Selon certains, l’Être serait une dimension indépendante, substantielle, immuable, et pour toutes ces raisons, la seule à être réelle, tandis que le monde des sens, changeant, naissant et mourant sans cesse, serait sans substance et donc irréel. Souvent, chez les personnes ayant cette vision des choses, l’expérience de la réalité s’effectuerait en s’abstrayant d’abord de notre corps et du monde, et ensuite en accédant à l’Être « derrière » ces illusions des sens. Cette lecture des choses n’est pas la mienne, non pas parce que je refuse de considérer la possibilité d’un ressenti de l’Être, mais bien plutôt parce que je crois que ce ressenti s’accompagne toujours de perceptions sensorielles — de notre corps et du monde matériel. Autrement dit, on ne fait pas l’expérience de l’Être séparément du monde des sens. Ou encore, si je me permettais d’être encore un peu plus précis : une expérience ou un ressenti de l’Être nous ouvre inévitablement sur le monde et nous y projette d’une manière extraordinaire. Cette ouverture au monde, fondée sur une expérience de l’Être, sera le thème central de cet article. Nous verrons notamment que cette ouverture au monde est rendue possible par une acceptation de soi, et aussi que cette ouverture consiste en un rapport non duel avec le monde. Ce sont là deux des thèses centrales défendues dans cet article.
Dépasser la dualité
Que se passe-t-il si je considère que la réalité réside dans l’Être et que l’illusion concerne le monde des sens, changeant, naissant et mourant ? J’instaure nécessairement une dualité : une dualité entre un monde réel, celui de l’Être, et un monde illusoire, celui des sens — de mon corps et du monde matériel. Cette posture dualiste est-elle problématique ? On peut le penser, car la dualité implique presque inévitablement l’apparition d’un conflit. Ainsi, celui qui adopte le dualisme réalité/illusion se battra contre l’illusion, la rejettera, ce qui s’avère effectivement être une attitude conflictuelle.
En revanche, la dualité n’est pas pour autant écartée si ce monde des sens est considéré lui aussi comme quelque chose de réel. Ce monde contient apparemment en lui-même une multitude de dualités : le chaud et le froid, l’émetteur et le récepteur, le haut et le bas, etc. Ainsi, apparemment, ce monde des sens se passe difficilement de la dualité. En fait, non, je ne crois pas que ce monde soit si intrinsèquement duel. Prenez, par exemple, le chaud et le froid. Sont-ils vraiment et en soi des opposés ? Je n’en suis pas si sûr. C’est parce que je les juge comme opposés que je les vois comme tels. Si je n’avais pas appris les concepts « opposition », « opposé », je ne verrais pas ma tasse d’eau froide et celle remplie de café brûlant comme étant opposées. Cette opposition ou dualité ne réside donc pas dans les choses matérielles elles-mêmes, mais elle vient de ma tête, de mon esprit, avec tous ses concepts, tels que ceux d’opposition, de contraire, d’antagonisme, etc. Donc, le monde des sens contiendrait beaucoup moins de dualité qu’il n’y paraît à première vue.
Cependant, à un niveau plus élémentaire, le monde matériel semble vraiment comporter de la dualité. Par exemple, dans ce monde, nous avons ici une chaise et là-bas une table. Ces objets ne sont évidemment pas une seule et même chose. Donc, en ce sens très élémentaire, on peut effectivement parler ici d’une sorte de dualité, pour ne pas dire d’une multiplicité, au sein de ce monde matériel. Cette dualité (ou multiplicité) peut-elle être dépassée ? J’en ai bien l’impression ; c’est ici que l’expérience de l’Être entre en scène.
« L’astuce » consiste à voir dans ces manifestations multiples autant d’expressions de l’Être : toutes sont enracinées en lui, et elles ne font que l’exprimer d’une manière particulière, ici comme un cheval, là comme un humain, ou encore, plus loin, comme un arbre. Que se passe-t-il maintenant si je vois dans toutes ces formes particulières des émanations de l’Être, qui est un ? Je les verrai comme réunies, unies, sous le couvert de l’Être. La dualité sera dépassée [1].
