(Revue Être. No 3. 14eannée 1986)
J’étais le jour où les Noms n’étaient pas ;
Il n’y avait nul signe d’existence d’un nommé.
C’est par nous que Noms et Nommés furent manifestés,
Ce jour où n’étaient ni « Je », ni « Nous ».
La boucle du Bien-Aimé est devenue un signe de la Théophanie,
Mais cette boucle alors n’existait pas encore.
La Croix et les Chrétiens, d’un bout du monde à l’autre.
Je les examinai : Il n’était pas sur la Croix.
J’entrai dans le temple des idoles, dans l’ancien monastère,
Nulle trace n’apparaissait là.
J’allai vers les monts de Herat et Qandahâr ;
Je regardai : Il n’était ni sur les cimes, ni dans le val.
Résolument, je partis vers le sommet du Mont Qâf ;
En ce lieu était seule la demeure du « Anqâ.
Je poursuivis ma quête jusqu’à la Ka’ba ;
Il n’était pas dans ce lieu, but des jeunes et des vieux.
J’interrogeai à son sujet Avicenne ;
Avicenne lui-même n’était pas en mesure de me répondre.
Je voyageai jusqu’à la scène de « deux portées d’arc ».
En cette place sublime, il ne se trouvait pas.
Je plongeai mon regard en mon propre cœur ;
Là je Le vis ; Il n’était nulle part ailleurs.
Sauf Shams-e-Tabrîz à l’âme pure
Nul ne fut jamais grisé, éperdu, enivré.
Traduit du persan par Eva de Vitray-Meyerovitch et Mohammad Mokri. 1. Qoran, LIII, 9.