(Revue Panharmonie. No 171. Mars 1978)
Le titre est de 3e Millénaire
Compte rendu de la réunion du 14.12.1977
Citant un passage du dernier livre d’Arnaud Desjardins, Monsieur Monod-Herzen en tire la conclusion suivante qui peut étonner beaucoup d’Européens : les choses sont exactement ce qu’elles doivent être, étant donné le passé. Étant donné les êtres qui sont là, elles ne peuvent être autres.
Une participante : N’y a-t-il pas dans certains cas une partie inconsciente de la personne qui crée les circonstances malheureuses, sans qu’elle ne s’en rende compte ?
M. Monod-Herzen : C’est tout à fait exact. Le Professeur Allendy a écrit un livre : « La justice intérieur », dans lequel il dit, à la suite de sa propre expérience de psychanalyste sur plusieurs dizaines d’années, que la malchance est souvent la suite d’une névrose et lorsque celle-ci est guérie, elle disparaît. Il est absolument impossible qu’il n’y ait ni névrose, ni déséquilibre psychique, même légers, qui n’en soient la cause.
Question : N’est-ce pas l’effet du karma ?
Réponse : Le karma n’est jamais imposé, il est toujours accepté par l’être psychique, c’est-à-dire par la partie la plus haute de l’individu, tandis qu’une malchance continuelle se soigne. La personne a accepté en bloc certaines choses, mais elle garde la liberté d’utiliser son karma comme elle le veut. Elle ne peut pas le faire disparaître, mais elle peut le faire se manifester sous la forme qu’elle désire. Ceci dit, le karma n’est pas toujours mauvais, il peut être excellent. Il est la représentation du destin tout entier. Si, par exemple, j’ai assassiné quelqu’un dans une vie précédente, il en restera des traces qui viennent jusqu’à aujourd’hui, je ne peux rien y changer, j’aurai à l’assumer. Si je rencontre la personne que j’ai assassinée, je peux me trouver dans une situation qui me permettra de lui sauver la vie, mais je pourrai aussi lui rendre toute une série de services, je peux l’épouser et arriver à lui donner des quantités de choses qui feront d’elle un être nouveau. Cela ne dépend que de moi, la forme reste toujours libre. Karma veut dire « action », il n’est que la conséquence d’actions qui viennent du passé. Tout est dans l’attitude que l’on a devant les événements. Ils représentent une occasion de voir si vous avez saisi ce qu’il y a à faire. La Gîta dit : « Il faut faire l’acte qui est à faire. » Il ne s’agit pas de savoir s’il est bon ou mauvais, s’il est agréable ou non, c’est celui qui est à faire. Si vous en avez la perception, faites-le !
Votre attitude suscite autour de vous des réactions qui sont causes d’effets. Évidemment, s’il s’agit d’entourer des êtres nerveusement déséquilibrés, c’est extrêmement pénible. Ce sont de merveilleuses occasions et si vous êtes capable de ne pas vous laisser prendre, les choses pourront changer.
Le Professeur nous raconte plusieurs anecdotes à l’appui de ce qu’il vient de dire et notamment celle, également tirée du livre d’Arnaud Desjardins, du cas de sa petite fille de neuf ans qui demanda à leur Guru s’il a des pouvoirs. Après réflexion, celui-ci répondit : « Je n’en ai plus », mais au bout d’un moment il se reprit : « Si, j’en ai encore deux : un amour infini et une infinie patience ! ».
Il parle aussi d’un entretien avec la Mère à Pondichéry à laquelle il désirait poser quelques questions. Il fut très impressionné par cette rencontre car, se trouvant devant une personne qui n’avait avec lui aucun lien de famille et à laquelle il venait parler d’une chose assez intime, il se trouvait devant un être qui participait si parfaitement à sa vie, qu’il n’y avait entre eux aucune séparation, mais une communication constante, parfaite, totale. Plus tard il comprit que c’était là ce que l’on nommait : ne plus avoir d’égo. Le véritable amour ne demande rien, il donne tout, il est capable d’une compréhension totale.
« Lorsque je l’ai quittée, poursuit M. Monod-Herzen, je me suis senti plein de quelque chose. Ce qui m’avait amené vers elle était une aspiration ; ce que je reçus, fut une inspiration. On n’en sort pas le même que lorsqu’on y est entré. »
Une participante : parle de personnes qui ont un cœur d’or, qui veulent aider les autres, mais qui ne savent pas écouter.
