Paul Loizillon
Les remèdes floraux d'Edward Bach

(Revue Le chant de la licorne. No 10. Été 1985) ‘’C’était une torture pour moi de marcher toujours dans l’obscurité lorsque j’avais à traiter un malade et à prescrire selon telle ou telle hypothèse médicale des substances qui ne devaient leur place dans la matière qu’à telle ou telle hypothèse arbitraire. Ainsi, après mon mariage, […]

(Revue Le chant de la licorne. No 10. Été 1985)

‘’C’était une torture pour moi de marcher toujours dans l’obscurité lorsque j’avais à traiter un malade et à prescrire selon telle ou telle hypothèse médicale des substances qui ne devaient leur place dans la matière qu’à telle ou telle hypothèse arbitraire. Ainsi, après mon mariage, j’ai renoncé à la pratique de la médecine pour ne plus courir le risque de nuire aux gens et je me suis orienté exclusivement vers la chimie et les travaux de littérature’’.

Voilà ce qu’écrivait Samuel Hahnemann, avant d’inventer l’homéopathie, de la médecine de son temps qui pourtant satisfaisait pleinement la majorité des médecins contemporains.

Plus d’un siècle après, en 1913, un autre médecin éveillé, poussé par la même exigence intérieure, se tournait vers la biologie au début de sa carrière médicale pour ne pas nuire à ses clients. Assistant de bactériologie, il fut un chercheur qui trouve, et rapidement Edward Bach découvrit que la flore intestinale avait une relation avec certaines maladies chroniques rebelles aux thérapeutiques habituelles.

Il distingua sept groupes différents de bacilles, qui ne font pas fermenter le lactose et eût l’idée de préparer des vaccins à partir de filhats de ces bacilles. Chacun de ces vaccins devint pour lui une personnalité bien individualisée avec une mentalité, un caractère, et une pathologie déterminés. Si bien que, reconnaissant la flore intestinale d’un patient au microscope, il pouvait en déduire son humeur et son comportement et par conséquent prescrire le vaccin correspondant au malade et non à la maladie.

Ces vaccins donnèrent des résultats spectaculaires, malheureusement au prix de réactions extrêmement douloureuses, ce qui le chagrinait beaucoup, lui qui recherchait déjà des remèdes inoffensifs. Sans le savoir, il butait, comme Samuel Hahnemann avant lui, sur le problème de la dose matérielle qui provoque chaque fois une aggravation.

C’est alors qu’en 1918 il fut admis au London Homeophatic Hospital où il rencontre « l’Organon » de Samuel Hahnemann, les « Maladies chroniques » et la « Psore » c’est-à-dire l’homéopathie. Les vaccins préparés à la manière des remèdes homéopathiques, devinrent les « Nosodes intestinaux » qui sont toujours prescrits en Angleterre et une grande partie du monde et ne provoquent plus les fâcheuses réactions des premières préparations matérielles.

Le biologiste est devenu homéopathe, il a troqué le microscope pour l’immatériel. Il sait que le médecin doit choisir le remède en individualisant son malade et que, dans la hiérarchie des symptômes personnels, le psychisme occupe la première place. Il a beaucoup de travail, beaucoup de patients, beaucoup de réussites.

Poursuivant sa quête, Edward Bach va s’orienter résolument et définitivement vers la voie spirituelle.

« La victoire éternelle sur le mal et la souffrance ne sera acquise que par la douceur et l’amour ». Samuel Hahnemann comprit que la maladie avait son origine sur un plan au-dessus du physique. Edward Bach alla plus loin encore : « La maladie est dans son essence le résultat d’un conflit entre l’âme et l’esprit et ne sera jamais extirpée sans un effort spirituel et mental. Les méthodes matérialistes actuelles ne viendront jamais à bout de la maladie, pour la simple raison que la maladie, à l’origine, n’est pas matérielle ». « Aussi un traitement complet exige-t-il non seulement l’emploi de moyens physiques, en choisissant toujours les meilleures méthodes connues en médecine, mais encore devons nous nous efforcer de notre mieux d’éliminer nos défauts car en définitive la guérison finale et totale vient de l’intérieur, de l’âme elle-même, qui par sa bienveillance répand l’harmonie dans la personnalité quand il lui est permis de le faire ».