Qu’en est-il de nous, dans tout cela ? Force est de constater que nous vivons dans la dualité, car, pour la plupart d’entre nous, l’Être au cœur des choses nous échappe. Nous voyons les choses en les distinguant ou en les séparant de manière radicale, et de surcroît, nous leur appliquons presque irrésistiblement des concepts duaux, en les interprétant comme opposés, contraires, antagonistes, etc. Ainsi, sans aucun doute, nous vivons de manière duelle. Mais est-il possible de dépasser cette dualité et de voir le monde tel qu’il est, c’est-à-dire de le voir en termes unitaires et non duaux ? Je crois que cela est possible. Cette vision non duelle du monde est possible à travers ce que j’appelle une ouverture au monde. Toute la question, j’en suis bien conscient, sera alors pour moi de préciser ce que j’entends par une pareille ouverture au monde.
S’ouvrir au monde !
D’abord, on s’ouvre au monde à la condition que notre moi se soit retiré. Pourquoi cela ? C’est que le moi ne pense qu’à lui, de sorte qu’il ne peut pas s’ouvrir véritablement au monde. Mais, me direz-vous, ne peut-on pas imaginer un moi qui s’intéresse vraiment au monde ? Ne sera-t-il pas alors possible pour lui de s’ouvrir complètement au monde ? Je doute que le moi puisse s’intéresser au monde s’il n’en retire rien, et donc si les choses ne gravitent pas encore et toujours autour de lui. Mais supposons que cela soit possible ; supposons un instant que le moi puisse s’intéresser vraiment au monde. Admettons, mais alors, je vous demanderai : comment s’y intéressera-t-il ? Il s’y intéressera à partir d’une idée qu’il se fait du monde. Le moi vit dans ses mémoires et ses connaissances. Tous ses objectifs, dont celui de s’intéresser au monde, sont fondés sur ce qu’il connaît, sur ses connaissances. Donc, s’il a l’objectif de s’ouvrir au monde, il faut que, à partir de ses connaissances sur le monde, il se représente le monde, et ce sera à partir de cette représentation du monde qu’il s’élancera ou s’ouvrira à lui. Mais une telle ouverture n’est en aucun cas complète et radicale ! En s’ouvrant au monde à partir d’une idée que l’on s’en fait, on donne une direction à notre ouverture — on l’oriente sur notre idée du monde. Or, l’ouverture dont je parle ne donne aucune direction. Une direction nous limite, elle exclut les autres directions. L’ouverture que j’ai à l’esprit est purement réceptive, elle s’ouvre à tout, sans poser de geste, sans donner une direction et un cadre à un acte. Ainsi, cette ouverture n’est pas quelque chose que l’on fait — que le moi fait — mais quelque chose qui se présente et s’invite en soi. C’est le monde qui s’invite en soi.
Le moi ferait donc obstacle à l’ouverture sur le monde. Il s’ensuit que le retrait du moi est une condition nécessaire à cette ouverture. Essayons maintenant de préciser cette condition en déterminant davantage ce qui, dans le moi, fait obstacle à l’ouverture au monde. Autrement dit, demandons-nous : de quelle manière le moi contribue-t-il, plus encore qu’on ne l’a vu jusqu’ici, à ruiner cette ouverture au monde.