Un participant : Tout être qui veut aider l’autre sans que celui-ci le lui demande, le piège, le coince. La Mère n’a pas essayé de le faire, mais elle était là…
M. Monod-Herzen : Cela nous ramène à notre sujet : Que pouvons-nous faire personnellement pour changer la société ? « Être », oui, mais il faut savoir ce que vous mettez derrière ce mot. En sortant de chez la Mère, je me suis posé la question : Étant donné que tous les êtres sont semblables, il doit bien y avoir en moi un tout petit quelque chose qui est le commencement de cette chose-là. Donc, si je fais suffisamment attention, j’arriverai à le trouver. Avoir devant soi des animaux est un merveilleux entraînement, parce qu’ils sont à un niveau beaucoup plus simple, qu’ils ont confiance en nous et qu’une communication s’établit avec eux.
Et ensuite, il y a les enfants. Regardez comme ils sentent les choses, même à un âge où ils ne parlent pas. « Devenez comme des petits enfants… » Quelle parole profonde ! C’est là qu’il faut s’interdire de juger, mais s’ouvrir de façon à réaliser une certaine harmonie d’ensemble, sans bruit. Lorsqu’on se trouve devant des personnes totalement différentes de vous, et qu’au premier abord on trouverait antipathiques, il faut bien comprendre que c’est leur droit d’avoir une autre opinion que la vôtre et tâcher de se mettre à leur place.
Mlle A… : Le problème, au fond, c’est de s’ouvrir à une personne qui vous est antipathique…
M. Monod-Herzen : Non, non ! Ne faites surtout pas cela, vous allez vous rendre malade! Celui des deux qui sera le plus fort va entraîner l’autre et ce sera catastrophique. Il faut s’ouvrir quand on vous le demande. Il ne faut pas s’ouvrir à n’importe qui, sans cela qu’est-ce qu’on ferait dans un wagon de métro ? Il faut rester fermé vis-à-vis des indifférents, vous n’avez aucun droit d’agir, même en bien, sur quelqu’un s’il ne vous le demande pas. C’est le respect de la liberté. Quand, au contraire, on vous le demande, vous n’êtes pas obligé de le faire. Il faut à ce moment-là exercer votre jugement. Être bienveillant, bien sûr, mais cela ne veut pas dire que vous allez accepter.
Passons tout de même à notre problème, à la fameuse question sociale. Que peut-on faire? La majorité d’entre nous ne peut pas faire socialement quelque chose de sensationnel, mais nous pouvons être conformes à un certain idéal et le manifester dans les événements de notre vie et de notre société. C’est dans notre famille, en premier lieu, que peuvent s’appliquer nos qualités sociales, dans notre famille élargie, telle que la conçoivent les Hindous et qui dépend de notre premier centre ou chakra en commençant par le bas et qui n’est pas un centre sexuel, comme le prétendent les Occidentaux, mais celui de nos relations avec les autres, avec ceux qui nous sont apparentés, ceux de notre village, etc., et qui nous sont donnés par le destin. Nous sommes constamment en état d’échange avec toute une série d’êtres.
François Catala fait un parallèle avec l’astrologie.
M. Monod Herzen : Vous voyez comme tout est lié ! Le premier grand travail de Sri Aurobindo a été de se rendre compte que la solution des questions sociales, pour ne pas être temporaires, suppose que les hommes soient transformés.
Notre animateur nous parle alors des différents chakras, le deuxième préside une action qui est la perfection de l’égoïsme, c’est-à-dire à l’alimentation. Il se situe entre l’estomac et le nombril. Il y a sept chakras dont six dans le corps et le septième au-dessus de la tête. Vous voyez combien ces différents côtés de vitalité s’étagent. Un des types de méditation tantrique consiste à se concentrer successivement sur tous les chakras en montant et en descendant. Ce n’est pas dangereux, à moins que vous ne méditiez sur un organe du corps en croyant que c’est un chakra. Surtout ne faites pas d’exercices de rétention de la respiration. Cela peut être très mauvais. Durckheim, qui a été longtemps au Japon, a posé à un moine la question suivante : « Dites-moi quel est l’exercice respiratoire que vous faites maintenant après trente ou quarante ans de monastère ? » – « C’est très simple, répondit le moine, le premier qu’on m’ait appris, c’est aussi le plus difficile, c’est la respiration naturelle. » Autrement dit, une respiration qui ne sera touchée par rien, ni par une idée, ni par un sentiment, ni par une action.
