Pierre-Henri Meunier
Santé et longévité

(Revue Le chant de la licorne. No 24. 1988) Vivre longtemps et en bonne santé est un rêve rarement réalisé. Le point de vue énergétique éclaire sur les nombreuses conditions à réunir pour se donner une chance d’y parvenir. Depuis la nuit des temps, des hommes ont cherché des moyens d’améliorer leur santé et d’allonger […]

(Revue Le chant de la licorne. No 24. 1988)

Vivre longtemps et en bonne santé est un rêve rarement réalisé. Le point de vue énergétique éclaire sur les nombreuses conditions à réunir pour se donner une chance d’y parvenir.

Depuis la nuit des temps, des hommes ont cherché des moyens d’améliorer leur santé et d’allonger la durée de la vie. Toutes les médecines du monde ont préconisé des solutions ou fait des recherches dans ce domaine. Par exemple, le premier livre du Huang Ti Nei Tching So Ouenn, traité de référence – plusieurs fois millénaire – de la médecine chinoise commence par une analyse très pertinente de ce problème (cf. encadré).

Certains peuples, tels les Hunzas au nord du Pakistan, certaines populations du Caucase, les villageois de Villabamba dans les Andes, les Indiens Tarahumaras du Mexique, etc. ont intrigué les voyageurs par la qualité exceptionnelle de leur santé ou le nombre inhabituel de longévités présents parmi eux. Leur existence même laisse entendre qu’ils détiennent peut-être le secret de la santé.

La science actuelle, n’ayant plus de fondements traditionnels, utilise notamment les méthodes statistiques et l’expérimentation sur les animaux pour tenter de dégager les lois de la longévité.

Nous nous proposons de passer l’ensemble de ces informations au crible de la médecine énergétique après en avoir rappelé sommairement les bases nécessaires.

Les fondements de l’être énergétique

Obéissant au Tao, les anciens se modelaient sur le Yin-Yang et se conformaient aux Nombres. Ils étaient modérés dans leur alimentation et réglés dans leurs activités. Ils évitaient le surmenage, se gardaient de détériorer leur corps et leur esprit, se permettant ainsi de vivre un siècle. Les gens d’à présent n’agissent plus de même, ils se gavent d’alcool, sont téméraires et luxurieux. Les passions épuisent leur essence et dilapident leur Souffle naturel. Insatiables et inconsidérés ils se livrent à leurs penchants, vont à l’encontre des vraies joies de la vie, s’agitent sans mesure et se fatiguent prématurément. Les Sages de la haute antiquité apprenaient à chacun à éviter à temps les « perversions d’épuisement et les vents pirates », et à maintenir, par le calme et la concentration, leur Souffle naturel dans la docilité, à bien contenir leur esprit à l’intérieur de telle sorte que les maladies soient sans prise. Grâce à la restriction des appétits et à la contention des velléités, le cœur demeure paisible et sans émoi, le corps travaille sans s’épuiser, le souffle suit un cours régulier et chacun d’eux est satisfait. Appréciant leur nourriture, contents de leur vêtement, joyeux dans leur médiocrité, sans envie pour de plus hautes conditions, les gens étaient ce qu’on appelle « simples ». Aucune cupidité ne ternissait leur regard, aucun dérèglement n’atteignait leur cœur. Gens ordinaires ou savants, sages ou non, tous ignoraient les émois, car ils se conformaient au Tao. Ils atteignaient cent ans sans que leur activité se lasse car leur vertu était sans défaillance.

Huang Di Nei King Su Wen

Un être vivant résulte de la conjonction de trois réalités énergétiques différentes : la conscience détient le projet de réaliser un certain nombre d’expériences et a besoin pour ce faire de s’insérer dans la matière en utilisant une possibilité concrète, une trame de vie particulière appelée essence. L’essence possède en elle-même toutes les capacités de constituer un corps semblable à ceux de la lignée dont elle est issue.

La conscience et l’essence se connectent au cours de la gestation. A la naissance, l’organisme met en jeu des énergies qui, en permanence, assureront le lien entre la conscience et ses véhicules, feront procéder à la croissance et à l’entretien de ceux-ci. L’être vivant est alors capable de capter les énergies du ciel par la respiration et de la terre par l’alimentation.