À cette question, je réponds que c’est en pensant que le moi ruine malheureusement cette ouverture au monde. Le moi pense, il existe à travers la pensée. Je serais même presque prêt à mettre ma main au feu qu’il est lui-même une pensée. Ainsi, en ayant un moi dans la tête, nous ne pouvons pas nous empêcher d’interpréter le monde à travers des pensées et des jugements. Or, ces pensées limitent notre perception du monde. C’est que nos pensées sont le produit de nos connaissances, et nos connaissances sont le fruit de nos expériences, lesquelles sont précisément limitées. Ainsi, lorsque je regarde le merveilleux coucher de soleil et que je me prends à penser « Quel merveilleux coucher de soleil », cette pensée, aussi agréable soit-elle, impose une limite à ma perception. Une telle limite ruine évidemment la possibilité de l’ouverture au monde, car cette ouverture, loin d’être limitée, englobe le monde et est donc infinie.
Une autre raison permet d’établir que les pensées ruinent notre rapport au monde. Lorsque l’on pense en jugeant le monde, nos pensées s’interposent entre notre esprit et le monde. Autrement dit, on dresse un voile de mots entre soi et le monde. Un tel voile abîme précisément notre rapport au monde. En tout cas, il l’empêche d’être un rapport direct avec le monde. Or, l’ouverture au monde est précisément un rapport direct avec le monde. En effet, on ne peut parler d’une ouverture à quelque chose que si rien ne vient se mettre en travers de soi et de cette chose.
Donc, clairement, nos pensées font obstacle à cette ouverture au monde. Cette ouverture suppose ainsi un silence des pensées. Autrement dit, Il est nécessaire de se libérer de ses pensées pour s’ouvrir au monde. Donc, afin d’en savoir davantage sur cette ouverture au monde, essayons de savoir « comment » faire taire nos pensées ?
Le silence du mental
L’ouverture au monde passe donc par un silence des pensées, un arrêt de celles-ci. Mais comment se tenir en silence mentalement ? D’abord, à quoi pense-t-on ? Nous pensons à ce qui nous arrive : au départ de notre épouse, à la perte de notre emploi, à notre souper au restaurant, etc. Mais pourquoi le moi pense-t-il à tout cela ? Il pense à tout cela en réaction à ce qu’il ressent. Par exemple, je pense à ma copine qui m’a quitté parce que son annonce de son départ a provoqué de la tristesse en moi. Si son départ m’avait laissé indifférent, sans tristesse, je n’y penserais pas. Donc, nous pensons en réagissant à soi, à nos émotions. Donc, se vider mentalement, ou être silencieux sur le plan des pensées, cela signifie ne plus réagir à soi. Ainsi, comme l’ouverture au monde suppose ce silence, cette ouverture n’est possible qu’en ne réagissant pas à ses émotions et à ses humeurs.
Mais que signifie ne pas réagir à soi ? Dans quel état d’esprit dois-je me trouver pour ne pas réagir à ce que je ressens ? Je dois être dans un état d’esprit d’acceptation. En effet, si je m’accepte très profondément, je me dis : « Martin, cet état est le tien, cesse d’y penser et d’y réagir, laisse-le exister ! ». Je ne réagis pas à mon vécu. Ainsi, le silence du mental vient avec l’acceptation de soi, avec l’accueil de soi. Par suite, s’ouvrir au monde passe par une acceptation de soi.
Jusqu’ici, plusieurs choses ont été vues à propos de l’ouverture au monde. En particulier, tout dernièrement, il est apparu évident que l’acceptation de soi était nécessaire à cette ouverture. Mais cette acceptation est-elle aussi suffisante pour cette ouverture ? Suffit-il de s’accepter pour s’ouvrir au monde ?
L’acceptation comme condition suffisante à l’ouverture sur le monde
C’est en ressentant l’Être que nous nous ouvrons au monde. Cette affirmation n’est pas difficile à expliquer. L’Être est au fondement de tout ce qui existe. Toute chose est : l’arbre est, je suis, l’oiseau est — à la limite, même le néant est ! Ce sont toutes là des manières d’être de l’Être. Donc, pour s’ouvrir complètement au monde, à tout ce qui est, il suffit de contacter et de ressentir l’Être, car à partir de cette relation avec ce qui est au fondement du monde, je me sens précisément projeté vers ce monde — ouvert à lui !