Au sujet des pouvoirs : Il ne faut jamais chercher à acquérir des pouvoirs. Ne vous laissez pas prendre à ce que certains promettent à ce sujet. Pensez que nous sommes dans une certaine personnalité terrestre pour faire un certain travail. Ce qui importe, c’est de le faire parfaitement bien. Ce sont là les vrais pouvoirs que nous avons à développer et il y en a beaucoup. Pourquoi en acquérir d’autres ? Ils ne nous serviront à peu près à rien car, comme ils ne sont pas normaux, ils nous mettront en porte-à-faux, ce qui est très mauvais.
Au sujet des chakras : Ils sont dans le corps physique subtil, ce ne sont pas des centres psychiques. Ils ont une activité extérieure et intérieure. Ils n’acquièrent les fonctions psychiques que dans la mesure où l’être psychique, c’est-à-dire la conscience supérieure, pénètre jusqu’à eux. L’assimilation spirituelle est située au-dessus de la tête.
Nous revenons à notre sujet initial : Comment pouvons-nous prévoir la société de demain, étant donné que celle d’aujourd’hui n’est pas fameuse ? Nous avons bien dit que cela dépendait des hommes et non pas d’un système. Comment développer la communication entre les êtres ? Nous sommes des êtres mentaux, les Hindous disent « des fils du mental ». C’est la partie supérieure de notre personnalité. C’est donc par ce moyen que nous pouvons utiliser le reste. Évidemment, l’exercice de la méditation du matin est merveilleux, car il se prolonge pendant toute la journée. Ce n’est pas un procédé intellectuel, mais mental.
Le Christ, l’Alchimie, les Gurus : Il y a deux façons de considérer le Christ au point de vue chrétien : vous pouvez le considérer crucifié, torturé, ou ressuscité. Dans ce dernier cas, la croix n’est plus qu’un support. Ce sont les fameux Christ en Gloire de l’Église grecque. Il est curieux de voir les Alchimistes représenter la quatrième et dernière phase du Grand Œuvre, qui est celle de la Pierre Philosophale, par le Christ ressuscité. Quel est le but du Grand Œuvre ? C’est de faire ressusciter le Christ en nous, c’est-à-dire le Dieu vivant incarné en nous-mêmes.
M. Monod-Herzen nous parle alors de son livre sur l’Alchimie qu’il vient de terminer et aussi de celui sur ses Maîtres spirituels qui va paraître incessamment. En Inde, dit-il, la première question qu’on vous pose est : « Quel est ton Maître ? ». J’ai essayé de répondre à l’intention des Européens, je n’ai rien expliqué, j’ai donné deux exemples, l’un d’un Indien et l’autre d’un Européen et j’ai montré par quel chemin ils avaient abouti au même Maître. Les récits sont bien entendu authentiques. Contrairement à ce qui se passe ici ou quand un Européen a trouvé un Maître, il est entièrement subjugué par lui ; en Inde, on va trouver le Maître pour lui demander d’être le sien. Et à partir de ce moment le Maître est entièrement responsable de son disciple, matériellement et spirituellement. L’idée qu’un Guru fasse de la propagande et de la publicité est absurde. Cela suffit pour le déconsidérer totalement.
Compte rendu de la réunion du 4.1.1978
Nous reprenons le sujet de la réunion précédente. Perfectionner l’état actuel des choses n’est pas suffisant, il faut faire quelque chose de nouveau, de différent qui soit meilleur. Néanmoins, toute amélioration est valable.
Comment arriver à ce perfectionnement ? En changeant les êtres, en leur donnant un supplément d’âme.
Mlle A… pense que c’est déjà une tentative pour se changer que de changer son mode de vie, ce qui est plus facile. Changer, par exemple, son travail.
M. Monod-Herzen : Puisque vous faites un choix entre deux possibilités, c’est déjà vous changer vous-même. François, parlez-nous de ce que nous avons dit en venant ici.