L’égoïsme, la crainte, l’orgueil, l’ennui, la résignation, l’instabilité, l’ignorance, l’avidité, le manque d’individualité, la haine, telles sont les vraies causes de la maladie, tels sont les défauts à éliminer et d’abord à découvrir en chacun. Mais « quand on a découvert le défaut, il ne faut pas oublier que le remède ne consiste pas à lui livrer bataille, à user de volonté et d’énergie pour faire disparaître un mal, mais à développer régulièrement, sans défaillance, la vertu opposée, ce qui aura pour effet d’effacer automatiquement de notre nature toute trace de l’indésirable ».

Et voilà qu’en 1928, Edward Bach part dans la nature chercher les remèdes positifs qui pourront s’opposer aux aspects négatifs de nos personnalités malades. Il avait dressé un premier inventaire des dispositions négatives fondamentales, et en avait trouvé douze, et il se mit à rechercher quelle plante et en particulier quelle fleur non toxique pouvait en apporter la contre partie positive. Doué d’une grande sensibilité et d’une intuition déjà très développée, il percevait directement les qualités d’une plante. A la fin de 1932, après de nombreux essais, il avait découvert les douze premiers guérisseurs. En 1934, il était arrivé à dix neuf remèdes.

Durant ces six années, les facultés supérieures d’Edward Bach n’avaient cessé de croître, et en 1935, au début de sa campagne de recherche, il aborda une nouvelle manière. A l’occasion d’une maladie subite, brève, et douloureuse, il ressentit en lui la peur de perdre la raison, de faire malgré lui des choses redoutées, de se laisser aller au suicide. Sachant que cette épreuve allait le mettre sur la voie d’un nouveau remède, malgré sa souffrance, il partit à travers champs et aperçut la fleur de Cherry Plum qui le guérit.

Cette épreuve devait se renouveler dix neuf fois en 1935, si bien qu’à la fin de l’année, les trente huit remèdes floraux d’Edward révélés. Le temps de le confirmer, d’instruire ses aides les utiliser et Edward Bach quitta monde en 1936, son œuvre terminée. Nul doute qu’il fut un sage et un vrai Initié.

Il n’est besoin d’aucune science…

Si l’on en croit André Lavier [1], la médecine chinoise traditionnelle était composée de cinq disciplines fondamentales correspondant à cinq degrés d’atteinte morbide :

1- La médecine des subtilités ou l’ouverture du conscient,

2- La médecine des aliments ou l’alimentation de la structure,

3- La médecine des remèdes (il ne s’agit pas de chimiothérapie),

4- La médecine des aiguilles ou acupuncture,

5- La médecine du chirurgien ou la distinction entre l’essentiel et l’accessoire.

Où l’on voit que l’acupuncture n’est qu’une médecine du 4ème niveau, juste avant la chirurgie (autrefois abandonné aux barbiers) : le dernier degré de la médecine.

La chirurgie ne vit que de la faillite de la médecine, par l’oubli des deux premiers degrés, connus des anciens. Son essor actuel reflète bien la triste condition où cette dernière est réduite : remplacer un cœur ou un rein par une pièce de rechange, empruntée ou artificielle, parait un exploit permis par le « Progrès » de la « Science » médicale moderne. Exploit que les textes anciens remettent à une plus juste place : « attendre que la maladie apparaisse cliniquement pour la traiter, c’est forger les armes après avoir déclaré la guerre, creuser le puits au moment où l’on a soif. C’est pourquoi le grand thérapeute extirpe la maladie avant son apparition, cependant que le petit médicastre s’efforce de traiter les symptômes qu’il n’a pas su prévoir ». (Cité par Lavier p. 125).

Il fallait tellement de « connaissance » pour être un vrai médecin chinois capable d’appliquer le premier degré de la médecine et maintenir les hommes en bonne santé, qu’il semble que l’espèce ait disparu (même en Chine) et depuis longtemps.

Mais Edward Bach, dont le génie n’est pas encore reconnu, est venu nous rendre ce premier degré de la médecine, totalement ignoré du monde matérialiste actuel. De plus, par un effort extraordinaire, il l’a mis à la portée de tout un chacun, en toute simplicité : « Il n’est besoin d’aucune science, d’aucune connaissance en dehors des simples méthodes décrites ici. Et ceux qui tireront le plus grand profit de ce don de Dieu, sont ceux qui le garderont dans toute sa pureté, libre de science, libre de théories, car tout dans la nature est simple ».