Maintenant, nous nous demandions quelques lignes plus haut si l’acceptation de soi suffisait pour nous faire connaître cette ouverture au monde. Eh bien, cela ne fait pas le moindre doute, précisément parce que cette acceptation de soi me permet de ressentir l’Être. D’abord, en m’acceptant, en m’accueillant, je dis « oui » à ce qui est, à mes émotions, à mon humeur, et ce « oui » est inconditionnel, car il s’adresse même à ce qui est difficile à vivre pour moi, comme la tristesse ressentie après le départ de sa copine. Avec un tel « oui » adressé à ce qui est, à mon émotion, la carapace de ce qui est se fissure et laisse transparaître ce qui se trouve à son fondement : l’Être. Donc, oui, en effet, l’acceptation de soi permet de ressentir l’Être, et puisque l’Être nous ouvre au monde, l’acceptation de soi, dans le même souffle, nous ouvre au monde.
L’acceptation de soi est donc merveilleuse. Elle est à la fois nécessaire et suffisante pour s’ouvrir au monde. Mais comment s’accepter ? Je n’ai ni trucs ni méthode à vous proposer. L’acceptation est une forme de non-contrôle de soi. C’est une attitude où je cesse de me contrôler dans le but de (re)devenir comme ceci ou cela. Ainsi, si j’avais un truc ou une méthode qui permet de s’accepter, cela impliquerait que l’acceptation de soi peut être contrôlée. Autrement dit, je pourrais contrôler ce qui est une absence de contrôle. Rien que par ces dernières paroles, vous voyez qu’un contrôle de l’acceptation de soi est une impossibilité. Et pensez-y juste un peu, si j’utilise une méthode ou un truc pour m’accepter, c’est que je présume que je vais m’en sortir, qu’une issue sera trouvée grâce à cette acceptation de soi ; or, s’accepter, cela signifie au contraire baisser les bras et se dire qu’il n’y a pas d’issue et que c’est parfait ainsi. Je vous le dis, penser qu’il est possible, par le biais d’une méthode ou d’un truc, de contrôler l’acceptation témoigne à mon avis d’une très mauvaise compréhension de cette attitude si unique.
Et la non-dualité ?
Au début de cet article, j’ai avancé que l’ouverture au monde constituait un rapport non duel avec le monde. Avais-je raison d’affirmer cela ? Après le chemin parcouru jusqu’ici, il ne sera pas difficile de voir que je ne m’étais pas trompé. Voyons pourquoi !
Deux formes de dualité ont été discutées au début de cet article. La première consiste à juger les choses à l’aide de concepts duaux, comme ceux d’opposition, de contraire, d’antagonisme, etc. Ainsi, en voyant une tasse d’eau brûlante et une tasse d’eau froide, je juge que leurs températures sont opposées. Cette dualité n’est pas dans les températures de l’eau elles-mêmes, mais dans le jugement que je porte sur elles. Donc, dans l’ouverture au monde dont nous avons discuté, avons-nous dépassé ce genre de dualité ? Absolument, pour la simple et bonne raison que, en nous ouvrant au monde, la pensée s’est tue et nous ne jugeons donc pas ce monde comme étant ceci ou cela — opposé, contraire, etc.
La seconde forme de dualité, plus fondamentale que la précédente, consiste à voir dans les objets du monde des objets différents, distincts, séparés, d’où la valeur duelle de ce genre de perception. Nous avons alors noté que cette dualité ou multiplicité pouvait être dépassée si nous parvenions à voir le principe unitaire dont découlait toute cette multiplicité : l’Être. Or, dans cet article, nous avons évidemment vu que l’ouverture au monde se fondait sur l’Être. Donc, en raison de sa relation avec l’Être, l’ouverture au monde dépasse et transcende aussi cette dernière forme de dualité.
