(Revue Être. No 3. 1ère année. 1973)
Je ne suis ni mortel ni immortel, ni démon, ni chanteur céleste, ni génie gardien des trésors, ni spectre malfaisant; je ne suis ni homme, ni femme, ni eunuque : je suis Shiva qui est en lui-même la Lumière par excellence.
Je ne suis ni enfant, ni jeune homme, ni vieillard; je n’appartiens à aucune caste ; je ne suis ni étudiant, ni maître de maison, ni anachorète ni ascète au renoncement total : je suis Shiva, qui est l’unique cause de la naissance et de la destruction du monde.
Je ne suis ni méditant, ni allant, ni marchant, ni agissant, ni jouissant, ni délivré. De même que je suis (en apparence) essentiellement différencié par l’activité mentale, je suis (véritablement) Shiva qui éclaire cette activité.
Ce qui comprend l’intérieur et l’extérieur, ce qui est éternellement pur, la masse Être-Conscience-Béatitude immuablement une, ce dont la manifestation grossière et subtile reçoit sa lumière, ce qui produit cette manifestation, je suis vraiment Cela.
Ce qui épouvante le Temps et la Mort, ce qui cause le jeu de la pensée, de l’intellect et des sens, ce d’où provient la Lumière désignée sous les noms de Hari, Brahmâ, Rudra, Indra et autres dieux, je suis vraiment Cela.
Ce qui semblable à l’espace s’étend partout et qui, calme et sans forme, est la clarté par excellence, ce qu’il y a de plus désirable, ce qui, sans commencement et sans fin, est la chose suprême appelée Shankara*, ce qui doit être perçu à l’intérieur, je suis vraiment Cela.
Traduit du sanscrit par R. A.
* « Celui qui fait la paix », épithète de Shiva et nom de l’auteur, reconnu par la quasi unanimité des hindous comme étant le « guru universel » (jagat-guru), le maître (âchârya) insurpassable.