Pour simplifier, on peut dire que si un seul de ces trois éléments – que sont conscience, essence et énergies – est défaillant, l’équilibre global est menacé, la maladie apparaît et éventuellement la mort. De la même manière qu’on ne peut rouler en voiture que si tous les éléments du véhicule sont en état, qu’il y a de l’essence en réserve et que le conducteur est lui-même capable de conduire.

Notre conscience détient une des clefs de la santé

Notre conscience, notre esprit intérieur, est déjà à l’œuvre avant que notre corps existe. Elle connaît le but de notre vie. Elle suit à chaque instant les événements à travers nos cinq sens. Notre conscience ordinaire n’en est qu’un pâle reflet.

Lorsque la conscience est bien en prise sur ses véhicules, un certain nombre de signes l’indiquent : la personne exprime une solide joie de vivre. Son teint est clair. Son regard est présent et vif. Elle est pleine de bon sens et de sérénité. Son sens de l’humour est également bien développé. Ses décisions sont prises à bon escient, tenant compte de toutes les contingences.

La qualité de la conscience s’exprime à travers une personne, mais aussi un groupe, une religion ou un peuple.

Individu et société

Que nous regardions du côté de certains peuples caucasiens, chez les Hunzas, ou chez d’autres également réputés pour leurs qualités, nous sommes frappés par la force de leurs systèmes sociaux. Les rapports hiérarchiques sont respectés. Chacun occupe sa place dans la société et la famille sans contestation, mais avec intelligence. Les tentations apportées par la civilisation industrielle sont repoussées avec bon sens lorsqu’elles sont perçues comme des menaces de l’équilibre social ou traditionnel. L’harmonie passe avant la richesse, le rang social ou la réussite. Par exemple, on a vu des Hunzas marchant pieds nus plaindre des Européens dotés de chaussures, qu’ils pensaient les priver « de confort et de sécurité ».

Cette contrainte sociale, dûment acceptée, fait de l’individu un être cohérent avec son milieu, ce qui limite ses tensions intérieures et diminue le risque d’explosion sociale.

Un sens aigu de l’hospitalité

Les peuples qui font l’objet de notre étude ont un sens de l’hospitalité qui peut nous paraître démesuré. Mais une telle attitude, développée à l’extrême, détourne chacun de l’égocentrisme. En effet, celui-ci fragilise le ciment social, effrite le pouvoir de la société et augmente l’insécurité collective car chacun devient une menace potentielle.

Dans le Caucase, ne pas recevoir un invité selon les règles sacrées de l’hospitalité est une faute dont la honte rejaillit sur le coupable, sa famille et son voisinage. Il arrive qu’un invité reçoive, au repas et sans s’en douter, les dernières provisions de la famille.

Chez les Hunzas, un invité de marque verra d’immenses feux de joie, allumés en son honneur, émailler le paysage, lors du premier soir de son séjour dans le pays, sans imaginer une seconde que les habitants brûlent ainsi ce qu’ils avaient accumulé au prix de mille maux pendant les mois précédents.

Des fêtes liées aux saisons

La dureté de la vie quotidienne, le côté implacable des coutumes, sont compensés par des fêtes qui mettent la population au diapason des rythmes de la nature. On fête l’hiver, les semailles, les premières récoltes, etc. et ceci se déroule à la fois dans la gravité de moments importants et dans la liesse permettant à chacun de ressentir réellement son appartenance au groupe.

Les éléments que nous venons d’aborder suggèrent de dégager une première loi : l’individu semble avoir intérêt, pour son équilibre intérieur, à être en accord actif avec son milieu social et avec la nature, que la société l’y contraigne ou qu’il le réalise par lui-même.

La modération

Chacun a pu observer qu’un jeûne volontaire s’avère souvent plus bénéfique pour la santé qu’une restriction imposée.