« L’esprit qui est la partie du corps la plus délicate et la plus sensitive, montre avec beaucoup plus de précision que le corps, le point de départ et le déroulement de la maladie. De sorte que c’est l’état d’esprit du malade qui nous guidera quant au choix du ou des remèdes nécessaires ».

« Dans la maladie, l’humeur est différente de ce qu’elle est dans la vie ordinaire et ceux qui sont observateurs remarqueront souvent ce changement avant, parfois longtemps avant, que la maladie n’apparaisse. Un traitement préventif peut alors être appliqué ».

« En traitant par ces remèdes, on ne tient pas compte de la nature de la maladie, c’est l’individu que l’on traite, et quand il s’améliore, la maladie s’en va, chassée par un afflux de vitalité ».

Derrière toute maladie il y a nos craintes

Ainsi, Edward Bach nous donne librement accès à la médecine suprême : « Derrière toute maladie, il y a nos craintes, nos anxiétés, notre avidité, nos goûts, et nos répugnances. Cherchons-les, soignons-les, et avec leur guérison s’en ira la maladie dont nous souffrons ».

M. Bernard R. faisait souvent le même rêve depuis plus de dix ans : son patron le fichait régulièrement à la porte. Après avoir pris un remède de Bach, son rêve se transforma : d’abord il partit avant d’être congédié, et un peu plus tard, il se réconcilia avec son patron. Au réveil ce jour là, « il n’était plus le même ». (Impatiens)

François D., faux jumeau d’un frère plus grand, paraissait complètement inhibé. Un premier traitement leva cette inhibition, mais fit apparaître la jalousie et la violence sous-jacente. (Larch holly)

Joëlle R., après une dispute habituelle avec son mari, se rendit compte soudain qu’elle était possessive et voulait tout régenter. (Chicory)

« Je me sens bien mieux, je ne suis plus comme avant ». Tel est le leit motiv que répètent ceux qui ont goûté aux remèdes du Dr Bach. Et cela, même si la maladie physique n’est pas totalement guérie. Tout dépend du niveau atteint.

Bernard R. est toujours diabétique, mais il se fait moitié moins d’insuline et il assume beaucoup mieux son traitement. Il s’est pris en main, il s’épanouit.

« Il y a peu de choses à ajouter, car tout ceci sera clair pour un esprit compréhensif Puissent-ils être assez nombreux, ceux qui ayant cet esprit compréhensif, non entravé par les tendances scientifiques, emploieront ces Dons de Dieu pour le soulagement et le plus grand bien de leur entourage ».

Les teintures mères provenant du centre Edward Bach peuvent être conservées indéfiniment. Ces remèdes étant inoffensifs, peuvent être administrés à des personnes de tout âge, aussi bien qu’à des animaux ou des plantes. Aucun risque de surdosage, ni d’effets secondaires, et, en cas d’erreur de diagnostic, aucun tort ne peut s’en suivre. Ils n’influencent, ni ne sont influencés par aucun autre traitement médical.

Pratiquement, après avoir observé la personnalité, le caractère, l’humeur et le moral, on choisit un ou plusieurs remèdes (en général pas plus de cinq).

On utilisera des flacons teintés de 30 cc avec compte goutte, dans lesquels on versera d’abord une cuillère à café d’alcool de fruit à 40o, vinaigre de cidre, pour la conservation, ensuite 2 gouttes de chaque TM choisie et l’on complètera avec de l’eau pure de source ou minérale.

On prendra en moyenne 3 gouttes de ce flacon, quatre fois par jour : au lever et au coucher, et avant les repas. Directement sur la langue ou dans un peu d’eau. Dans les cas d’urgence, la fréquence des prises peut être augmentée jusqu’à toutes les cinq minutes.

En 1928, E.B. pensait préparer les remèdes qu’il trouverait de la même façon sur ses nosodes par trituration, dilution, succussion, à la manière d’Hahnemann mais par un curieux hasard il se trompa de valise en partant de chez lui, oubliant celle qui contenait le matériel nécessaire pour être obligé de trouver un autre mode de préparation. Et c’est alors qu’une goutte de rosée, réverbérant un rayon de soleil, lui fit comprendre que le soleil pouvait extraire les principes subtils de la fleur. Il prit donc des fleurs choisies, les plaça dans de l’eau de source au soleil. Au bout de quelques heures, les fleurs fanées prouvant qu’elles avaient tout donné, il recueillait son remède naturel et le stabilisait avec un peu d’alcool.

