrivains, nous aurions d’ailleurs pu multiplier les exemples chez certains peintres et musiciens dits engagés ; ce sont les connotations qui auréolent pour les uns ou polluent pour les autres cette notion d’Inspiration. Elle ouvre un monde, déploie des perspectives, laisse entrevoir, pressentir des réalités ou des idéïtés que l’on accepte ou refuse avec passion. Attaquer l’inspiration est pour la plupart de ses détracteurs un acte de guérilla. Il y a d’autres notions plus fondamentales que l’on combat à travers elle. Elle n’est que prétexte pour faire la guerre à tout l’univers du pré-logique, du pré-réflexif mais aussi de l’indicible, de l’indémontrable. Les âmes, les arts et les Dieux sont les cibles ultimes visées par ces attitudes hyper-rationalistes, positivistes et d’un formalisme frénétique. Par cela même elles ne peuvent guère émouvoir une sereine recherche de la simple notion d’inspiration. Car elles parviennent en fait à l’inverse du but recherché. Critiquer, contester la notion d’inspiration en ces termes brutaux revient en vérité à en démontrer l’existence. C’est faire de l’Inspiration un chêne qu’il faut abattre, parmi d’autres, pour transformer les impénétrables forêts de l’esprit, les taillis de l’inconscient comme les hautes futaies de la conscience, en autoroute à sens unique et vitesse limitée.

Il faut donc chercher ailleurs les raisons de la méfiance que nombre de créateurs non engagés portent à la notion d’Inspiration. Ils évitent la naïveté des premiers. Ils savent que critiquer une réalité est ipso facto affirmer l’existence de cette réalité. Ils reconnaissent donc la réalité de l’Inspiration. Mais ils font tout, en toute bonne-foi, pour la réduire au maximum ; réduction qui risque parfois d’aller jusqu’à l’annulation, voire l’anéantissement. C’est là l’un des multiples paradoxes que nous rencontrons constamment dans des enquêtes de ce type, touchant les structures profondes des comportements humains. La notion d’Inspiration est moins menacée par ceux qui la récusent que par ceux qui la reconnaissent. Voyons comment procèdent ces derniers. Interrogeons les Romantiques, les moins suspects à cet égard. Que dit Delacroix ? « Le beau est le fruit d’une inspiration persévérante qui n’est qu’une suite de labeurs opiniâtres ».

Nous voilà loin de la notion toute faite, toute simple d’inspiration, telle qu’elle existe pour le sens commun. Pour lui elle est « don gratuit ». C’est la définition même de la grâce. Elle tombe donc du ciel, et le créateur n’a qu’à la ramasser. Or c’est tout le contraire de ce que disent les créateurs, même les moins avares de confidences en ce qui concerne l’inspiration.

Le « labeur opiniâtre » de Delacroix, sa persévérance, rejoint cette pensée généralement mal comprise de Berlioz : « Ma partition se fait comme les stalactites se forment dans les grottes humides et presque sans que j’en aie conscience. » On insiste d’ordinaire trop vite sur le « sans que j’en ai conscience » pour faire de Berlioz et de l’Artiste Romantique en général, un possédé, un illuminé par un « quelque chose » d’autre que soi.

En fait dans cette phrase, comme dans celle de Delacroix, il y a la même expérience intime du travail sourd et interne, infini, perpétuel, l’éternel retour, la répétition du même acte, celui de l’eau sur la pierre, de l’homme dans la vie, de la vie dans le monde… Expérience fondamentale qui dépasse l’exaltation romantique pour rejoindre le mystère classique de l’Inspiration chez Mozart. C’est de l’avis unanime le musicien le plus inspiré de l’Histoire de la Musique, avec sans doute Schubert. Ils ont donné à leurs contemporains la même impression, celle, non pas de créer difficilement, mais de recevoir gracieusement leur œuvre. C’est l’imagerie ordinaire du divin Mozart, du malheureux et génial Schubert. On les représente prenant en sténo le langage des anges. Regardons plutôt comment ils se présentent et se représentent eux-mêmes : « Dès six heures du matin, en tout temps, on me frise, et à sept heures je suis complètement habillé. Alors je compose jusqu’à neuf heures. De neuf heures à une heure j’ai mes leçons. Puis je mange, quand je ne suis pas invité quelque part où l’on dîne à deux et même trois heures. Je ne puis travailler avant cinq ou six heures du soir et souvent j’en suis empêché par un concert sinon je compose jusqu’à neuf heures. »

Nous sommes loin, nous le voyons, des extases intemporelles où l’inspiration viendrait quand le temps suspend son vol. Mozart dans cette lettre à sa sœur ne se décrit pas comme un « inspiré » selon le cliché commun, mais plutôt comme un métronome. Il crée, vit, l’œil sur sa montre, comptant les heures. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Les deux attitudes ne sont pas antinomiques ni contradictoires. Il compte les heures car il a un rendez-vous pressant. Il a rendez-vous avec lui-même, à heure fixe chaque jour, il a rendez-vous avec « son inspiration ».