François : Astrologiquement, les aspects donnent des indications : l’Être intérieur ne peut s’exprimer suffisamment étant frustré, étouffé. Il y a donc en lui un besoin de compensation dans le domaine matériel, soit par l’argent, soit par autre chose qui va le rendre de plus en plus esclave, alors qu’il y a une voie tout à fait opposée.
M. Monod-Herzen : Lorsque je me suis intéressé à l’astrologie, mon ami Marcault m’a fait remarquer qu’on a tort de parler de bons et mauvais aspects des planètes dans un thème. Car du point de vue de l’individu, le mauvais aspect correspond à quelque chose qu’il n’a jamais fait, tandis que le bon aspect correspond à des choses qu’il a déjà faites. Ce sont les « mauvais » aspects qui sont de beaucoup les plus utiles. Cet étouffement n’est en conséquent pas à comprendre comme une contrainte extérieure, mais comme une occasion qui nous est donnée de résoudre certains problèmes.
Mlle A… : Sous l’étouffement, je comprends l’endormissement des facultés les plus humaines, les meilleures et les plus nobles. Pour les réveiller, je vais d’abord avoir la volonté de le faire et si je change certaines de mes habitudes, cela m’aidera déjà beaucoup.
M. Monod-Herzen : Si vous êtes capable de changer vos habitudes, c’est que vous avez résolu le problème. C’est un pouvoir prodigieux qui vous permet d’obtenir n’importe quoi. L’habitude c’est la clef de tout. Il faut se surveiller constamment, autrement dit, il faut se changer.
Mlle A… parle d’un jeune homme travaillant dans une entreprise en rapport avec l’armée. Étant antimilitariste, il a eu le courage d’abandonner une situation pour une autre moins lucrative.
M. Monod-Herzen : C’est une exception.
Mlle A… : Je ne crois pas, je connais des quantités de gens qui ont beaucoup de valeur morale.
Mme L…: Parce que vous évoluez dans un certain milieu que vous avez choisi et qui est conforme à ce que vous êtes.
Mlle A… : Je ne suis pas une exception.
M. Monod-Herzen : Si, vous êtes dans une toute petite minorité. Pour améliorer notre société, nous devons commencer à travailler sur nous-mêmes et puis cela rayonnera comme cela pourra, nous n’avons pas à faire de la publicité. Je vais vous faire une objection, hélas expérimentale : la moitié au moins des gens qui sont autour d’un instructeur sont attirés par lui parce qu’il leur dira ce qu’ils doivent faire. Et le jour où ils perdent l’instructeur, ils perdent tout. Les questions posées au Guru sont souvent ahurissantes, mais il doit y répondre. Ces gens-là cherchent la sécurité, mais il faut avoir le courage de se tromper parfois et prendre ses responsabilités.
François : Rechercher un Guru dans le sens dans lequel vous venez de parler, pourrait bien être une fuite devant sa propre responsabilité, c’est une position négative, même si on fait vingt minutes de prières par jour.
M. Monod-Herzen : Je n’ai jamais entendu Sri Aurobindo ou la Mère dire à qui que ce soit : « Méditez tous les matins ». Mais je les entendu dire : « A partir de sept heures, il y aura une méditation collective à tel endroit pour ceux qui voudraient y venir ». Et pire que cela, on changeait les heures périodiquement de façon à ce que personne ne prenne l’habitude de méditer à la même heure.
L’énorme autorité du Guru se manifeste le moins possible. Il est entendu qu’on lui obéira, ce n’est pas de la passivité. Une jeune fille de mes élèves a été questionnée par un cinéaste : « Vous marierez-vous un jour ? » — « Pour l’instant je n’y pense pas, mais si j’en ai envie, j’irai en parler à la Mère. » — « Mais alors, vous vous soumettrez à quelqu’un d’autre ? » — « Non, parce que j’ai choisi la Mère. » Autrement dit, je peux la quitter demain si j’en ai envie.
M. Monod-Herzen parle de ses relations avec Alexandra David-Neel: « J’étais le seul à oser lui tenir tête, notamment au sujet du fameux paradoxe bouddhique, Anata : il n’y a pas d’Atman permanent en nous. Mais qu’est-ce qui atteint le Nirvana qui, par définition, est un état permanent ? » — « Vous n’y avez rien compris », me disait-elle ! La solution a été donnée par Sri Aurobindo bien des années après : « Quand on atteint les états de conscience du Nirvana, il ne reste plus aucune trace de ce que nous pouvons appeler « moi ». Ce qui l’atteint, c’est la conscience qui n’est pas un objet, qui n’a pas de nom. On est intensément, profondément conscient, mais il ne reste plus trace de « moi », du « je ».
