Todd Hayen
Aucun contact humain

Si le seul moyen de « contact » est une fenêtre de chat, vous serez inévitablement en train de discuter avec un chatbot d’IA — et si ce n’est pas le cas, ce sera avec quelqu’un dans un pays lointain incapable de comprendre votre texte. J’ai récemment appelé un magasin Staples (Bureau en gros) local pour me renseigner sur un produit, et après environ 10 minutes à être baladé d’une voix désincarnée à l’autre, j’ai finalement abandonné — sans jamais avoir prononcé un mot à un autre humain.

J’ai déjà abordé ce sujet dans plusieurs articles. Mais il semble que ce soit une démangeaison que je n’arrive pas à soulager. Avez-vous déjà eu une de ces démangeaisons ? Une démangeaison que vous pensez gratter, mais pas au bon endroit ? Et que vous n’arrivez pas à trouver ?

Ce sujet fait à nouveau partie des choses que tout le monde ne considère pas comme importantes. Ils peuvent trouver cela ennuyeux et frustrant, mais ils mettront cela sur le compte du « progrès » et n’en diront pas plus. « Que peut-on y faire ? », marmonneront-ils, « C’est juste comme ça de nos jours ».

Je me demande si les gens disaient la même chose lorsque le cheval et le buggy ont fait place à l’automobile de Ford. Ou même lorsque les chevaux sont devenus le principal mode de transport, dépassant technologiquement les jambes et les pieds humains. Bien sûr, c’était il y a si longtemps que personne ne s’en souvient. Mais je suis prêt à parier qu’il y avait beaucoup de vieux briscards qui n’appréciaient guère l’avènement de l’automobile bruyante et nauséabonde. J’aurais probablement été l’un d’entre eux. Les voitures ? Pouah !

De quoi parle cet article ? Cette fois, au lieu de remplacer les chevaux, ce sont les humains qui sont remplacés. Quelle originalité, me direz-vous ! Les humains sont remplacés depuis des décennies. Oui, ils l’ont été, mais jusqu’à présent, seul le travail mécanique l’était, maintenant c’est la partie pensée, et bientôt la partie âme. Bien que je doute que l’âme des humains puisse être réellement remplacée, il est plus que probable qu’elle soit tout simplement éliminée. De toute façon, le plus grand monde n’en voit pas l’utilité.

S’agit-il d’un énième article sur l’intelligence artificielle ? Un article axé sur les dangers de l’IA et la nécessité de s’en méfier pour éviter qu’elle ne prenne le contrôle ?

C’est comme dire qu’il faut se méfier des cheeseburgers, des frites et des milkshakes pour éviter qu’ils ne prennent pas le dessus. Voyez où cela nous a menés. Oui, oui, vous êtes nombreux à ne pas toucher à une frite même si c’était la dernière chose comestible sur terre (justement, ce ne serait jamais la dernière parce que ce n’est pas vraiment comestible). Et vous êtes nombreux à ne jamais tomber dans le piège de l’IA. Bien que personne ne s’apprête à vous attacher pour vous fourrer des cheeseburgers dans le gosier, l’IA nous est déjà imposée. Et il n’y a rien que nous puissions faire d’autre que de quitter totalement le système.

En fait, cet article n’est pas un simple article sur l’IA. Il ne traite pas spécifiquement de l’IA, mais plutôt de ce qu’elle permet de mettre en place : le remplacement systématique de l’intelligence humaine. Mais c’est encore plus que cela. L’IA ne fait que faciliter et accélérer le processus. Le véritable coupable n’est pas l’IA, mais l’intention qui la sous-tend. C’est l’objectif derrière cette technologie qui est inquiétant : l’élimination de l’humanité. Et l’intention première n’est pas, dans un premier temps, d’éliminer les humains, mais bien d’éliminer l’humanité. Il y a une différence.

À force de rendre la vie si misérable et si frustrante, les humains seront éliminés et beaucoup abandonneront. Ils ne sauront même pas pourquoi, ils abandonneront juste. Nous le remarquerons lorsque les gens deviendront zombifiés (comme ils le sont actuellement), en colère, incapables de raisonner, incapables de penser de manière critique, déprimés, anxieux, suicidaires (ce que la culture accueillera comme c’est le cas dans de nombreux pays, le Canada étant l’un d’entre eux). Nous le remarquerons par un mépris croissant pour la vie humaine à travers les guerres, les génocides, la famine, les maladies, les avortements inconsidérés, les vaccinations des enfants potentiellement mortels, et ainsi de suite.

Comment cela se manifeste-t-il aujourd’hui ? De bien des façons. Beaucoup d’entre elles vous paraissent évidentes, d’autres le sont peut-être moins. En voici une à laquelle beaucoup d’entre vous n’ont probablement pas pensé. On nous apprend lentement et systématiquement qu’il n’existe que des moyens limités de communiquer avec d’autres humains. Pensez à la difficulté qu’il y a aujourd’hui à déposer une réclamation auprès d’un service client — pharmacie, magasin de détail, les services gouvernementaux.

