Joan Tollifson
La pratique ludique du oui : Une expérience intéressante

Notre nature essentielle de pure conscience s’abandonne totalement à toute expérience. C’est l’innocence pure, l’ouverture, l’intimité, l’accueil, la sensibilité et la disponibilité, un « oui » inconditionnel à toute expérience telle qu’elle est d’un moment à l’autre, sans jugement ni préférence. – Rupert Spira Une personne que je rencontrais récemment sur Zoom m’a dit qu’elle avait […]

Notre nature essentielle de pure conscience s’abandonne totalement à toute expérience. C’est l’innocence pure, l’ouverture, l’intimité, l’accueil, la sensibilité et la disponibilité, un « oui » inconditionnel à toute expérience telle qu’elle est d’un moment à l’autre, sans jugement ni préférence.

– Rupert Spira

Une personne que je rencontrais récemment sur Zoom m’a dit qu’elle avait entrepris la pratique de dire « oui » à tout. Je me souviens que l’une de mes enseignantes de zen, Charlotte Joko Beck, donnait parfois cette pratique aux gens. Bien sûr, pour éviter tout malentendu, cela ne signifie pas dire oui à tout ce qu’on vous demande de faire ni qu’il ne faut pas dire « NON » à un enfant sur le point de courir dans la circulation. Il s’agit plutôt de remarquer et d’être l’acceptation qui est la nature même de la présence consciente ici et maintenant, cette ouverture semblable à un miroir, à un espace, qui accueil tout. La conscience dit toujours « oui » à tout, sans exception.

Lorsque nous commençons à dire « oui » à tout en guise de pratique — ou je préférerais dire d’exploration ludique — nous réalisons très vite à quel point nous disons souvent « non » à ce qui se présente. Parfois, comme dans le cas d’empêcher un enfant de courir dans la circulation, ce « NON » est un geste totalement sain, instinctif, dans une situation réelle. Mais souvent, cette réponse saine et instinctive est transférée dans le domaine psychologique pour défendre un mirage, et c’est de ce « non » que nous parlons ici — défendre un mirage (« moi ») contre quelque chose qui, du moins dans l’instant, n’est qu’une menace imaginaire.

Nous commençons à voir et à sentir que ce « non » est une pensée accompagnée d’une contraction corporelle, et que cette pensée est toujours enracinée dans la protection ou la défense du « moi » ou de quelque chose à laquelle je m’identifie, comme ma tribu ou mes opinions.

Ce « non » provient de la pensée-sensation de séparation et d’encapsulation et la renforce. Il s’agit de juger, de résister, de rejeter, de diaboliser ou d’aliéner quelque chose ou quelqu’un. Nous n’approuvons pas ou ne sommes pas d’accord avec quelque chose ou quelqu’un, nous ne voulons pas que quelque chose soit tel qu’il est, nous nous sentons menacés ou attaqués par quelque chose ou quelqu’un, alors le corps-esprit se contracte dans la pensée-sensation d’être ce petit moi séparé et encapsulé.

La menace est imaginaire, mais nous pouvons avoir l’impression que notre existence même est menacée par l’opinion de quelqu’un. La colère est un énorme « NON !!!! » à quelque chose ou à quelqu’un, et, sous la colère se cache généralement la peur. Mais souvent, le « non » est beaucoup plus subtil, il s’agit simplement d’un léger sentiment d’aversion, d’irritation, d’inquiétude ou de malaise.

Le « oui », quant à lui, est l’action naturelle d’une conscience ouverte, détachée. La conscience permet toujours à chaque chose d’être telle qu’elle est. Elle accepte et permet même la contraction et l’illusion. La conscience pourrait être décrite comme un amour inconditionnel, car elle accepte tout et ne s’attache à rien. Elle est comme l’espace vide : illimitée, sans limite, non confinée, ouverte et libre. Elle a l’espace pour que chaque chose soit ce qu’elle est et pour que de nouvelles possibilités émergent. En tant que conscience, nous sommes illimités et libres. En l’absence de cette sensation contractée du moi, nous rencontrons tout avec ouverture, avec un amour inconditionnel, en le reconnaissant comme notre propre être. Nous répondons intelligemment plutôt que de réagir par habitude conditionnée.

Bien sûr, comme nous le découvrons vite, l’esprit pensant, qui se fait passer pour moi, ne peut pas simplement forcer un « non » à se transformer en « oui » par la force de la volonté. L’effort même de le faire est en soi un « non » au « non » initial. C’est très subtil. Le « moi » qui veut se débarrasser du « moi » n’est qu’une autre couche de la même illusion, du même schéma d’habitudes. Tout ce qui peut vraiment arriver, c’est de voir le « non », d’en être conscient, de le voir depuis la conscience, ce qui signifie le voir sans résistance ni jugement. Lui permettre d’être tel qu’il est. Permettre à la lumière de la conscience de dissoudre naturellement la contraction.

Remarquer ces mouvements souvent très subtils de oui et de non, de recherche et de résistance, de désir et de peur, d’ouverture et de contraction, de renforcement ou non renforcement de l’ego peut se produire en accordant une attention simple et ouverte à l’actualité de chaque instant.

