Une question à considérer : quelle est la meilleure façon de lire un essai ou d’écouter une conférence ? (Je pose vraiment la question, alors je vais marquer une pause ici pour vous laisser le temps d’y réfléchir).
Si vous avez simplement continué à lire, cela indique que vous cherchez des réponses à l’extérieur de vous, auprès d’une autorité externe. Si vous cherchez un appui solide, en revanche, vous devrez finir par vous tourner vers une source interne et devenir votre propre autorité pour répondre au père de toutes les questions philosophiques.
Mais pour revenir à la question de la « meilleure façon », autrefois, je lisais et j’écoutais de façon critique, classant ce que je lisais ou entendais en choses avec lesquelles j’étais d’accord, choses avec lesquelles je n’étais pas d’accord, et parfois quelque chose à approfondir. Aujourd’hui j’ai tendance à prêter attention non pas tant aux mots qu’à ce qui se trouve derrière les mots. Quand vous lisez ou écoutez, vous suivez une stratégie – consciemment ou non – qui peut être active ou passive. Vous êtes à un point de non-action quand vous observez consciemment cette activité ou relative inactivité mentale.
Vous lisez ceci aujourd’hui parce que vous poursuivez une stratégie pour obtenir ce que vous voulez de la vie. Vous pouvez aussi le lire parce qu’il y a quelque chose que vous avez besoin « d’entendre ». Si c’est le cas, je ne sais pas ce que c’est, et vous non plus, alors nous devons compter sur le hasard… ou sur une intelligence supérieure à la connaissance humaine. Cela vous dérangerait-il si vous saviez que vous dépendiez d’une telle intelligence pour trouver ce que vous cherchez dans la vie ?
Il y avait une vieille femme à Birmingham, en Alabama, qui était au courant de cette intelligence. William Samuel [1] en a parlé lors d’une retraite qu’il a donnée en Géorgie en 1993, filmée par PBS. Samuel (1924-1996) était un soldat devenu métaphysicien, puis un homme réalisé. Il avait été nommé lieutenant à 18 ans et a combattu environ trois ans à la tête d’une troupe de soldats chinois dans leur résistance contre les envahisseurs japonais. Son interprète s’est avéré être un maître taoïste, avec qui Bill a passé quelque temps après la guerre. Il retourna ensuite à Birmingham et devint un praticien de la Science Chrétienne et métaphysicien bien connu. Puis, à la fin des années 1950 ou au début des années 1960, il s’éveilla à la réalisation de son être essentiel.
Lors de la retraite de 1993, Bill raconta que, douze jours auparavant, il avait eu une attaque massive, qui l’avait laissé incapable de parler ou de bouger. Le physicien quantique David Bohm devait aussi y être, mais lui aussi avait subi un grave problème médical à peu près au même moment. On pouvait voir que Bill avait quelques difficultés d’élocution au début du week-end, mais sa stupéfiante récupération se poursuivit et sa parole s’était nettement améliorée à la fin du tournage.
Bill parla d’une opération à cœur ouvert qu’il avait subie quelques années auparavant, suivie plus tard d’une angioplastie. Tout semblait aller, puis l’angioplastie s’effondra… suivie d’un effondrement de chacun des pontages précédents. Ses médecins ne lui donnaient apparemment aucun espoir de survie. Il dit qu’il était allongé dans son lit, qu’il aurait déjà dû être mort, quand une vieille femme venue s’occuper de lui se pencha et lui chuchota à l’oreille : « Sais-tu ce qu’est l’amour ? » Il dit qu’il fut totalement honnête peut-être pour la première fois de sa vie et répondit : « Non. Mais j’aimerais savoir ». Elle répliqua : « Ça n’a pas d’importance. Dieu t’aime, et moi je t’aime ». Il dit qu’il commença à guérir à cet instant.
Je soupçonne qu’elle avait eu une vie dure, une vie qui avait mis son orgueil à rude épreuve. Je soupçonne aussi que la « totale honnêteté » de Bill reflétait l’inverse de l’orgueil. L’intelligence qui le guérit était ce que la vieille femme ressentait comme l’amour. Et elle fut transmise lorsqu’il était dans l’état réceptif de totale honnêteté. Le seul obstacle à sa transmission à chaque instant – à cet instant même – est l’orgueil.