Lorsque la famine sévit en fin d’hiver et qu’il faut piocher, labourer, fumer, sarcler… le ventre presque vide, les Hunzas semblent prendre avec le sourire cette période difficile, une ambiance paisible et légère aidant à patienter jusqu’à la récolte. A l’inverse, les Géorgiens, bénéficiant d’une agriculture plus opulente, se font fort de manger longuement avec modération. (cf. encadré)

Qu’il faille se modérer, notamment dans l’alimentation, des chercheurs l’ont montré dans leurs laboratoires. Dans les années 30, Clive Mc Kay, puis Denham Harman ont montré qu’une alimentation hypocalorique prolonge la vie des rats. Le gérontologue Roy Walford qui a repris et prolongé ces expérimentations, a créé le slogan « sous-nutrition sans malnutrition ». Il préconise, pour améliorer la santé et vivre plus longtemps, de manger mieux, mais moins, et propose de manger moins à chaque repas ou de sauter un repas par jour, ou de jeûner deux jours par semaine.

N’oublions pas non plus que la santé des populations est meilleure en temps de guerre que d’opulence.

Élevée en ville dans une famille d’intellectuels, une jeune-Géorgienne épousa à 17 ans un Géorgien traditionaliste. Le jour de son mariage, la surexcitation et l’émotion lui avaient coupé l’appétit. Mais le soir, quand le repas de noces fut servi, elle le retrouva tout à fait et commença à dévorer. Sa belle-mère inventa alors un prétexte pour lui faire quitter la table, et elle lui dit gentiment qu’on ne mangeait pas aussi goulûment en public et que, si elle avait faim à ce point, elle n’avait qu’à se faire servir un petit repas dans la pièce voisine de façon à pouvoir reprendre ensuite sa place au banquet nuptial et manger selon les règles, c’est-à-dire légèrement et lentement.

Cela nous amène à mettre en évidence une deuxième loi : manger moins et ne pas le faire à contre-cœur. Manger moins est une nécessité physiologique. Cela demande une décision consciente qui doit être prise et suivie harmonieusement. Si elle était génératrice de tension, cela montrerait un désaccord entre la conscience et ses véhicules, et partant, une cause de maladie.

L’égalité d’humeur semble être une des rares constantes que l’on retrouve chez tous ceux qui vivent longtemps. Après avoir étudié la biographie de 2000 personnes âgées de 90 à 100 ans, Raymond Pearl n’a pu que conclure: « La grande majorité de ces personnes avaient un tempérament placide et ne s’en faisaient pas inutilement. »

L’idée de vieillesse

La vieillesse est le nom que l’on donne à la dernière période de la vie. Toutefois, cette réalité couvre en fait deux aspects :

La nature, tôt ou tard, s’épuise d’elle-même. Tous les organes, les tissus, qui ont connu une certaine vigueur, commencent à se faner et à perdre de leur souplesse. Nous pourrions parler ici de vieillesse objective, naturelle.

Mais, lorsque l’homme constate qu’il vieillit, il a trois possibilités : s’il en tient compte et qu’il s’y adapte, cela constitue une solution optimale. Il peut aussi refuser cette nouvelle donne et faire comme si tout était comme avant. Dans ce cas, il précipitera la consommation de ses réserves et hâtera l’usure de son corps. Il s’éteindra plus vite. En fin, il peut estimer, plus ou moins consciemment, que tout s’achève, qu’il convient d’abandonner la partie. Et dans ce cas, effectivement, la nature semble suivre sa pensée, le vieillissement s’accélère, se rendant conforme à l’idée que l’homme se fait de la situation. Nous pouvons alors parler de vieillesse subjective, provoquée.

Combien de personnes entrant en retraite nous quittent prématurément parce qu’elles ont perdu avec leur travail toute raison de vivre. A l’inverse, il n’est pas rare de rencontrer, dans les populations du Caucase, des jeunes gens qui clament qu’ils vivront plus vieux que leur arrière-grand père. Dans ces mêmes contrées, un homme plus que centenaire peut s’offusquer qu’on le traite de vieux. Pour lui, il sera vieux lorsqu’il ne pourra plus rien faire. Ces sociétés originales honorent les personnes âgées en bonne santé car elles représentent un idéal. Ce sont des personnes sages et productives, appréciées pour leurs conseils.

