Charles D'Hooghvorst
Déterminisme astrologique et don du ciel

Nous trouvons donc chez Clément la même idée que celle exprimée par St Paul : la descente de l’Étoile libère l’homme de l’ancienne ordonnance des planètes, c’est-à-dire du joug des Puissances, du poids du Destin astral. Clément d’Alexandrie, pour parler de l’Étoile des Mages, emploie le mot grec : « aster », qui possède un sens bien précis pour ses lecteurs grecs ; il signifie étoile en général, lumière, mais il peut aussi s’appliquer à l’étoile Sirius.

(Revue Epignosis. No2 Cahier 2. Octobre 1983)

« Et vous, vous étiez morts par vos offenses et vos péchés, dans lesquels vous marchiez autrefois selon le règne de ce monde, selon le PRINCE DE LA PUISSANCE DE L’AIR, DE L’ESPRIT qui agit maintenant dans les fils de la désobéissance.

Nous tous aussi, nous vivions autrefois comme eux selon les convoitises de notre chair accomplissant ses volontés et celles de nos pensées, et nous étions par nature enfants de colère, comme les autres. Mais Dieu qui est riche en miséricorde… alors que nous étions morts… nous a rendus vivants avec le Christ… car c’est par la Grâce que vous êtes sauvés par le moyen de la foi ; et cela ne vient pas de vous, c’est un DON DE DIEU... » (Paul, Ép. aux Éphésiens II, 2 – 9.)

On pourrait peut-être résumer ce texte de Paul en disant que tant que l’homme n’a pas reçu ce DON DE DIEU, il est sous la dépendance du PRINCE DE LA PUISSANCE DE L’AIR, dont L’ESPRIT agit normalement dans l’homme déchu, appelé : fils de la désobéissance.

Que veut dire cette curieuse phrase ? Et quel est ce Prince de la Puissance de l’air ? C’est un Esprit (pneuma), précise Paul.

Pour bien comprendre ce dont il s’agit, nous devons nous référer à la doctrine du destin astrologique, transmise et enseignée par les Grecs et dont Paul, nous allons le voir, n’était pas ignorant, de même que la plupart des premiers Chrétiens, imprégnés de la tradition grecque.

Quel est donc cet Esprit de l’air qui tient l’homme sous sa dépendance, et quel est ce Don de Dieu qui seul peut l’en libérer ?

Platon dans son Traité : « La République » [1] parle du mystère de la génération dans ce bas monde : Après avoir choisi son existence terrestre, l’âme de l’homme reçoit un « daïmon » [2] propre qui le régira durant sa vie incarnée. Il s’agit de l’Esprit astral qui anime l’air ambiant au moment de la naissance, et que l’enfant aspire pour la première fois lorsqu’il vient à la lumière. Cet esprit astral est formé par le mélange des influences planétaires qui, à partir de la couronne zodiacale, descendent continuellement dans le monde sublunaire pour se corporifier dans la terre, et pour se fixer dans le sang du nouveau-né au moment de sa première aspiration. Cet esprit, pur au niveau zodiacal, se mélange dans l’air atmosphérique aux impuretés qu’il contient, se chargeant ainsi d’une certaine humeur corruptive.

A part donc les impuretés corporelles qui sont déjà mêlées à son corps physique, l’homme, au moment de sa naissance, est généré par un esprit astral qui contient aussi en lui les germes de sa future dissolution.

Les Anciens Grecs appelaient le monde sublunaire : « monde des générations et des corruptions ».

Il s’agit donc bien de cet Esprit aérien dont parle Paul dans son Épître aux Éphésiens (c’est pourquoi il dit : « alors que nous étions morts ») et qui n’est autre que celui que décrivent les astrologues, en observant la carte du ciel à la naissance de l’enfant.

Cet esprit astral, ce « daïmon » pour Platon, « qui agit dans les fils de la désobéissance », c’est-à-dire les fils d’Adam, c’est le Destin, ou la Nécessité pour les Anciens, qui détermine le tempérament, le caractère et la vie de l’homme de ce monde.

Efforçons-nous maintenant de chercher confirmation de cet enseignement, afin d’approfondir et de mieux comprendre les paroles de l’Épitre de Paul.