Avons-nous fait le tour de ce que l’on appelle la dualité ? Non : la dualité s’exprime également dans le rapport entre un moi et l’objet qui lui fait face. Il s’agit de la fameuse dualité moi-objet (ou sujet-objet). Surmontons-nous aussi cette dualité lors d’une ouverture au monde ? Oui, car rappelez-vous que cette ouverture implique un effacement du moi. Donc, dans cette observation ou cette ouverture au monde, il n’y a plus d’observateur (ou de moi) qui observe ; il y a seulement l’observé — et donc pas de division ou de dualité entre un moi et ce qu’il observe — l’observé.
Ainsi, l’ouverture au monde vient bel et bien avec un dépassement des trois formes de dualités vues dans cet article. Parmi ces trois formes de non-dualité, l’une, relativement à la capacité de connaître propre à l’esprit humain, a la priorité sur les deux autres. Cette non-dualité fondamentale d’un point de vue épistémique est celle où il n’y a plus d’opposition entre un moi et un objet, et où seul l’objet prend place. D’un point de vue épistémique, cette non-dualité est première par rapport aux deux autres parce que c’est en la vivant d’abord que l’on peut ensuite vivre les deux autres. Pourquoi cela ? Cette non-dualité fondamentale, nous le savons, consiste en un retrait du moi ; or, c’est seulement en ayant perdu son moi que les deux autres formes de non-dualité peuvent être vécues. Premièrement, c’est seulement en n’ayant aucun moi que nous cessons de penser et de juger (notamment à l’aide concepts duaux). Deuxièmement, c’est en s’étant libéré de l’observateur (ou du moi) que le vécu (l’observé) prend toute sa place, de telle sorte que l’Être « derrière » celui-ci se manifeste et qu’une perception unitaire ou non duelle du monde devient alors possible. Clairement, donc, d’un point de vue épistémique, le dépassement de la dualité sujet-objet est premier.
Conclusion
Ainsi, dans l’acceptation de soi, un contact avec l’Être a lieu, de sorte que nous nous ouvrons au monde, lui qui est tout pénétré par cet Être. Dans cette ouverture au monde, avons-nous vu, je dépasse la dualité, dans les trois sens que cette dernière peut prendre. Mais vivre de manière non duelle pourrait vous sembler peu souhaitable. Par exemple, ne plus juger les choses comme opposées ou contraires pourrait vous sembler contre-productif. En fait, plus radicalement, une vie où l’on ne juge plus le monde pourrait vous sembler pratiquement impossible, rendant toute action intelligente impossible. N’est-ce pas grâce à nos connaissances, et donc grâce à notre manière de juger le monde, que nous gérons si bien nos interactions avec lui ? Je ne suis pas sûr que nous agissions si bien dans ce monde, mais supposons que ce soit le cas. La question se pose alors de savoir si une manière non duelle de vivre nous rendra bêtes et complètement passifs, un peu comme la plante verte dans mon salon. À cette question, je réponds que non, en vivant de manière non duelle, nous allons vivre d’une manière infiniment intelligente. En fait, je dirais que nous allons vivre en répandant l’amour autour de nous. Voici pourquoi je pense cela. Vivre dans la non-dualité, avons-nous vu, c’est notamment se plonger dans l’Être. Une telle présence de l’Être dans nos esprits signifie que c’est en son sein que nous allons puiser notre inspiration pour agir. De quelle manière nous inspirera-t-il ? L’Être est un. Donc, en puisant notre inspiration dans l’Être, nous voudrons réaliser cette unité dans le monde des sens. Or, créer de l’unité revient à agir avec amour — l’amour unit ! Donc, comme je vous le disais, une vie non duelle est une vie où l’on répand l’amour. Une vie non duelle est donc hautement souhaitable d’un point de vue pratique.
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1 Il existe une autre forme de dualité. Il s’agit de la dualité sujet/objet, mental/objet. Nous en reparlerons, à la fin de cet article.