Si nous voulons vieillir le mieux possible, nous devons donc avoir une idée positive de la vieillesse et de la place que nous pourrons prendre alors dans la société. La vieillesse n’est pas forcément synonyme de décrépitude.

Puisque calme et sérénité sont facteurs de longévité, il ne faut pas que l’ambition, la foi, l’idéal de notre vie s’expriment de manière inconsidérée. Savoir conserver un but dans notre vie est un des moyens de la préserver. La sagesse veut que la vieillesse soit utilisée pour parachever notre travail avant que la mort ne nous rende impuissants.

L’essence énergétique, trame de notre santé

L’essence énergétique d’un individu lui vient de l’espèce, de la race, de la lignée familiale et de ses parents biologiques. C’est un capital de vie. Cette essence est si indispensable à la vie qu’on peut dire qu’une conscience sans essence est comme un arbre sans racines.

Lorsque cette essence s’épuise, le tonus psychologique baisse. Les raisons de vivre s’estompent. Toutes les activités ordinaires deviennent difficiles. Parler et écouter demandent un effort. Il y a transpiration nocturne. Le teint ternit. Toute activité sexuelle devient impossible. Les fonctions digestives s’affaiblissent et l’organisme se défend de moins en moins facilement contre les agressions extérieures.

L’essence énergétique comporte de multiples facettes. Pour simplifier, nous en considérerons deux aspects : une forme innée et une forme acquise.

L’énergie humaine innée

Elle contient tout ce qu’il nous faut pour devenir humain et non chien ou rosier. Ses limites sont déterminées par les qualités de ceux qui nous ont précédé dans notre lignage. Tout est joué à la naissance. Ainsi, certains humains viennent avec un capital de vie considérable leur permettant d’espérer vivre plus que centenaires, alors que d’autres partent dans la vie avec un bien maigre pécule.

Ceci explique pourquoi certains peuvent se permettre de faire des dépenses énergétiques que d’autres ne peuvent même pas envisager. Ceci explique également qu’on trouve des familles ou des peuples de centenaires car les parents transmettent leur potentiel à leurs enfants.

Certaines compagnies d’assurance-vie calculent leurs primes en fonction du TIAL de chaque client (le TIAL est un indice obtenu en additionnant l’âge de décès des quatre grands-parents directs de la personne, il est généralement et théoriquement compris entre 60 et 600). On sait, statistiquement, qu’une personne ayant un TIAL élevé a plus de chances de vivre longtemps.

Nous touchons ici du doigt la réalité la plus incontournable de notre exposé : tout le monde n’a pas la même chance de vivre longtemps. La personne moins bien lotie en essence innée devra être beaucoup plus vigilante pour obtenir un résultat parfois bien maigre. Fort heureusement, une exploitation judicieuse de l’essence acquise permet en partie de suppléer aux défauts d’essence innée et permet de léguer à ses descendants un meilleur capital que celui reçu initialement.

L’essence acquise

L’essence acquise réside dans chaque être vivant et lui donne son impulsion de vie. Elle a un caractère universel, c’est pourquoi nous pouvons facilement nous approprier celle des plantes, par exemple, en les consommant. C’est ainsi que par notre nourriture, correctement choisie et préparée, nous pouvons nous recharger en essence énergétique.

Un aliment est d’autant plus riche en essence énergétique qu’il a poussé de manière sauvage, en harmonie avec son terrain et sa saison, qu’il n’a pas été repiqué, dopé ou surprotégé, qu’il est consommé peu de temps après sa récolte et que son essence n’est pas endommagée par la cuisson ou par le froid.

Les Hunzas, au cours de la période habituelle de famine printanière, se nourrissent presque exclusivement de plantes sauvages et des « mauvaises herbes » de leurs cultures. Or celles-ci contiennent précisément une grande quantité d’essence énergétique.

Les Caucasiens jettent les restes car ils pensent que la perte de fraîcheur est synonyme de dégradation de la qualité de leur nourriture. Ils consomment fréquemment des noix, des pommes et des poires sauvages.