Il en est de même pour Schubert : même génie, même musique « inspirée » née du même labeur quotidien, celui des heures et des jours, des gouttes aux stalactites dans les grottes humides… Edison aurait-il donc dit vrai lorsqu’il refuse de faire la différence entre l’Inspiration et la transpiration ? Moins prosaïque mais tenant le même discours, Saint-Exupéry volerait-il à la bonne altitude lorsqu’il dit dans Pilote de guerre que, l’Illumination n’est que la vision soudaine par l’esprit d’une route lentement préparée » ?

On peut comprendre dans cette perspective le « mystère Mozart ». L’inspiration mozartienne n’existe, n’apparaît d’une précocité exceptionnelle que parce que la route a été préparée exceptionnellement tôt. Il faut renverser le cliché mozartien. Ce qui est miraculeux n’est pas la précocité de l’inspiration qui a permis l’éducation. C’est la précocité de la formation qui a permis le déploiement de cette exceptionnelle inspiration. Lorsqu’on analyse concrètement cette inspiration chez Mozart comme chez Schubert, on redécouvre une vérité entrevue par Proust dans A l’ombre des jeunes filles en fleurs. Il ne parle pas d’inspiration, mais de sagesse. Cependant il montre à merveille cette dialectique dans laquelle ces deux notions se trouvent également engagées, dialectique du Don, et de l’acquis : « On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même après un trajet que personne ne peut faire pour nous et ne peut nous épargner. » Serait-ce l’ultime paradoxe que nous rencontrerons dans cette première approche de la notion d’Inspiration ? Sans doute pas. Mais il est possible qu’il soit le plus riche par notre volonté de le surmonter. Plus qu’une simple opposition, qu’une naïve contradiction, entre le fait de recevoir et celui d’acquérir, il y a peut-être une connivence métaphysique entre ces deux termes, qu’il serait bon d’esquisser, afin de surmonter la dernière objection portée, cependant en toute honnêteté, contre la notion d’Inspiration. Il s’agit de la phrase de Valéry exprimée dans Choses tues selon laquelle « L’Inspiration est l’hypothèse qui réduit l’auteur au rôle d’observateur ». A n’en pas douter le sens péjoratif de la notion d’observateur est patent puisque l’emploi du verbe réduire est flagrant.

Pour Valéry l’inspiration serait suspecte par le fait même qu’elle réduirait la puissance du créateur. Il passerait, ce malheureux inspiré, de la dignité de créateur au rang subalterne d’observateur. Il perdrait sa dignité. C’est ce que reconnaît également un autre poète, mais dans une toute autre tonalité affective, dans une étude capitale pour notre propos. Il s’agit du texte de Jean Cocteau Procès de l’Inspiration paru dans le Foyer des Artistes. Selon Cocteau le créateur est en fait un serviteur : « Le poète est aux ordres de la nuit. Son rôle est humble. Il doit nettoyer sa demeure et attendre sa propre visite. » Nous ne sommes pas loin de ces quotidiens rendez-vous que Mozart se donnait avec lui-même. Se donner pour se retrouver. Donner pour trouver… voilà les deux pôles entre lesquels oscille toute la problématique concernant l’Inspiration. Elle sera sans solution tant que l’on tentera d’opposer ces pôles au lieu de les réunir en un seul acte de penser. Hegel disait déjà que « la tâche du philosophe est de tenter d’unir les contraires ». Il s’agit en fait d’une autre attitude globale de l’esprit face au monde. Cette réflexion sur l’Inspiration montre donc ici toute sa fécondité.

Nous avons vu que ceux qui l’éludent ou la nient ont des raisons passionnelles pour cela. Les artistes ont peur de cette notion que Cocteau assimile en effet à la nuit. C’est l’horreur de l’incontrôlé, de l’invisible. Ce sont les peurs nocturnes, les pressions de l’inconscient sur le conscient qui hantent cette notion d’inspiration. Freud ne la définit pas en d’autres termes. Elle est pour lui la voix de la nuit. Les artistes s’en effraient vivant aux bords toujours risqués du délire et de la déraison. Seuls les scientifiques n’ont point ces craintes ayant d’autres sécurités. Pour eux la voix de la nuit inspire les lois du jour. Pour tous nous touchons là l’un des centres vitaux de la pensée de notre temps. Cette modeste interrogation sur le phénomène d’inspiration rejoint en effet les recherches heideggériennes concernant la notion de Vérité. On sait que pour Heidegger la Vérité n’est plus la simple adequatio intellectus ad rem de l’Occident classique, mais qu’elle est pour lui, comme pour les présocratiques, d’abord et avant tout : « dévoilement ». L’Inspiré est le témoin de ce fondamental dévoilement. En cela le créateur n’est et ne peut être créateur qu’en étant d’abord « observateur », dissipant en cela les craintes de Valéry. Un créateur récepteur, une réceptivité créatrice, une passivité génitrice… une activité attentive… être à l’écoute du monde pour mieux se faire entendre de lui…

Si c’est cela l’Inspiration, arrêtons son procès, élargissons-là dans le foisonnement de ses nouvelles significations. Oublions son lourd passé. Elle mérite aujourd’hui son passeport pour l’Avenir.