Vimala Thakar
La conscience sans contenu

Traduction libre La perception sans référence à la mémoire, et sans le contenu de la pensée comme connaissance est une rencontre de l’Intelligence avec l’Inconnu. La perception désinhibée par le contenu de l’expérience et de la mémoire est un contact intime avec la réalité illimitée et non mesurée. Il en résulte une conscience non verbalisée […]

Traduction libre

La perception sans référence à la mémoire, et sans le contenu de la pensée comme connaissance est une rencontre de l’Intelligence avec l’Inconnu. La perception désinhibée par le contenu de l’expérience et de la mémoire est un contact intime avec la réalité illimitée et non mesurée.

Il en résulte une conscience non verbalisée provoquée par le toucher de la totalité. Elle transcende même la compréhension qui est et doit être fondée sur des mots, c’est-à-dire sur la verbalisation. L’ensemble du corps physique est imprégné par les vibrations horizontales et verticales de la Conscience. Elle est qualitativement différente de la sensibilité de la vigilance. Elle n’est pas liée à l’attention.

La perception libérée de la pensée et la conscience libérée de l’attention sont les manifestations d’une nouvelle conscience holistique. Elle n’a aucun rapport avec la conscience telle que nous la connaissons sur le plan mental.

Les cellules du cerveau, lavées par l’élan de déconditionnement provoqué par l’énergie du Silence, sont capables de contenir la nouvelle conscience.

Seule une structure neurochimique parfaitement nettoyée peut contenir la nouvelle conscience extrêmement vitale.

Il devient possible de vivre au-delà de la pensée et de fonctionner en toute liberté par rapport au passé humain. En fait, le passé et le futur se confondent dans le présent intemporel, le présent éternel.

La transcendance de la pensée, du « Moi », est possible par un nettoyage en profondeur. Vider le contenu du « Moi » en l’observant semble être possible. L’acte d’observation sans réaction nous libère des entraves du passé. L’observation, libérée des chaînes de l’observateur, aboutit logiquement à vider le « Moi ». Ce vide est le silence.

Il est possible de vivre dans un tel silence. Le mouvement de l’activité psychophysique qui a lieu dans cet état de silence, devient un mouvement de purification totale d’instant en instant. C’est mourir et naître d’instant en instant. Alors vous vivez sans un sentiment de continuité psychologique. Vous vivez et vous vous déplacez dans l’éternité.

Vimalaji a déclaré précédemment que la liberté est une dualité, et qu’au-delà de la dualité, la liberté n’a pas de sens. Cela implique-t-il que la liberté est limitée et a un point final ?

Le mot « liberté » implique l’idée d’un état non libre que l’on appelle grossièrement l’état de servitude. Liberté par rapport à l’ignorance, liberté par rapport à la peur, liberté par rapport aux griffes de la dualité ou liberté par rapport à la conscience du « je », etc. En supposant que le sentiment d’être le « je » et le sentiment d’altérité disparaissent, que resterait-il ? Avec l’évanouissement de la dualité, le mot « liberté » deviendrait sans objet pour la vie et l’existence. Il s’agirait peut-être d’un état de spontanéité sans effort.

Ce que V. a pu vouloir dire l’année dernière, c’est que le mot « liberté » est pertinent au niveau mental. Au-delà de l’esprit, il n’a pas de contenu.

Tout ce qui est dans la dualité est-il conditionné ? La liberté est-elle conditionnée ou est-elle essentielle ?

Le besoin de liberté contrecarre la dépendance à l’identification. Dès qu’il n’y a plus d’identification à quoi que ce soit, le besoin de liberté disparaît. La liberté est négativement essentielle.

La paix, la vérité, l’amour sont-ils aussi dans la dualité ? Peuvent-ils exister sans liberté ?

Tout ce qui a son contraire psychologique est conditionné, c’est-à-dire qu’il concerne l’esprit et son fonctionnement.

La paix non contaminée par le concept d’un état de non-paix ou d’anti-paix, la Vérité non polluée par le concept de non-vérité, l’Amour non terni par le concept d’un état de non-amour, ne sont pas conditionnés. Mais si le mot « Amour » stimule l’idée de non-amour, alors le contenu du mot « Amour » est définitivement conditionné.