La faim
Quand vous avez faim, vous suivez un plan d’action pour satisfaire ce besoin. Vous lisez ceci parce que vous avez une faim ou une soif que vous n’avez pas réussi à satisfaire. Elle n’est peut-être pas définie, mais c’est quelque chose que vous ressentez – un désir inassouvi plus profond que les mots. Ressentir ce désir, ce profond besoin est le point de départ – revenez-y toujours. Quoi que ce soit, qui a placé ce besoin en vous fait le travail de le satisfaire si vous le permettez.
Chacun poursuit une stratégie pour obtenir ce qu’il veut de la vie. Elle peut être consciente ou largement inconsciente. Prendre conscience de sa stratégie est un pas dans la direction de l’éveil. L’observer peut avoir un impact. Faire partie de cette prise de conscience consiste à affiner sa compréhension du but qu’elle vise. Coopérer avec ce but équivaut à ne pas se mettre en travers de son chemin.
En ce qui concerne ce but, qu’est-ce que vous voulez vraiment ? Répondre à la question exige de devenir conscient du but que votre stratégie enracinée poursuit. Lors d’un atelier en septembre dernier, j’ai entendu plusieurs personnes dire essentiellement ceci : « Je ne sais pas ce que je veux. Je suppose que ce que je veux vraiment, c’est découvrir ce que je veux ». Un désir est un sentiment – le sentiment que quelque chose manque, ou fait défaut. Vous devez le ressentir… et c’est désagréable. Savoir ce que vous voulez est une interprétation du sentiment. Cela vient par l’usage des outils disponibles (intuition et raison), et cela fournit une réponse provisoire à la question : « Qu’est-ce qui satisfera ce désir ? »
Je lisais plus tôt cette année l’autobiographie du juge de la Cour Suprême Clarence Thomas [2], l’homme afro-américain dont l’audience de confirmation devant le Sénat en 1991 fut une véritable parodie. Il n’est pas du tout le collet monté que je croyais en le voyant dans les reportages de l’époque, et son livre est extrêmement honnête et révélateur. Quoi qu’il en soit, une des choses qui m’est restée est sa description de la manière dont, à l’approche de son 31e anniversaire, il prit une journée et la passa dans une bibliothèque juridique avec seulement un stylo et un bloc. Le but ? Se concentrer sur ce qu’il voulait de la vie.
J’ai entendu récemment une interview sur Internet d’un entrepreneur britannique, Jim Mellon, qui avait écrit un livre [3] sur la planification financière avec son partenaire commercial. Sa suggestion principale était de prendre deux jours, de s’éloigner de la famille et des autres engagements, et de vraiment réfléchir à ce que vous allez faire quand vous aurez 65 ans et serez à la retraite. Il parlait principalement de planification financière, mais son approche est une bonne approche.
Si vous « savez » ce que vous voulez de la vie, vous êtes à mi-chemin. Si vous « ne savez pas », quand allez-vous devenir sérieux ?
Devenir sérieux
Devenir sérieux équivaut à être honnête envers soi-même. Êtes-vous sérieux dans votre recherche de la vérité de votre existence ? Je ne parle pas de courir partout comme si vos cheveux étaient en feu, mais de se mettre sérieusement au travail – comme Clarence Thomas l’a fait. Gautama est apparemment devenu sérieux quand il s’assit sous l’arbre de la Bodhi ; Jésus, quand il passa 40 jours dans le désert ; Paul Wood, quand il posa sa tête sur son bureau et pria Dieu de le tuer. À moins d’avoir passé du temps avec Richard Rose, vous n’avez probablement pas entendu l’histoire de Paul Wood. Richard disait qu’il faisait partie de la poignée de personnes qu’il avait rencontrées dont il était certain qu’elles étaient réalisées. Paul avait grandi comme chrétien fondamentaliste et, pendant la Seconde Guerre mondiale, était bombardier lâchant des bombes sur le Japon. Quand il vit la dévastation à laquelle il participait, tout ce à quoi il pouvait penser était ce qu’il avait appris de la Bible sur le fait que Dieu se souciait de la chute de chaque moineau. Mais où était Dieu pendant que les bombes tombaient ?