Nous en trouvons une première confirmation dans le « Corpus Hermeticum » d’Hermès Trismégiste, père de la Tradition grecque [3] :

« Tous ces « daïmones » (ou génies qui régissent le destin) ont reçu en lot plein pouvoir sur les affaires de la terre et sur les désordres qui s’y produisent, et ils provoquent toutes sortes de troubles, en général pour les cités et les peuples, et en particulier pour chaque individu. Car ils cherchent à remodeler nos âmes dans leur intérêt et à les exciter, installés dans nos muscles et nos moelles, dans nos veines et nos artères, dans le cerveau lui-même, et pénétrant jusqu’à nos propres entrailles. Car une fois que chacun de nous est venu à naître et a été animé, il est pris en charge par les « daïmones » qui sont de service à cet instant précis de la naissance, c’est-à-dire par les « daïmones » qui ont été placés sous les ordres de chacun des astres. Car les « daïmones » se remplacent mutuellement d’instant en instant : les mêmes ne restent pas en fonction, mais servent à tour de rôle [4].

Ces « daïmones » donc, après avoir pénétré à travers le corps dans les deux parties de l’esprit, le tourmentent, chacun dans le sens de sa propre activité. L’âme seule échappant à la souveraineté des « daïmones », demeure stable, prête à devenir le réceptacle de Dieu.

 L’Intellect, ô Tat, est tiré de la substance même de Dieu… Dans les hommes, cet Intellect est Dieu… En réalité, c’est sur toutes choses que domine l’Intellect, c’est-à-dire le moi de Dieu, sur la fatalité, sur la loi et sur tout le reste ; rien ne lui est impossible, ni d’établir l’âme humaine au-dessus du Destin (fatalité), ni si elle a été négligente, comme il arrive, de la mettre sous le joug de la fatalité.

 Si donc, dans sa partie essentielle ou âme, un homme reçoit la lumière du Rayon divin, par l’intermédiaire du soleil (de tels hommes sont en petit nombre) , en ce cas les « daïmones » sont réduits à l’impuissance, car nul, ni des « daïmones » ni des dieux n’a de pouvoir d’aucune sorte contre un seul Rayon de Dieu« . (Nous avons ici, exprimé par la Sagesse des Grecs, le mystère de la. Grâce des Chrétiens, le Don de Dieu dont parle Paul, qui transcende le Destin astrologique).

Et Hermès termine : « Quant aux autres hommes, ils sont tous tirés à hue et à die, corps et esprit, per les « daïmones » et ils aiment, ils chérissent ces activités des « daïmones » en eux…Ainsi donc le gouvernement de notre vie terrestre est tout entier au pouvoir des « daïmones » par l’intermédiaire de nos corps : et c’est ce gouvernement que Hermès a nommé Destinée » [5].

Voilà donc, expliquée par Hermès, le phrase de Paul : « Et vous, vous étiez morts… vous marchiez autrefois selon le règne de ce monde, selon le Prince de la Puissance de l’air, de l’Esprit qui agit maintenant dans les fils de la désobéissance« .

Le Destin astral conduit bien à la mort physique et psychique et l’homme dans ce monde, sans le Don de Dieu, est un mort en sursis.

Nous allons à présent nous adresser à un Père de l’Église chrétienne qui va venir nous préciser encore ce que la Tradition grecque nous a expliqué à propos de ces deux générations, celle de l’esprit astral et celle de l’Esprit divin.

Dans son ouvrage : « Extraits de Théodote » (Paragraphes 69-80), Clément d’Alexandrie (IIe siècle), comme Hermès, s’exprime en astrologue averti, mais aussi en connaisseur de l’enseignement du grand Docteur qu’était saint Paul :

« Le destin est le rencontre de Puissances nombreuses et opposées : celles-ci sont invisibles et n’apparaissent point ; elles règlent le cours des astres et gouvernent par eux. Car, selon que chacun de ces astres se trouve arrivé à la première place, étant élevé dans le mouvement collectif du monde, il lui échoit la domination sur les êtres engendrés à ce moment décisif [6] comme s’ils étaient ses enfants. Ainsi donc, par les étoiles fixes et les planètes, les Puissances invisibles, véhiculées par ces astres, régissent les générations et y président…

…Ainsi donc les douze signes du Zodiaque et les sept astres qui se déplacent sur eux, tantôt en conjonction, tantôt en opposition, astres ascendants ou astres cadents… ces astres, mus par les Puissances, révèlent le mouvement de la substance [7] aboutissant à la génération des êtres vivants et l’évolution de l’ensemble des aspects. Et ces astres comme ces Puissances sont d’espèces différentes : bénéfiques ou maléfiques, dextres ou senestres, dont la conjoncture produit l’engendré ; chaque être, par ces influences, a sa génération à un instant qui lui est propre, l’élément dominant étant réalisateur des conditions de la nature, en partie au commencement de la vie, en partie durant la réalisation.