La sexualité

Tous les systèmes énergétiques mettent l’accent sur le rôle particulier de la sexualité. En effet, c’est par la sexualité que se transmet l’essence énergétique innée. Pour l’homme plus que pour la femme, la pratique sexuelle ordinaire est très coûteuse en essence énergétique. Les maîtres taoïstes et tantriques prétendent atteindre l’immortalité par une économie habile de leur énergie sexuelle.

Certains peuples caucasiens préconisaient un mariage tardif (à la trentaine), car pour eux le célibat initial renforce les capacités sexuelles ultérieures.

Les coutumes hunzas imposent à une femme enceinte de quitter son mari et de rejoindre le clan des femmes jusqu’à ce que l’enfant soit sevré. L’homme, de son côté, rejoint le clan des hommes célibataires jusqu’à ce que sa femme soit à nouveau libre. C’est ainsi qu’une mère a, en moyenne, un enfant tous les quatre ans et que chacun des époux vit ainsi une abstinence sexuelle relativement importante.

La circulation de l’énergie entretient la santé

La santé est liée au mouvement permanent de l’énergie. Dans la nature, l’équilibre stable est impossible. La santé résulte d’une constante adaptation. L’énergie, comme le sang, doit atteindre toutes les zones du corps pour le maintenir en bon état. La circulation de l’énergie est soumise à des lois complexes qui prennent en compte le moment de la journée, la saison, l’âge, la région du corps concernée…

Lorsque l’énergie s’affaiblit, on est vite essoufflé, on transpire facilement, on a des vertiges, on ne peut plus fournir d’effort prolongé.

Les rythmes sont indispensables à la santé

La règle la plus importante à respecter, pour que l’énergie soit correctement dynamisée, est que l’organisme soit soumis aux différents rythmes naturels : cycle nycthéméral, saisonnier ; que l’organisme ait froid en hiver, chaud en été ; que la nourriture de chaque époque soit à base des aliments disponibles dans la nature ; que les saveurs prédominantes se succèdent harmonieusement au cours des saisons. La présence régulière d’une saveur excessive (sel, sucre, piment…) dans l’alimentation sollicite toujours l’organisme de la même manière, finit par le déséquilibrer et prive l’individu de sa sensibilité aux saveurs subtiles, plus nutritives et moins toxiques.

La plupart des peuples que nous citons en exemple pratiquent, volontairement ou non, des régimes pauvres en sel et en sucre. Par contre, ils utilisent des condiments très variés.

Plus un être humain est proche de la nature, moins il bénéficie de confort (chaussures, éclairage, chauffage…), plus il s’expose aux éléments, plus son énergie circule de manière appropriée, meilleure est sa vitalité.

La fonction entretient l’organe

Tout organe a besoin d’activité et de repos. Un excès d’activité l’exténue, un excès de repos l’affaiblit et l’atrophie. Par exemple, lorsqu’un effort prolongé sollicite les muscles, sang et énergie y circulent de manière privilégiée, non seulement apportant les nutriments nécessaires mais encore ravivant leurs fonctions.

Un Caucasien de plus de 120 ans confiait qu’il veillait à ne pas ralentir sa pratique sexuelle car celle-ci serait beaucoup plus difficile à restaurer après une trop longue interruption.

Certains Hunzas ont stupéfait leurs visiteurs en se montrant capables de réaliser dans l’Himalaya des ascensions de plus de trente heures d’affilées sans révéler le moindre signe de fatigue et de reprendre, à leur retour, leurs occupations quotidiennes. (cf. encadré)

Combien d’Africains vont-ils chercher de l’eau en parcourant chaque jour de longues distances à pied ? La qualité de leur santé est bien supérieure à celle des habitants des pays industrialisés dont les « progrès » consistent à leur épargner le maximum d’effort et d’inconfort.

Santé et longévité : évidences et défi

À notre avis, vivre bien et longtemps nécessite la mise en place de multiples stratégies :

Nous avons vu que la manière de concevoir notre vie joue un rôle non négligeable. Il convient de savoir éviter les frustrations, génératrices de tensions, non en modifiant l’environnement mais en nous donnant moins d’importance.