Paul devint incapable de fonctionner et fut renvoyé au Texas. Il ne pouvait pas garder un emploi là-bas, et sa femme et ses enfants le quittèrent. Il disait que tout ce qu’il pouvait faire pour essayer de comprendre était de réciter le Notre Père, en le décomposant phrase par phrase et mot par mot. Il finit par trouver du travail comme vendeur de voitures d’occasion, mais, un jour il eut des difficultés avec un couple de clients potentiels, et il dit qu’il posa sa tête sur son bureau et pria pour mourir. Il se réveilla une semaine plus tard à l’hôpital, connaissant la réponse à ses questions.
Vous ne pouvez pas vous forcer à devenir sérieux. En gros, vous devez avoir épuisé toutes les autres options. Comme Winston Churchill plaisanta ou se plaignit à propos des Américains, probablement parce qu’ils avaient mis si longtemps à entrer dans la Seconde Guerre mondiale : « On peut toujours compter sur eux pour faire ce qu’il faut – après avoir épuisé toutes les autres possibilités ». (Sa mère était américaine, d’ailleurs).
Des sondages cités par Daniel Gilbert dans Stumbling on Happiness montrent que : la plupart des étudiants se voient comme plus intelligents que la moyenne ; 90 % des automobilistes se considèrent comme des conducteurs plus sûrs que la moyenne ; et 94 % des professeurs d’université se considèrent comme de meilleurs enseignants que la moyenne. « Si vous êtes comme la plupart des gens, alors comme la plupart des gens, vous ne savez pas que vous êtes comme la plupart des gens », écrit Gilbert avec sa manière habile caractéristique. Êtes-vous plus sérieux que le chercheur moyen ? Votre stratégie va-t-elle vous maintenir dans le jeu jusqu’à ce que le véritable sérieux vous saisisse ?
La stratégie pour connaître le soi
La stratégie d’autodéfinition exige de devenir sa propre autorité. Comment cela se fait-il ? En le faisant seul ? En n’étant pas influencé par les autres ? J’ai connu des personnes qui ont suivi ces stratégies, et je reconnais qu’elles sont efficaces – pour vous isoler d’influences qui pourraient être utiles. Ce sont en réalité les deux faces d’une même pièce, la première (« pas d’aide ») motivée par l’orgueil et la seconde (« pas d’influence ») par la peur.
Il vaut bien mieux vous immerger parmi des gens qui aspirent à ce que vous aspirez, y compris ceux qui vous ont précédé sur le chemin. Mais réservez du temps seul pour vous – chaque jour, et parfois pour de plus longues périodes.
Devenez-vous votre propre autorité en pensant par vous-même ? Je croyais autrefois que c’était la solution, mais lorsque j’ai vu que toute pensée est un processus de réaction, j’ai compris qu’il m’était littéralement impossible de penser par moi-même. Ce qui est possible, en revanche, c’est de regarder par soi-même avec un œil impartial, non affecté par la pensée ou le sentiment.
Quel que soit l’ensemble des peurs et des désirs qui fait le plus de bruit, il détermine votre action ou inaction – jusqu’à ce qu’il y ait un détachement suffisant de l’identification à ce point de vue (c’est-à-dire ces peurs et ces désirs). Regarder objectivement signifie ne pas reculer devant les contradictions que vous verrez concernant ce que vous croyez être.
Notre désir principal est la survie éternelle dans un état de grande équanimité. La guérison permanente nous conduit à cet état lorsque nous réalisons la vérité que « Dieu nous aime ». La forme la plus pure de l’amour est l’identité de la parfaite similitude. « Dieu nous aime » équivaut à « Dieu est nous » – ou « Dieu est Tout, et tout est Dieu ». Ainsi, la recherche de la guérison ou de la satisfaction permanentes est la quête de la connaissance du soi, de l’autodéfinition.
Aller à l’intérieur
Le soi se situe, intuitivement, à l’intérieur. Trouver le soi pourrait donc être décrit comme aller à l’intérieur. Lorsque vous reconnaissez que votre faim ne sera pas satisfaite même par les plus hauts jeux extérieurs (par exemple, les métajeux de l’art, de la science et de la religion dans The Master Game de DeRopp), alors la seule possibilité de satisfaction se trouve à l’intérieur… le jeu de la découverte de ce que vous êtes vraiment.