A cette dissension et à cette bataille des Puissances, le Seigneur nous arrache et nous apporte la paix en nous retirant du front de combat des Puissances…

(Clément continue en comparant cet Esprit astral au mauvais pasteur auquel fait allusion l’Évangile de Jean (X, 1-18), qui s’enfuit abandonnent ses brebis lorsqu’il voit le loup s’approcher. C’est par opposition au mauvais pasteur que le Christ s’intitule le Bon Pasteur, parce que son Esprit communique la vie à ses brebis) [8].

« C’est pourquoi, poursuit Clément, le Seigneur est descendu pour apporter la paix, celle du Ciel (c’est-à-dire la Grace céleste) à ceux qui sont sur la terre, ainsi que le dit l’Apôtre : « Paix sur le terre et gloire dans les « hauteurs » (Luc II, 14). C’est pour cette raison qu’un ASTRE (aster) étrange et nouveau s’est levé, détruisant l’ancienne ordonnance des astres, brillent d’une lumière neuve qui n’est pas de ce monde et traçant de nouvelles voies de salut, comme l’a fait le Seigneur lui-même, Guide des hommes, lui qui est descendu sur la terre, afin de transférer de la Fatalité (du  destin) à sa Providence ceux qui ont cru dans le Christ.

Mais que la Fatalité existe, pour tous les autres, c’est ce que montre la réalisation des horoscopes ; et une preuve manifeste en est encore la spéculation de l’astrologie…

… De même donc que la naissance du Sauveur nous fait sortir du devenir et de la Fatalité, de même aussi Son Baptême nous retire du feu et sa Passion; de la passion (l’Esprit  astral qui est comme un feu dévorant), afin que nous puissions le suivre en toutes choses. Car celui qui a été baptisé en Dieu avancé vers Dieu et reçu le pouvoir de fouler aux pieds scorpions et serpents, les Puissances mauvaises.

Et le Sauveur enjoint à ses Apôtres [9] : « Allez et prêchez : et ceux qui croient, baptisez-les au NOM du Père et du Fils et du Saint-Esprit, dans lesquels nous sommes régénérés en devenant supérieurs à toutes les autres Puissances.

C’est en ce sens que le Baptême est appelé « mort » et « fin de l’ancienne vie » « puisque nous renonçons aux Principautés mauvaises, et « vie selon le Christ », seul maître de cette vie. La puissance qui produit la transformation du baptisé ne s’exerce pas sur le corps, car c’est le même homme qui remonte de l’eau, mais sur l’Esprit (psyché). Il n’est pas plus tôt remonté du baptême qu’il est appelé serviteur de Dieu et maitre des esprits impurs : et alors que ceux-ci l’obsédaient peu auparavant, voilà maintenant qu’ils frémissent de crainte devant lui.

Ainsi donc, jusqu’au Baptême, la Fatalité est réelle ; mais après le Baptême les astrologues ne sont plus dans la vérité. Ce n’est d’ailleurs pas le bain seul qui est libérateur, mais c’est aussi la gnose : Qui étions-nous ? Que sommes-nous devenus ? où étions-nous ? où avons-nous été jetés ? Vers quel but nous hâtons-nous ? D’où sommes-nous rachetés ? Qu’est-ce que la génération ? Et qu’est-ce que la régénération ?« 

Nous trouvons donc chez Clément la même idée que celle exprimée par St Paul : la descente de l’Étoile libère l’homme de l’ancienne ordonnance des planètes, c’est-à-dire du joug des Puissances, du poids du Destin astral. Clément d’Alexandrie, pour parler de l’Étoile des Mages, emploie le mot grec : « aster », qui possède un sens bien précis pour ses lecteurs grecs ; il signifie étoile en général, lumière, mais il peut aussi s’appliquer à l’étoile Sirius. Or cette étoile qui appartient à la Constellation du « Grand Chien » (à 13° du signe du Cancer) était appelée SOTIS par les Égyptiens qui l’avaient consacrée à la grande déesse Isis. L’étoile des Mages représente donc la « Dame aux mille noms ».

Ce n’est certes pas par hasard si Paul affirme dans le texte que nous avons cité au commencement : »car c’est par la Grâce que vous êtes sauvés par le moyen de la Foi ; et cela ne vient pas de vous c’est un don de Dieu« .

