« L’observation et le penser sont les deux points de départ de toute aspiration de l’homme à l’esprit, dans la mesure où il est conscient de cette aspiration ».
Rudolf Steiner (1861-1925) est un philosophe, “occultiste”, artiste et éducateur. Il est le fondateur de l’anthroposophie, qu’il qualifie de « Science spirituelle », visant à « restaurer le lien entre l’Homme et les mondes spirituels ». Sa Science spirituelle est à l’origine de projets aussi divers que les écoles Waldorf, l’agriculture biodynamique, les médicaments et produits cosmétiques Weleda, le mouvement Camphill et la Communauté des Chrétiens.
Pour mieux comprendre la dimension philosophique et spirituelle des enseignements de l’antroposophie, il faut distinguer, comme R. Steiner le fit lui-même, la démarche de la Science spirituelle de celle de la Philosophie de la liberté. Cette dernière, si elle est plus précise, ramenant le Penser sur lui-même dans une attention où le sujet pensant et l’objet pensé ne sont plus séparés, est beaucoup plus ardue. En effet, son point de départ repose sur une rigueur inégalée en science. Il s’agit, dans un premier temps encore flou, d’observer le Penser au moment où il se met en mouvement ; puis de voir très clairement sa façon de sortir de lui-même pour émettre des pensées. Dans un second temps, plus précis que le premier, le Penser se reconnaît dans son origine. Il se découvre en tant que dimension intemporelle de la vie spirituelle. Cette démarche est plus précise dans la mesure où elle ne s’enracine pas dans des représentations de ce que sont ou de ce que pourraient être les réalités de l’esprit. Elle conduit à l’attouchement de ses mêmes réalités par elles-mêmes dans le Penser qui s’éveille à son origine.
La philosophie de la liberté (éd. Novalis, 1993) est l’ouvrage type de cette démarche fondamentale qui recouvre, chez Steiner, l’ensemble des œuvres épistémologiques et philosophiques. C’est sur cette approche non-dualiste que devrait, à nos yeux, se fonder aujourd’hui, la démarche de la science spirituelle dans son ensemble.