Questions à Raymond Abellio sur sa vision de l'occident

Ma propre certitude, à certains moments de ma vie, a été totale, immédiate, fulgurante. C’est ainsi que je puis vous dire, et de façon très précise, que j’ai reçu la révélation de ma clef numérique de la Kabbale le 5 avril 1946 à dix heures du matin, le Vendredi saint de cette année-là. La liste des valeurs ésotériques des nombres m’est venue globalement, sans nuance. Elle m’est tombée dessus comme un coup de tonnerre, à tel point que, pendant trois heures, je suis resté paralysé, dans un état d’immobilité absolue. Je brûlais et j’avais l’impression que ma tête allait éclater. Quand j’ai enfin pu me déplacer, je suis allé me coucher sous une tente qui était au fond du jardin. Pendant ce repos, chaque fois que j’essayais de deviner le sens précis de ma révélation, j’avais l’impression que tout pouvait sauter en moi.

Marie-Magdeleine Davy : La séduction du dedans

Pour les hommes libérés exotérisme et ésotérisme ne sont pas opposés; extériorité et intériorité, dehors et dedans ne font qu’un, telle la coque de la noix et son fruit. Spontanément il devient possible de traverser la coquille pour savourer l’amande. Elle nourrit et répand son parfum. Franchir la muraille de la «lettre» des Ecritures sacrées, savoir que les faits historiques relatés symbolisent des événements qui se déroulent au-dedans ne convient qu’à ceux qui s’intériorisent. Certes, il est d’abord nécessaire de faire appel aux sens extérieurs qui mettent en route. Ensuite il devient possible de requérir les sens intérieurs, qu’il s’agisse de l’ouïe, de la vision et du goût.