En effet, la Grâce pour les premiers Chrétiens représente exactement ce que l’étoile Sotie représentait pour les Égyptiens, c’est-à-dire la Grande Dame du Ciel : Isis, celle qui a dit [10] :

« Je suis la Nature, mère de toutes choses, dominatrice des éléments, source première des générations, divinité suprême, reine des mines, inspiratrice des cieux, visage immuable des dieux et des déesses : les voûtes lumineuses du ciel, les brises salubres de la mer, les silences sinistres des enfers, c’est ma volonté qui les gouverne. Ma puissance est unique, bien que l’univers me vénère sous diverses formes, selon des rites variés et sous de multiples noms« .          ,

Pour les premiers Chrétiens donc, l’étoile de Bethléhem, la Grâce ou le Baptême représentent le même symbole, qui se réfère au mystère de la régénération, mystère qui semble avoir été perdu assez tôt dans l’Église.

N’est-ce pas aussi St Paul qui a dit : « Il se trouve sur la terre des prêtres chargés de célébrer un culte qui n’est qu’une image et une ombre des choses célestes, comme Moïse en fut divinement averti lorsqu’il dut construire le Tabernacle : Regarde, dit le Seigneur, tu feras tout d’après le modèle qui t’a été montré sur la montagne« . (Épître aux Hébreux VIII, 5)

Voilà pourquoi les premiers Chrétiens dont certains connaissaient le Secret transmis au commencement, parlent un langage que nous ne comprenons plus ou que nous comprenons mal : en effet, nous en sommes arrivés à prendre l’image ou le symbole pour la Réalité opérative et expérimentale dont ils sont les signes.

Dans cette optique, il est facile de comprendre pourquoi à l’origine, les Pères de la Tradition chrétienne ont jeté le discrédit sur la science astrologique, la jugeant inutile, nocive et même démoniaque. Ceux qui par l’opération effective de la Grâce baptismale ont été transférés du pouvoir du destin astral, ou astrologique, à celui de la Grâce ou de la Providence, comme le dit Clément, ceux-là n’ont plus que faire de leur horoscope. Par contre, ceux qui n’ont pas bénéficié de ce Don ne peuvent évidemment prétendre être délivrés du joug de leur destin. Pour les premiers, c’est la Grâce céleste, l’âme du monde, comme disaient les Grecs, qui les guide, les purifie et les illumine ; elle les régénère en esprit une fois pour toutes.

La Grâce céleste est une Eau Vive que les Philosophes hermétiques appellent « Eau ardente » car elle contient la Force ignée qui anime l’Univers. Elle seule peut libérer l’homme de son destin astrologique. Ainsi du point de vue du croyant, la science astrologique est nocive si elle lui fait oublier que Dieu dans sa Providence, maitre des Astres, est plus important que les Planètes et leurs transits.

Au XIIe siècle, nous trouvons le même point de vue affirmé par R. Lulle, lorsque dans son « Arbre de Ciencia » il considère hérétique « aquell qui ha major temor de Géminis e de Cancer que de Déu » [11]. Évidemment le terme « hérétique » nous parait excessif, car il faut replacer cette parole de Lulle dans son contexte historique. Mais cette affirmation est plus profonde qu’il n’y parait à première vue, si nous l’examinons dans l’optique qui nous occupe; car Dieu, c’est bien cette « volonté » qui habite l’Âme du monde, qui donne le mouvement aux astres ; c’est donc en elle que le vrai croyant a avantage à mettre sa confiance, plutôt que dans les planètes et signes astrologiques qui n’en sont que les instruments imparfaits et aveugles au niveau du monde sublunaire. C’est une question d’intelligence, mais aussi de foi, puisque c’est cette dernière seule qui peut donner accès au « Don de Dieu », dont Paul nous a parlé au commencement.

Les premiers Chrétiens, donc, disaient vrai lorsqu’ils affirmaient que le Baptême affranchit l’homme du déterminisme astrologique, qu’il donne le pouvoir de « fouler aux pieds les puissances mauvaises », c’est-à-dire le Destin astral. Il y a ici matière à profonde et lucide réflexion cependant, car actuellement sommes-nous certains, nous baptisés, de bénéficier de ce pouvoir ? Sommes-nous réellement libérés de la domination du « Prince de la puissance de l’air » ? Tous ceux qui se sont donné la peine d’expérimenter l’astrologie peuvent, certes, en douter sérieusement.