Pour certains chercheurs, le besoin de liberté est l’élan d’une enquête spirituelle. Une enquête motivée par l’envie de liberté ne peut-elle mûrir que jusqu’à la limite de la dualité ? Le désir de liberté est-il un motif inapproprié pour une enquête spirituelle ? Quels sont les motifs appropriés pour une enquête spirituelle — une enquête qui conduira à une croissance illimitée ?

La liberté n’est pas le résultat d’un processus de devenir. Par conséquent, le désir de liberté ne peut pas être un désir d’acquisition. Il s’agit peut-être de l’aspiration innée à réaliser la liberté comme nature de la Réalité. Par conséquent, l’enquête motivée par le désir de liberté ne doit pas laisser le chercheur bloqué au bord de la dualité. En propulsant l’enquêteur sur les vagues de la dualité, elle lui permettra de réaliser le fondement non duel de toute existence.

Le désir d’apprendre sans motif et de découvrir la vérité conduit à une croissance illimitée. Le motif est une limitation imposée à l’énergie primaire du Désir. L’ego ne passe pas à l’action sans motivation. C’est donc le chercheur qui donne l’impulsion par son désir de liberté. La liberté étant l’absence totale de servitude, le chercheur poursuit le réseau de servitude et comprend que le « moi » n’a pas de contenu factuel. Il a une réalité conceptuelle. Dès que la réalité relative du « je » est comprise, le désir de liberté est libéré de tous les conditionnements. Ce qui reste, c’est le mouvement d’apprentissage. La vie étant infinie, l’apprentissage est également sans fin.

Qu’arrive-t-il au désir de liberté des personnes réalisées ? Est-il consciemment abandonné ? Les personnes réalisées vivent-elles sans liberté ?

La réalisation du fondement de l’existence éveille une spontanéité sans effort en tant que dimension de la conscience. Dans cette dimension, il n’y a pas de division du « je » et du « Tu ». C’est une conscience non différenciée. Le mot liberté n’a aucun contenu dans ce royaume. Il n’y a pas de centre qui puisse laisser tomber quoi que ce soit ou s’accrocher à quoi que ce soit. Le corps d’une telle personne est un réceptacle entièrement pur, contenant l’intelligence suprême. Il me semble que les personnes réalisées vivent au-delà de la liberté et de la non-liberté.

L’énergie consciente de soi semble rendre la liberté possible. Quelle est la fonction de l’énergie consciente de soi pour vivre au-delà de la dualité, au-delà de la liberté ?

Énergie consciente de soi = esprit

L’énergie consciente de soi égale à l’énergie née de la vacuité de l’esprit, vivant au-delà de la dualité et donc en liberté, est la conscience « sans soi ». Il y a un courant de conscience, mais pas de personne, pas de centre pour contrôler ou diriger le courant.

Une vie réalisée est souvent décrite comme une vie libérée de tout lien. Pourtant, à première vue, il semble que tout en étant libéré de certaines formes de liens, d’autres formes de liens très subtils apparaissent. Le fait d’être un outil ou un instrument de l’intelligence cosmique est-il une forme de servitude subtile ?

Bien que l’humanité ait visualisé et vu intellectuellement un état de « vie libre d’entraves », nous n’avons pas encore vu un être humain totalement libre. Une transcendance partielle de l’ego a été remarquée chez de nombreux sages. Une transcendance occasionnelle, que l’on pourrait qualifier de totale, a également été observée chez des sages et des yogis. Mais une liberté totale durable doit encore être manifestée. La race humaine voyage progressivement dans cette direction.

Oui, un être humain né de l’énergie cosmique est susceptible de subir les décisions de cette intelligence. Une personne dans un état véritablement dépourvu d’ego, est donc un outil pour l’intelligence cosmique afin de servir les objectifs cosmiques.

La liberté est-elle une illusion et la compassion la réalité ?

L’ego étant un concept, l’esclavage et la liberté sont des illusions. L’amour, qui est ressenti comme une compassion dans le mouvement de la vie, est la Réalité. Comme une rivière est un courant d’eau, l’amour est un courant de compassion.