L’expérience montre que nous mangeons beaucoup trop et que la modération alimentaire est bénéfique. Nous pouvons exercer notre discernement et notre volonté pour manger systématiquement moins que nous ne le ferions spontanément.

« J’étais en bonne forme, mais nos amis Hounza trouvaient que nous marchions lentement. Ils se précipitaient de l’avant comme des chiens de chasse, décrivant de larges cercles, et firent au moins trois fois plus de chemin sans manifester la moindre trace de fatigue. À 5300 mètres d’altitude nous fîmes une halte d’une demi-heure et mangeâmes une poignée d’abricots séchés et de noix. Puis nous recommençâmes la grimpée, 460 mètres dans les trois heures qui suivirent. Les Hounza voulaient continuer à chasser toute la nuit, mais j’étais épuisé, mes pieds étaient de plomb, mes poumons sur le point d’éclater, mon cœur dansait la sarabande. Ils acceptèrent de bivouaquer. Au matin, les Hounza éveillèrent les Shors très tôt. Les mains de ceux-ci pouvaient à peine ouvrir la fermeture éclair du sac de couchage. Après quelques abricots et quelques noix, cela alla mieux. Sur l’arrête ils purent observer les exemplaires de ces rares animaux à une distance de quelques centaines mètres : des béliers magnifiques. Couché et appuyant son fusil un des Shors tira le plus gros. Le troupeau s’enfuit et parmi les fuyards un des Hounza tua un deuxième bélier en tuant debout avec son vieux fusil à silex. Deux hommes allèrent chercher les bêtes tombées pendant que les Shors, épuisés, se reposaient. Puis ils descendirent, le guide et les Shors devant, les deux autres avec les bêtes tuées sur le dos venant par derrière. Il nous fallut au guide et à nous six heures pour revenir à Baltit en traversant des parois et des glaciers. Nous étions à peine à la maison que les deux Hounza arrivaient déjà, chacun avec ses deux cent livres de chair de mouton sur le dos. Aucun d’eux ne semblait le moins du monde fatigué! »

Nous pouvons cultiver une vision positive de la vieillesse et concevoir qu’elle est une occasion privilégiée de terminer notre tâche.

Nos repas doivent contenir une certaine proportion d’aliments fraîchement récoltés. Ceci est particulièrement important si nos géniteurs nous ont légué une faible quantité d’essence énergétique. Cette précaution nous permettra, de plus, de ne pas léser davantage le capital de vie de nos descendants.

La pratique immodérée de la sexualité est préjudiciable à la santé. Une personne sage saura affronter sans problèmes une période de continence. Il est toutefois nécessaire d’entretenir régulièrement cette fonction si on ne veut pas la perdre.

Notre organisme a besoin d’être confronté aux éléments de la nature pour bénéficier des énergies saisonnières. Il ne doit pas être accoutumé à des saveurs excessives.

Nous devons veiller à exercer, avec pondération, toutes les fonctions de notre corps que nous tenons à conserver.

Certains êtres privilégiés, nous l’avons vu, ont vécu dans des civilisations exemplaires qui ont réuni pour leurs membres les conditions optimales favorables à la santé et à la longévité. Du fait que la civilisation industrielle n’offre pas un contexte approprié à un tel but, toute personne motivée doit relever le défi de le créer par elle-même, en faisant siennes ces règles évidentes de santé.

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

HUANG TI NEI TING SU WEN, traduit par Albert Husson, N° hors-série de la revue Méridien

LES HOUNZA, un peuple qui ignore la maladie, par Ralph BIRCHER, Ed Victor ATTINGER

COMMENT DEVENIR CENTENAIRE, par Sula BENET, Ed Albin Michel

LA MOELLE DU PHENIX ROUGE, santé et longue vie dans la Chine du XVIe siècle, trad par Catherine Despeux Ed Trédaniel

LE SECRET DES PARQUES (3 tomes), par Bernard HEUVELMANS, Ed l’Arche

LA VIE LA PLUS LONGUE, par Roy WALFORD, Ed Robert Laffont