Avant d’en terminer avec cet extrait de Clément d’Alexandrie, nous voudrions encore souligner une petite phrase qui nous parait importante.

Il dit : « La Puissance qui produit la transformation du baptisé ne s’exerce pas sur le corps, car c’est le même homme qui remonte de l’eau, mais sur l’esprit« . Ce qui semble dire que cette régénération produite par le Baptême n’a d’effet que sur l’esprit et non sur le corps. Il s’agit de la régénération spirituelle, mais pas encore de la régénération corporelle qui peut en être l’achèvement [12].

Nous avons vu ce qu’enseignaient les Grecs sur le problème du Destin astrologique et sur celui du Destin divin de l’homme. Nous avons constaté que la primitive Église semblait en parfait accord avec eux.

Il nous reste maintenant à interroger la Tradition judaïque. Nous allons y trouver le mêne enseignement.

C’est le grand exégète Rashi, celui dont les commentaires accompagnent les éditions de la Bible hébraïque, qui nous donne l’explication qui va suivre à propos du Patriarche Abraham.

Abraham était originaire de Ur en Chaldée, dont les sages étaient d’excellents astrologues. Il avait donc, selon la Tradition orale des Hébreux, une parfaite connaissance de la science des astres ; il avait lu dans son horoscope qu’il ne pouvait avoir de descendance. C’est pourquoi au chapitre XV, vers. 5 de la Genèse, Abraham demande au Seigneur : « Que me donneras-tu, car je n’ai pas de fils ? Le Seigneur le conduisit dehors et lui dit : Regarde le ciel et compte les étoiles ; ainsi sera ta descendance« .

Et Rashi commente ce verset de la manière suivante :

« Cela signifie : Sors de ton destin, de celui qui est écrit dans les étoiles (c’est-à-dire son horoscope) ; tu as vu par l’étude des astres que tu n’auras pas de fils, mais ne médite pas sur cela, sur la science des astres, médite plutôt sur le secret de mon Nom« .

Le Seigneur lui dit donc, que par le pouvoir de son Nom Sacré qu’Il lui donne, Abraham pourra sortir de son destin astrologique et, malgré ce qui y est écrit, être père d’une multitude. Cette Bénédiction que reçoit le Patriarche ne dépend pas des astres, mais procède de plus haut, de Dieu même.

Qui mieux que L. Cattiaux dans le Message Retrouvé, pourrait résumer en une phrase, ce que nous venons de lire dans la Sagesse des Anciens ?

« La destinée des hommes est inscrite dans les astres et se résorbe en eux ; mais celui qui a fixé sa vie en Dieu échappe aux alternatives du destin« . (V,791)

Charles D’HOOGHVORST (pseudonyme de Carlos del Tilo 1924-2004), grâce à sa parfaite maîtrise de la langue hébraïque, apporta une précieuse contribution à la connaissance de la tradition hébréo-chrétienne. Également intéressé par l’alchimie et l’astrologie, il était un fervent de l’initié Louis CATTIAUX (1904-1953), l’auteur du Message retrouvé…


[1] Platon – République, chap. X, par. 614 et suivants.

[2] « Daïmon » : nous avons préféré conserver le mot grec tel quel, et ne pas le traduire par démon. Il signifie une divinité inférieure, un génie, le destin.

[3] Sur Hermès Trismégiste voir « La Puerta » n° 3, page 6.

[4] Car les planètes se déplacent continuellement, modifiant à chaque instant leur influence ici-bas, et dont l’Esprit astral.

[5] Corpus Hermeticum : traités XVI et XII.

[6] Le moment de la naissance.

[7] L’esprit astral.

[8] C’est sans doute pour ce même motif que le premier traité d’Hermès s’intitule « Poimandrès » : le Pasteur des hommes, le Bon Pasteur.

[9] Il faut donc croire qu’à l’origine les Apôtres avaient reçu ce pouvoir de transmettre ce « Don de Dieu » qui affranchit du cycle des générations et corruptions, c’est-à-dire de la Fatalité astrale.

[10] Cfr. « L’Âne d’Or » d’Apulée, livre 11. Au sujet d’Isis, voir dans « la Puerta » no 5 : Les mystères égyptiens selon Plutarque dans son traité « Isis et Osiris », et en particulier page 65.

[11] « Celui qui a plus grande crainte des Gémeaux et du Cancer que de Dieu ».

[12] Voir sur ce point : Le Message Retrouvé, chap. XXXVI 13-13.