Les sites web, quels qu’ils soient, s’efforcent de compliquer au maximum la rubrique « contactez-nous ». Il est pratiquement impossible d’envoyer un simple courriel. Un numéro de téléphone est peut-être fourni, mais lorsqu’on l’appelle, on est inévitablement accueilli par « choisissez parmi ces options » et le « choix » que vous souhaitez n’est pas inclus. Vous devrez certainement écouter quelques minutes d’« informations » qui ne vous intéressent pas.

Si le seul moyen de « contact » est une fenêtre de chat, vous serez inévitablement en train de discuter avec un chatbot d’IA — et si ce n’est pas le cas, ce sera avec quelqu’un dans un pays lointain incapable de comprendre votre texte. J’ai récemment appelé un magasin Staples (Bureau en gros) local pour me renseigner sur un produit, et après environ 10 minutes à être baladé d’une voix désincarnée à l’autre, j’ai finalement abandonné — sans jamais avoir prononcé un mot à un autre humain.

Bien sûr, il est encore possible d’éviter beaucoup de cela, mais le message est clair. À terme, aucun appel téléphonique ne sera accueilli par un autre être humain en chair et en os. Il est certain qu’aucun chat en ligne ne le sera. L’IA se chargera de tout. Parler de « désincarnation », c’est tout l’enjeu : désincarner la planète. L’objectif est de supprimer l’interaction humaine (du moins l’interaction agréable) et, à terme, de supprimer complètement les humains. Rien de bien nouveau, n’est-ce pas ?

Cela me rappelle la série télévisée très populaire de mon époque, The Prisoner (Le prisonnier), créée par et avec Patrick McGoohan. Une grande partie de cette série présentait le personnage principal comme étant seul, isolé et confus. Rien n’avait de sens. Même lorsque d’autres humains étaient présents, rien n’était comme cela aurait dû être. Dans les années 60, les gens n’avaient pas la moindre idée de ce qu’était l’intelligence artificielle, mais s’ils en avaient, je suis sûr que Numéro Six aurait eu de nombreuses relations avec des robots et des humanoïdes désincarnés.

Bien sûr, le titre de la série, Le Prisonnier, correspond parfaitement à cet article et à tout ce que j’écris. En effet, nous sommes certainement des prisonniers. Comme dans la série télévisée, nous cherchons des réponses, mais nous sommes placés dans un environnement où nous ne trouverons pas grand-chose pour expliquer notre lente disparition. C’est surtout parce que nous ne savons même pas que nous sommes en train de nous faire vider de notre âme et de notre humanité.

Ils feront tout pour nous isoler autant que possible. Nous travaillerons à domicile et ne serons pas entourés d’autres humains. Nous interagirons avec des bots sans visage chaque fois que nous essaierons de nous connecter au monde extérieur. Nous fixerons un écran pour parler avec notre famille et nos amis, nous rechercherons des vidéos pornographiques (bientôt remplacée par des robots sexuels en latex) pour nous connecter intimement, nous resterons chez nous lorsque la prochaine pandémie frappera (ce qui sera bientôt une réalité permanente — pour beaucoup de gens qui portent le masque en permanence, c’est déjà le cas). Nous jouerons en permanence à des jeux vidéo sur téléphone et tablettes, bientôt uniquement avec des adversaires IA. Vous voyez où je veux en venir.

Il faut donc rester attentif aux autres méthodes qu’ils utilisent pour nous rendre tous fous. La seule véritable solution consiste à ne pas dépendre systématiquement de tous les systèmes qu’ils contrôlent. Cela inclut des choses comme les grandes chaînes de magasins et de restaurants. Mais aussi des services dont il est très difficile de se passer, comme les services publics, les services gouvernementaux (sécurité sociale et assurance-maladie), les comptables, les avocats, etc. Je pense qu’il est plus important d’être conscient de ce qu’ils font que d’essayer d’éviter les choses que nous ne pouvons tout simplement pas éviter.

Faites tout ce qui est en votre pouvoir pour maintenir le contact humain dans votre vie. Liez-vous d’amitié avec des personnes partageant les mêmes idées, allez déjeuner et prendre un café avec elles. Allez dans des magasins où vous pouvez parler aux employés, engagez des conversations personnelles. Faites en sorte qu’ils se sentent humains, reconnaissez la différence entre eux et une voix artificielle sur votre téléphone portable. Sautez les caisses automatiques dans les magasins (on le répète depuis longtemps). Vous avez compris.

Préservez votre humanité autant que possible. Ne vous laissez pas aveugler par les efforts de l’agenda pour l’éliminer, nous conduisant lentement mais sûrement au suicide. Gardez-la en vie — gardons-nous les uns les autres en vie.

Todd Hayen PhD est un psychothérapeute agréé qui exerce à Toronto, Ontario, Canada. Il est titulaire d’un doctorat en psychothérapie des profondeurs et d’une maîtrise en études de la conscience. Il est spécialisé dans la psychologie jungienne et archétypale. Todd écrit également pour son propre site, que vous pouvez lire ici.

Texte original publié le 22 mars 2025 : https://off-guardian.org/2025/03/22/no-human-contact/