BIBLIOGRAPHIE EN FRANÇAIS

La guérison par les fleurs, E. Bach, Le Courrier du livre.

Les remèdes floraux du Docteur Edward Bach, Jacques Rauffet, Question n° 42

Fleurs et santé, Iona Sarah Salomon, Le souffle d’or.

L’homéopathie – origine et avenir d’une nouvelle médecine, Georges Vithoulkas & Colette Guinepyert, Payot 1981 (La phrase du début en est extraite).

E. Bach avait classé ses remèdes en 7 groupes :

1. Pour ceux qui ont peur : Rock Rose, Mimulus, Cherry plum, Aspen, Red chesnut.

2. Pour ceux qui doutent : Clematis, Honey suckle, Wild Rose, Olive, White Chesnut, Mustard, Chesnut bud.

3. Pour ceux qui s’ennuient : Cerato, Seleranthus, gentian, Gorse, Hornbeam, Wild Oat

4. Pour ceux qui souffrent de solitude : Water Violet, Impatiens, Heather.

5. Pour l’hypersensibilité aux influences et idées : Agrimony, Centaury, Walnut, Holly.

6. Pour l’abattement et le désespoir : Larch, Pine, Elm, Sweet chesnut, Star of Bethlehem, Willow, Oak, Crab apple.

7. Pour le souci exagéré du bien être des autres : Chicory, Vervain, Vine, Beech, Rock water

Les 12 guérisseurs :

1. Torture intérieure : Agrimony

2. Faiblesse de volonté : Centaury

3. Méfiance de soi (se fié à l’avis des autres) : Cerats

4. Possessif : Chicory

5. Indifférence : Clematis

6. Découragement : Gentian

7. Faiblesse : Hornbeam

8. Impatience (irritabilité) : Impatiens

9. Peur : Mimulus

10. Panique (terreur) : Rock Rose

11. Indécision (indécis) : Scleranthus

12. Enthousiasme excessif (fanatique) : Vervain

Mots clés des 38 remèdes

1. Agrimony Torture intérieure cachée

2. Aspen Angoisse « d’on ne sait quoi »

3. Beech Intolérant critique

4. Centaury Manque de volonté, se laisse asservir

5. Cerato Doute de soi, naïf, ou snob

6. Cherry plum Peur de perdre la raison, perdre le contrôle de soi

7. Chesnut Bud Incorrigible, refait les mêmes erreurs

8. Chicory Possessif, egocentrique

9. Clématis Dans la lune, rêveur

10. Crab apple Honteux, a besoin d’être purifié

11. Elm Accablé par les responsabilités

12. Gentian Découragement

13. Gorce Désespoir

14. Heather Ne supporte pas la solitude, égoïste

15. Holly Haine, jalousie, envie

16. Honey Suckle Nostalgie du paradis perdu

17. Hornbeam Fatigue, manque d’énergie, « Lundi matin »

18. Impatiens Irritabilité, susceptibilité

19. Larch Manque de confiance en soi, complexe d’infériorité

20. Mimulus Peur des choses ordinaires de la vie, timide

21. Mustard Tristesse, coup de cafard, mélancolie

22. Oak Lutteur qui craque

23. Olive Lassitude, épuisement

24. Fine Culpabilité, remords

25. Red Chesnut Peur pour les autres

26. Rock Rose Terreur, panique

27. Rock Water Idéaliste, tourmenté, ascète, stakhanoviste

28. Scleranthus Hésitant, indécis

29. Star of Bethlehem Pour n’importe quel choc physique ou mental

30. Sweet Chesnut Angoisse insupportable

31. Vervain Fanatique

32. Vine Ambitieux, dominateur

33. Walnut Sensibilité excessive, protège contre les influences

34. Water Violet Solitaire, orgueilleux

35. White Chesnut Obsession, idées fixes

36. Wild oat Frustration, insatisfaction

37. Wild Rose Apathie, résignation

38. Willow Ressentiment, amertume

39. Rescue Remedy Remède de secours d’urgence, composé de cherry plum + clematis + impatient + rock rose + star of Bethlehem

1 Dans Médecine chinoise. Médecine totale (p. 149). Éd. Grasset.