Aller à l’intérieur élargit la vue. Mais, puisque la vue n’est pas le spectateur, aller à l’intérieur élargit la vue de ce que vous n’êtes pas. C’est ce que Richard Rose appelait le retrait du mensonge concernant ce que vous êtes. C’est un voyage de désillusion.
Comme le zoom d’un appareil photo, lorsque l’objectif est complètement avancé, vous obtenez une vue rapprochée. Rétracter l’objectif élargit la vue. Finalement, vous reculez jusqu’à un mur blanc ou un abîme… la limite de l’esprit individuel. Et ensuite une inversion de la focalisation conduit à un saut quantique.
En parlant de focalisation, j’entends des amis qui tentent de savoir ce qu’ils sont, mais sentent qu’ils ne progressent pas suffisamment, disent qu’ils doivent se concentrer davantage sur l’autodéfinition. Comment cela se fait-il ? Voici ce que Steve Jobs, PDG d’Apple, a déclaré à propos de la concentration dans une interview donnée à Fortune le 17 mars 2008 :
Les gens pensent que se concentrer signifie dire oui à la chose sur laquelle il faut se concentrer. Mais ce n’est pas ça du tout. Cela signifie dire non aux 100 autres bonnes idées qui existent. Il faut choisir soigneusement… La vie est brève, et ensuite vous mourez, vous savez ?
Comment mesurer si vous progressez ?
Êtes-vous en mouvement… ou faites-vous simplement semblant d’être occupé ? Le chemin est un travail de grattage de l’identification à ce qui n’est pas votre essence, un retrait des croyances erronées sur ce que vous êtes. Un test décisif : avez-vous vu quelque chose de nouveau sur vous-même qui dissipe une croyance ou une illusion précédente ?
Que croyez-vous être ? Tant que vous n’êtes pas devenu la conscience qui se connaît elle-même, vous êtes coincé au pays des croyances – et c’est la source de votre faim insatisfaite. Heureusement, cependant, nous sommes conçus pour chercher le terrain solide de la certitude.
Remettez-vous en question vos croyances sur ce que vous êtes ? Il faut d’abord prendre conscience de votre autodéfinition actuelle, puis chercher des preuves rigoureuses de sa validité – non pas ce que vous lisez ou ce que quelqu’un vous dit, mais des preuves de première main qui viennent en regardant par vous-même. Admettre que vous ne savez pas ce que vous êtes peut être un signe de progrès, mais ne laissez pas cela devenir un lieu de repos confortable ou un obstacle insurmontable.
Pourquoi tout le monde ne consacre-t-il pas chaque moment libre à la poursuite consciente de ce qu’il veut de la vie ? J’entends des amis dire des choses comme : « Je ne sais pas comment… je suis paresseux… je manque de courage… je n’ai pas trouvé la Grâce », et ainsi de suite. Ce ne sont que des croyances sur ce que vous êtes ! Il vous suffit de regarder vos plaintes et vos excuses pour trouver vos croyances.
D’autres jalons du progrès incluent les satoris, les koans naturels et les processus mentaux vus au ralenti. À titre d’exemple d’expérience de satori, après une retraite intensive d’une semaine au début de mes années de recherche, j’étais de retour au travail et je me suis retrouvé à repousser quelque chose jusqu’à ce que les autres travailleurs soient partis pour la journée. Puis je me suis senti « monter » (bien que j’étais toujours conscient d’être assis à mon bureau) et j’ai eu une vision que mon esprit formula en ces mots : « Quelque chose EST ! » Je réalisai avec stupeur que, pour que quelque chose soit, un quelque chose originel devait surgir du néant – une impossibilité logique. Je me suis senti apparemment monter une seconde fois, et mon esprit formula les mots suivants pour décrire la deuxième vision : « Tout est exactement comme c’est ». Cette réalisation était en réalité une appréciation de la conciliation des opposés, voyant que « vrai » et « faux » ont une validité égale depuis un point de vue qui les transcende.
Un koan naturel m’a trouvé un jour où je faisais une retraite solitaire. Il vint sous la forme d’une question qui s’imposa à mon esprit et s’y accrocha. « Quelle est la source de ma conscience ? » fut la première pensée avec laquelle je me suis réveillé, la dernière avec laquelle je me suis endormi, et elle occupa assez constamment mon esprit pendant deux jours. C’était merveilleux. Puis, un après-midi, alors que je me reposais assis sur une souche dans les bois, une réponse me vint sous la forme d’une vision tranquille : je vis que j’étais attaché à quelque chose de plus grand que moi au bout d’un long fil. Quelques années plus tard, j’entendis Richard Rose dire que chaque chercheur doit trouver son cordon ombilical, le cordon ombilical mental qui nous relie à notre source, et je sus alors ce que j’avais vu.