Le mot « méditation » peut signifier beaucoup de choses différentes, mais la méditation dépouillée ou réduite à l’essentiel telle que je l’entends n’est rien d’autre que ce type d’attention ouverte. Elle consiste à mettre de côté toutes nos activités habituelles et à ne rien faire d’autre que d’être ici. Apprécier le monde sensoriel, voir les pensées qui nous traversent, remarquer comment l’attention se déplace et comment elle est capturée par des récits — simplement être vivant et accorder à tout cela une attention ouverte, libre et détendue.

Cela peut se produire en position assise sur un coussin de méditation, dans un fauteuil, sur un banc public, dans un avion ou dans un bus. Cela peut se produire en marchant ou en s’allongeant. Le fait de rester assis sans bouger peut parfois être utile, tout comme le fait être dans une posture ouverte et détendue, mais cela peut se produire dans n’importe quelle posture. Vous pouvez remarquer la différence entre une position assise droite et une position avachie, entre les yeux fermés et les yeux ouverts. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise méthode. Vous pouvez expérimenter.

Au début, lorsque les gens commencent à pratiquer la méditation ou toute autre forme d’exploration basée sur la conscience, ils ont tendance à la considérer comme un programme d’amélioration personnelle très sérieux, axé sur les résultats, et à la voir à travers une lentille très dualiste (succès/échec, bien/mal, bon/mauvais, soi/non-soi, illumination/illusion, nirvana/samsara, etc.). L’exploration elle-même expose, érode et dissout progressivement ces malentendus dualistes, égocentriques et trop sérieux. Mais parce que rester dans la simplicité du « juste cela » va à l’encontre de tous nos conditionnements habituels, cette exploration de l’expérience présente demande parfois un certain effort. Mais, paradoxalement, il s’agit d’un effort sans effort, d’un effort détendu, d’un effort ludique. Il s’agit d’aller nulle part (c’est-à-dire d’être ici et maintenant).

Le regretté Peter Brown, un enseignant dont j’apprécie l’expression, disait souvent que ce que nous faisons n’a pas d’importance, mais il recommandait également une sorte d’investigation profonde de l’expérience présente. Il indiquait une façon de voir et d’être qui était libre des contraintes des croyances illusoires et de la souffrance qui en découle, et en même temps, il soulignait que même les croyances illusoires et la souffrance ne sont rien d’autre que cette même présence rayonnante, qu’il est en fait impossible de se tromper. Ainsi, ce que nous faisons n’a pas d’importance, et pourtant cela en a. Cela semble paradoxal ou désespérément contradictoire uniquement si nous y réfléchissons et essayons d’en tirer un sens logique. Mais en vivant simplement cela, il est évident que ces deux polarités sont vraies.

Aucune pratique particulière n’est nécessaire ou essentielle pour découvrir le type de liberté et de facilité d’être vers lequel pointent tous les meilleurs enseignements. Et les insights et les basculements qui surviennent à une personne par la méditation peuvent advenir à d’autres en élevant un enfant, en vivant avec un handicap grave, en pratiquant l’agriculture, en faisant de la randonnée dans la nature, en gérant une dépendance ou une compulsion, en étant un artiste, en étant en prison, ou de mille autres manières.

L’une des choses que j’apprécie dans le zen, c’est qu’il évite de s’arrêter sur un point de vue fixe ou unilatéral à propos de toute dualité conceptuelle, et les dualités sont toujours conceptuelles, jamais réelles. Libre arbitre ou absence de libre arbitre, pratique ou absence de pratique, soi ou absence de soi, effort ou absence d’effort, succès ou échec, quelque chose ou rien, oui ou non. Le zen ne se situe pas dans l’un ou l’autre de ces extrêmes. Comme le disait Dogen, le zen est « un saut hors du multiple et de l’unique ». Le zen suggère que la réalité n’est « ni une ni deux ». Elle ne peut être saisie par aucun concept.

Et pourtant, elle est là. Insaisissable, mais totalement évident. Pas du tout cachée. Le goût du thé. Les feuilles vertes. Le mégot de cigarette et la canette de bière rouillée sur le trottoir mouillé par la pluie. Le bruit du train qui passe. La douleur au genou. La couleur rouge. L’arôme du café. La brise fraîche. L’odeur du jasmin. Les gaz d’échappement du bus. Une personne qui tousse. Juste cela. Tel que c’est.

Ce moment précis, sans conjecture ni spéculation, me semble tout à fait suffisant.

– Robert Saltzman

Rien ne manque. Rien n’est en excès.

Je suis l’expression divine exactement comme je suis, ici et maintenant. Vous êtes l’expression divine exactement comme vous êtes, ici et maintenant. C’est l’expression divine, exactement comme elle est, ici et maintenant. Rien, absolument rien, n’a besoin d’être ajouté ou retiré. Rien n’est plus valable ou plus sacré qu’autre chose. Aucune condition n’a besoin d’être remplie. L’infini n’est pas ailleurs, attendant que nous en devenions dignes.

– Tony Parsons

Simple. Simple. Simple. Oui, oui, oui. Oui, même au non ! Infiniment merveilleux et nouveau. Toujours ici. Toujours maintenant. Toujours juste cela !

Amour à tous….

Texte original publié le 4 mai 2025 : https://joantollifson.substack.com/p/the-playful-practice-of-saying-yes