M. Brassier : Cette conscience n’est plus du tout individuelle alors ?
M. Monod-Herzen : Si, elle est individuelle, mais elle n’est pas personnelle. Nous ne pouvons pas, n’étant pas à ce niveau, ni le concevoir, ni le définir. Le Bouddha a toujours refusé d’en parler. A ce moment on a tout de même une vision du monde extérieur, le Bouddha était en état de Nirvana, mais il continuait à prêcher et à se déplacer avec ses disciples. Arriver à se purifier complètement, à être conscient de ce qu’on est en réalité, ne veut pas dire qu’on n’est pas dans un corps. Il y a toute une série de manifestations possibles qui viennent d’une Lumière supérieure, mais qui est bien limitée, dans ce sens qu’elle correspond à une personnalité.
M. Brassier : Dans ce cas on devrait se sentir aussi bien dans un autre corps que le sien.
M. Monod-Herzen : Non, vous pouvez communiquer avec un autre être, ce qui est différent. Si vous avec une conscience mentale très développée, vous pouvez savoir ce que je pense sans que je ne le dise.
François parle de son expérience dans laquelle il a atteint un état de béatitude qui a duré vingt-quatre heures. Il a eu la notion « d’être », il sentait être sans limite, dans une béatitude, une joie. Quand il en est revenu, le bruit autour de lui était décuplé comme en passant par un haut-parleur et il savait ce que les autres allaient dire et ce qu’ils pensaient.
M. Monod-Herzen : Cette communication avec les autres est tout à fait typique de la conscience mentale. Quand tout à coup elle se développe, quand un chakra se réveille, la conscience correspondante prend le dessus par rapport à tout le reste. Vous en reste-t-il quelque chose ?
François : La seule chose, c’est que je n’ai qu’à y penser pour retrouver ce sommet de béatitude.
M. Monod-Herzen : Vous l’avez atteint par intuition, vous avez court-circuité le mental et puis vous êtes arrivé à sa partie supérieure, au mental abstrait qui a cette capacité d’union immédiate et à n’importe quelle distance.
François : Le lendemain, j’ai eu peur. Tout seul le soir, je repartais, je me suis raccroché. J’ai eu peur de mon immoralité intérieure, j’ai eu peur d’abuser de cette possibilité, je ne me sentais pas prêt moralement.
M. Monod-Herzen : Vous avez eu raison, parce qu’il ne faut pas prolonger quand on n’a pas préparé ses autres véhicules de façon complète. Votre état psychique s’est mis en mouvement, c’est lui qui a servi de garde-fou. C’est une preuve d’authenticité.
Pour revenir à des choses plus matérielles : pouvoir se transformer et avoir la capacité d’être ouvert à n’importe quoi qui ne soit pas en conformité avec nos habitudes, c’est extrêmement important. Ne serait-ce que par rapport aux pensées et aux sentiments.
C’est très important dans l’éducation des enfants. L’enfant a raison à son point de vue, même s’il est insupportable. Il faut essayer de sentir quelle est sa raison et en partant de là tenter de l’amener à une autre. A l’Ashram, les professeurs ne devaient jamais faire de reproches aux enfants.
M. Brassier : Ramakrishna a dit : « Ce n’est pas la fleur qui va chercher l’abeille, c’est l’abeille qui va chercher la fleur » et encore : « C’est l’aimant qui attire le fer ». Quand on s’est transformé soi-même, on n’a pas à chercher. Dans un sens contraire, Ramakrishna disait aussi : « Il y a trop de gens qui dés qu’ils ont acquis un tout petit peu de connaissance, veulent tout de suite instruire les autres ! »
Au sujet de la sagesse : Les trois aspects de perfection de la personnalité sont: pour le héros l’action, pour le sentiment le saint et pour le mental le sage. Le prophète est au-dehors. Il y a beaucoup d’autres possibilités de combinaisons, mais ce sont ces trois qui correspondent aux trois aspects du Divin : Sat-Chit-Ananda.