Une autre fois, lors d’une retraite solitaire, il avait plu plusieurs jours, et j’avais froid (n’ayant aucune source de chaleur) et j’avais faim (parce que je jeûnais). Quand la pluie cessa, je partis marcher et aperçus un rocher au bord d’un ruisseau, éclairé par le soleil. Ma première pensée fut combien il serait agréable de m’y réchauffer. Mais je vis alors un panneau « Défense d’entrer » fixé à un arbre voisin. Et ma réaction fut la peur qu’un propriétaire hostile ne me tire dessus pour intrusion. Je me retrouvai figé sur le chemin de terre, observant au ralenti la dispute dans mon esprit. C’était comme une lutte acharnée, avec les adversaires cherchant à gagner leur côté de l’argument. L’« équipe » qui fit finalement le plus de bruit remporta la dispute – une opération très primitive, en vérité.
Un autre signe de progrès est de devenir moins personnel dans vos intérêts. Nous commençons généralement par chercher le bonheur (émotionnel) ou le sens (intellectuel) ; les étapes ultérieures de la quête gravitent vers la vérité ou la réalité. Ce qui se produit est un raffinement de votre compréhension de votre désir le plus profond. Ce que vous croyez être se réduit ; plus de vue coïncide avec moins de soi.
Si votre stratégie ne semble pas fonctionner
Au cœur de la lutte pour la réalisation de soi se trouve une opposition de désirs : l’un est d’être soulagé de son fardeau, tandis que l’autre est de conserver le sentiment d’être l’arbitre final. Le sentiment que vous êtes aux commandes, ou devriez l’être, est le symptôme fondamental de l’illusion de l’individualité.
Ce n’est pas un hasard si la première étape du programme des 12 étapes des AA consiste à admettre que votre vie est hors de (votre) contrôle. Êtes-vous arrivé à ce point d’honnêteté ?
Si votre stratégie ne semble pas fonctionner, il peut être utile de l’examiner (« On peut parfois observer beaucoup en regardant », comme on l’attribue au célèbre yogi du baseball, Yogi Berra).
• L’esprit est une machine à dépendances. À 17 ans, Bernadette Roberts [4], si douée pour les disciplines, avait réalisé que l’étape suivante de la discipline était d’abandonner les disciplines. (Ne vous surestimez pas sur ce point !) Votre stratégie tolère-t-elle des habitudes ?
• L’esprit est une machine à oublier. Gurdjieff [5] exhortait ses étudiants à mener une guerre contre le sommeil (mental), concevant des réveils pour s’arracher aux rêveries. Votre stratégie compense-t-elle l’oubli ?
• L’esprit est une machine à distraction. « Si vous lancez assez de boue au plafond, une partie finira par coller », disait souvent Richard Rose à ses auditeurs. Votre stratégie détourne-t-elle l’énergie des poursuites non essentielles chaque jour ?
• L’esprit est une machine capricieuse. Votre stratégie prend-elle en compte les humeurs et convictions changeantes ?
Le chemin spirituel est contre-habitude, contre-oubli, contre-distraction, contre-caprice.
Pendant des années, j’ai rêvé d’être architecte. Je lisais des biographies d’architectes, j’étudiais leurs créations, je me délectais de leurs réussites dans l’art de créer la beauté. Mais je n’ai jamais suivi une stratégie ni un plan d’action pour devenir architecte. Êtes-vous simplement en train de rêver la réalisation de soi ?
Davantage de trébuchement
L’auteur de Stumbling on Happiness cite une étude selon laquelle 96 % des patients atteints de cancer affirmaient être en meilleure santé que le patient moyen atteint de cancer ! Votre stratégie vous permet-elle d’éviter les faits de votre vie ?
Gilbert note également, avec son style spirituel, les nombreuses études indiquant : « Le soi se considère comme une personne très spéciale ». Votre stratégie renforce-t-elle cette conviction ?
Il nous dit que 9 personnes sur 10 déclarent qu’elles regretteraient davantage une action insensée qu’une inaction insensée – mais que les études montrent en réalité que des personnes de tout âge et de tous milieux regrettent davantage les inactions que les actions. Votre stratégie permet-elle à la peur de prendre une mauvaise décision de conduire à l’inaction ?
Ne pas prendre d’engagement sérieux envers vous-même pour poursuivre sans réserve votre désir le plus profond est une manière (un chemin, une stratégie) de tenter d’éviter quelque chose que vous craignez. Mais le regretterez-vous ??
Texte original publié en 2008 par la Tat Foudation
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À propos de l’auteur
Je suis né en 1944, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans une petite ville du nord de l’État de New York, aux États-Unis, à mi-chemin environ entre New York et Montréal. J’ai grandi dans cette petite ville et y ai vécu jusqu’à mes dix-huit ans, lorsque j’ai épousé mon amour de lycée, originaire d’une ville voisine. Nous avons déménagé à Toledo, dans l’Ohio, où j’ai obtenu un diplôme de premier cycle en mathématiques. Arrivé en dernière année d’université, je me suis rendu compte que je n’avais pas un grand talent pour les mathématiques, si bien que mon projet vague de poursuivre une carrière académique est devenu pour moi intenable. J’ai alors pris conscience : « Il va falloir que je trouve un vrai travail et que je travaille pour le reste de ma vie ! » La perspective me paraissait être celle d’un emprisonnement morne dans le monde du quotidien professionnel, et ce fut mon premier réveil hors du monde de rêve dans lequel je vivais.
C’était en 1967, au moment où les grandes entreprises commençaient à investir dans l’informatique et recrutaient des diplômés en mathématiques pour développer des applications commerciales. Je me suis donc retrouvé à développer des logiciels et à gravir les échelons, jusqu’à ce qu’à 29 ans je dirige un centre informatique assez sophistiqué pour une entreprise de Columbus, Ohio, qui concevait des systèmes micro-informatisés pour le contrôle des processus de fabrication et des machines. Le centre informatique comprenait deux ordinateurs centraux et le personnel d’exploitation, un service d’analyse, de conception et de programmation des systèmes, ainsi qu’une équipe de support technique. À 33 ans, tout cela commençait à devenir « du déjà-vu ».
J’avais tout ce qui aurait dû me rendre heureux — une épouse et des enfants que j’adorais, un bon travail, une jolie maison — mais je traversais des phases que je décrivais à moi-même comme des crises d’identité, où je devenais intensément conscient qu’il manquait une finalité ou un sens. J’avais entrepris des études supérieures en informatique, mais ce n’était pas cela. Je voyais que tout ce que j’envisageais était une impasse. J’ai scruté l’horizon pendant des années, alors que ces crises d’identité revenaient régulièrement dans la décennie qui suivit l’université, sans jamais trouver le moindre indice de ce que je cherchais.
Je lisais avec passion depuis mon enfance, et à 33 ans, mes lectures comprenaient déjà un peu de « philosophie éternelle », pour reprendre l’expression d’Aldous Huxley, et des ouvrages de vulgarisation sur le zen. Un dimanche après-midi pluvieux, alors que nous avions emmené nos enfants à la bibliothèque, ma femme remarqua une affiche dont elle me dit que cela m’intéresserait sans doute. Elle annonçait une réunion d’un groupe zen à l’Université d’État de l’Ohio, et je décidai d’y aller voir…
Cela a changé ma vie. Consultez la page auteur de mon site SelfDiscoveryPortal (http://selfdiscoveryportal.com/author.htm) pour lire le reste de mon histoire.
Vous pouvez voir une interview de moi réalisée par Shawn Nevins, pour son podcast Journals of Spiritual Discovery, sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=33cesb3t7io/.
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1 Voir https://selfdiscoveryportal.com/ pour plus d’information sur la vie et l’enseignement de William Samuel.
2 My Grandfather’s Son: A Memoir, par Clarence Thomas
3 The Top 10 Investments for the Next 10 Years: Investing Your Way to Financial Prosperity, par Jim Mellon and Al Chalabi
4 Contemplative: Autobiography of the Early Years, by Bernadette Roberts
5 G.I. Gurdjieff: The War Against Sleep, by Colin Wilson